L'ETHIQUE MUSULMANE
(Abrégé de Bihâr al-Anwâr)
Mohammad Mahdi ibn Abu Tharr al-Narâqî
Traduit de l'anglais et édité par
Abbas AHMAD al-Bostani
PUBLICATION DE LA CITÉ DU SAVOIR
Éditeur:
La Cité du Savoir
Abbas Ahmad al-Bostani
C.P. 712 Succ. (B)
Montréal, Québec, H3B 3K3
Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et
d'adaptation réservés pour tous pays
© Abbas Ahmad al-Bostani
ISBN : 2-9505157-1-1
Table des Matières
Avant-propos
Titre I :
Les caractéristiques
du corps et de l'âme
I - Le sens et l'origine de
"akhlâq"
II -La Purification
et l'ornement de l'âme
III - Les facultés
de l'âme : leurs effets et caractéristiques
A) L'âme
et ses pouvoirs
B) Les
plaisirs et les peines
C) La bonté
et le bonheur
D) Les
vertus et les vices moraux
E) La
modération et la déviation
F) Les
différents types de vices
G) L'importance
de la Justice
- Les
différentes sortes de Justice
H) L'auto-développement
Titre II :
Les
maladies de l'âme et leur traitement
I - Les
maladies du pouvoir de l'intellect et leur traitement
A) La condition
d'excès
- La
sournoiserie
B) La condition
de déficience
- L'ignorance
simple
C) L'état
de modération
- La
Connaissance et la Sagesse
D) D'autres
vices relatifs au pouvoir de l'intellect
1- L'ignorance
composée
2- La
perplexité et le doute
- La certitude
i) Les
signes des hommes de conviction
ii) Les
stades de certitude
- `ilm al-yaqîn
- `ayn al-yaqîn
- haqq al-yaqîn
3- Le
chirk (polythéisme)
- Le tawhîd (monothéisme)
4- Les
tentations sataniques et la conscience
5- La
tricherie et la sournoiserie
II - Les
maladies du pouvoir de colère et leur traitement
A) La condition
d'excès
- La
témérité
B) La condition
de déficience
- La
lâcheté
C) L'état
de modération
- Le
Courage
D) D'autres
vices du pouvoir de colère
1- La
peur
- La Crainte d'Allah
2- Se
déprécier, ou avoir un complexe d'infériorité
3- Le
manque d'assurance
4- Le
manque de sens de la dignité
5- La
précipitation
6- Le
ressentiment envers le Créateur et Sa Création
7- La
colère
8- La
violence
9- Le
mauvais caractère
10- La
rancune
11- L'orgueil
et la vanité
12- L'arrogance
13- La
rébellion
14- L'aveuglement
vis-à-vis des fautes que l'on commet soi-même
15- Le
fanatisme
16- La
dissimulation de la vérité
17- Le
manque de coeur et la cruauté
III - Les
maladies du pouvoir de passion et leur traitement
1- L'amour
de ce monde
2- L'amour
de la fortune et de la richesse
- L'abstinence
(zohd)
3- L'abondance
et l'opulence
4- L'avidité
(hirç)
5- La convoitise
(tamac)
6- L'avarice (bukhl)
7- Le gain illicite
8- La trahison
(khiyânah)
9- La licence
et la débauche
10- S'occuper
des questions obscènes et harâm
IV - Les
maladies communes aux pouvoirs de l'intellect, de colère et de passion,
et leur traitement
1- La jalousie
(hasad)
2- Agresser
et insulter autrui
3- Effrayer
et tourmenter les Musulmans
4- L'indifférence
aux affaires des Musulmans
5- Négliger
d'accomplir le devoir d'al-`amr bil-ma`rûf wal-nahy `anil-monkar
6- L'asociabilité
7- Rompre
les liens avec la famille et les proches
8- Etre
irrespectueux envers les parents
9- Chercher
les fautes des autres et divulguer leurs défauts et leurs péchés
10- Divulguer
le secret des gens
11- La chamâtah
12- Les
insultes et la dispute (ta`n wa-mujâdalah)
13- Se
moquer des autres et les ridiculiser
14- La plaisanterie
15- La médisance
(ghîbah)
16- Le mensonge
17- La simulation
(riyâ')
18- L'hypocrisie
(nifâq)
19- L'orgueil
(ghurûr)
20- Avoir
des espérances et des désirs démesurés
21- La rébellion
(`içyân)
22- L'effronterie
23- La
persistance dans le péché (al-içrâr `alal-ma`çiyah)
24- La négligence
(ghaflah)
25- L'aversion
(karâhah)
- Le
hubb
26- Le sakhat
27- Le huzn
28- L'absence
de confiance en Allah
29- L'ingratitude
(kufrân)
- Le
chukr
30- L'impatience
devant l'adversité (jaza`)
- Le
çabr
31- Le fisq
Conclusion
Appendice : Supplication en vue du Perfectionnement
Moral
Glossaire (des termes arabes)
Qu'est-ce que l'Islam ?
Avant-Propos
.:Retour au sommaire:.
L'Ethique est l'une des plus importantes des sciences islamiques. Tout
au long de l'histoire brillante de l'Islam, de grands Savants Musulmans
se sont spécialisés dans ce domaine et ont produit des livres
très appréciables traitant de ce sujet.
"Jâmic al-sacâdât" (Le Collecteur des Félicités)
est l'un des meilleurs et des plus compréhensibles de ces livres.
Il a été écrit par le grand Savant, le mystique et
le philosophe moraliste Mohammad Mahdî ibn Abî Tharr al-Narâqî,
qui était lui-même l'incarnation vivante de l'Ethique et des
vertus morales islamiques. Le livre a été écrit en
arabe et publié en trois volumes(1)
. Al-Narâqî fut l'un des plus brillants penseurs de la fin
du 12e/18e siècle et du début du 13e/19e siècle. Outre
Jâmic al-sacâdât, al-Narâqî a écrit
un grand nombre d'autres livres importants.
Pour faire revivre l'Ethique islamique dans un monde plongé dans
le tourbillon du matérialisme et qui semble avoir tout, mais laissant
dans l'oubli total les éternelles Valeurs spirituelles humaines,
nous avons estimé qu'un effort vaut la peine d'être déployé
pour condenser ce livre inappréciable en quelques courts articles,
au bénéfice de ceux qui pourraient n'avoir pas accès
au contenu du texte arabe original.
Nous espérons que le lecteur saura tirer profit de cet effort,
et qu'il excusera nos imperfections.
Titre I
Les caractéristiques du corps et de l'âme
.:Retour au sommaire:.
L'homme a une âme et un corps physique, et chacun d'eux a ses
propres plaisirs et maladies. Ce qui nuit au corps est maladie, et ce qui
lui fait plaisir traduit son bien-être, sa bonne santé et
tout ce qui est en harmonie avec sa nature. La science qui traite de la
santé et des maladies du corps est la médecine.
Les maladies de l'âme consistent en de mauvaises habitudes et
en la soumission aux désirs, ce qui rabaisse l'homme au niveau de
l'animal. Les plaisirs de l'âme sont une morale et des vertus éthiques
qui élèvent l'homme et le rapprochent de la Perfection et
de la Sagesse, et l'amènent près d'Allah. La science qui
traire de tels sujets est la science de l'Ethique (cilm al-akhlâq).
Avant de commencer notre discussion sur la matière principale
de notre sujet, il nous faut démontrer que l'âme de l'homme
est incorporelle et immatérielle, et qu'elle a une existence indépendante
du corps. Pour ce faire, nous nous référons aux nombreux
arguments avancés à ce propos, et nous en mentionnons ci-après
quelques-uns.
1 - L'une des caractéristiques des corps est que chaque fois
que de nouvelles formes leur sont imposées, ils abandonnent leur
ancienne forme. Mais dans le cas de l'âme humaine, de nouvelles formes,
de nature sensible ou intellectuelle y entrent continuellement sans que
les anciennes formes existant s'effacent pour autant. En fait, plus il
y a d'impressions et de formes intellectuelles qui entrent dans l'esprit,
plus l'âme se renforce.
2 - Lorsque trois éléments : couleur, odeur et goût
apparaissent dans un objet, celui-ci se transforme. Pourtant l'âme
humaine perçoit tous ces éléments sans être
affectée par eux.
3 - Le plaisir que l'homme éprouve par la connaissance intellectuelle
n'appartient qu'à l'âme, puisque le corps de l'homme n'y joue
aucun rôle.
4 - Les formes abstraites et les concepts que l'esprit perçoit
sont indubitablement non matériels et indivisibles. En conséquence,
leur véhicule qui est l'âme doit aussi être indivisible,
donc immatériel.
5 - Les facultés physiques de l'homme reçoivent leur énergie
des sens, alors que l'âme humaine perçoit certaines choses
sans l'aide des sens. Parmi ces choses que l'âme humaine comprend
sans le concours des sens, on peut citer la loi de la contradiction, le
principe selon lequel la totalité est toujours plus grande qu'une
des parties qui la constituent, ainsi que d'autres principes universels
semblables. La négation, de la part de l'âme, des erreurs
commises par les sens, telles que les illusions optiques, se fait avec
l'aide de ces concepts abstraits, même si la matière première
nécessaire pour faire la correction (desdites erreurs) est fournie
par les sens.
Maintenant, l'existence indépendante de l'âme ayant été
démontrée, voyons ce qui est responsable de son bien-être
et de sa joie, et ce qui la rend malade et malheureuse. La santé
et la perfection de l'âme résident en sa compréhension
de la vraie nature des choses, et cette compréhension peut la libérer
de la prison étroite de la convoitise et de l'avidité et
de toutes les chaînes qui freinent son évolution et son acheminement
vers l'étape finale de la perfection humaine, laquelle réside
dans la proximité de l'homme d'Allah. Tel est le but de la "sagesse
théorique" (al-hikmah al-nadhariyyah). En même temps, l'âme
humaine doit se purger de toutes les mauvaises habitudes et de tous les
mauvais traits qu'elle pourrait avoir, et les remplacer par des modes de
pensée et de conduite moraux et vertueux. Tel est le but de la "sagesse
pratique" (al-hikmah al-camaliyyah). La sagesse théorique et la
sagesse pratique sont rattachées l'une à l'autre comme la
matière et la forme ; elles ne peuvent exister l'une sans l'autre.
En principe, le terme "philosophie" se réfère à
la "sagesse théorique", et le terme "éthique" se réfère
à la "sagesse pratique". L'homme qui aura maîtrisé
à la fois la sagesse théorique et la sagesse pratique, est
un miroir microcosmique d'un univers plus grand : le macrocosme.
I - Le sens et l'origine de "akhlâq"
.:Retour au sommaire:.
Le mot "akhlâq" est le pluriel du mot "khulq", qui signifie "disposition".
La "disposition" est cette faculté (malakah) de l'âme qui
constitue la source de toutes les activités que l'homme accomplit
spontanément et sans y réfléchir. "Malakah" est une
propriété de l'âme, qui vient à l'existence
par des exercices et des pratiques répétitifs et qu'il est
difficile de détruire.
Une disposition (malakah) particulière peut apparaître
chez les êtres humains par l'un des facteurs suivants :
1 - Un tempérament naturel et physique : on remarque que certaines
personnes sont patientes alors que d'autres sont susceptibles et irritables.
Certains individus sont facilement préoccupés et attristés,
alors que d'autres font preuve de plus de force morale et de faculté
d'adaptation.
2 - L'habitude qui se forme par la répétition continuelle
de certains actes et qui mène vers l'émergence d'une certaine
disposition.
3 - La pratique et l'effort conscient qui, s'ils se poursuivent assez
longtemps, finissent par conduire à la formation d'une disposition.
Même si l'aptitude physique d'un individu produit certaines dispositions
en lui, cela ne signifie pas que l'homme n'a pas le choix en la matière
et qu'il est absolument contraint de se soumettre aux exigences de son
tempérament naturel. Au contraire, puisque l'homme a le pouvoir
de choisir, il peut vaincre les exigences de sa nature physique par la
pratique et l'exercice, et acquérir la disposition de son choix.
Bien sûr, on doit admettre que les dispositions engendrées
par les facultés mentales, telles que l'intelligence, la mémoire,
l'agilité mentale, etc. ne sont pas altérables. Mais toutes
les autres dispositions peuvent être changées selon la volonté
de l'homme. L'homme peut contrôler ses désirs, sa colère
et ses autres émotions, et les modeler pour s'édifier et
se propulser dans le chemin de la Perfection et de la Sagesse.
Lorsque nous parlons de la capacité de l'homme à opérer
un changement dans ses dispositions, nous n'entendons pas qu'il devrait
détruire ses instincts de reproduction ou de conservation. Sans
ces instincts, l'homme n'aurait pas pu exister. Ce que nous voulons dire
en soulignant cette capacité, c'est que l'homme doit éviter
d'aller vers l'un ou l'autre extrême les concernant, et qu'il faut
maintenir une condition d'équilibre et de modération afin
que ces instincts puissent remplir leurs fonctions convenablement. De même
que le noyau d'une datte pousse pour devenir un arbre fruitier, grâce
à des soins appropriés, ou qu'un cheval sauvage est dressé
pour servir son maître, ou un chien pour devenir l'ami durable et
le secours d'un homme, de même l'homme peut atteindre la Perfection
et la Sagesse grâce à une auto-discipline et à une
persévérance intelligentes.
La perfection humaine a plusieurs niveaux : plus grands sont l'auto-discipline
et l'effort, plus haut est le niveau de perfection que l'homme pourra atteindre.
En d'autres termes, l'homme est entre deux points extrêmes, le plus
bas des deux est en-dessous du niveau des animaux, et le plus haut dépasse
même le haut niveau des Anges. Le mouvement humain entre ces deux
extrêmes est traité par cilm al-akhlâq", c'est-à-dire
par la science de l'Ethique. C'est le rôle de l'Ethique d'élever
l'homme et de l'amener du plus bas état de l'animal vers une position
exaltée et supérieure à celle des Anges.
L'importance de l'Ethique est donc établie. Et c'est pour les
raisons mentionnées ci-dessus que l'Ethique est considérée
comme la plus exaltée et la plus appréciable des sciences,
puisque le mérite de toute science est directement lié au
mérite du sujet qu'elle concerne, et puisque le sujet de la science
de l'Ethique est l'homme et le moyen par lequel il pourrait atteindre à
la Perfection. En outre, nous savons que l'homme est la plus noble des
créatures et que le but final de son existence est d'atteindre la
Perfection ; c'est pourquoi il s'ensuit que l'Ethique est la plus noble
des sciences.
En fait, dans le passé, les philosophes ne considéraient
aucun des autres domaines de l'apprentissage comme étant une science
vraiment indépendante. Ils croyaient que sans la science de l'Ethique
et la Purification spirituelle, la connaissance approfondie de toute autre
science est non seulement dénuée de toute valeur, mais conduirait
en réalité à l'obstruction de la perspicacité
et à la destruction ultime de ceux qui la poursuivent. C'est pour
cela qu'il a été dit que :
- "La connaissance est le voile le plus épais" (1)
et il s'agit de la connaissance qui empêche l'homme de voir la
nature réelle des choses.
II - La purification et l'ornement de l'âme
.:Retour au sommaire:.
Les vertus morales chez l'homme lui font gagner le Bonheur éternel,
alors que la corruption morale le conduit au malheur éternel. C'est
pourquoi il est nécessaire pour l'homme de se purifier de tous traits
vils de caractère, et d'orner son âme de toutes les vertus
morales et éthiques. En outre, si on ne se dépouille pas
de toutes les mauvaises habitudes, il est impossible de développer
en soi des vertus morales. A cet égard, l'âme humaine peut
être comparée à un miroir. Si nous voulons voir quelque
chose de beau se refléter dans un miroir, nous devons tout d'abord
nettoyer le miroir afin que la poussière et la saleté ne
défigurent pas le reflet. Toute tentative d'obéir aux Commandements
d'Allah ne sera couronnée de succès que si l'on se purifie
des mauvaises habitudes et tendances ; autrement, elle équivaut
à mettre des bijoux sur un corps sale. Lorsque l'auto-purification
aura été faite et que l'on se sera dépouillé
de toutes mauvaises habitudes dans la pensée, la parole et les actes,
l'âme sera alors prête à recevoir la Grâce illimitée
d'Allah. Une telle réception est l'ultime raison pour laquelle l'homme
a été créé.
En vérité, la Grâce d'Allah et les Mystères
Divins sont toujours accessibles à l'homme. C'est à l'homme
de purifier son âme et de développer en lui la réceptivité
nécessaire pour bénéficier de la Grâce infinie
de son Créateur.
Selon un hadith attribué au Prophète Mohammad (S):(2)
- "Les Anges n'entrent pas dans une maison où il y a un chien."
(2)
Comment serait-il donc possible que les rayons de la Grâce d'Allah
et l'Illumination Divine entrent dans un coeur plein à ras bord
de désirs immoraux, égoïstes et bestiaux ? La Parole
du Prophète (S) :
- "Ma Religion est fondée sur la propreté." (3)
ne se réfère pas seulement à la propreté
extérieure, elle fait beaucoup plus allusion à la pureté
interne de l'âme.
Pour atteindre la Perfection ultime et finale, il est nécessaire
de suivre le chemin de la lutte contre les désirs égoïstes
et les tendances immorales qui existeraient dans l'âme, et donc de
préparer celle-ci à recevoir la Grâce d'Allah. Si l'homme
pose le pied sur le chemin de l'auto-purification, Allah lui viendra en
aide et le guidera tout au long de ce chemin :
- "Oui, Nous dirigerons ceux qui combattront pour Notre Cause. Allah
les guide sur Notre Chemin." (29 : 69) (4)
III - Les facultés de l'âme :
leurs effets et caractéristiques
.:Retour au sommaire:.
A sa création, l'âme de l'homme est comme une plaque vierge,
dépouillée de toutes facultés (traits), bonnes ou
mauvaises. Au fur et à mesure qu'on avance dans la vie, on développe
des facultés qui sont directement liées à son mode
de vie, à ses idées et à ses actes. La parole et les
actes de l'homme produisent, lorsqu'ils sont répétés
pendant une longue période, un effet durable sur l'âme, effet
connu comme "faculté". Cette faculté pénètre
l'âme et devient l'origine et la cause des actions de l'homme. En
d'autres termes, l'âme humaine s'habitue à cette faculté,
établit avec elle une union et détermine la direction de
l'être humain en accord avec les exigences de ladite faculté.
Si de telles facultés (malakât) sont nobles, elles se manifestent
sous forme de parole et de conduite morales chez l'homme. Et si, au contraire,
elles sont mauvaises et basses, elles se manifestent sous forme de conduite
perverse et immorale.
Ces mêmes facultés jouent un rôle décisif
dans la détermination du sort de l'individu dans le monde éternel
de l'Au-delà. Là, l'âme sera accompagnée des
mêmes facultés auxquelles elle a été associée
dans ce bas-monde. Si ces facultés sont vertueuses, l'âme
aura une béatitude éternelle, et si elles sont malades, elle
subira une éternelle damnation.
Cette question des malakât fournit la réponse à
ceux qui se demandent comment Allah Clément et Miséricordieux
pourrait condamner un individu à une damnation éternelle
pour un péché commis en un court laps de temps. Ce qu'il
faut garder présent à l'esprit, à ce propos, c'est
que lorsqu'un péché commis répétitivement conduit
au développement d'une faculté chez l'homme, la torture et
la punition qu'elle appelle affecte également l'âme, puisqu'elle
y est incorporée. Le Coran dit à cet égard :
- "Nous attachons au cou de chaque homme son oiseau d'augure, et
Nous lui présenterons le Jour de la Résurrection un livre
qu'il trouvera grand ouvert : "Lis ton livre Ton âme te suffit
aujourd'hui pour témoigner contre toi."." (17 : 13-14) (5)
Et :
- "Le livre sera posé tu verras alors les coupables
anxieux au sujet de son contenu, et disant : "Malheur à nous
Pourquoi ce livre ne laisse-t-il rien, de petit ou de grand, sans le compter
?" Et ils trouveront présent devant eux tout ce qu'ils auront fait."
(18 : 49) (6)
Et :
- "Le Jour où chaque âme trouvera présent devant
elle ce qu'elle aura fait de bien et ce qu'elle aura fait de mal, elle
souhaitera qu'il y eût un long intervalle entre elle et ses actes."
(3 : 29) (7)
A) L'âme et ses pouvoirs
L'âme (nafs) est cette essence Divine qui emploie le corps et
en utilise les divers organes pour atteindre ses buts. L'âme a aussi
d'autres noms, tels que : "esprit" (ruh), "intelligence" (caql), et "coeur"
(qalb), bien que ces termes aient également d'autres usages.
Les plus importantes des facultés de l'âme sont :
1 - Le pouvoir d'intelligence (al-quwwah al-caqliyyah) - angélique.
2 - Le pouvoir de colère (al-quwwah al-ghadhabiyyah) - féroce
3 - Le pouvoir de désir (al-quwwah al-chahwiyyah) - animal.
4 - Le pouvoir d'imagination (al-quwwah al-wahmiyyah, ou : al-quwwah
al-câmilah) (3)
- domestique.
La fonction et la valeur de chacun de ces pouvoirs ou forces de l'âme
sont communément bien comprises. Si l'homme n'avait pas le pouvoir
de raison, il lui aurait été impossible de distinguer le
bien du mal, le bon droit de l'erreur, et le vrai du faux. S'il ne possédait
pas le pouvoir de colère, il n'aurait pas pu se défendre
contre les attaques et les agressions. Si la force de l'attirance sexuelle
et du désir n'existait pas chez l'homme, la permanence de l'existence
de l'espèce humaine aurait été en danger. Et enfin,
si l'homme manquait de pouvoir d'imagination, il n'aurait pas pu se représenter
ce qui est universel et ce qui est particulier, ni tirer aucune conclusion
fondée sur eux.
Avec cette explication, les caractéristiques mentionnées
pour chacune des quatre facultés humaines deviennent claires et
compréhensibles. La "raison" est l'Ange qui guide l'homme. Le pouvoir
de colère et de férocité en l'homme suscite en lui
la férocité et la violence. Son pouvoir de désir et
de passion le propulse ers l'immoralité et la licence. Et le pouvoir
d'imagination chez l'homme lui fournit le matériel préliminaire
pour l'élaboration d'intrigues, de complots et de machinations démoniaques.
Maintenant, si la faculté de raison est utilisée pour contrôler
les autres facultés, elle les garde à leur juste place et
modère leurs excès, et les autres facultés travailleront
dès lors pour le bien-être de l'homme, et accompliront des
fonctions utiles autrement, elles ne seraient capables que de faire
le mal.
La corrélation entre ces quatre facultés de l'âme
humaine est décrite de la façon allégorique suivante
: imaginons un voyageur monté sur un cheval et suivi d'un chien
et d'un homme qui l'espionne pour le compte de quelques bandits. Supposons
que l'homme à cheval représente la raison, sa monture le
désir et la passion, le chien le pouvoir de colère et de
férocité et l'espion le pouvoir d'imagination. Si le voyageur
réussit à contrôler sa monture, le chien et l'espion,
et à maintenir son autorité sur eux, il arrivera à
sa destination sain et sauf autrement, il sera détruit. L'âme
humaine est donc une scène ou un champ de bataille sur lequel il
y a une lutte continuelle entre ces quatre forces. Quelles seront la caractéristique
dominante et la nature de l'âme de l'individu, cela dépend
entièrement de l'issue de cette lutte.En d'autres termes, cette
issue déterminera le caractère et l'inclination de ladite
âme. C'est pour cela que certaines âmes sont angéliques,
d'autres bestiales, et d'autres encore démoniaques.
Selon un hadith, l'Imam cAli (P) (4)
a dit :
- "Allah a doté les Anges d'un intellect sans désir
sexuel et sans colère, et les animaux d'un instinct de colère
et de désir sans raison. IL a exalté l'homme en le dotant
de toutes ces qualités. En conséquence, si la raison de l'homme
domine ses désirs et sa férocité, il se rehausse à
une position supérieure à celle des Anges car cette
position est atteinte par l'homme malgré l'existence d'obstacles,
alors que les Anges n'ont pas d'épreuve." (8)
B) Les plaisirs et les
peines
Le plaisir est une condition éprouvée par l'âme
lorsqu'elle perçoit quelque chose d'harmonieux avec sa propre nature.
La peine et la souffrance se produisent lorsque l'âme entre en contact
avec des choses qui sont discordantes avec sa nature. Puisque les pouvoirs
de l'âme sont au nombre de quatre, il s'ensuit que les plaisirs et
les peines de l'âme doivent être divisés en quatre catégories,
dont chacune correspond à l'un de ces quatre pouvoirs.
Le plaisir de la faculté de raisonnement réside dans l'acquisition
de connaissances à propos de la nature réelle des choses
la peine de cette faculté réside dans l'ignorance et la privation
de telles connaissances.
Le plaisir de la faculté de colère et de férocité
réside dans le sentiment d'être victorieux et dans la satisfaction
de vaincre tout ennemi et de se venger la peine de cette faculté
réside dans le sentiment d'être vaincu ou défait.
La joie de la faculté de désir et de passion est la jouissance
de nourriture, de boisson et d'acte sexuel alors que sa peine réside
dans l'absence de ces jouissances.
Le plaisir de la faculté d'imagination réside dans la
visualisation des particularités qui conduisent à l'apparition
de désirs charnels et de tendances démoniaques alors
que sa peine réside dans l'insuffisance et l'inadéquation
de ces visions.
Le plus intense et le plus pur des plaisirs est celui éprouvé
par la faculté de raison. C'est une forme de plaisir qui est à
la fois inhérent à l'homme et naturel chez lui. C'est un
plaisir constant, non sujet au changement d'expérience dans la vie
quotidienne.
Il est différent des autres plaisirs, qui appartiennent au corps
et à l'être bestial, et qui sont de nature transitoire et
sans valeur durable. Ces plaisirs bestiaux sont en fait si bas et triviaux
que l'homme en a honte et s'efforce de les dissimuler. Si on disait à
un homme qu'il tirerait un grand plaisir du fait de manger, de boire et
de s'adonner à l'acte sexuel, il en serait honteux et bouleversé.
Alors que si de tels plaisirs étaient de nature humaine, non seulement
il n'en serait nullement honteux, mais il en serait fier si on les rendait
largement publics.
Nous pouvons donc conclure que la sorte de plaisir qui est vraiment
gratifiant pour l'homme, et non seulement en apparence, est le plaisir
éprouvé par la faculté de raisonnement de l'âme.
Cette sorte de plaisir a plusieurs degrés, dont le plus sublime
est éprouvé par la proximité d'Allah. Pour atteindre
ce plaisir suprême, il faut aimer et connaître Allah, et déployer
des efforts inlassables en vue de se rapprocher toujours de LUI. Lorsque
tous les efforts d'une personne sont déployés dans le but
d'atteindre ce vrai et durable plaisir, les plaisirs sensuels sont vaincus
et remis à leur place naturelle, c'est-à-dire poursuivis
avec modération.
C - La bonté et le
bonheur
Le but ultime de la Purification de l'âme et de l'acquisition
d'un caractère moral et éthique est d'atteindre la félicité
et le bonheur. La plus parfaite félicité et le bonheur le
plus complet pour l'homme est l'incarnation et la manifestation des attributs
et des caractéristiques Divins. L'âme d'un homme vraiment
heureux se développe avec la connaissance et l'amour d'Allah
elle est illuminée par l'éclat émanant d'Allah Lorsque
cela arrive, rien d'autre que la beauté ne viendra de LUI, puisque
la beauté n'émane que de ce qui est beau.
On doit garder présent à l'esprit que la vraie félicité
ne peut être atteinte ou conservée sans que tous les pouvoirs
et facultés de l'âme soient purifiés et réformés.
La réforme de quelques facultés ou de toutes les facultés
de l'âme, pendant une courte période, ne suffirait pas à
atteindre le bonheur. On ne peut dire d'un corps qu'il est sain que lorsque
tous ses organes le sont. Donc, la personne qui cherche à atteindre
le bonheur parfait et ultime doit se libérer des griffes des forces
et des tendances démoniaques et bestiales et poser le pied sur l'échelle
de l'ascension vers des royaumes plus sublimes.
D) Les vertus et
les vices moraux
Dans notre dernière discussion, nous avons affirmé que
l'âme humaine possède quatre pouvoirs distincts. ce sont l'intellect,
la colère, la passion et le pouvoir d'imagination. Ce qu'il convient
de noter ici, c'est que la purification et l'entraînement convenable
de ces pouvoirs mènera vers l'émergence d'une faculté
particulière chez l'être humain.
La purification et l'entraînement approprié du pouvoir
de l'intellect déboucheront sur le développement de la Connaissance,
et par voie de conséquence, de la Sagesse, chez l'être humain.
La purification du pouvoir de colère conduira à l'émergence
de la faculté de Courage, et par voie de conséquence d'endurance
(hilm). La purification du pouvoir de passion et de désir mènera
au développement de la faculté de Chasteté, et par
voie de conséquence, de la générosité. Et enfin,
la purification du pouvoir d'imagination conduira à l'émergence
de la faculté de Justice chez l'être humain.
Les vertus morales sont donc : la Sagesse, le Courage, la Chasteté,
et la Justice. Les qualités négatives opposées à
ces qualités positives sont : l'ignorance (5),
la lâcheté, la concupiscence, l'injustice et la tyrannie.
La Sagesse signifie la possession d'une compréhension du monde
qui concorde avec la réalité des choses. La présence
du Courage et de la Chasteté signifie que les pouvoirs de colère
et de désir sont totalement sous les ordres de l'intellect, et complètement
libérés des liens de la concupiscence et de l'égoïsme.
En ce qui concerne la Justice, elle se rapporte à l'état
où le pouvoir d'imagination est complètement sous le commandement
du pouvoir de l'intellect. Cela implique la régulation de tous les
pouvoirs de l'âme par le pouvoir d'intellect. En d'autres termes,
la présence de la faculté de Justice dans l'âme nécessite
la présence des trois autres facultés, de Sagesse, de Courage
et de Chasteté.
Une question importante doit être soulignée ici. Du point
de vue de l'éthique islamique, une personne qui aura développé
chez elle les quatre facultés ne sera méritante que si la
possession de ces vertus profite aussi aux autres gens. C'est ce que la
raison nous dit, et nous fait comprendre que les vertus purement intérieures
et privées n'ont pas beaucoup de valeur, et celui qui les posséderait
ne mériterait pas de louanges.
E) La modération
et la déviation
Chacune des quatre vertus éthiques doit être pratiquée
jusqu'à un certain degré et dans des limites définies.
Une fois ces limites dépassées, la vertu se transforme en
vice. Si l'on conçoit chaque vertu comme le centre d'un cercle,
tout mouvement d'éloignement de ce centre serait considéré
comme un vice, et plus on s'éloigne de ce point central, plus grand
sera le vice. C'est pourquoi il y a pour chaque vertu d'innombrables vices.,
puisqu'il y a un seul centre dans le cercle, alors qu'il est entouré
d'un nombre infini de points. Concernant la déviation ou l'écart
de ce centre, il importe peu en quelle direction elle se fait. La déviation
du centre, quelle qu'en soit la direction, est un vice.
Trouver le vrai centre -ce qui comporte une modération absolue-
n'est pas chose facile. Mais il est encore plus difficile de rester dans
ce centre et de préserver cet équilibre. Le Prophète
(S) a dit :
- "La Sourate Hûd m'a fait vieillir pour le propos suivant
: "Reste ferme comme tu en as reçu l'ordre."." (11 : 112) (9)
Par opposition au vrai centre, il y a le centre approximatif, lequel
est plus accessible. Les gens qui se purifient et développent leur
âme arrivent normalement à ce centre relatif et acquièrent
une modération relative. C'est pour cette raison que les vertus
morales diffèrent d'une personne à l'autre, d'une circonstance
à l'autre, et d'une époque à l'autre. La modération
relative, tout comme la déviation, couvre une large région
au centre de laquelle se situe le point d'équilibre et de modération
absolus.
F) Les différents
types de vices
Nous avons déjà dit que dévier de la modération
et du milieu conduit au vice. Cette déviation vers chacune des deux
extrémités opposées au milieu est d'innombrables degrés.
Ci-après, nous allons mentionner seulement les deux extrémités
correspondant à chaque vertu morale.
(tafrît) (ictidâl) (ifrât)
déficience Modération excès
stupidité Sagesse sournoiserie
lâcheté Courage témérité
léthargie Chasteté rapacité
soumission Justice tyrannie
Il y a ainsi huit sortes de vices, dont nous allons décrire chacune
d'une façon brève.
1- La stupidité est la déficience de la Sagesse, c'est-à-dire
le fait de manquer d'utiliser le pouvoir de l'intellect pour comprendre
la nature des choses.
2- La sournoiserie est l'utilisation excessive de l'intellect, c'est-à-dire
le fait d'utiliser le pouvoir de l'intellect là où il ne
faudrait pas, ou de l'utiliser trop là où il est approprié
de l'utiliser (normalement).
3- La lâcheté est la déficience du Courage, c'est-à-dire
avoir peur et faire montre d'irrésolution là où il
ne faut pas.
4- La témérité est l'excès de Courage, c'est-à-dire
se montrer insouciant, imprudent -là où il ne faut pas.
La léthargie est l'état déficient pour lequel le
point de modération est la Chasteté ce qui veut dire
faillir à utiliser les choses dont le corps a besoin.
6- La rapacité est l'autre extrême de la Chasteté,
à l'opposé de la léthargie, et signifie l'excès
dans l'acte sexuel, le manger, le boire et dans les autres plaisirs sensuels.
7- La soumission est l'état déficient pour lequel le point
de modération est la Justice, et elle signifie l'acceptation de
l'oppression et de la tyrannie.
8- La tyrannie est l'autre extrême de la Justice, à l'opposé
de la soumission, et elle signifie soit s'opprimer soi-même, soit
opprimer autrui.
Chacun de ces huit vices a de nombreuses branches et subdivisions qui
sont reliées à la direction et au degré de la déviation
par rapport aux quatre vertus. Etant donné que la déviation
pourrait se produire en un nombre illimité de degrés, il
n'est pas possible d'énumérer tous ces degrés. Toutefois,
nous allons mentionner ici quelques uns des plus connus de ces vices, et
par la suite nous discuterons des moyens de les combattre.
Les vices sont divisés d'après les pouvoirs auxquels ils
sont rattachés, à savoir l'intellect, la colère et
la passion.
1- Le pouvoir de l'intellect peut pousser à deux sortes de vices
: la stupidité et la sournoiserie, dont les subdivisions supplémentaires
sont :
- l'ignorance simple : le non-savoir
- l'ignorance composée : être ignorant et inconscient de
son ignorance
- la perplexité et le doute : qui sont à l'opposé
de la certitude et de la conviction
- les tentations charnelles : à l'opposé desquelles est
la contemplation de la beauté de la Création Divine
- la duperie et la tricherie : en vue de parvenir à des fins
dictées par la passion et la colère
- le chirk (le polythéisme) : qui est à l'opposé
de la croyance en l'Unité et l'Unicité d'Allah.
2- Le pouvoir de colère a deux vices : la lâcheté
et la témérité, dont les subdivisions sont :
- la peur : état psychologique causé par l'attente d'un
événement douloureux ou la perte d'une condition favorable
- le manque d'endurance et l'auto-dépréciation : qui découlent
de la faiblesse de l'esprit et dénotent une incapacité à
faire face aux difficultés. A l'opposé de ces traits de caractère
négatifs on trouve la fermeté, qui signifie la capacité
d'endurer les difficultés de l'adversité
- la timidité : elle découle du manque de confiance en
soi-même et de la faiblesse de caractère, et indique une incapacité
à lutter pour atteindre des buts nobles et méritoires. A
l'opposé de ce vice, il y a la vertu de la force d'âme, c'est-à-dire
le courage et la bonne volonté d'entreprendre de grands efforts
en vue d'atteindre la vraie félicité et la Perfection
- le manque de sens de la dignité : il découle lui aussi
de la faiblesse de caractère, et il se traduit par un manquement
à la nécessité de s'occuper de près des questions
qui nécessitent qu'on s'en occupe
- la précipitation : c'est une autre manifestation de la faiblesse
de caractère, et elle signifie la prise de décisions et l'engagement
dans des actions sans y réfléchir suffisamment. L'extrême
opposé à ce vice est la léthargie, qui est une tendance
à la mollesse et au manque d'alacrité et d'empressement lorsqu'il
s'agit de prendre une initiative qui exige de la rapidité
- le doute sur Allah et sur les Croyants : c'est là une autre
manifestation d'un caractère faible et timide. A l'opposé
de ce vice, on trouve la confiance totale en Allah et dans les Croyants,
qui est un signe de courage et de confiance en soi-même
- la colère : qui est à l'opposé de la patience
et de l'endurance
- l'esprit de vengeance : qui est à l'opposé de la clémence
- la violence : elle est suscitée par le pouvoir de colère
et l'usage de la force en vue de parvenir à un but. A l'opposé,
on trouve l'esprit de conciliation et la compassion
- le mauvais caractère : à l'opposé duquel on trouve
le bon caractère
- l'envie et la malice : résultant du pouvoir de colère
- l'inimitié ou l'hostilité : c'est une manifestation
du pouvoir de colère, qui se trouve à l'opposé de
l'amitié
- l'amour-propre et la vanité : dont l'autre extrême est
le complexe d'infériorité
- l'arrogance : qui est à l'opposé de l'humilité
- la vantardise : qui consiste à parler de soi avec fierté
et satisfaction. Cet état découle de l'arrogance
- la rébellion : qui signifie désobéissance à
quelqu'un qui mérite d'être obéi. Cet état découle
lui aussi de l'arrogance, et il est à l'opposé de l'obéissance
à quelqu'un à qui il est nécessaire d'obéir
- le fanatisme : une dévotion quasi aveugle pour quelque chose
- l'injustice et la dissimulation de la vérité : état
dont l'opposé est la Justice et la fermeté dans la défense
de la vérité
- la brutalité : manque de compassion et de clémence lorsque
celles-ci sont nécessaires.
3- Les vices du pouvoir de passion et de désir sont la léthargie
et la cupidité, dont les subdivisions sont :
- l'envie de ce bas-monde et des richesses : dont l'opposé est
le zuhd (la sobriété)
- l'abondance et l'opulence : dont l'opposé est la pauvreté
- la cupidité (tamac) : dont l'opposé est l'indifférence
aux possessions des autres
- l'avidité (hirç) : dont l'opposé est le contentement
de ce qu'on a
- la convoitise de ce qui est interdit par la Religion et l'engagement
dans des actes illicites : dont l'opposé est le "warac" (Piété),
l'abstinence de ce qui est interdit
- la tricherie : dont l'opposé est l'honnêteté
- toutes les sortes de débauche : telles que l'adultère,
la sodomie, l'alcoolisme et toutes autres formes de conduite frivole
- s'enfoncer dans le faux et croire aux choses fausses
- s'habituer à tenir des propos frivoles et insensés et
des fanfaronnades vides.
Ainsi nous arrivons à la fin de l'énumération des
vertus et des vices appartenant exclusivement à chacun des trois
pouvoirs. Maintenant, nous allons énumérer les vertus et
les vices appartenant simultanément à deux ou trois pouvoirs
de l'âme :
-la jalousie : c'est-à-dire le désir envieux des fortunes
des autres
- insulter et rabaisser les autres : dont l'opposé est le respect
des autres
- ne pas être sympathique ou serviable envers autrui
- la flatterie
- rompre les liens avec la famille et les proches
- ne pas remplir les devoirs envers les parents et être désavoué
par eux
- se mêler des affaires des autres en vue de découvrir
leurs défauts
- révéler les secrets des gens : dont le contraire est
le fait de garder les secrets des autres et même de les cacher
-provoquer des frictions et des désaccords entre les gens : dont
la qualité opposée est d'amener la paix et l'harmonie entre
les gens
- blasphémer
- polémique verbale et animosité
- se moquer des autres et les ridiculiser
- médire de quelqu'un
- mentir
- convoiter la célébrité et une haute position
sociale
- aimer les louanges et détester les critiques : à l'opposé
de ce vice, il y a l'indifférence et aux louanges et aux critiques
- la simulation : c'est-à-dire faire quelque chose pour attirer
sur soi une attention favorable
- l'hypocrisie : dont l'opposé est le fait d'être le même
intérieurement et extérieurement
- se duper : ce qui est à l'opposé de la perspicacité,
du savoir et de l'humilité
- la rébellion : dont l'opposé est l'obéissance
- l'impudence et l'effronterie : dont l'opposé est la modestie
et la pudeur
- se faire beaucoup d'illusions
- la persistance dans le péché : dont l'opposé
est la repentance
- se négliger et s'éloigner de soi-même : dont l'opposé
est faire attention à soi-même et être conscient de
son but
- être apathique et indifférent à son bonheur et
à son bien
- la haine déplacée : dont l'opposé est l'amitié
et l'amour approprié
- inconstance et déloyauté : dont l'opposé est
la loyauté
- l'isolement et l'éloignement des autres : dont l'opposé
est la sociabilité et l'amitié
- le ressentiment et la hargne : dont l'opposé est le calme et
la maîtrise de soi
- le chagrin et le remords : dont l'opposé est la gaieté
et la joie
- le manque de confiance en Allah
- l'ingratitude : dont l'opposé est la gratitude et la reconnaissance
- l'impiété : c'est-à-dire la désobéissance
aux Commandements d'Allah et leur transgression l'opposé en
est la piété et l'accomplissement des devoirs prescrits par
Allah, ainsi que l'accomplissement des actes recommandés par Allah.
G) L'importance de la
Justice
Ayant énuméré tous les vices et vertus, il est
nécessaire maintenant d'avoir une compréhension de la vraie
signification de la qualité (vertu) de Justice, puisque toutes les
vertus éthiques découlent de cette qualité, tout comme
tous les vices émanent de l'injustice, laquelle est l'opposé
de la justice. Platon a dit, à cet égard :
- "Lorsque la qualité de Justice se développe chez un
homme, toutes les autres qualités et facultés de l'âme
sont illuminées par elle, et ces facultés acquièrent
toutes la lumière les unes des autres. Telle est la condition dans
laquelle l'âme humaine agit et se meut de la meilleure façon
possible, s'acheminant vers la proximité de la Source de la Création."
La qualité de Justice sauve l'être humain du danger de
la déviation vers les extrêmes, que ce soit sur les plans
personnel ou social, et lui permet de pouvoir atteindre à la félicité
et aux Bénédictions. Bien évidemment, il convient
de noter que cette qualité ne peut être pratiquée avec
succès que si l'homme sait ce qu'est le juste milieu, et peut le
distinguer de l'excès lorsqu'il s'y trouve confronté. Une
telle possibilité de distinction ne peut être acquise qu'à
travers les Saints Enseignements de l'Islam, lequel comporte des instructions
élaborées relatives à tout ce dont les êtres
humains ont besoin pour atteindre au bonheur et à la félicité
dans ce monde et dans l'Autre.
- Les différentes
sortes de Justice
La Justice est de trois sortes :
1- La Justice entre les êtres humains et Allah c'est-à-dire
les punitions et les récompenses qu'Allah donne à l'homme
en fonction de ses actes. En d'autres termes, à chaque acte -bon
ou mauvais- de l'homme, Allah prescrit une récompense ou un châtiment
appropriés. Autrement ce serait une injustice et une violation de
droits de la part d'Allah, et un traitement injuste réservé
à Sa créature, or Allah est éloigné d'une telle
injustice.
2- La Justice entre les êtres humains, c'est-à-dire que
chacun doit respecter les droits individuels et sociaux des autres et agir
conformément aux Lois Sacrées de l'Islam. Cela s'appelle
la Justice sociale. Dans les Traditions du Prophète (S), les droits
sociaux sont énumérés comme suit :
- "Chaque Croyant a trente obligations envers son Frère dans
la Foi, obligations qu'il n'aura pas respectées tant qu'il ne s'en
sera pas acquitté effectivement, à moins qu'il n'en soit
dispensé par son frère dans la Foi. Ces obligations sont
:
- pardonner à son Frère dans la Foi ses erreurs
- être clément et bon avec lui lorsqu'il se trouve dans
un territoire étranger
- garder pour lui ses secrets
- lui tendre la main lorsqu'il est sur le point de tomber
- accepter ses excuses décourager toute médisance
à son égard
- continuer à lui donner de bons conseils
- préserver soigneusement son amitié
- se charger honnêtement du dépôt qu'il lui a
confié
- lui rendre visite lorsqu'il tombe malade
- être à ses côtés au moment de son agonie
- accepter son invitation et ses cadeaux
- lui rendre de la même façon les faveurs qu'il lui
aurait accordées
- le remercier pour les services rendus
- être reconnaissant de son aide
- protéger son honneur et sa propriété
- l'aider à faire face à ses besoins
- faire un effort en vue de résoudre ses problèmes
- lui dire "Qu'Allah te bénisse" lorsqu'il éternue
- le guider vers ce qu'il a perdu
- répondre à ses félicitations sans essayer
de les mal interpréter
- accepter ses dons
- confirmer ce qu'il affirme sous serment
- être bon et amical avec lui, et non antipathique ni hostile
- l'aider, qu'il soit victime d'une injustice (l'aider à recouvrer
ses droits) ou injuste (en le poussant à réparer son injustice)
- s'abstenir de se sentir las de lui ou d'en avoir assez de lui
- ne pas l'abandonner lorsqu'il se trouve en plein ennui
- il doit aimer pour lui ce qu'il aime pour lui-même, et détester
pour lui ce qu'il déteste pour lui-même." (10)
3- La Justice entre les vivants et les morts : c'est une sorte de Justice
qui commande que les vivants se souviennent des morts avec bonté,
acquittent leurs dettes (non payées), se conforment à leurs
volontés, prient pour eux, fassent l'aumône pour eux, implorent
Allah de leur pardonner, fassent la charité à leur mémoire.
H) L'auto-développement
La conclusion qu'on peut tirer de ce chapitre est que la Justice signifie
la maîtrise totale par l'intellect de tous les autres pouvoirs et
facultés de l'âme humaine, afin que ceux-ci acheminent l'homme
vers son but ultime, à savoir la Perfection humaine en vue de plaire
à Allah. En d'autres termes, lorsque l'intellect gouverne le corps
et que la Justice y prévaut, elle prévaut également
dans le domaine qui se trouve sous sa juridiction (c'est-à-dire
tout le corps). Exactement comme lorsque le gouvernant d'une société
est juste, la Justice se répandra dans toute cette société,
et lorsqu'il est injuste, l'injustice prévaudra dans tout le pays.
C'est ce qui est indiqué dans le hadith suivant :
- "Chaque fois que le gouvernant est juste, il partage la récompense
et le mérite de toutes les bonnes actions accomplies par ses sujets,
et chaque fois qu'il est injuste, il sera considéré comme
complice dans tous les péchés et mauvaises actions commis
par eux." (11)
L'autre conclusion qu'on peut tirer est que l'on ne saurait réformer
quelqu'un d'autre tant qu'on ne se sera pas réformé soi-même.
Cela veut dire que si un individu est incapable de faire valoir la Justice
en lui-même, comment pourrait-il la mettre en application chez ses
parents, les membres de sa famille, ses concitoyens et enfin dans toute
la société ? L'auto-développement prime donc nécessairement
tout, et cet auto-développement ne peut se réaliser qu'à
travers la Science de l'Ethique.
Titre II
Les maladies de l'âme et leur traitement
.:Retour au sommaire:.
Pour guérir les maladies physiques, il y a certaines règles
et procédures à suivre. Il faut tout d'abord et avant tout
identifier la maladie. Il faut ensuite déterminer le mode de traitement.
Il faut en troisième lieu appliquer le traitement en recourant à
des médicaments appropriés et en évitant l'utilisation
de tout ce qui est nuisible, et ce jusqu'à la guérison complète.
Il a été noté précédemment que les
maladies de l'âme surviennent lorsque les pouvoirs de celle-ci franchissent
les limites de la modération et s'acheminent vers les extrêmes
contraires : l'excès ou la déficience. Le traitement de ces
maladies de l'âme doit être similaire à celui des maladies
corporelles, et doit passer par les trois stades mentionnés ci-dessus
avant d'aboutir à une guérison complète. Nous allons
donc continuer notre discussion sur ce sujet en décrivant chacune
de ces maladies et en indiquant le traitement qui lui est propre. Les maladies
à étudier sont divisées en quatre catégories
qui sont les suivantes :
1- Les maladies du pouvoir de l'intellect et leur traitement.
2- Les maladies du pouvoir de colère et leur traitement.
3- Les maladies du pouvoir de passion et leur traitement.
4- Les maladies relatives à la combinaison de deux de ces pouvoirs
ou de tous les trois.
Avant de parler en détail des maladies de ces quatres catégories,
il faut noter que chacun des pouvoirs évoqués peut se trouver
dans n'importe lequel des trois stades : modération, déficience
ou excès.
En traitant de chacun de ces pouvoirs, nous devrons tout d'abord considérer
sa déviation vers l'excès, qui est une forme de maladie,
et indiquer son traitement propre. Puis il nous faudra parler de sa déviation
vers la déficience et du moyen de traiter celle-ci. Enfin nous devrons
considérer son état de modération. Nous conclurons
notre étude de chacun desdits pouvoirs par un examen des différentes
sortes de maladies morales qui pourraient atteindre ces pouvoirs, et leur
mode de traitement.
I - Les maladies du pouvoir de l'intellect et leur traitement
.:Retour au sommaire:.
A) La condition d'excès
- La sournoiserie
C'est l'un des vices du pouvoir de l'intellect dans son état
d'excès ou d'extrême. Lorsque l'intellect humain est atteint
de cette maladie, il se trouve plongé dans des examens et des analyses
si méticuleux qu'il perd le tempérament. En d'autres termes,
l'activité mentale de l'individu, au lieu de rapprocher celui-ci
de la compréhension de la réalité, l'en éloigne,
et peut même le conduire à nier la réalité -comme
dans le cas des sophistes- ce qui l'enfonce dans une fondrière de
doute et d'indécision concernant les Lois religieuses et leur application.
La façon de traiter cette maladie fatale consiste en ce que l'individu
concerné doit tout d'abord être conscient de son danger, y
réfléchir, et ensuite faire un effort pour forcer son esprit
à rester dans les limites de la modération. En se guidant
sur le sens commun et en ayant pour critère la pensée et
le jugement des gens normaux, il doit juger sa propre pensée et
ses propres jugements, en restant sur ses gardes jusqu'à ce qu'il
arrive à la condition de modération.
B) La condition de déficience
- L'ignorance simple
Cette maladie est due à une déficience du pouvoir de l'intellect
chez l'individu, et on dit que l'individu en est atteint lorsqu'il manque
de savoir et d'instruction tout en étant inconscient de son ignorance.
Cette ignorance est en opposition avec "l'ignorance composée", dans
laquelle l'individu concerné non seulement est inconscient de son
ignorance, mais se considère comme connaisseur.
Il est évident que le traitement de "l'ignorance simple" est
plus facile que celui de "l'ignorance composée". Pour guérir
"l'ignorance simple", tout ce qu'il faut faire, c'est examiner les mauvaises
conséquences de l'ignorance et se rendre compte que ce qui distingue
l'homme de l'animal c'est la connaissance et l'instruction. En outre, il
faut tenir compte de l'importance de la connaissance et de l'instruction,
comme en témoignent aussi bien la raison que la Révélation.
La conséquence d'une telle méditation et d'une telle réflexion
sera un désir automatique d'instruction. Il faut poursuivre ce désir
avec la plus grande ardeur, et empêcher le moindre brin d'hésitation
ou de doute d'entrer dans son esprit.
C) L'état de modération
- La Connaissance et la Sagesse
Cet état se trouve entre deux extrêmes : "la sournoiserie"
et "l'ignorance simple". Indubitablement, la Connaissance et la Sagesse
sont deux des qualités les plus sublimes que l'homme puisse posséder,
puisqu'elles sont les Attributs Divins les plus importants et les plus
nobles.En fait, c'est cette caractéristique qui rapproche l'homme
d'Allah. La raison en est que plus l'homme est connaisseur et instruit,
plus il est capable d'abstraction (tajarrud), puisqu'il a été
démontré en philosophie que la connaissance et l'abstraction
sont complémentaires. C'est pourquoi, plus le degré d'abstraction
de l'esprit est grand, chez un homme, plus il est proche de l'Essence Divine,
dont l'idée dans l'esprit humain est le plus haut degré de
l'abstraction.
Le Saint Coran dit, dans l'exaltation de la Connaissance et de la Sagesse
:
- "... Celui à qui la Sagesse a été donnée,
bénéficie d'un grand bien." (2 : 269) (12)
- "Voilà des exemples que Nous proposons aux gens, mais ceux
qui savent sont seuls à les comprendre." (29 : 43) (13)
Selon un hadith, le Prophète (S) a dit à Abû Thar
:
- "S'asseoir pendant une heure dans une assemblée de gens
instruits vaut mieux, aux Yeux d'Allah, qu'accomplir mille Prières
par nuit pendant mille nuits, et que réciter tout le Coran douze
mille fois, ou encore, vaut mieux que toute une année d'adoration,
pendant laquelle on jeûne tous les jours et on passe toutes les nuits
en priant. Si quelqu'un sort de sa maison dans l'intention d'aller acquérir
le Savoir, Allah lui alloue, pour chaque pas qu'il fait, la récompense
réservée à un Prophète, et la récompense
accordée à mille Martyrs de (la bataille de) Badr. Et pour
chaque mot qu'il entend ou qu'il écrit, une cité lui sera
réservée au Paradis..." (14)
En Islam, certaines règles de bonne conduite sont prescrites
aussi bien pour les enseignants que pour les élèves, règles
qu'on trouve exposées et expliquées en détail dans
des ouvrages spécialisés, dont le meilleur est peut-être
"Adâb al-mutacallimîn" de Zayn al-Dîn ibn cAli al-cAmilî
(1495-1559 de l'ère chrétienne). Voici quelques-unes des
règles de bonne conduite relatives à l'élève
et à l'enseignant :
1- L'élève doit s'abstenir de suivre ses penchants égoïstes
et lascifs, et de fréquenter des gens mondains, car ils sont pareils
à un voile qui empêche l'accès à la Lumière
Divine.
2- Sa seule motivation pour ses études doit être de satisfaire
Allah et d'atteindre à la félicité dans l'Autre Monde,
et non de gagner une richesse, une célébrité ou l'honneur
mondain.
3- L'étudiant doit mettre en pratique tout ce qu'il apprend et
comprend, afin qu'Allah accroisse son Savoir. Le Prophète (S) a
dit :
- "Celui qui acquiert la Connaissance d'un homme instruit et qui
agit en conformité avec cette Connaissance, aura le Salut, et celui
qui acquiert une connaissance pour une raison attachée à
ce monde, n'aura que ce qu'il a acquis (et il ne recevra aucune récompense
dans l'Autre Monde)." (15)
4- L'élève doit honorer son instituteur, être humble
et obéissant envers lui.
La conduite convenable de l'enseignant doit être la suivante :
1- L'enseignement qu'il dispense doit avoir pour but la Satisfaction
d'Allah et ne pas avoir des fins liées à ce monde.
2- L'enseignant doit encourager et guider son élève, être
bon envers lui, et lui parler avec un langage qui soit au niveau de sa
compréhension.
3- L'enseignant doit transmettre sa Connaissance seulement à
ceux qui la méritent, et non pas à ceux qui pourraient en
abuser.
4- L'enseignant ne doit parler que de ce qu'il connaît, et il
doit s'abstenir d'aborder des sujets dont il est ignorant.
Il est ici nécessaire d'expliquer ce que signifient la Connaissance,
l'apprentissage et la sorte d'enseignement dont nous parlons. En d'autres
termes, la question est de savoir si l'honneur et le respect pour la Connaissance
et le Savoir, principe qui caractérise l'Islam, s'applique à
toutes les sciences, ou seulement à certaines d'entre elles. La
réponse est que le domaine de l'enseignement peut être divisé
en deux groupes :
a) les sciences relatives à ce bas-monde, telles que la médecine,
la géométrie, la musique, etc.
b) les Sciences ayant trait au développement spirituel de l'homme.
C'est cette seconde sorte d'apprentissage qui est hautement appréciée
par les Saints Enseignements de l'Islam. Toutefois, le premier groupe de
sciences est également considéré comme important,
et leur acquisition est un obligation de suffisance (wâjib kifâ'î)
pour tout Musulman. Cela veut dire que tous les Musulmans sont obligés
de les apprendre jusqu'à un niveau suffisant pour faire face aux
besoins de la Communauté Musulmane.
En ce qui concerne les Sciences dont l'acquisition est nécessaire
au développement spirituel de l'homme, elles sont les suivantes
: la connaissance des Doctrines de la Religion (uçûl al-dîn,
ou les Principes de la Religion), l'Ethique (akhlâq) -qui
a été fondée en vue de guider l'homme vers ce qui
l'amène au Salut et l'éloigner de ce qui le conduirait à
l'égarement- et la Jurisprudence Musulmane (fiqh) -laquelle
concerne les devoirs individuels et sociaux des êtres humains du
point de vue de la Loi Islamique.
D)
D'autres vices relatifs au pouvoir de l'intellect
1- L'ignorance composée
L'ignorance composée est, comme nous l'avons noté plus
haut, une ignorance dans laquelle quelqu'un n'est pas seulement ignorant,
mais également inconscient de son ignorance. C'est une maladie fatale,
dont le traitement est extrêmement difficile, car la personne "ignorante
composée" ne voit aucun défaut en elle-même, et n'a
par conséquent aucune motivation pour se corriger. Elle demeure
ainsi ignorante jusqu'à la fin de sa vie, et les conséquences
désastreuses de cet état la détruisent. Pour guérir
cette sorte d'ignorance, nous devons en explorer les racines. Si la cause
de l'ignorance composée d'un individu est une tendance à
un esprit tordu, le meilleur remède pour lui est d'apprendre quelques
sciences exactes, telles que la géométrie ou l'arithmétique,
ce qui devrait permettre à son esprit de se débarrasser de
ses confusions et de son inertie mentale, et devrait le conduire vers la
stabilité, la clarté et la modération. De cette façon,
l'ignorance composée se transforme en une ignorance simple, et l'individu
peut alors être motivé pour l'acquisition de la Connaissance.
Et si la cause du vice réside dans la façon de raisonner
de l'individu, celui-ci doit comparer son raisonnement avec celui d'hommes
de recherche et de pensée claire, afin qu'il puisse découvrir
son erreur. Et enfin, si la cause de l'ignorance de l'individu est autre,
tels un préjugé ou une imitation aveugle, il doit s'efforcer
de l'éliminer.
2- La perplexité
et le doute
Une autre maladie qui affecte le pouvoir de l'intellect est le vice
du doute et de la perplexité, qui rend celui qui s'en trouve atteint
incapable de distinguer le bien du mal, le Droit Chemin de l'erreur. Cette
maladie est normalement provoquée par l'apparition d'un certain
nombre d'éléments de conviction contradictoires, ce qui sème
la confusion dans son esprit et l'empêche de parvenir à une
conclusion définitive.
Pour guérir de cette maladie, l'individu doit tout d'abord considérer
les principes axiomatiques de la logique, tels la loi de la contradiction,
le principe selon lequel le tout est toujours plus grand que n'importe
laquelle des parties qui le composent, la loi de l'identité, etc.
et fonder tout son raisonnement par la suite sur ces principes, ce qui
devrait l'amener à réaliser que la Vérité est
une, et qu'excepté cette unique Vérité toutes les
autres conclusions sont fausses. De cette manière, il pourra éliminer
du tissu des pensées contradictoires celles qui le désorientent.
- La Certitude
A l'opposé de l'ignorance, de la perplexité et du doute,
il y a la Certitude, laquelle n'est rien d'autre qu'une conviction certaine
et éternelle qui, étant en conformité avec la réalité,
ne peut être ébranlée par aucun doute, si fort soit-il.
Cela est particulièrement important en ce qui concerne la éologie
et ses différentes branches. En d'autres mots, la Croyance en l'Existence
d'Allah, en Ses Attributs négatifs et positifs, en la Prophétie
et la Résurrection, et en tout ce qui s'y rapporte, doit être
si forte qu'elle ne saurait être ébranlée par aucun
doute. L'état de Certitude est l'un des états les plus hauts
possibles pour l'homme, et il n'est atteint que par fort peu d'êtres
humains.
Selon un hadith attribué au Prophète (S) :
- "La Certitude est une Croyance complète." (16)
L'Imam Jacfar al-Câdiq (P) a dit :
- "Allah, le Suprême, par Sa Justice Suprême, a associé
le bonheur et le confort à la Certitude et au Contentement, et IL
a accouplé le chagrin et la douleur au doute et au ressentiment."
(17)
i) Les signes
des hommes de conviction
Il y a certains signes associés à l'état de Certitude,
à travers lesquels chacun peut se tester pour déterminer
son degré de conviction. Ces signes sont :
1- Compter sur Allah dans ses affaires, et ne travailler que pour LE
satisfaire. En d'autres termes, on doit croire fermement que :
- "Il n'y a pas de pouvoir ni de puissance (dans ce monde) en dehors
de ceux accordés par Allah, Le Plus-Haut, Le Plus-Grand." (18)
2- Humilité devant Allah, intérieurement et extérieurement,
en tous temps et dans toutes les circonstances, et obéissance à
Ses Commandements, jusque dans le plus petit détail.
3- La possession de pouvoirs extraordinaires -presque miraculeux- grâce
au fait d'être proche d'Allah (à condition que cela se produise
après qu'on se soit rendu compte combien on est insignifiant et
faible devant la Grandeur et la Majesté d'Allah).
ii) Les stades de Certitude
- cilm al-yaqîn
Ce qui est certain et conviction permanente. Il est pareil à
la conviction d'un homme qui, lorsqu'il voit la fumée, croit avec
certitude qu'il y a également le feu.
- cayn al-yaqîn
C'est apercevoir quelque chose avec l'oeil -externe ou interne. Et pour
reprendre l'exemple précédent, il est comme la conviction
d'un homme qui voit non seulement la fumée, mais le feu également.
- haqq al-yaqîn
C'est l'état de Certitude acquis lorsqu'une sorte d'union spirituelle
et réelle existe entre le connaisseur et la chose connue. Ce pourrait
être le cas lorsque, par exemple, quelqu'un se trouve au milieu du
feu dans l'exemple précité. Cela s'appelle "l'union entre
le connaisseur et le connu". Pour atteindre l'état de "haqq al-yaqîn",
on doit remplir certaines conditions nécessaires, qui sont les suivantes
:
a) L'âme de l'individu doit avoir la capacité de recevoir
et de comprendre ces vérités. L'âme de l'enfant, par
exemple, ne peut pas comprendre la réalité des choses.
b) L'âme ne doit pas être polluée par la corruption
et le péché.
c) On doit concentrer son attention sur l'objet en question, et l'esprit
doit être dégagé de toute pollution d'intérêts
bas et relatifs à ce bas-monde.
d) On doit être dépouillé de toute sorte d'imitation
et de préjugés aveugles.
e) Pour atteindre ce but, des préliminaires pertinents et nécessaires
doivent être accomplis.
3- Le chirk (polythéisme)
Le chirk est une autre maladie sérieuse de l'âme, et il
est une branche de l'ignorance. Il consiste à croire que d'autres
forces, en plus d'Allah, jouent un rôle dans la direction des affaires
du monde. Si quelqu'un adore ces forces, il commet ce qu'on appelle "chirk
cibâdî" (polythéisme dans l'adoration), et si quelqu'un
leur obéit, on appelle son acte "chirk itâcî" (polythéisme
dans l'obéissance). La première sorte de polythéisme
s'appelle aussi "chirk jalî" (polythéisme manifeste), et la
seconde, "chirk khafî" (polythéisme caché). Il est
possible que le Verset coranique :
- "La plupart d'entre eux ne croient en Allah qu'en LUI associant
d'autres divinités." (12 : 106) (19)
fasse référence à cette sorte de chirk.
- Le tawhîd (monothéisme)
A l'opposé du chirk, il y a le "tawhîd" (monothéisme),
qui signifie qu'il n'y a pas dans l'univers d'autre force que Celle du
Tout-Puissant Allah. Le tawhid a plusieurs stades, qui sont :
a) L'acceptation ou l'admission verbale du tawhîd, en l'occurrence,
la profession de la formule :
- "Il n'y a de dieu qu'Allah" (20)
sans y croire intérieurement.
b) Croire du fond du coeur, après avoir prononcé verbalement
l'attestation d'adhésion au monothéisme ci-dessus mentionnée.
c) Réaliser l'Unicité d'Allah par épiphanie et
par expérience surnaturelle. En d'autres termes, on découvre
que la vaste multiplicité des créatures dérivent leur
existence d'Allah L'Unique, et on reconnaît qu'il n'y a pas d'autre
pouvoir à opérer dans l'univers que Celui d'Allah.
d) On ne voit rien dans le monde, excepté L'Etre Divin, et on
perçoit toutes les créatures comme étant des émanations
et des reflets de Cet Etre.
Ces stades de croyance au tawhîd nous conduisent à reconnaître
la cause de la maladie du chirk. La raison originelle du chirk est l'immersion
dans le monde matériel et l'oubli d'Allah. Pour en guérir,
on doit méditer sur la création des Cieux et de la Terre,
et sur les myriades de créatures d'Allah. Cela peut susciter en
nous l'appréciation de la Gloire d'Allah. Plus notre méditation
et notre contemplation sur la beauté de l'univers et le mystère
de sa création est profonde, plus notre Foi en l'Existence et l'Unicité
d'Allah sera grande. Le Coran dit :
- "Pour ceux qui pensent à Allah, debout, assis ou couchés,
et qui méditent sur la création des Cieux et de la Terre,
(en disant) : "Notre Seigneur ! TU n'as pas créé tout ceci
en vain ! Gloire à TOI ! Préserve-nous du Châtiment
du Feu." (3 : 191) (21)
L'Imam al-Redha (P) a dit :
- "L'adoration ne consiste pas à prier et à jeûner
beaucoup, mais à méditer beaucoup sur la Création
d'Allah." (22)
4- Les
tentations sataniques et la conscience
Tout ce qui entre dans la conscience humaine vient soit par l'intermédiaire
des Anges de bienfait, soit par l'intermédiaire du diable. Dans
le premier cas, c'est une inspiration (ilhâm), dans le second, c'est
la tentation (waswâs). L'âme humaine est un champ de bataille
dans lequel l'armée des Anges et l'armée des diables sont
rangées en ordre de bataille, et l'homme a le choix de fortifier
l'une ou l'autre. Si c'est l'armée des diables qui est renforcée,
l'homme fera l'objet de tentations démoniaques et ses actions extérieures
vont refléter sa condition intérieure. Mais si c'est l'armée
des Forces Divines qui est consolidée, l'homme deviendra l'incarnation
des Attributs et des Caractéristiques Divins.
Le Saint Coran relate comment Satan (Iblîs) a juré d'égarer
les êtres humains et de les amener au péché :
- "Il dit : "A cause de l'aberration que TU as mise en moi, je les
guetterai sur Ta Voie Droite. Puis je les harcèlerai, par-devant
et par-derrière, sur leur gauche et sur leur droite. TU ne retrouveras,
chez la plupart d'entre eux, aucune reconnaissance." (7 : 16-17) (23)
A propos des gens qui cèdent au diable, le Saint Coran dit :
- "Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent rien ; ils
ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas ; ils ont des oreilles avec
lesquelles ils n'entendent pas. Voilà ceux qui sont semblables aux
bestiaux, ou plus égarés encore. Voilà ceux qui sont
insouciants." (7 : 179) (24)
Et à propos de ceux qui ne sont pas influencés par le
diable, le Coran dit :
- "Quant à ceux qui auront cru en Allah et qui se seront placés
sous Sa protection, IL les introduira
bientôt dans Sa Miséricorde et dans Sa Grâce,
et IL les dirigera vers LUI, dans un Chemin Droit." (4 : 175) (25)
Le moyen de combattre les tentations démoniaques est la délibération
sur l'Au-delà. Si on médite sur les conséquences qu'entraîne
le fait de suivre le conseil du diable, et sur ce que l'avenir nous réserve
à cause de notre obéissance à celui-ci, nous trouverons
le Droit Chemin et serons libérés des tentations démoniaques.
Lorsque nous aurons trouvé la Voie Droite, Allah viendra à
notre aide et nous guidera vers l'ultime bonheur et la félicité,
comme IL nous l'a fait savoir clairement dans le Verset coranique ci-dessus.
5- La tricherie
et la sournoiserie
La sournoiserie est un autre vice appartenant au pouvoir de l'intellect,
et apparaît par l'action des désirs sataniques et diaboliques
des pouvoirs de la passion et de la colère. La sournoiserie, la
tricherie, est définie comme un complot conscient contre les autres
et comme l'élaboration de plans détaillés et minutieux
en vue de leur nuire. Ce vice est fatal, parce que l'individu qui en serait
atteint est compté comme un membre du parti du diable. Le Saint
Prophète (S) dit à ce propos :
- "Quiconque complote contre un Frère Musulman n'est pas de
nous (n'est pas Musulman)." (26)
Le moyen de guérir cette maladie est que celui qui en est atteint
doit prendre conscience des conséquences dangereuses de ce vice
et se mettre dans la tête que quiconque creuse un fossé pour
les autres y tombera un jour lui-même, subissant ainsi la punition
qu'il mérite, dans ce monde même. Il doit se demander pourquoi
au lieu d'être bon et bienveillant envers les autres, il complote
contre eux.
II - Les maladies du pouvoir de colère et leur traitement
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Comme il a été noté plus haut, le pouvoir de colère
a trois états : déficience, modération et excès,
dont chacun sera abordé en détail ci-après.
A) La condition d'excès
- La témérité
La témérité, une des maladies du pouvoir de colère,
est une imprudence menant à des situations dangereuses et mortelles
malgré les avertissements de la raison et de la Religion.
Le Saint Coran l'interdit explicitement dans les termes suivants :
- "Ne vous exposez pas, de vos propres mains, à la destruction."
(2 : 195) (27)
Le moyen de guérir la témérité est de penser
soigneusement, avant de se lancer dans n'importe quelle action, pour savoir
si celle-ci est conforme ou non à la raison et à la Religion.
Si elle est conforme, on peut l'entreprendre, mais si elle est désapprouvée
par l'une d'elles, on doit s'en abstenir. Il est même nécessaire
de s'abstenir de toute action qui comporte ne serait-ce qu'un danger minime,
afin de diminuer sa propension pour la témérité. On
doit maintenir cette attitude jusqu'à ce qu'on soit certain qu'on
est complètement guéri de ce vice, et jusqu'à ce que
la condition de modération, c'est-à-dire le Courage, soit
atteinte. Une fois arrivé à cet état, on doit essayer
de le préserver.
B) La condition de déficience
- La lâcheté
La lâcheté est une attitude timide face à une situation
qui appelle une action violente. Elle est à l'opposé du tempérament
de colère et de violence, et a pour origine un sentiment d'infériorité,
d'irrésolution, de mélancolie et de manque de confiance en
soi. Le Prophète (S) dit à ce propos :
- "O Allah ! Je me protège auprès de TOI contre l'avarice
et la lâcheté." (28)
Le moyen de guérir la lâcheté consiste à
stimuler en soi-même le tempérament de colère et de
violence, et suivre un cours d'action violente quand cela n'est pas très
dangereux, et ce jusqu'à ce que l'âme arrive à l'état
de Courage, lequel est la condition modérée du pouvoir de
colère. On doit ensuite prendre garde de ne pas s'écarter
de l'état de modération vers la condition d'excès.
C) L'état de modération
- Le Courage
Le Courage est la manifestation du pouvoir de colère dans son
état de modération, et il est défini comme étant
la soumission du pouvoir de colère au pouvoir de l'intellect. Cette
soumission est le plus admirable trait et elle est la cause de nombreuses
Vertus spirituelles. On y accède après un combat réussi
contre la témérité et la lâcheté, combat
qui exige une persévérance constante et des exercices soutenus.
D) D'autres
vices du pouvoir de colère
Le pouvoir de colère peut être atteint de dix-sept vices
divers que nous allons décrire brièvement ci-après.
1- La peur
La peur est une attente inquiète de l'arrivée de quelque
chose de déplaisant. Par exemple, on peut avoir peur de prendre
le bateau ou de dormir seul dans une maison. Il est évident qu'il
y a une différence entre la lâcheté et la peur.
La peur est de deux sortes. Primo, il y a la peur d'Allah et la peur
des péchés et de la Punition Divine. Secundo, il y a la peur
d'autres choses qu'Allah. La première sorte de peur est louable
et conduit l'homme à la Perfection, alors que la seconde sorte est
un vice indésirable suscité par la maladie de la lâcheté.
La peur impropre est suscitée par la possibilité que quelque
chose de déplaisant puisse arriver soit à soi-même,
soit à un être cher. Par exemple, on peut avoir peur de la
mort, d'un danger fatal, des cadavres, des démons, etc. La cause
originelle de ces peurs est une faiblesse spirituelle qui peut être
enrayée par un auto-examen. Par exemple, si quelqu'un réalise
qu'il ne peut rien faire pour prévenir un danger certain ou probable
de mort, et que cette peur ne sert pas à le prévenir, il
perdra peu à peu sa peur. Si sa peur de la mort est suscitée
par un attachement excessif à la vie et aux choses matérielles,
il doit s'efforcer de réduire cet attachement.
Certaines peurs ont des causes imaginaires. Il en va ainsi de la peur
de l'obscurité et des cadavres. Dans de tels cas de peur, on doit
se débarrasser de ses imaginations et renforcer son âme.
- La Crainte d'Allah
La sorte de peur appropriée et louable est celle de la Majesté
et de la Grandeur d'Allah. Cette peur s'appelle aussi "khachiyah" ou "rahbah".
C'est aussi le cas de la peur des péchés qu'on a commis et
de leur punition. Plus cette peur est grande, plus elle peut contribuer
au développement et à la perfection spirituels de l'individu.
De plus, plus grande et plus profonde est la compréhension ou la
connaissance d'Allah, plus grande sera notre peur de la Puissance d'Allah.
Le Saint Coran dit :
- "... Parmi les serviteurs d'Allah, ceux qui LE craignent sont surtout
les Savants..." (35 : 28) (29)
Ainsi, dans les hagiographies, nous apprenons que des Saints tombent
en syncope, et cela à cause de l'intensité de leur peur d'Allah.
L'intense peur d'Allah est la meilleure force de contrôle sur
l'esprit humain ; parce qu'elle affaiblit les désirs lascifs et
égoïstes, préserve l'homme pieux de la rébellion
et du péché, et domestique le coeur de l'homme pour l'amener
à la soumission aux Commandements d'Allah. De plus, la peur d'Allah
annihile toutes les autres peurs, renforce l'homme pour faire face à
l'injustice, à la tyrannie et à l'oppression. Parlant de
cette catégorie de gens, le Saint Coran dit :
- "... Ils ont la sécurité et ils sont bien dirigés..."
(6 : 82) (30)
Et :
- "... Ne craignez pas les hommes ; craignez-Moi..." (5 : 44)
(31)
Et :
- "... Allah est satisfait d'eux ; ils sont satisfaits de LUI : voilà
pour celui qui redoute son Seigneur." (98 : 8) (32)
Et :
- "Quant à celui qui aura redouté de comparaître
devant son Seigneur, et qui aura préservé son âme des
passions, le Paradis sera son refuge." (79 : 40-41) (33)
Et le Prophète (S) a dit :
- "Quiconque redoute Allah, Allah fera en sorte que toute chose le
redoutera, et quiconque ne redoute pas Allah, Allah le fera redouter toute
chose." (34)
En tout cas, il y a d'innombrables Versets coraniques et ahadith qui
soulignent le mérite de la Crainte d'Allah. Mais le souci de la
brièveté nous empêche de les énumérer
ici.
Il faut avoir en vue que même en craignant Allah, on doit prendre
garde de rester dans les limites de la modération, afin que la Crainte
d'Allah ne conduise pas l'homme à perdre tout espoir dans Sa Miséricorde
et Sa Compassion, étant donné que perdre espoir en la Miséricorde
et la Compassion d'Allah est en soi un péché. Le Coran dit
:
- "Qui donc désespère de la Miséricorde de son
Seigneur, sinon ceux qui sont égarés ?" (15 : 56) (35)
Si la Crainte d'Allah atteint un tel degré extrême, elle
devrait alors être contrebalancée par le "rajâc" (l'espoir)
dans la Pitié d'Allah, car avec ces deux ailes, celle de l'espoir
et celle de la Crainte, on peut s'élever aux plus hauts niveaux
de la Perfection humaine. Le Saint Coran dit, en effet, à ce propos
:
- "Informe Mes serviteurs que JE suis, en Vérité, Celui
Qui pardonne, Le Miséricordieux, et que Mon Châtiment est
le Châtiment douloureux." (15 : 49-50) (36)
2-
Se déprécier, ou avoir un complexe d'infériorité
Ce vice, causé par la lâcheté, est une condition
qui survient lorsqu'un individu, manquant du courage pour intervenir positivement
dans une affaire importante, s'abstient d'assumer des responsabilités
sociales, telles que persuader autrui d'accomplir de bonnes actions et
l'empêcher de commettre de mauvaises actions.
Le traitement de cette maladie est le même que celui décrit
à propos de la lâcheté. L'individu atteint de ce vice
moral doit savoir qu'un vrai Croyant en Allah ne fait jamais l'objet de
disgrâce, et qu'Allah accorde honneur et dignité au Croyant.
Le Saint Coran dit à ce propos :
- "... L'honneur appartient à Allah, à Son Messager
et aux Croyants..." (63 : 8) (37)
Il y a une Tradition qui dit :
- "Allah a assigné au Croyant le devoir de supporter tout
sauf l'auto-humiliation." (38)
Le caractère opposé à l'auto-dépréciation
est la force de caractère et le respect de soi, c'est-à-dire
que l'on doit acquérir un tempérament imperméable
à toute chose, plaisante ou douloureuse, le compliment ou le blâme
par exemple. Selon l'Imam al-Bâqir (P) :
- "Un vrai Croyant est plus inébranlable que la montagne."
(39)
Selon une autre Tradition, le même Imam al-Bâqir (P) a dit
:
- "Allah a doté le Croyant de trois qualités : l'honneur
dans ce monde et dans l'Au-delà, le Salut dans les deux mondes,
et la crainte qu'il inspire aux coeurs des oppresseurs." (40)
3- Le manque d'assurance
C'est un sentiment d'infériorité résultant d'une
absence d'effort en vue d'atteindre aux sommets de la Perfection ouverts
à l'être humain, et d'une tendance à se contenter de
petites réalisations. Il est à l'opposé de la confiance
en soi, laquelle traduit la volonté de faire un effort en vue d'atteindre
la félicité dans ce monde et dans l'Autre Monde, et de parvenir
à la Perfection. Cette vertu de confiance en soi découle
des qualités de fermeté, de Courage et de respect de soi-même.
Le traitement du manque d'assurance est subsidiaire à celui de la
maladie de la lâcheté, laquelle est la mère de tous
les vices de cette catégorie.
4- Le manque de
sens de la dignité
Ce vice consiste en un manque d'attention suffisante aux questions qui
mériteraient qu'on leur prête attention, tels que la Foi,
l'honneur, les enfants et la propriété. Ce vice découle
d'une faiblesse de caractère et d'un complexe d'infériorité.
A son opposé, il y a le sens de l'honneur, vertu louable chez l'homme.
Aux yeux de la Religion, ce sens de l'honneur implique un effort en vue
de l'immuniser contre la déviation, un zèle pour sa propagation,
un souci de se conformer soi-même aux Lois religieuses et d'encourager
les autres aussi à les suivre.
En ce qui concerne l'honneur personnel d'un individu, il signifie la
sauvegarde du respect de soi et un effort en vue de préserver son
honneur. En ce qui concerne les enfants d'un individu, le sens de la dignité
signifie que le père doit satisfaire leur droit à l'éducation
et à un développement éthique et culturel sérieux,
afin qu'ils puissent recevoir de bonne heure une éducation morale
qui deviendra une part intégrante de leur personnalité. L'Islam
accorde une grande importance aux devoirs des parents d'éduquer
et d'élever leurs enfants. Cette question est abordée en
détail dans des livres de Traditions.
En ce qui concerne la propriété et la possession, la dignité
signifie que l'on doit toujours les considérer comme étant
une partie de la Bénédiction d'Allah et comme un dépôt
confié par Allah à l'homme. Celui-ci doit s'abstenir de les
dépenser avec extravagance, et s'en servir pour s'acquitter de ses
devoirs religieux, sans oublier de penser aux nécessiteux.
5- La précipitation
C'est un état dans lequel on se trouve poussé à
prendre une décision brusque ou à entreprendre une action
brusque, sans réfléchir suffisamment. Cette condition aussi
est une conséquence de la faiblesse de caractère et d'un
complexe d'infériorité. Son opposé est la vertu de
réflexion dans l'action et dans la parole. Le résultat de
la précipitation est nuisible, et elle aboutit au remords et à
la repentance. Dans beaucoup de cas, le dommage consécutif à
une action hâtive est irréversible.
Pour traiter le vice de la précipitation, on doit prendre conscience
de ses conséquences désastreuses, et s'habituer à
une conduite digne et réfléchie.
6-
Le ressentiment envers le Créateur et Sa Création
C'est une condition qui survient lorsqu'un individu garde rancune et
cynisme à l'égard d'Allah, de Sa Créature et de leurs
réalisations, interprétant tout d'une façon négative.
Ce vice aussi est une conséquence de la lâcheté et
le produit d'un complexe d'infériorité ; car une personne
faible de caractère agit selon les impressions que son imagination
peut produire. Il y a, à l'opposé de ce trait de caractère,
la bonne volonté et la confiance en Allah et dans les hommes, ce
qui veut dire adopter une attitude favorable envers toute chose, sauf s'il
y a une preuve évidente du contraire. Le Coran dit à cet
égard :
- "Vous vous êtes fait une fausse idée, et vous étiez
un peuple perdu." (48 : 12) (41)
L'Imam cAli (P) a dit :
- "Pensez positivement à ce que fait votre Frère, à
moins que vous n'ayez une preuve qui vous conduit à penser le contraire.
Ne mettez pas en doute ce qu'il dit aussi longtemps qu'il est possible
pour vous de le considérer (ce qu'il dit) comme étant juste."
(42)
Le moyen de neutraliser ce vice est de négliger tout ce qu'on
pourrait voir ou entendre à propos d'un Frère dans la Foi,
et de maintenir à son sujet une opinion favorable et d'observer
une attitude respectable et affectueuse à son égard.
7- La colère
La colère est l'une des conditions de l'âme, et elle a
trois états :
a) L'état d'excès, lequel est défini comme étant
ce qui met quelqu'un hors des limites de la Religion et de ses Lois.
b) L'état de déficience, lequel est défini comme
étant l'état où l'on manque d'entreprendre une action
violente même si elle est nécessaire pour son auto-défense.
c) L'état de modération. C'est l'état dans lequel
la colère est stimulée dans des circonstances appropriées
et admissibles.
Il est donc clair que le premier et le deuxième états
sont au nombre des vices de l'âme, alors que le troisième
fait partie des vertus éthiques découlant du Courage.
La colère excessive est une maladie fatale, et elle est considérée
comme une sorte de folie temporaire. Lorsqu'elle s'apaise, elle est immédiatement
suivie de remords et de repentance, ce qui représente des répliques
saines d'une personne rationnelle.
L'Imam cAli (P) a dit :
- "La colère est un coup de folie, tant que celui qui en est
atteint éprouve par la suite remords et regrets. Mais si quelqu'un
n'éprouve pas de remords et de regrets après la colère,
cela signifie que sa folie est devenue constante." (43)
D'ailleurs, l'absence totale de colère est aussi un vice qui
amène l'homme vers l'humiliation, la subjugation et l'incapacité
à défendre ses droits. Pour guérir une colère
excessive, on doit enrayer ses causes. Ces causes pourraient être
l'orgueil, l'égoïsme, l'entêtement, l'avidité
et d'autres vices semblables. On doit également considérer
comment est une colère excessive et comment pourraient être
ses conséquences. Ensuite, on doit examiner les avantages de l'endurance
et du sang-froid, et fréquenter les gens qui possèdent ces
qualités. On doit penser aussi que la Force d'Allah est Suprême,
et que tout est sous Ses Ordres, ce qui devrait amener l'homme à
se rendre compte de sa faiblesse par rapport à la Puissance Infinie
d'Allah. Enfin, on doit savoir que celui qui est en état de colère
n'est pas aimé d'Allah, et qu'en plus il peut commettre quelque
chose dont il aura honte par la suite.
Ce qui est à l'opposé de la colère, c'est la clémence
et l'endurance -caractéristiques qui comptent parmi les qualités
parfaites de l'âme. Ces deux qualités rendent celui qui les
possède pardonneur et clément, bien qu'il puisse être
tout à fait capable de se venger. Le Coran dit :
- "Pratique le pardon ; ordonne le bien, et écarte-toi des
ignorants." (7 : 199) (44)
Et le Prophète (S) a dit :
- "Le pardon élève la position de l'homme. Pardonne,
pour qu'Allah t'honore." (45)
8- La violence
La violence consiste en le recours à une force furieuse et destructrice,
soit en paroles, soit en actes, et elle est l'une des conséquences
de la colère. Son opposé est la vertu de la douceur, laquelle
émane de la patience. S'adressant au Prophète (S), le Coran
dit à ce propos :
- "Tu as été doux à leur égard par une
Miséricorde d'Allah. Si tu avais été rude et dur de
coeur, ils se seraient séparés de toi." (3 : 159) (46)
Et, selon le Prophète (S) :
- "Lorsqu'Allah aime Ses serviteurs, IL les dote du trait de l'amitié
; et quiconque manque de ce trait, manquera de toutes les autres Bénédictions."
(47)
Le Prophète (S) a dit également :
- "La considération et la bonté à l'égard
des gens constituent la moitié de la Foi." (48)
9- Le mauvais caractère
Ce vice aussi découle de la colère, et il est à
l'opposé du bon caractère. Il conduit les gens à s'éloigner
de celui qui en est atteint, et il ne lui apporte que faillite dans ce
monde et dans l'Autre. Il détruit de plus toutes les bonnes actions
qu'on aurait accomplies. Le Prophète (S) dit à ce propos
:
- "Le mauvais caractère détruit les bonnes actions,
tout comme le vinaigre abîme le miel." (49)
S'adressant au Prophète (S), le Coran lui dit :
- "Tu es d'un caractère sublime." (68 : 4) (50)
10- La rancune
La rancune aussi est causée par la colère, et elle est
complexe constitué une fois la colère disparue. Elle a de
mauvaises conséquences, telles que la jalousie et la rupture des
relations avec celui contre lequel elle est dirigée, et elle peut
déboucher sur une attaque physique contre lui, des remarques illégitimes
sur lui, des mensonges à son propos, des médisances, des
calomnies, la divulgation des secrets personnels et intimes, etc.
Parfois la rancune s'extériorise et se manifeste sous forme d'hostilité
nette, conduisant à l'affrontement, au combat, aux injures et aux
invectives, et tout cela constitue bien des vices fatals.
Le moyen de guérir cette maladie spirituelle est que la personne
qui en souffre doit tout d'abord comprendre que le sentiment de rancune
nuit à celui qui le garde dans son coeur beaucoup plus qu'à
celui contre lequel il est dirigé. Ensuite, elle doit décider
d'adopter une attitude fraternelle et serviable envers celui contre lequel
elle éprouve de la rancoeur, et faire de bonnes choses pour lui-même,
si ses émotions la poussent à faire le contraire. Elle doit
maintenir cette attitude envers lui jusqu'à ce qu'elle se soit défaite
de cette maladie.
11- L'orgueil et la vanité
C'est là un autre vice du pouvoir de colère. C'est un
état dans lequel un homme a une haute idée de lui-même
en raison d'un certain avantage réel ou imaginaire dont il bénéficierait.
D'un autre côté, il manque de reconnaître les Attributs
de Perfection d'Allah, Lequel est la Source de toute chose. Un grand nombre
de Traditions soulignent les maux de ce trait de caractère. L'une
de ces Traditions attribue au Saint Prophète (S) cette parole :
- "Même si vous ne commettez aucun péché, je
crains que vous ne tombiez dans ce qui est pire, à savoir l'orgueil
! L'orgueil !" (51)
Les mauvais effets de l'orgueil et de la vanité sont : l'arrogance,
l'oubli et la négligence de ses propres fautes -et donc l'omission
de les corriger-, la dépréciation des bonnes actions de l'orgueilleux
aux yeux d'Allah et des gens, l'absence de gratitude à l'égard
des Bénédictions d'Allah -et par conséquent le risque
de les perdre-, l'omission de poser des questions à propos des choses
qu'on ignore -et par conséquent le risque de rester dans l'ignorance-,
et finalement le fait d'avoir des opinions incorrectes et sans fondement,
et de les proclamer.
Pour guérir un individu de cette maladie, il est nécessaire
qu'il tourne son attention vers Allah et qu'il LE connaisse. Lorsqu'il
se rendra compte que seul L'Omnipotent Créateur mérite adoration
et louange, et qu'il n'est, lui, rien par rapport à la Majesté
d'Allah, qu'il n'a absolument rien qu'il puisse appeler sien propre, et
que même des êtres qui sont de très loin supérieurs
à lui, tels les Prophètes et les Anges, ne sont rien par
comparaison avec Allah, il aura conscience qu'il est absurde d'être
orgueilleux et vaniteux, et qu'il doit se considérer tel qu'il est
réellement : une créature insignifiante d'Allah.
Lorsque l'homme aura médité sur ses débuts -une
simple goutte de sperme- ainsi que sur sa fin -une poignée de terre-,
ainsi que sur le bref intervalle de sa vie -une misérable créature
portée aux maladies et dominée et dirigée par la concupiscence
et les instincts, il n'oubliera pas seulement sa vanité, mais même
sa propre personne, et il dévouera tout son être à
l'adoration d'Allah. Le Saint Coran dit à ce propos :
- "Que l'homme périsse ! Quel impie ! Comment Allah l'a-t-IL
créé ? D'une goutte de sperme. Il l'a créé
et IL a fixé son destin ; puis IL a rendu son chemin facile ; IL
l'a fait mettre au tombeau ; puis IL le ressuscitera, quand IL le voudra."
(80 : 17-22) (52)
Et comme le dit ce distique d'un poète Persan :
- "Ne te vante pas de ta richesse et de ta prestance, car la première
pourrait être emportée une nuit par les voleurs, et la seconde
pourrait s'évanouir par un seul coup de fièvre." (53)
On doit garder présent à l'esprit que la vanité
et l'orgueil peuvent être engendrés lorsqu'on est favorisé
par les Bénédictions Divines, telles que le Savoir, la dévotion,
la piété, la Foi, le Courage, la générosité,
la patience, une ascendance honorable, la beauté, une bonne santé,
la force, la position élevée, l'intelligence, et ainsi de
suite. Pour éviter un tel risque, on doit toujours se rappeler ses
propres faiblesses et défauts ; un tel rappel nous aidera à
prévenir l'orgueil.
Ce qui est à l'opposé de l'orgueil et de la vanité,
c'est la modestie, laquelle est le trait de caractère le plus méritoire,
qui conduit à l'édification de l'âme et à la
Perfection de l'homme.
12- L'arrogance
L'arrogance est l'une des conséquences de la vanité et
de l'orgueil. Lorsqu'un individu a une idée trop haute de lui-même,
on dit qu'il est orgueilleux, et lorsque, en plus, il a tendance à
considérer les autres comme lui étant inférieurs,
il devient arrogant. A l'opposé, lorsque quelqu'un pense qu'il est
petit et insignifiant, on dit qu'il est modeste ; et si en plus il considère
les autres comme lui étant supérieurs, cela s'appelle humilité.
En tout état de cause, l'arrogance est l'un des vices les plus
fatals, parce qu'elle est un voile épais qui cache à l'individu
qui en est atteint ses propres défauts et, ce faisant, l'empêche
de s'en débarrasser et d'atteindre à la Perfection. Le Saint
Coran dit à cet égard :
- "... Ainsi, Allah met un sceau sur le coeur de tout tyran orgueilleux."
(40 : 35) (54)
Et :
- "J'écarterai bientôt de Mes Révélations
ceux qui, sur la Terre, s'enorgueillissent." (7 : 146) (55)
Et le Prophète (S) a dit :
- "Celui qui aura eu même une particule d'orgueil dans son
coeur, n'entrera pas au Paradis." (56)
Le Prophète cIssa (P) a dit :
- "De même qu'une plante pousse dans un sol meuble, et non dans
un sol rocailleux et dur, de même la Sagesse germe et se développe
dans un coeur humble et tendre, et non dans un coeur dur et arrogant. Ne
voyez-vous pas que l'homme qui garde la tête haute la cogne contre
le plafond, alors que celui qui baisse la tête a le plafond comme
ami et protecteur ?"
Le traitement de l'arrogance est le même que celui prescrit pour
le vice de l'orgueil. Il y a un autre remède à ce vice, qui
consiste à étudier les divers Versets coraniques et Traditions
qui en traitent et le fustigent. On doit aussi persévérer
dans une attitude d'humilité envers Allah et les hommes, fréquenter
les pauvres et les déshérités, s'abstenir de porter
des vêtements ostentatoires, s'habiller simplement, être en
termes identiques avec les pauvres et les riches, saluer les gens chacun
avec le respect dû à son âge, et s'abstenir de demander
une place d'honneur dans une assemblée. Bref, on doit résister
à tous les désirs qui contribuent à son arrogance.
A l'opposé de l'arrogance, il y a l'humilité, qui est
l'une des vertus morales les plus louables. Le Saint Coran parle ainsi
de la vertu de l'humilité :
- "Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent
humblement sur la Terre, et qui disent "Paix" aux ignorants qui s'adressent
à eux." (25 : 3) (57)
Et :
- "Abaisse ton aile vers ceux des Croyants qui te suivent." (26
: 215) (58)
Il est à noter que l'humilité est le terrain moyen entre
l'arrogance et l'abjection, et autant la première est un vice, autant
la seconde l'est également. La différence entre l'abjection
et l'humilité est claire. Donc, autant il est louable pour un homme
d'être humble, autant c'est un vice pour lui que de s'abaisser.
13- La rébellion
C'est une forme d'arrogance, donc également un vice. Il s'agit
de la rébellion contre tous ceux à qui il est nécessaire
d'obéir, tels que les Prophètes et leurs lieutenants, les
gouvernements légaux et légitimes, les instituteurs, les
parents, etc. Une Tradition prophétique nous dit :
- "Le péché le plus rapidement punissable est la rébellion."
(59)
Le Prophète (S) a dit aussi :
- "Il est du droit d'Allah de rabaisser toute chose qui se rebelle
contre une autre chose." (60)
L'Imam cAli (P) a dit, pour sa part :
- "La rébellion conduit les rebelles en Enfer." (61)
Le moyen de traiter le vice de la rébellion pour quelqu'un qui
en souffre, consiste à méditer sur la condition spirituelle
et de se référer aux Traditions qui commandent l'obéissance
légale, et en même temps à s'efforcer de développer
en lui-même l'esprit d'humilité.
14-
L'aveuglement vis-à-vis des fautes que l'on commet soi-même
C'est un autre résultat de la vanité et de l'orgueil.
Il est à l'opposé de la conscience qu'on a de ses fautes
et de ses défauts.
15- Le fanatisme
Le fanatisme est un autre vice moral qui conduit à la dégénérescence
de l'esprit et de l'entendement celui qui en est atteint.
Ce mal peut se manifester en paroles ou en actions lorsqu'il s'agit
des croyances religieuse de quelqu'un, de sa nation, sa tribu, sa famille,
etc. Lorsque le fanatisme concerne des causes justes, il pourrait équivaloir
au zèle et à l'enthousiasme, et il est plutôt louable.
Mais lorsqu'il concerne des choses non convenables, il est franchement
un vice.
Le Prophète (S) a dit :
- "Quiconque porte dans son coeur le moindre fanatisme, Allah le
mettra avec les Arabes païens de l'époque jahilite (pré-islamique)."
(62)
Le moyen de guérir le vice de fanatisme, c'est de se livrer à
une introspection et de prendre conscience du fait que le fanatisme bloque
le développement de l'individu et obscurcit sa vision et sa compréhension
de la réalité. Donc, si le fanatique cherche à connaître
la réalité, il doit se défaire de son fanatisme et
s'efforcer d'examiner les choses d'une manière objective, sans parti
pris.
16- La dissimulation
de la vérité
Ce vice, qui consiste à faire de fausses déclarations
et à dissimuler la vérité, découle du fanatisme,
de la lâcheté et de la peur. Il peut découler aussi
du désir de la richesse et d'autres motifs similaires. En tout état
de cause, ce vice conduit à dévier du Droit Chemin et provoque
la dégénérescence morale. A l'opposé de ce
vice, il y a la révélation de la vérité et
la fermeté sur le Droit Chemin. Il y a de nombreux ahadith et Versets
coraniques qui condamnent la dissimulation de la vérité,
et qui louent la véracité. Voici quelques-uns des Versets
coraniques qui abordent le plus clairement et le plus directement ce sujet
:
- "Pourquoi dissimulez-vous la Vérité sous le mensonge
? Pourquoi cachez-vous la Vérité, alors que vous savez ?"
(3 : 71) (63)
- "Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage
qu'il a reçu d'Allah ?.." (2 : 140) (64)
- "Ceux qui cachent les Signes manifestes et la Direction que Nous
avons révélée depuis que Nous les avons fait connaître
aux hommes au moyen du Livre : voilà ceux qu'Allah maudit, et que
maudissent les maudisseurs." (2 : 159) (65)
Pour guérir de ce mal, on doit noter que ce trait de caractère
suscite la Colère Divine, et qu'il peut conduire au kufr (infidélité).
En outre, on doit méditer sur les avantages qu'il y a à être
véridique, et s'efforcer de le devenir.
17- Le manque
de coeur et la cruauté
Lorsqu'un individu est atteint du vice de manque de coeur et de cruauté,
il est insensible aux souffrances et à la tristesse de ses semblables.
A l'opposé de ce vice, il y a la vertu de la Miséricorde
et de la Compassion. Il y a beaucoup de Versets coraniques qui fustigent
ce vice et qui louent la vertu de l'amour et de la Compassion.
Le traitement de cette maladie est très difficile, parce que
la cruauté et le manque de coeur se gravent dans le caractère
et deviennent chroniques et difficilement guérissables. Le meilleur
moyen de guérir cette maladie consiste pour le malade à éviter
avant tout les actions cruelles qui sont les manifestations extérieures
de ce vice. le malade doit ensuite faire un effort en vue de partager les
difficultés que rencontrent les autres, et de considérer
leurs problèmes comme étant les siens propres. En outre,
il doit réagir d'une façon appropriée à de
telles situations, jusqu'à ce qu'il commence progressivement à
sentir la saveur de la Compassion, faisant de celle-ci peu à peu
une partie de lui-même.
III - Les maladies du pouvoir de passion et leur traitement
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La troisième des quatre sections de ce livre traite des maladies
du pouvoir de passion, et de leur traitement. Ces maladies sont de dix
sortes. Nous allons aborder ci-après brièvement chacune d'elles.
1- L'amour de ce monde
La meilleure définition de ce vice et de l'attachement aux biens
éphémères de ce monde se trouve sans doute dans le
Verset coranique suivant :
- "L'amour des biens convoités est enjolivé aux hommes
; tels sont les femmes, les enfants, les lourds amoncellements d'or et
d'argent, les chevaux racés, le bétail, les terres cultivées
: c'est là une jouissance éphémère de la vie
de ce monde, mais c'est chez Allah qu'on trouve la meilleure ressource."
(3 : 14) (66)
Il faut tout d'abord garder présent à l'esprit que tous
les biens mentionnés dans ce Verset coranique étant des Bénédictions
Divines, ne peuvent être condamnés. En outre, une utilisation
convenable de ces Bénédictions Divines n'a rien de répréhensible.
Toutefois, ce qui est condamnable, c'est de s'attacher à ces biens
et de leur accorder une importance fondamentale dans notre vie -importance
qui pourrait dépasser celle que nous accorderions à Allah.
Mais si ces biens ne prennent pas la place d'Allah dans notre vie, et qu'ils
soient utilisés comme un moyen d'atteindre à l'auto-développement
et à la proximité d'Allah, non seulement ils ne seraient
pas blâmables, mais plutôt hautement désirables. Donc,
la condamnation ou les louanges des biens de ce monde, que nous rencontrons
dans le Coran ou les ahadith, se rapportent au type d'usage qu'on en fait.
Si quelqu'un fait du monde d'ici-bas et de ses biens son idole, et qu'il
y met tout son espoir au point d'oublier Allah et l'Au-delà, alors
nous pouvons dire qu'un tel individu est devenu victime de la maladie de
"l'amour de ce monde". Dans un hadith, le Prophète (S) décrit
dans les termes suivants les traits des "amoureux de ce monde" :
- "Celui qui se réveille en ayant toute son attention concentrée
sur ce monde est coupé d'Allah, et Allah accable son coeur de quatre
malheurs : un souci éternel, une occupation infinie, un manque jamais
satisfait, et un espoir qui ne se réalise jamais." (67)
Pour guérir de cette maladie, on doit méditer sur le fait
que les biens de ce monde sont éphémères, et que ce
qui reste d'un homme ce sont ses réalisations spirituelles, sa proximité
d'Allah et les efforts faits en vue de se préparer à l'Au-delà.
2- L'amour
de la fortune et de la richesse
Ce vice est une branche de la maladie de l'amour du monde d'ici-bas,
et tout ce qui a été dit -de positif et de négatif-
à propos du monde d'ici-bas peut s'appliquer à la richesse.
Certains Versets coraniques et Traditions font l'éloge de la richesse,
alors que d'autres la condamnent. Cependant, il n'y a pas de contradiction
dans le fait que la richesse soit à la fois condamnée et
louée, car les Versets et les Traditions qui la condamnent, condamnent
en fait la richesse qui éloigne l'homme d'Allah et de l'Au-delà,
alors que ceux qui font l'éloge de la richesse désignent
celle qui sert à élever le caractère de l'homme et
à le rapprocher d'Allah. Dans un Verset coranique, on peut lire
:
- "O vous les Croyants ! Que vos richesses et vos enfants ne vous
distraient pas du souvenir d'Allah ! Ceux qui agissent ainsi sont les perdants."
(63 : 9) (68)
Dans un autre Verset, une nation est appelée à implorer
le Pardon d'Allah, afin qu'IL lui accorde Ses Faveurs parmi les quelles
figure la richesse :
- "... IL accroîtra vos richesses et le nombre de vos enfants
; IL mettra à votre disposition des Jardins et des ruisseaux."
(71 : 12) (69)
Et selon des ahadith, le Prophète (S) aurait à la fois
loué et condamné la richesse :
- "L'amour de la richesse et de la position sociale nourrit l'hypocrisie
(nifâq) tout comme l'eau nourrit les plantes." (70)
- "Que c'est louable un bien justement acquis par un homme droit
!" (71)
En tout cas, une richesse appropriée et propre est celle que
l'on acquiert d'une façon licite, et que l'on utilise pour faire
plaisir à Allah -le Hajj, le Jihâd, l'aide aux pauvres, et
toutes sortes de charité servant au bien public.
- L'abstinence (zohd)
Le zohd, à l'opposé du fait de chérir ce monde,
est l'abstinence des affaires du monde d'ici-bas, intérieurement
et extérieurement, mis à part ce qui est nécessaire
pour atteindre aux Bienfaits de l'Au-delà et la proximité
d'Allah. Le zâhid (celui qui pratique le zohd) est très loué
dans des Versets coraniques et des ahadith qui considèrent le zohd
comme l'un des traits des Prophètes et des Saints.
Le zohd est de différents degrés :
a) l'abstinence des péchés ;
b) l'abstinence même de ce qui est "muchtabah" (douteux), c'est-à-dire
de ce qui n'est pas considéré comme interdit mais sur lequel
on a des doutes ;
c) l'abstinence de ce qui dépasse les limites du strict nécessaire
;
d) l'abstinence des désirs égoïstes ;
e) l'abstinence de tout, excepté Allah ; ce qui veut dire concentrer
toute notre attention sur le Créateur, nous contenter du strict
minimum pour satisfaire non besoins physiques, et faire cadeau du reste
de nos biens pour l'amour d'Allah.
Les gens pratiquent normalement le zohd pour trois raisons :
a) Pour échapper au Feu de l'Enfer. Cette sorte de zohd s'appelle
"zohd al-khâ'ifîne" (l'abstinence des craintifs).
b) Pour obtenir la Satisfaction d'Allah et atteindre à la Joie
du Paradis. Cette sorte de zohd s'appelle "zohd al-râjîne"
(l'abstinence de ceux qui espèrent).
Pour obtenir la Communion Divine. C'est là le but le plus sublime
et la forme la plus méritoire du zohd. Elle ne se pratique ni par
crainte de l'Enfer, ni par désir du Paradis.
3- L'abondance et l'opulence
Cela signifie posséder les moyens de vivre, et peut avoir plusieurs
degrés, atteignant parfois une grande fortune et une richesse fabuleuse.
A l'opposé, il y a la pauvreté et le besoin, lesquels signifient
le manque de moyens d'existence.
Aussi bien l'abondance que la pauvreté peuvent soit élever
le caractère de l'homme, soit le détruire.
Si l'abondance est atteinte par des moyens licites et que le surplus
de ce qui est nécessaire est dépensé pour l'amour
d'Allah et au service de Ses créatures, elle est considérée
comme une vertu. Mais si elle a été obtenue par des moyens
illicites et par une exploitation injuste, et que la personne qui l'a accumulée
est insouciante des besoins des nécessiteux et des dépossédés,
elle la conduira sûrement à la destruction. Le Saint Coran
dit à ce propos :
- "Bien au contraire ! L'homme est rebelle dès qu'il se voit
dans l'aisance..." (96 : 6-7) (72)
De la même façon, la pauvreté aussi, si elle est
accompagnée d'endurance, de résignation et de contentement,
mène l'homme à une édification spirituelle ; autrement,
elle le conduirait aussi à la destruction. Ainsi, si nous constatons
que des Versets coraniques et des Traditions louent parfois l'abondance
et la pauvreté, et parfois les condamnent, c'est parce qu'elles
sont parfois accompagnées de bonnes conditions et sont donc désirables,
et parfois de mauvaises conditions, et sont par conséquent indésirables.
4- L'avidité (hirç)
L'avidité est une condition qui rend l'homme insatisfait de ce
qu'il a, et lui donne envie d'en avoir plus. L'avidité est l'un
des pires vices destructeurs, et elle ne se milite pas à la possession
des biens de ce monde, mais s'étend également à la
nourriture, au sexe et aux autres choses.
Le Saint Prophète (S) a dit :
- "En vieillissant, l'homme a deux caractères qui rajeunissent
: l'avidité et l'espérance tenace." (73)
L'Imam al-Bâqir (P) a dit :
- "L'homme avide dans son amour de ce monde est pareil au ver à
soie : plus il s'enveloppe dans son cocon, moins il a de chances de s'en
échapper, et il finit par mourir de douleur." (74)
A l'opposé de l'avidité, se trouve la vertu du contentement,
qui rend l'homme capable de contrôler ses désirs et de se
contenter du strict nécessaire pour la vie. Celui qui a cette vertu
vit toujours honorablement et respectablement, comme un homme libre ; il
est immunisé contre les vices de l'abondance dans ce monde et, par
voie de conséquence, contre la punition dans l'Autre Monde.
Pour se libérer du vice de l'avidité, on doit méditer
sur ses conséquences nuisibles et se rendre compte que l'avidité
est une caractéristique des animaux qui ne reconnaissent pas de
restriction à la satisfaction de leurs désirs sensuels, et
qui recourent à tous les moyens pour les satisfaire. Il est donc
nécessaire pour l'homme de se libérer de ce vice et de contrôler
son âme rebelle.
5- La convoitise (tamac)
Suscitée par l'amour de ce monde, la convoitise est un autre
type de vice moral, et elle se définit comme avoir un oeil sur les
possessions d'autrui. Ce qui se trouve à l'opposé de ce vice,
c'est le fait d'être indépendant des autres, et indifférent
à ce qu'ils ont entre les mains. Il y a de nombreux ahadith qui
font les louanges de celui qui est indépendant des autres et qui
condamnent la convoitise. Voici deux ahadith louant la vertu de celui qui
sait se suffire, et condamnant par la même occasion la convoitise.
L'Imam al-Bâqir (P) a dit :
- "Quelle détestable créature que celui qui se laisse
mener par sa convoitise. Quelle mauvaise créature que celui dont
le désir lui fait gagner l'ignominie." (75)
L'Imam cAli (P) a dit :
- "Passe-toi de quiconque : tu deviens son égal ; convoite
quiconque : tu deviens son captif ; rends service à quiconque :
tu deviens son émir." (76)
6- L'avarice (bukhl)
L'avarice, c'est le fait d'être parcimonieux là où
on devrait être généreux, et c'est pareil à
la prodigalité, qui est son opposé, et qui consiste à
se montrer généreux quand il faudrait être frugal.
La voie intermédiaire entre ces deux extrêmes est le "sakhâ'",
qui consiste à être généreux lorsqu'il le faut.
Le Coran décrit les Croyants, appelés aussi "cIbâd
al-Rahmân" (les esclaves du Miséricordieux) comme étant
"... ceux qui, pour leurs dépenses, ne sont ni prodigues,
ni avares, car la juste mesure est au milieu des deux." (25 : 67) (77)
Alors que l'avarice (bukhl) est suscitée par l'amour de ce monde,
la générosité (sakhâ') émane du zohd.
Beaucoup de Versets coraniques et de ahadith louent et condamnent chacun
de ces caractères ; nous nous dispensons ici de les citer, pour
rester concis. Le plus haut degré de la générosité
est le sacrifice, c'est-à-dire le fait d'être prêt à
offrir à autrui ce dont on a soi-même besoin. Et c'est là
une des caractéristiques des vrais Croyants, comme nous le dit le
Coran :
- "Ils les préfèrent (les autres) à eux-mêmes,
malgré leur pauvreté." (59 : 9) (78)
Pour guérir la maladie de l'avarice, il est nécessaire
de bien considérer les Versets coraniques et les ahadith qui condamnent
ce vice, et de méditer sur ses conséquences nuisibles. Si
cette démarche s'avérait inefficace, on devrait s'efforcer
d'être généreux et libéral, même si cette
générosité est complètement artificielle ;
et on devrait continuer à faire cet effort jusqu'à ce que
la générosité devienne une seconde nature.
La générosité est nécessaire lorsqu'il s'agit
de s'acquitter de certains devoirs obligatoires (wâjibât),
tels que le paiement du Khoms et de la Zakât, les dépenses
pour sa femme et ses enfants, les frais du Hajj (Pèlerinage à
la Sainte Kacbah), et ainsi de suite. Elle est aussi nécessaire
lorsqu'il s'agit de s'acquitter des devoirs recommandés (mustahabbât),
tels qu'aider les pauvres, offrir des cadeaux, organiser une réception
dans le but d'établir ou de consolider des liens d'amitié
ou de parenté, prêter de l'argent à quelqu'un, donner
un délai aux débiteurs, fournir des vêtements et un
abri aux nécessiteux, dépenser ce qui est nécessaire
pour sauvegarder son honneur ou réparer une injustice, et contribuer
aux dépenses des services publics tels que les Masjid, les écoles,
les hôpitaux, les routes, les ponts, les puits, etc.
7- Le gain illicite
Ce vice consiste à amasser une richesse d'une façon illicite,
sans se soucier d'éviter ce qui est harâm et les moyens illicites
de gain. Ce vice est suscité par l'avidité et l'amour de
ce monde, et il conduit à une détérioration morale
et à la perte de la dignité humaine. Nombre de Versets coraniques
et de ahadith mettent fermement en garde contre l'acceptation de moyens
illicites de revenus, et en rappellent les conséquences fâcheuses.
Il faut garder présent à l'esprit que la richesse est
de trois sortes :
a) celle qui est purement halâl (acquise de manière licite)
;
b) celle qui est totalement harâm (acquise de manière illicite)
;
c) celle qui est mélangée de halâl et de harâm.
Ce qui est halâl est utilisable, et ce qui est harâm ou
d'origine douteuse (muchtabah) doit être évité. Les
choses harâm sont de diverses sortes : la viande de porc et de chien
; les boissons alcoolisées ; toutes denrées dont la consommation
est nuisible à la santé ; tout ce qui est acquis par la force,
l'injustice ou le vol ; tout gain obtenu par des pratiques illicites, telles
que la tricherie à la pesée ou dans le nombre d'heures de
travail, la thésaurisation, la corruption, l'usure et tous les autres
moyens illicites énumérés dans les ouvrages de fiqh
(Jurisprudence islamique).
L'opposé du gain par des moyens harâm est l'abstention
de toutes formes de pratiques harâm (warac canil-harâm). Cette
vertu peut devenir graduellement une habitude chez l'individu grâce
à l'exercice de l'auto-restriction qui lui permettra en fin de compte
de s'abstenir volontairement même de ce qui est muchtabah (d'une
licéité douteuse). Selon un hadith :
- "Quiconque vit de gain halâl pendant quarante jours, Allah
illuminera son coeur et en fera monter des fontaines de Sagesse vers sa
langue." (79)
8- La trahison (khiyânah)
La trahison est un autre type de vice appartenant au pouvoir de passion.
La trahison peut se faire avec l'argent ou comme la violation d'un dépôt.
Elle peut concerne l'honneur, le pouvoir ou la position. L'opposé
de la trahison est l'honnêteté ou la loyauté (amânah),
qui s'applique elle aussi à tout ce qui vient d'être mentionné
concernant la trahison, c'est-à-dire la propriété
et les biens de quelqu'un -lesquels sont des Dépôts Divins-,
la famille et la position, l'autorité et le pouvoir qu'on exerce.
On doit toujours se rappeler que ce qui vient d'être énuméré
constitue des Bénédictions d'Allah, impliquant une responsabilité
spécifique, et dont la violation équivaut à une trahison.
Luqmân le Sage a dit :
- "J'ai acquis ma position de Sagesse uniquement grâce à
la véracité et au respect du dépôt." (80)
9- La licence et la débauche
Elles incluent des pratiques telles que l'adultère, la fornication,
la sodomie, l'intoxication et toutes autres formes d'extravagance, et elles
émanent toutes du pouvoir de passion et plongent l'homme dans un
mode de vie bestial. Il y a de nombreux Versets coraniques et ahadith qui
condamnent cette sorte de conduite, et ils sont suffisamment connus pour
n'être pas cités ici.
10-
S'occuper des questions obscènes et harâm
Ce vice consiste à discuter des actions illicites et harâm.
S'amuser de telles discussions et échanger des plaisanteries et
des histoires obscènes ne bénéficie guère à
la dignité et à la position de l'homme. Etant donné
que le harâm et l'obscène sont de diverses sortes, s'en occuper
peut également être classé de diverses façons.
Pour se libérer de ce vice, on doit contrôler et limiter
sa parole, et parler uniquement des choses qui plaisent à Allah.
Le Saint Coran cite les habitants de l'Enfer, qui disent :
- "Nous discutions vainement avec les amateurs de disputes."
(74 : 45) (81)
Et dans un autre Verset, il nous met en garde contre l'organisation
de réunions en vue de telles absurdités :
- "Ne restez donc pas en leur compagnie (de ceux qui se moquent...)
tant qu'ils ne discuteront pas sur un autre sujet." (4 : 140) (82)
L'une des nombreuses formes que prend ce vice consiste à prendre
plaisir à aborder des sujets futiles et frivoles -discussions qui
n'ont aucune utilité ni pour ce bas-monde, ni pour l'Autre Monde.
De plus, de tels bavardages constituent une perte de temps et un obstacle
devant toute contemplation et toute pensée utiles. C'est pourquoi
la vertu du silence a été retenue comme l'opposé de
ce vice. Et ce qu'on entend par silence, ici, ce n'est pas le fait de rester
toujours taciturne, mais plutôt le fait de protéger sa langue
et son oreille de toute parole inutile et insensée. En d'autres
termes, on doit rester attentif à ce qu'on dit, et ne dire que ce
qui est bénéfique aussi bien pour ce monde que pour l'Autre
Monde. Le Sage a dit :
- "Deux choses peuvent détruire un homme : avoir trop de fortune,
et trop de loquacité."
Et le Prophète (S) a dit :
- "Béni soit celui qui se montre frugal dans sa parole et
généreux dans ce qu'il possède." (83)
IV - Les maladies communes aux pouvoirs de l'intellect, de colère
et de passion,
et leur traitement
.:Retour au sommaire:.
La quatrième section de ce livre traite des vices combinés
de n'importe lesquels de deux des trois pouvoirs de l'intellect, de colère
et de passion, ou de tous les trois pouvoirs, et des méthodes de
leur traitement. Il y a trente et un vices dans cette catégorie.
La partie qui traite d'un grand nombre de vices et vertus, et qui contribue
au contenu de la plupart des livres de l'Ethique, couvre la moitié
de notre ouvrage de référence : "Jâmic al-Sacâdât".
Mais pour rester dans les limites appropriées de cet abrégé,
nous allons nous contenter d'une brève discussion des points soulevés
dans cette section du livre.
1- La jalousie (hasad)
Le hasad consiste en un désir de voir quelqu'un qui possède
un avantage ou un bienfait en être séparé. Si quelqu'un
aspire seulement à avoir le même avantage dont jouit quelqu'un
d'autre, cela s'appelle "ghibtah" (envie), et si quelqu'un désire
voir quelqu'un d'autre continuer à jouir d'un avantage ou d'un bienfait
qu'il mérite, cela s'appelle "naçîhah". Parmi tous
ces états, seul le hasad constitue un vice qui mérite un
châtiment aussi bien dans ce monde que dans l'Autre. La personne
jalouse ne connaît pas la paix, et elle brûle toujours dans
le feu de la jalousie. De plus, sa jalousie efface le mérite de
toutes ses bonnes actions, comme en témoigne ce hadith du Prophète
(S) :
- "La jalousie consume les vertus tout comme le feu consume le bois."
(84)
Toutefois, aussi bien la ghibtah que la naçîhah sont des
vertus qui doivent être nourries par le nettoyage de l'âme
du vice de hasad. La maladie fatale de hasad peut émaner soit du
pouvoir de passion, soit du pouvoir de colère, soit des deux à
la fois, selon ce qui la motive. Donc, pour en guérir, nous devons
concentrer notre attention sur ces deux pouvoirs, et ce que nous avons
déjà dit à propos de ces deux pouvoirs s'applique
également à la maladie de jalousie.
Ce qui peut le mieux aider l'individu à se guérir de cette
maladie est de méditer sur les effets négatifs, psychologiques
et spirituels, de la jalousie, qui nuisent au jaloux lui-même seulement.
En outre, le jaloux doit essayer de créer en lui-même la vertu
de la naçîhah (en souhaitant le bien-être des autres),
qui est à l'opposé de la jalousie. Au début, il se
peut qu'il soit nécessaire pour lui de s'imposer l'attitude nécessitée
par cette vertu -malgré son inclination innée à éprouver
le contraire- jusqu'à ce que la jalousie soit vaincue et que la
naçîhah devienne un trait établi de son caractère.
2- Agresser et insulter
autrui
Cette sorte de conduite est habituellement suscitée par la jalousie
et l'inimitié, bien qu'elle puisse avoir aussi pour racine l'avidité
(hirç), la convoitise (tamac), l'orgueil (takabbur), etc. Donc,
elle a pour source soit le pouvoir de colère, soit le pouvoir de
passion, soit les deux à la fois. En tout état de cause,
agresser et insulter d'autres Musulmans est un péché majeur
que le Coran et le Hadith ont condamné à diverses reprises
:
- "Et ceux qui offensent injustement les Croyants et les Croyantes
se chargent d'une infamie et d'un péché notoire." (33
: 58) (85)
Et le Prophète (S) a dit :
- "Quiconque fait du mal à un Croyant me fait du mal aussi,
et quiconque me fait du mal fait du mal à Allah aussi, et quiconque
fait du mal à Allah est maudit dans la Torah, dans l'Evangile, et
dans le Coran." (voir Jamic al-akhbar) (86)
D'autre part, empêcher quelqu'un d'agresser et d'insulter autrui
est un acte loué dans de nombreux ahadith, dont celui-ci :
- "Quiconque enlève un obstacle nuisible du chemin des Musulmans,
Allah lui enregistre une vertu dont la récompense est le Paradis."
(Ihyâc culûm al-dîn, vol. II, p. 172) (87)
3- Effrayer
et tourmenter les Musulmans
Cette sorte de conduite est une branche du vice mentionné ci-dessus,
et elle est due soit à la colère, soit au mauvais caractère,
soit à la convoitise. Son opposé, c'est le fait de rendre
les autres heureux et d'effacer la cause de leur tristesse ou de leur angoisse.
Il y a de nombreux ahadith qui font l'éloge de cette vertu, dont
cette parole du Prophète :
- "La plus aimée des actions chez Allah Le Très Haut,
c'est de rendre les Croyants heureux." (88)
4- L'indifférence
aux affaires des Musulmans
Etre indifférent aux affaires des Musulmans est un vice moral
suscité soit par la léthargie, soit par la faiblesse spirituelle,
soit par l'avarice. Ce vice est fustigé dans de nombreux ahadith,
dont voici un dans lequel le Saint Prophète (S) dit :
- "Celui qui se réveille sans se soucier des affaires des
Musulmans n'est pas Musulman ; et celui qui entend crier : "O Musulmans
!" sans répondre à cet appel n'est pas Musulman." (89)
Dans le cas contraire, le fait de faire face aux besoins des Musulmans
et de résoudre leurs problèmes, est considéré
comme l'une des formes les plus nobles de l'adoration. Le Prophète
(S) a dit :
- "Si on marche une heure, la nuit ou le jour, pour tenter de satisfaire
le besoin d'un Frère Musulman, c'est plus méritoire aux Yeux
d'Allah que deux mois d'ictikâf (retraite spirituelle), peu importe
qu'on réussisse ou non dans sa tentative." (90)
5-
Négliger d'accomplir le devoir d'al-camr bil-macrûf wal-nahy
canil-monkar
Manquer de s'acquitter du devoir d'al-camr bil-macrûf wal-nahy
canil-monkar est un péché impardonnable dû soit à
la faiblesse spirituelle, soit au manque d'attention aux devoirs religieux,
et conduit à la propagation de l'immoralité, de la corruption,
de l'injustice, et à d'autres formes d'indécence dans la
société.
"Ordonner aux autres de s'acquitter de leurs devoirs Divins, et les
empêcher de commettre des actes illicites" est un devoir obligatoire
pour tout Musulman, devoir dont les étapes et conditions sont expliquées
en détail dans les livres de fiqh.
Et puisque ce qui nous intéresse ici, ce sont les devoirs de
l'individu vis-à-vis des autres, cette brève mention de ce
devoir est suffisante.
6- L'asociabilité
Ce vice est causé soit par l'hostilité, soit par la vengeance,
soit par la jalousie, soit par l'avarice, et il appartient soit au pouvoir
de passion, soit au pouvoir de colère. Il a été condamné
dans de nombreux ahadith.
L'opposé de ce vice est la vertu de la sociabilité, de
l'hospitalité et de l'amitié, laquelle vertu conduit à
l'expansion des relations chaleureuses et fraternelles entre les membres
de la Communauté. Cette vertu est hautement recommandée en
Islam.
7-
Rompre les liens avec la famille et les proches
Ce vice est une branche de l'asociabilité, mais il est plus détestable
et plus nuisible. L'opposé de ce vice est la vertu du maintien des
liens familiaux cordiaux. Un grand nombre de ahadith, qu'on peut trouver
dans les livres de Traditions, traitent de ce sujet.
8- Etre irrespectueux
envers les parents
C'est la pire forme du vice de rupture des liens familiaux, et selon
de nombreux ahadith, elle appelle une punition sévère aussi
bien dans ce monde que dans l'Autre. A l'opposé de ce vice, une
conduite gentille et aimable envers la famille est considérée
comme l'une des vertus les plus louables. On avait demandé à
l'Imam al-Câdiq (P) :
- "Quelle action a le plus de mérite aux Yeux d'Allah ?"
Et il a répondu :
- "La Prière accomplie dès le début de son horaire
prescrit, la bonté envers les parents, et le Jihâd dans le
Chemin d'Allah."
La mention de "la bonté envers les parents" à côté
de la Prière et du Jihâd, qui sont deux des plus importants
piliers de l'Islam, est révélatrice de sa haute importance.
Il est nécessaire de souligner ici les devoirs envers les voisins
et les droits des voisins aussi, puisque ces devoirs et droits des voisins
font également partie de la catégorie des relations interpersonnelles
brièvement discutées ci-dessus, et il y a de nombreux ahadith
qui condamnent le fait d'agresser les voisins et de se conduire de manière
incorrecte envers eux.
9-
Chercher les fautes des autres et divulguer leurs défauts et leurs
péchés
Ce vice est suscité par la jalousie ou l'hostilité, et
il conduit à la propagation de la corruption, de l'animosité
et de la destruction des bonnes relations entre les gens. L'opposé
de ce vice est la vertu consistant à couvrir les défauts
et les péchés des autres. Cette vertu a un immense mérite,
et nous nous contenterons de citer ci-après un Verset coranique
et un hadith à l'appui de notre affirmation, bien qu'il y ait un
grand nombre de ahadith qui soulignent les mérites de cette vertu
:
- "Ceux qui aiment que la turpitude se répande parmi les Croyants
subiront un châtiment douloureux en ce monde et dans la Vie Future."
(24 : 19) (91)
Et le Prophète (S) a dit :
- "Quiconque couvre (les défauts d') un Musulman, Allah couvrira
ses défauts dans ce monde et dans l'Autre Monde." (92)
10- Divulguer le secret
des gens
Divulguer les secrets des gens conduit à la discorde et parfois
à l'animosité. C'est pourquoi cette conduite est considérée
comme un vice qui a été condamné dans un grand nombre
de ahadith. Ce vice peut prendre des formes diverses, dont l'une consiste
à raconter à quelqu'un des remarques qu'une autre personne
a faites à son sujet, provoquant ainsi une discorde et une hostilité
entre les deux personnes concernées. Une autre forme de ce vice
consiste à rapporter à quelqu'un qui détient un pouvoir
des propos que quelqu'un d'autre aurait tenus à son égard,
l'incitant ainsi à se venger de lui. En général, le
vice consistant à susciter des conflits et des discordes entre les
gens et à provoquer l'hostilité entre eux peut revêtir
des formes diverses, et divulguer les secrets d'autrui est l'une de ces
formes. L'opposé de ce vice est la vertu consistant à susciter
une ambiance d'entente, d'amour et d'harmonie entre les gens, vertu qui
constitue une grande qualité pour l'homme. L'opposé du vice
consistant à divulguer les secrets des autres est la vertu de garder
leurs secrets et de les réconcilier.
En tout état de cause, toutes les diverses formes de l'"ifssâd
bayn al-nâs" (corruption des relations entre les gens) sont considérées
comme des vices et condamnées dans plusieurs Versets coraniques
et ahadith.
11- La chamâtah
Ce vice consiste à attribuer les malheurs frappant quelqu'un
à ses actes équivoques, se délectant de ses malheurs
et le blâmant pour son infortune. Il est habituellement suscité
par la jalousie ou par le pouvoir de passion.
La chamâtah a été sévèrement condamnée
dans un grand nombre de ahadith, et il est dit que la chamâtah conduit
tout d'abord celui qui la pratique à être lui-même victime
des mêmes malheurs dont il se délecte lorsqu'ils frappent
les autres, et qu'ensuite sa chamâtah blesse son Frère dans
la Foi et appelle par conséquent la Punition d'Allah, et qu'enfin
le fait qu'un malheur frappe quelqu'un ne signifie pas que celui-ci a commis
forcément un acte mauvais, puisque son malheur pourrait être
une épreuve Divine que subissent même ceux qui sont les plus
proches d'Allah.
12-
Les insultes et la dispute (tacn wa-mujâdalah)
L'insulte (tacn) signifie dire quelque chose de sarcastique à
quelqu'un dans un but attentatoire, et la dispute (mujâdalah) est
le fait de s'engager dans une discussion futile sans chercher vraiment
à connaître la vérité. Ces deux traits sont
considérés comme des vices moraux et conduisent à
des malentendus et à la mésentente entre les amis. Il y a,
à l'opposé de ces vices, la vertu de la parole droite, c'est-à-dire
celle qui vise à découvrir la vérité à
travers une discussion polie, sincère et amicale.
13- Se
moquer des autres et les ridiculiser
Ce vice a les mêmes effets nuisibles que la conduite insultante
et l'attitude de dispute.
14- La plaisanterie
La plaisanterie aussi doit être évitée en règle
générale, car elle peut susciter mésentente et hostilité
entre certaines gens. Toutefois, on doit garder présent à
l'esprit que ce qui est mauvais, c'est surtout lorsqu'on pousse la plaisanterie
jusqu'à l'extrême ; autrement, le type d'humour qui réjouit
l'âme et éclaire l'esprit sans recourir au mensonge ni à
la calomnie, et sans indisposer les autres, est permis.
15- La médisance (ghibah)
La médisance consiste à dire à propos de quelqu'un
et en son absence, quelque chose qu'il n'aimerait pas. Elle est l'un des
péchés majeurs, à propos duquel beaucoup de choses
ont été écrites et qui a été condamné
dans un grand nombre de ahadith et de Versets coraniques. Une discussion
détaillée de ses limites, ses caractéristiques et
ses exceptions est entreprise dans la version originelle de ce livre, mais
vu la nature restreinte de notre abrégé, nous nous abstenons
de reproduire cette discussion élaborée.
Ce qui est pire que la médisance (ghibah), c'est la calomnie
(buhtân), c'est-à-dire la fausse accusation. L'opposé
de la médisance est le fait de faire l'éloge des autres,
et l'opposé de la calomnie -qui est la fausseté- est l'évocation
honnête des vraies bonnes qualités de l'individu.
16- Le mensonge
Mentir est un vice honteux et un grand péché qui conduit
à la corruption individuelle et sociale. Il y a un grand nombre
de ahadith et de Versets coraniques qui traitent du mal du mensonge et
qui le condamnent. L'opposé de ce vice est la vertu de la véracité
(çidq). La véracité est l'une des plus méritoires
des vertus de l'être humain, et le mot "çidq" revient dans
un grand nombre de Versets coraniques.
17- La simulation (riyâ')
La simulation signifie ici faire une bonne action beaucoup plus dans
un but ostentatoire que pour l'amour d'Allah. Elle constitue un grand péché
et peut conduire à la dégradation spirituelle et à
la mort. Le Coran dit à ce propos :
- "Malheur à ceux qui prient tout en étant négligents
dans leurs Prières, et ceux qui voudraient être vus (en acte
de Piété) tout en refusant de faire la Charité."
(107 : 4-7) (93)
Dans un autre Verset, nous lisons ceci :
- "Lorsqu'ils se lèvent pour la Prière, ils se lèvent
insouciants, pour être vus des hommes, et ils ne pensent guère
à Allah." (4 : 142) (94)
Voici maintenant un hadith du Prophète (S) sur le vice de riyâ'
:
- "Le Prophète ayant dit un jour à ses adeptes :
- "La chose que je crains le plus pour vous, c'est l'idolâtrie
mineure (al-chirk al-açghar)"
- "Qu'est-ce que "l'idolâtrie mineure" ?" lui demandèrent
les adeptes.
- "La simulation ! Le Jour du Jugement, lorsqu'Allah, Le Très
Haut, examinera les actes passés de Ses créatures, IL dira
aux simulateurs : "Allez demander votre récompense à ceux
devant lesquels vous faisiez vos simulations, et vous verrez s'ils ont
une récompense à vous attribuer !" (95)
Il y a différentes sortes de riyâ' : riyâ' dans l'adoration,
sous quelque forme que ce soit ; riyâ' dans d'autres domaines, lesquels
sont parfois répréhensibles, et parfois permis (mubâh)
ou même désirables. Par exemple, si quelqu'un se montre ouvertement
très généreux dans l'intention d'inciter les autres
à le devenir eux aussi, son action n'est pas seulement dénuée
de reproches, mais même plutôt vivement recommandée.
La signification de la simulation, dans chaque cas, dépend de l'intention
de son auteur.
L'opposé du riyâ' est l'ikhlâç (la sincérité),
qui consiste à faire tout uniquement par amour pour Allah, et sans
attendre aucune récompense de personne pour la bonne action accomplie.
La position de l'ikhlâç est l'une des plus hautes positions
auxquelles un Croyant puisse atteindre, et elle peut être atteinte
grâce à la persévérance et à l'exercice.
18- L'hypocrisie (nifâq)
L'hypocrisie, c'est-à-dire le fait de feindre d'être ce
qu'on n'est pas, ou de croire à ce qu'on ne croit pas, dans le domaine
des relations sociales ou de la Religion, est l'un des vices les plus destructifs.
Dans le Coran, les hypocrites sont condamnés dans des termes très
vifs. De même, beaucoup de ahadith condamnent ce vice.
L'opposé de l'hypocrisie consiste à être le même
intérieurement et extérieurement, ou mieux, être meilleur
à l'intérieur qu'on ne l'est selon les apparences. Ce dernier
trait est un trait caractéristique des Mu'minûn (les Croyants)
et de ceux qui sont proches d'Allah (awliyâ' Allah).
19- L'orgueil (ghurûr)
L'orgueil consiste en une vanité fondée sur des désirs
et des caprices égoïstes, et il peut concerner aussi bien les
affaires de ce monde que celles de l'Autre Monde. On peut devenir fier
de ses actes d'adoration, de ses enfants, de sa richesse, de sa position
et de son pouvoir, ou de toute autre chose. Tout ceci peut donc conduire
à l'orgueil et, par conséquent, à la chute spirituelle
et morale de l'homme. C'est pourquoi nous voyons que le Saint Coran met
en garde contre toute forme d'orgueil, lequel n'est, en fait, qu'illusion
et auto-duperie :
- "Que la vie de ce monde ne vous enjôle pas, et que celui
qui se trouve dans l'erreur ne vous trompe pas au sujet d'Allah." (31
: 33) (96)
Les gens de toutes positions sociales peuvent tomber en proie au vice
de l'orgueil. Ils peuvent être Croyants ou incroyants, savants, pieux,
mystiques, etc. et chacun d'eux peut être fier de quelque chose en
particulier. Ainsi, nous constatons que l'orgueil peut prendre de nombreuses
formes. L'orgueil peut découler du pouvoir de l'intellect, du pouvoir
de passion, du pouvoir de colère, ou de tous les trois à
la fois.
L'opposé de l'orgueil -lequel est, comme nous l'avons noté,
une sorte d'auto-duperie- c'est le Savoir, la Sagesse, la conscience et
le zohd ; car plus un homme est conscient de la réalité,
moins il est exposé à être en proie à l'orgueil.
Le hadith suivant de l'Imam al-Câdiq (P) nous suggère le vrai
remède au vice de l'orgueil :
- "Sache que tu ne peux sortir des ténèbres de l'orgueil
et du désir qu'en retournant sincèrement vers Allah en toute
humilité et en toute pénitence, qu'en étant conscient
de tes fautes et défauts -c'est-à-dire de tout ce qui ne
se conforme pas à la raison et à l'intelligence et qui n'a
pas l'appui de la Religion, de la Loi Divine et des Traditions des Dirigeants
de la Guidance. Et si tu es satisfait de la condition dans laquelle tu
te trouves, soit certain que personne ne pâtira autant que toi des
retombées de tes actes, et personne n'aura souffert autant que toi
du gaspillage de ta vie, et ton attitude te lèguera le soupir amer
du Jour du Jugement." (Miçbâh al-Charîcah, chap.
36) (97)
20-
Avoir des espérances et des désirs démesurés
Ce vice est suscité par le pouvoir de l'intellect et le pouvoir
de passion, et il est enraciné dans l'ignorance et l'amour de ce
monde. Il nuit à l'homme en le faisant s'occuper des affaires de
ce monde et en retardant son développement spirituel.
Pour guérir de cette maladie, on doit penser constamment à
la mort et à la Vie Future, tout en gardant présent à
l'esprit le fait que notre existence actuelle est éphémère
et que tout ce que nous y acquérons, nous sommes obligés
de le laisser derrière nous après la mort. On doit être
conscient que la seule chose que l'on peut emporter avec soi à travers
le gouffre de la mort consiste en ses bonnes actions.
21- La rébellion (ciçyân)
Rébellion signifie ici désobéir aux Commandements
d'Allah. Ce vice appartient aux pouvoirs de colère et de passion,
et son opposé est l'obéissance et la Piété
(taqwâ).
22- L'effronterie
Appartenant aux pouvoirs de colère et de passion, ce vice consiste
en impudence et absence de honte lorsqu'on commet des actes interdits.
Son opposé est la modestie ou la pudeur (hayâ'), laquelle
fait partie de la Foi. L'Imam al-Câdiq (P) a dit :
- "La modestie appartient à la Foi, et la Foi est au Paradis."
(98)
23-
La persistance dans le péché (al-içrâr calal-macçiyah)
C'est un vilain état dont l'opposé est la repentance (tawbah).
Répéter les péchés, c'est les faire sembler
ordinaires et insignifiants dans la vie quotidienne. C'est pourquoi, avant
que cet état de choses n'arrive à quelqu'un, il est nécessaire
pour lui de méditer sur les conséquences de la perpétration
de péchés et d'examiner leur nuisance aussi bien dans ce
monde que dans l'Autre. Une telle méditation conduit l'homme à
se repentir de ses péchés et à en être si désolé
et honteux qu'il ne les commettra plus jamais. D'autre part, la tawbah,
ou la repentance, est le retour de l'état de péché.
Un état de repentance encore plus haut est l'inâbah, qui est
le renoncement même aux choses permises (mubâh). Dans ce plus
haut degré de la repentance, on cherche, par action et par parole,
seulement à satisfaire Allah et à se rappeler Allah continuellement.
Un auxiliaire nécessaire à la tawbah est la muhâsabah
et la murâqabah, qui signifient qu'une personne sincèrement
repentante se rend compte de ses actes et pense à la qualité
morale de son action. Un hadith dit :
- "Demandez-vous des comptes à vous-mêmes avant que
l'on ne vous les demande." (99)
24- La négligence
(ghaflah)
La ghaflah signifie indifférence et manque d'attention ; son
opposé, c'est être attentif et résolu. Si ce que nous
négligeons, c'est notre ultime félicité et notre bien-être,
cette négligence équivaut à un vice. Toutefois, si
la négligence ou l'indifférence concerne la méchanceté
et la bassesse, elle équivaut à une vertu. C'est dire que
le soin et l'attention accordés aux choses basses et vilaines sont
assimilés à un vice, alors que lorsqu'ils sont accordés
aux choses ayant trait à notre bien-être et notre félicité,
ils sont assimilés à une vertu. A la fois la négligence
et la détermination ou le soin sont dérivés soit du
pouvoir de passion, soit du pouvoir de colère. Par exemple, si quelqu'un
a l'intention de se marier, sa motivation pour cette résolution
est enracinée dans le pouvoir de passion et elle est une vertu.
Si l'on décide de se défendre contre un ennemi, notre décision
ou résolution est enracinée dans le pouvoir de colère,
et elle est une vertu.
Nous venons de faire une description générale de la négligence
et du soin ou de la détermination. Toutefois, si l'on s'en tient
au terme utilisé dans les Versets coraniques et les Traditions,
la négligence se réfère généralement
à l'indifférence aux buts réels de l'existence de
l'homme et aux facteurs du bien-être et du bonheur dans ce monde
et dans l'Autre, et son opposé, la détermination, est interprétée
aussi comme clarté de la volonté et du but dans le même
sens. C'est pourquoi, dans ce sens, la négligence est toujours mauvaise
et la détermination est toujours bonne. Le Coran fait les remarques
suivantes à propos de l'homme négligent :
- "Nous avons destiné à la Géhenne un grand
nombre de djinns et d'hommes. Ils ont des coeurs avec lesquels ils ne comprennent
rien ; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas ; ils ont des oreilles
avec lesquelles ils n'entendent pas. Voilà ceux qui sont semblables
aux bestiaux, ou plus égarés encore. Voilà ceux qui
sont insouciants." (7 : 179) (100)
25- L'aversion (karâhah)
L'aversion se rapporte à un état d'horreur de toute chose
comportant difficulté et labeur. Sa forme extrême est le "maqt"
(haine).
- Le hubb
L'opposé de la karâhah est le hubb (inclination). Le hubb
consiste en l'amour qu'éprouve l'homme pour les choses plaisantes
et bénéfiques. La forme extrême du hubb est le cichq
(amour).
Ce qu'il convient de noter ici, c'est que le hubb doit être essentiellement
orienté vers Allah et vers tout ce qui se rattache à LUI.
Ceci est le plus haut degré du hubb. Il faut garder présent
à l'esprit que Le Vrai Bien-Aimé est Allah, et que c'est
seulement lorsque l'homme perd son Vrai Bien-Aimé qu'il choisit
d'autres objets à son amour, tels que la femme, les enfants, la
richesse, le statut social et toute autre chose mondaine. Si l'homme parvenait
à retrouver son Vrai Bien-Aimé, il se libérerait aussi
de ses errances sans but et sans finalité. Pour trouver Le Vrai
Bien-Aimé, nous devons en premier lieu connaître toutes les
formes de hubb. Le hubb peut être dirigé essentiellement vers
neuf choses différentes :
1- Le hubb de l'homme pour lui-même ; c'est la forme la plus forte
du hubb.
2- Le hubb de l'homme pour des choses extérieures à lui,
dont il veut tirer un plaisir physique. L'exemple en est le hubb des différentes
sortes de nourriture, de vêtements et autres choses qui servent à
satisfaire ses besoins et désirs physiques.
3- Le hubb de l'homme pour un autre homme, en raison de sa bonté
ou du service qu'il lui a rendu.
4- Le hubb de l'homme pour quelque chose en raison d'une bonne qualité
inhérente à cette chose, comme la beauté ou la droiture.
5- Le hubb de l'homme pour un autre homme sans aucune raison particulière,
c'est-à-dire non pour sa beauté, sa richesse, son pouvoir,
ni pour tout autre aspect avantageux, mais tout simplement à cause
de l'existence d'un lien spirituel invisible entre eux.
6- Le hubb de l'homme pour son semblable venu de très loin, ou
rencontré au cours d'un long voyage.
7- Le hubb de l'homme pour ses collègues ou confrères,
tel que l'amour d'un savant pour un autre savant, d'un commerçant
pour un autre, etc.
8- Le hubb (affinité) de l'effet pour sa cause, et vice-versa.
9- Le hubb des effets communs d'une même cause les uns pour les
autres ; par exemple, l'amour des membres d'une même famille les
uns pour les autres.
Si nous réfléchissons un peu à ce sujet, nous parviendrons
à la conclusion que puisqu'Allah est L'Existence Absolue, et que
toutes les autres choses dépendent de LUI, toute autre chose que
l'homme pourrait aimer manque d'existence indépendante. En d'autres
termes, puisqu'Allah est La Réalité Suprême, IL est
en fait L'Ultime Objet du Véritable Amour, et toutes les autres
formes d'amour dirigées vers les autres choses sont figuratives
et imaginaires. Donc, pour cette raison, l'homme doit sublimer son amour
et découvrir son Véritable Objet, et cela n'est possible
que s'il se trouve dans les conditions suivantes :
1- Il doit avoir un fervent désir de rencontrer Allah (liqâ'
Allah) ; en d'autres termes, il ne doit pas avoir peur de mourir. Ses actes
doivent être tels qu'ils reflètent son assurance de rencontrer
Allah après la mort.
2- Il doit faire passer le Désir d'Allah avant ses propres désirs,
puisque telle est l'une des exigences de l'amour.
3- Il ne doit pas oublier Allah même pendant un seul instant,
de la même façon que l'amoureux n'oublie pas son bien-aimé
même une seconde.
4- Il ne doit pas être heureux en gagnant quelque chose, ni triste
en perdant quelque chose puisque, si toute son attention est concentrée
sur Allah, toute autre chose sera sans importance pour lui.
5- Il doit être bon et aimable envers les créatures d'Allah,
puisque quiconque aime Allah aimera certainement Ses créatures aussi.
6- Il doit craindre Allah en même temps qu'il L'aime, puisque
ces deux sentiments ne sont pas contradictoires.
7- Il doit garder comme un secret son amour pour Allah.
Dans de telles conditions, Allah aussi aimera Son serviteur et tiendra
Sa Promesse :
- "Dis (ô Muhammad) ! Si vous aimez Allah, suivez-moi ; Allah
vous aimera et vous pardonnera vos péchés..." (3 : 31)
(101)
26- Le sakhat
Le sakhat, c'est être affligé par l'adversité et
les malheurs qui peuvent frapper quelqu'un, à tel point que l'on
s'en plaint. L'opposé de ce vice est la vertu du ridhâ, qui
consiste à être satisfait et content de tout ce qu'Allah veut.
Le sakhat est une sorte de karâhah, et le ridhâ est une sorte
de hubb.
Il y a beaucoup de ahadith qui condamnent le sakhat et qui exhortent
à être patient devant l'adversité et les malheurs,
puisque ceux-ci sont des épreuves décidées par le
Ciel. Nous devons réaliser fondamentalement que la vie dans ce monde
est faite de souffrances, de difficultés, de maladie et de mort,
et que tous les hommes sans exception doivent passer par ces épreuves.
Ainsi, nous devons apprendre à supporter ces sortes de souffrances.
Une telle préparation s'appelle ridhâ, et son plus haut stade
est le contentement complet de la Volonté Divine. Voici comment
le Coran décrit les gens qui jouissent de cette qualité :
- "Allah est satisfait d'eux ; ils sont satisfaits de LUI : voilà
le grand triomphe !" (5 : 119) (102)
Et voilà comment il décrit ceux à qui manque cette
qualité :
- "Et ceux qui sont satisfaits de la vie de ce monde et qui y trouvent
la sécurité..." (10 : 7) (103)
Il est à noter que dans les livres d'Ethique, "taslîm"
(résignation) et "ridhâ" (contentement) sont normalement employés
comme synonymes, et cela en raison de leurs significations très
proches, car celui qui est content de tout ce qu'Allah veut pour lui est
également totalement résigné à la Volonté
d'Allah dans tous les aspects de sa vie.
27- Le huzn
Huzn signifie affliction et remords qu'on éprouve lorsqu'on perd
quelque chose de chéri, ou lorsqu'on manque de l'avoir. Le huzn,
tout comme le sakhat, résulte de la karâhah.
28- L'absence de
confiance en Allah
Ce vice consiste à faire confiance à des moyens intermédiaires,
et non à Allah, pour résoudre nos problèmes. Il a
pour origine l'insuffisance de la Foi, et émane des pouvoirs de
l'intellect et de passion. La confiance en des moyens intermédiaires
est une forme de polythéisme.
L'opposé de ce vice est le tawakkul (confiance) en Allah dans
tous les aspects de notre vie, accompagné de la croyance qu'Allah
est La Seule Force Effective de l'univers. Tel est le sens de la fameuse
affirmation :
- "Il n'y a pas de pouvoir ni de puissance en dehors d'Allah."
(104)
Et le Coran confirme explicitement :
- "Quiconque place sa confiance en Allah, IL lui suffit." (65
: 3) (105)
Et le Prophète (S) a dit, dans le même sens :
- "Quiconque ne compte que sur Allah, IL prend soin de ses moyens
de subsistance." (106)
Il est à noter que la notion de tawakkul n'est pas en contradiction
avec l'idée selon laquelle l'homme doit faire des efforts pour bénéficier
des Bienfaits d'Allah. C'est pourquoi l'Islam considère qu'il est
obligatoire, pour l'homme, de lutter pour faire vivre sa famille, se défendre
et défendre ses droits. Ce qui importe, c'est de considérer
tous ces moyens intermédiaires comme soumis à l'Autorité
et au Pouvoir d'Allah, et sans aucun rôle indépendant qui
leur soit propre.
29- L'ingratitude (kufrân)
C'est le vice d'être ingrat envers les Bénédictions
d'Allah, et son opposé est le chukr (la gratitude).
- Le chukr
La vertu de chukr consiste dans les éléments suivants
:
1- Reconnaître les Bénédictions et leur Origine,
Laquelle est la Bienfaisance Divine.
2- Etre ravi des Bénédictions -non pour leur valeur mondaine,
ni pour le fait de les avoir obtenues, mais pour leur valeur d'agents nous
rapprochant d'Allah.
3- Donner suite à ce ravissement en entreprenant de satisfaire
le but du Donateur, en actes et en paroles.
4- Dire les Louanges de L'Auteur de ces Bénédictions.
5- Utiliser le Bienfait qui nous a été donné de
telle sorte que son utilisation LUI plaise.
Par Bénédictions, nous entendons tout ce qui apporte plaisir,
bénéfice et félicité, que ce soit dans ce monde-ci
ou dans la Vie Future.
Le Saint Coran dit à ce propos :
- "Si vous êtes reconnaissants, JE multiplierai pour vous Mes
Bienfaits ; mais si vous êtes ingrats, Mon Châtiment sera terrible."
(14 : 7) (107)
Explicitant l'avertissement contenu dans la seconde partie du Verset
précité, le Coran dit :
- "Allah a cité un exemple : une ville qui était paisible
et tranquille, et dont l'approvisionnement lui venait en abondance de partout,
mais qui a méconnu les Bienfaits d'Allah. Allah a fait alors goûter
à ses habitants le vêtement de la faim et de la peur en punition
de leurs méfaits." (16 : 112) (108)
30- L'impatience
devant l'adversité (jazac)
Le jazac peut conduire celui qui l'éprouve à crier, à
se frapper le visage, à déchirer ses vêtements et à
pousser des clameurs, lorsqu'il est frappé par un malheur ou une
calamité. Le jazac est un vice du pouvoir de colère. Son
opposé est le çabr (patience), qui est l'une des vertus les
plus nobles. En tout état de cause, le jazac est l'un des vices
qui conduisent à la chute de l'homme, puisqu'il est essentiellement
une plainte contre Allah et un rejet de Ses Décrets.
- Le çabr
A l'opposé, le çabr consiste à garder son calme
en toutes circonstances et à accomplir son devoir dans toutes les
conditions. Le çabr a une fonction qui diffère selon les
différentes situations. Par exemple, le çabr sur le champ
de bataille réside dans la persévérance dans l'accomplissement
du devoir ; en d'autres termes, il est une forme de courage. Le çabr,
lorsqu'on est en état de colère, est un auto-contrôle
et le synonyme du hilm (endurance). Le çabr devant les désirs
et la luxure est ciffah (chasteté). Le çabr par rapport à
une vie luxueuse et opulente est zohd (abstinence). En un mot, le çabr
est une vertu qui se rapporte à tous les quatre pouvoirs.
Le çabr a été souvent loué dans les ahadith,
et le Saint Coran exalte cette vertu ainsi que ses mérites et ses
récompenses en soixante-dix endroits. En voici un exemple :
- "Annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont patients, à
ceux qui disent, lorsqu'un malheur les atteint : "Nous sommes à
Allah et nous retournerons à LUI." Voilà ceux sur lesquels
descendent des Bénédictions et une Miséricorde de
leur Seigneur. Ils sont bien dirigés." (2 : 155-157) (109)
Et voici un exemple de l'exaltation par le Prophète (S) de cette
vertu :
- "Le çabr est à la Foi ('imân) ce que la tête
est au corps. De même que le corps ne peut vivre sans la tête,
de même la Foi ne saurait survivre à l'absence du çabr."
(110)
Il y a cinq sortes de çabr par rapport à la Charicah (Loi)
islamique : wâjib (obligatoire) ; harâm (interdit) ; mustahab
(désirable) ; makrûh (détestable) ; mubâh (permis).
L'exemple du "çabr interdit" est la patience face à une injustice
telle que la cruauté ou l'oppression. Le "çabr désirable",
c'est la persévérance dans l'accomplissement des choses désirables,
alors que le "çabr détestable", c'est la tolérance
des situations répréhensibles. Et enfin, le "çabr
mubâh", ou "çabr permis", se rapporte aux choses permises.
Il s'ensuit donc que le çabr n'est pas toujours un trait méritoire
; son mérite ou l'absence de ce mérite, dépend de
l'objet du çabr en question. En général, le critère
selon lequel on juge les différentes sortes de çabr est le
même que celui selon lequel on juge tous les autres actes, à
savoir que tous les actes qui contribuent au développement spirituel
de l'homme sont considérés comme méritoires et louables,
alors que tous les autres actes sont considérés comme mauvais
et nuisibles.
31- Le fisq
Fisq est un terme qui signifie "désobéir aux Commandements
obligatoires de la Charicah, ou commettre des actions interdites par elle".
Son opposé est l'itâcah (obéissance) aux Commandements
d'Allah Le Suprême.
Conclusion
.:Retour au sommaire:.
Une grande partie des Commandements Divins consiste en des formes spécifiques
d'adoration, qui sont soit wâjib, soit mustahab en Islam. Ce sont
: la tahârah (Pureté), la çalât (Prière),
le ducâ' (Supplication), le thikr (Evocation d'Allah), qirâ'ah
(Récitation du Saint Coran), çawm (Jeûne), hajj (Pèlerinage
à la Sainte Kacbah), ziyârah (pèlerinage aux tombes
du Saint Prophète (S) et de sa Sainte Famille (P)
(6), le jihâd (combattre dans le Chemin
d'Allah), adâ' al-macrûf (s'acquitter des devoirs financiers
prescrits par la Loi islamique et consistant dans le khums, la zakât
et la çadaqah (charité volontaire)).
Ici, l'auteur, al-Narâqî -qu'Allah l'entoure de Sa Miséricorde-
aborde le chapitre final de son sujet, à savoir les Commandements
Divins, leur rationalité et leur rôle bénéfique
dans le développement spirituel de l'homme. Etant donné que
ce chapitre se rapporte plutôt au fiqh (Jurisprudence musulmane),
nous nous dispensons de le reproduire, faute de place, et à cause
de la nature concise de ce livre.
En conclusion, nous souhaitons qu'Allah nous accorde la force de mettre
en pratique les conseils exposés sommairement dans les quatre précédentes
sections. Il est à espérer également qu'une étude
soigneuse et un examen sérieux de ce sujet sur l'Ethique de l'Islam
nous incitent à adhérer aux Principes de Celui-ci, ce qui
apporterait joie et satisfaction à leur auteur. Amîn.
Wal-hamdu-lillâh
Appendice
Supplication
en vue du
Perfectionnement
Moral
Supplication
en vue du Perfectionnement Moral
Enseignée par l'Imam Âli ibn al-Hussayn Zayn al-Âbidin
Que la Paix soit sur lui !
.:Retour au sommaire:.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et fais que
ma Foi atteigne le plus haut degré de la perfection, et que ma croyance
soit la meilleure croyance. Et fais que mon intention soit la meilleure
des intentions et que ma conduite soit la meilleure des actions.
O Seigneur ! Bonifie par Ta Grâce mon intention, et rectifie,
par ce que Tu possèdes, ma croyance, et corrige par Ton Pouvoir
ce qui est devenu corrompu en moi.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et rends-moi
indifférent à ce qui pourrait me distraire de Ton adoration.
Fais que j'accomplisse les actions à propos desquelles Tu m'interrogeras
demain, et que je passe mes jours dans l'accomplissement de ce pour quoi
Tu m'as créé.
Mets-moi à l'abri du besoin, et élargis ma part de Ta
subsistance.
Ne me laisse pas être tenté par l'insolence, et rends-moi
respectable, mais ne me fais pas tomber en proie à l'orgueil.
Fais que je me dévoue à Ton adoration, et ne laisse pas
corrompre mon adoration de Toi par la vanité.
Fais que mes mains fassent du bien aux gens, et ne me laisse pas gâcher
cette bonne action par un rappel de gratitude.
Accorde-moi une morale sublime et mets-moi à l'abri de la vantardise.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et ne relève
pas d'un degré ma position auprès des autres sans la rabaisser
en même temps d'un degré à mes propres yeux, et ne
me confère pas un respect extérieur sans susciter dans mon
esprit autant d'humiliation intérieure.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et favorise-moi
d'une Bonne Direction (que je ne changerai pas pour une autre) et d'un
Droit Chemin dont je ne dévierai pas, ainsi que d'une intention
bien dirigée à propos de laquelle je n'aurai pas de doute.
Laisse-moi vivre aussi longtemps que ma vie sera dévouée
à Ton obéissance, et si ma vie devenait un pâturage
pour Satan, rappelle-moi auprès de Toi avant que Ton Courroux ne
m'atteigne, ou avant que Ta Colère ne tombe sur moi.
O Seigneur ! Ne laisse pas en moi une habitude répréhensible
sans la corriger, ni un défaut sans le réparer, ni un bon
trait de caractère imparfait sans le perfectionner.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et remplace
pour moi l'inimitié des gens hostiles par l'amour, et l'envie des
gens rebelles par l'amitié, et la conjecture des gens vertueux par
la confiance, et la haine des prochains par la bonté, et la désobéissance
des proches par la bienveillance, et la désaffection des proches
parents par le soutien, et l'amour des flatteurs par la sincérité
du respect, et le rejet des associés par la bonne conduite, et l'amertume
de la peur des tyrans par la douceur de la sécurité.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi
une défense contre celui qui m'a opprimé, et un argument
contre celui qui m'a cherché querelle, et une victoire sur celui
qui a fait montre de mauvaise foi à mon égard.
Et assure-moi un stratagème contre celui qui m'a trompé,
et un pouvoir sur celui qui m'a persécuté, et la possibilité
de démentir celui qui a porté contre moi une fausse accusation,
et une protection contre celui qui m'a menacé.
Et accorde-moi la grâce d'obéir à celui qui m'a
dirigé dans le Droit Chemin et de suivre celui qui m'y a conduit.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi
le bon sens pour que je puisse donner de bons conseils à celui qui
m'en a donné de mauvais, et récompenser par une bonté
celui qui m'a délaissé, et être généreux
envers celui qui m'a privé, et compenser par mon contact celui qui
s'est séparé de moi, et différer de celui qui a médit
de moi en disant du bien de lui, et faire preuve de gratitude pour toute
bonne action dont j'ai fait l'objet, et fermer les yeux sur toute malfaisance
dont j'ai été victime.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et revêts-moi
de l'habit des gens bons, et orne-moi avec l'ornement des gens pieux en
me faisant faire régner la Justice, retenir ma colère, éteindre
le feu de la mauvaise volonté, réunir les gens dispersés,
réconcilier les gens entre eux, diffuser les bonnes oeuvres des
autres et cacher leurs défauts, et en me dotant d'un tempérament
souple, d'une attitude humble, d'une bonne conduite, d'une disposition
douce ; en me faisant agréable à fréquenter, devancier
dans la Vertu, serviable, supportant le blâme et faisant preuve de
bonté envers les gens indignes, disant la Vérité même
si cela est difficile, sous-estimant mes bonnes actions, en actes et en
paroles, même si elles sont grandes, et surestimant mes mauvaises
actions, en actes et en paroles, même si elles sont insignifiantes.
Et complète pour moi tous ces souhaits pieux en me faisant T'obéir
continuellement, et en me rendant attaché à la Communauté
des Croyants, imperméable aux hérétiques et aux tenants
de jugements inventés.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi
Ta plus abondante subsistance lorsque je vieillis, et infuse-moi le meilleur
de Ta Force lorsque je deviens fatigué.
Et ne me laisse pas être gagné par la paresse qui m'empêcherait
de T'adorer, ni aveuglé devant Ta Voie, ni indulgent vis-à-vis
de tout ce qui est contraire à Ton Amour, ni ne me laisse rejoindre
celui qui se sépare de Toi, ni m'éloigner de celui qui s'est
joint à Toi.
O Seigneur ! Permets-moi de puiser en Toi ma force lorsque cela est
nécessaire, de Te demander de m'aider lorsque je suis dans le besoin,
de T'implorer au moment de la pauvreté, et ne me laisse être
tenté de demander secours à personne d'autre que Toi lorsque
je suis affligé, ni ne me laisse m'humilier devant quiconque autre
que Toi pour lui demander de l'aide lorsque je tomberais dans la pauvreté,
ni implorer aucun autre que Toi lorsque je suis effrayé, m'évitant
ainsi de mériter Ton abandon, Ton rejet et Ton mépris, O
Toi Le Plus Miséricordieux des miséricordieux !
O Seigneur ! Fais que tout ce que Satan introduit dans mon coeur d'avidité,
de suspicion et d'envie, soit un motif pour moi de me rappeler Ta Grandeur,
de contempler Ton Pouvoir, et de me préparer pour riposter à
Ton ennemi ; et que tout ce que Satan fait prononcer à ma langue
de mots indécents, de paroles insensées, d'injures à
l'honneur, de faux témoignages, de médisance d'un Croyant
absent, d'insultes contre un présent, etc. soit une parole de louanges
envers Toi, un discours d'éloge à Ton adresse, un départ
vers Ta Gloire, un remerciement de Ton Bienfait, une reconnaissance de
Ta Bienfaisance, et une énumération de Tes Faveurs.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et empêche
que je sois opprimé puisque Tu as le pouvoir de me défendre,
et empêche que j'opprime quelqu'un puisque Tu as l'autorité
de m'en retenir, et empêche que je sois égaré puisque
Tu as la possibilité de me guider, et empêche que je tombe
dans la pauvreté puisque Tu es capable de me faire prospérer,
et empêche que je me rebelle puisque mon indépendance découle
de Toi
O Seigneur ! C'est vers Ton Pardon que je suis venu, et c'est à
Ton acquittement que j'ai aspiré, et c'est auprès de Ta Patience
que j'ai soupiré, et c'est à Ta Bonté que je me suis
confié, alors qu'en fait je n'ai rien qui puisse me faire mériter
Ton Pardon, et qu'il n'y a rien dans mon action qui me donne le droit de
réclamer Ton acquittement ; et en me jugeant, je constate que je
n'ai rien d'autre que Ta Grâce. C'est pourquoi, Prie sur Mohammad
et sa Sainte Famille, et couvre-moi de Ta Grâce, O Seigneur !
Et fais-moi dire des choses justes, et inspire-moi la Piété,
et fais-moi obtenir ce qui est le plus pur, et emploie-moi dans ce qui
est le plus méritoire.
O Seigneur ! Fais-moi emprunter la voie la plus exemplaire, et fais-moi
vivre et mourir en croyant en Toi.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et accorde-moi
la frugalité, et place-moi au nombre des gens droits, des guides
vers la Vertu et des serviteurs pieux, et assure-moi le Salut au Jour Dernier
et la sûreté le Jour du Jugement attendu.
O Seigneur ! Prends de mon âme pour Toi-même ce qui pourrait
la purifier, et préserve en elle ce qui pourrait la perfectionner,
car mon âme est sûrement en train de périr, à
moins que Tu ne la préserves.
O Seigneur ! Tu es mon refuge si je suis affligé, et Tu es ma
source si je suis démuni, et c'est à Ton adresse que je crie
au secours si je suis éprouvé, et c'est chez Toi que je trouve
la compensation de ce qui est perdu, et la réforme de ce que j'ai
corrompu, et le changement de ce que Tu désapprouves en moi.
C'est pourquoi je T'implore de me favoriser par la Sécurité
avant la calamité, et par la Bonté avant la requête,
et par la Bonne Direction avant l'égarement, et de me rendre capable
d'endurer les actes déplaisants de Tes créatures, et de m'assurer
la Paix le Jour de la Résurrection, et de m'accorder la Bonne Guidance.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et éloigne
de moi le mal, par Ta Grâce, et nourris-moi avec Ta Bénédiction,
et réforme-moi par Ta Bonté, et guéris-moi avec Ta
Bienfaisance, et cache-moi dans le refuge de Ta Miséricorde, et
revêts-moi de Ton Approbation, et aide-moi lorsque les choses vont
mal pour moi, pour que je puisse en choisir la meilleure, et lorsque les
actions deviennent équivoques, pour que je puisse opter pour la
plus pure d'entre elles, et lorsque les crédos entrent en conflit,
pour que je puisse adopter le plus satisfaisant.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et couronne-moi
de contentement de ce que Tu m'as accordé, et orne-moi de la grâce
de Ton Amour, et assure-moi une Vraie Guidance, et ne me laisse pas être
séduit par la prospérité, et accorde-moi la beauté
de la tranquillité, et ne fais pas de ma vie une succession d'épreuves,
ni ne rejette ma supplication avec répulsion, car je ne reconnais
personne comme étant Ton rival, ni n'appelle personne Ton égal.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et empêche-moi
de me livrer à l'extravagance, et protège mes moyens de subsistance
contre la perte, et augmente mon bien en le bénissant, et permets-moi
de marcher le long de la Voie de la Bienveillance dans tout ce que je dépense
de ma fortune.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et épargne-moi
la peine du gain, assure-moi les moyens de subsistance abondamment afin
que la recherche de ces moyens ne me détourne pas de Ton adoration,
et qu'elle ne me fasse pas supporter les mauvaises conséquences
d'un gain obtenu par des moyens déloyaux.
O Seigneur ! C'est pourquoi je T'implore d'assurer pour moi, par Ton
Pouvoir, ce que je désire, et de me protéger, avec Ta Gloire,
contre ce que je crains.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et préserve
mon honneur par la prospérité, et ne rabaisse pas ma dignité
par la pauvreté, afin de m'éviter de demander à ceux
qui reçoivent de Toi leur subsistance, et d'implorer la faveur des
méchants parmi Tes serviteurs, ce qui me vaudrait de faire l'éloge
de celui qui m'a donné, et de dire du mal de celui qui m'a éconduit,
alors que Tu es, au-dessus d'eux tous, le Maître du Don et du Refus.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et confère-moi
la justesse dans l'adoration, et le bonheur dans la Piété,
et la Connaissance dans la pratique, et la chasteté dans la Bienfaisance.
O Seigneur ! Boucle de Ton Pardon le terme de mon existence, et exauce
mon espoir en tenant compte de Ta Miséricorde, et facilite pour
moi l'obtention de Ton Approbation, et fais que dans toutes les circonstances
mon action soit bonne.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille, et rappelle-moi
à Ton adoration aux moments de ma négligence, et emploie-moi
à Ton service les jours de loisir, et indique-moi une voie facile
vers Ton Amour, afin que je puisse obtenir le Bien de ce monde et celui
de l'Au-delà.
O Seigneur ! Prie sur Mohammad et sur sa Sainte Famille de la meilleure
façon que Tu aies prié sur n'importe laquelle de Tes créatures
avant lui, et de la meilleure façon que Tu prieras sur quiconque
après lui, et accorde-nous ce qui est Bien dans ce monde et dans
l'Autre, et protège-moi par Ta Grâce du Tourment du Feu.
Glossaire
(des termes arabes)
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adâ' al-macrûf |
L'acquittement des devoirs financiers |
akhlâq |
L'Ethique |
amânah |
Dépôt, loyauté, fidélité, fidéicommis |
al-camr bil-macrûf |
Ordonner de faire ce qui est bien |
caql |
Intelligence, Raison |
awliyâ'-Allah |
Ceux qui sont proches d'Allah |
ictidâl |
Modération |
cayn al-yaqîn |
Le stade de la Certitude, la Certitude même |
buhtân |
La calomnie, la diffamation |
bukhl |
L'avarice |
ducâ' |
Supplication, invocation |
fiqh |
Jurisprudence islamique |
fisq |
Le fait de commettre des actes interdits |
ghaflah |
Négligence |
ghîbah |
Médisance |
ghibtah |
Envie |
ghurûr |
Orgueil |
hadith |
Tradition du Prophète (S) et des Imâms infaillibles (P) |
hajj |
Pèlerinage à la Sainte Kacbah |
halâl |
Permis, licite, légalement acquis |
haqq al-yaqîn |
Un stade de la certitude |
harâm |
Interdit, gagné de façon illicite |
hasad |
Jalousie |
hayâ' |
Honte, pudeur |
hikmah |
Sagesse |
al-hikmah al-nadhariyyah |
La Sagesse spéculative (théorique) |
al-hikmah al-camaliyyah |
La Sagesse pratique |
hilm |
Longanimité, patience |
hirç |
Avidité, convoitise |
hubb |
Inclination, amour |
huzn |
Chagrin, tristesse |
cibâd al-Rahmân |
Les esclaves du Miséricordieux |
ciffah |
Chasteté |
ikhlâç |
Sincérité |
ifrât |
Excès |
ifsâd bayn al-nâs |
Corruption des relations entre les gens |
ilhâm |
Inspiration |
cilm |
Savoir, connaissance, science |
cilm al-akhlâq |
La science de l'Ethique |
cilm al-yaqîn |
Un stade de la Certitude |
imân |
Foi |
inâbah |
Le plus haut degré de la repentance |
cichq |
La forme extrême de l'amour |
al-içrâr calal-macçiyah |
Persistance dans le péché |
ciçyân |
Rébellion |
itâcah |
Obéissance |
ictikâf |
Retraite spirituelle |
jahl |
Ignorance |
jazac |
Inquiétude, perte de patience |
jihâd |
Combat dans le Chemin d'Allah |
karâhah |
Aversion |
khachiyah |
Peur, crainte |
khiyânah |
Trahison, tricherie |
khums |
20 % des économies annuelles, qu'on doit payer pour le bien-être
des Musulmans |
khulq |
Disposition |
kufr |
Infidélité, mécréance |
kûfrân |
Ingratitude |
liqâ' Allah |
Rencontre avec Allah |
makrûh |
Abominable, détestable |
malakah |
Faculté |
mubâh |
Permis |
muhâsabah |
Faire le compte (la comptabilité) des besoins de quelqu'un |
mujâdalah |
Dispute |
mu'minûn |
Les Croyants |
murâqabah |
Le fait de penser aux qualités morales |
muchtabah |
Douteux, suspect |
mustahab |
Recommandé, désirable |
nafs |
Âme |
nahy canil-monkar |
Le fait d'interdire aux autres de faire le mal |
naçihah |
Souhaiter le bien-être d'autrui, conseil |
nifâq |
Hypocrisie |
qalb |
Coeur |
qirâ'ah |
Récitation du Coran |
al-quwwah al-câmilah |
L'intellect pratique, le pouvoir pratique |
al-quwwah al-caqliyyah |
Le pouvoir de l'intellect |
al-quwwah al-ghadhabiyyah |
Le pouvoir de colère |
al-quwwah al-chahwiyyah |
Le pouvoir de passion, du désir |
al-quwwah al-wahmiyyah |
Le pouvoir de l'imagination |
rahbah |
Crainte |
ridhâ |
Contentement, satisfaction |
riyâ' |
Simulation |
rûh |
Esprit |
çabr |
Patience |
çadaqah |
Aumône volontaire |
sakhâ' |
Générosité |
sakhat |
Grief |
çalât |
Prière rituelle |
chamâtah |
Le fait de se réjouir des malheurs d'autrui |
chirk |
Idolâtrie, polythéisme |
chirk cibâdî |
Polythéisme dans l'adoration |
chirk itâcî |
Polythéisme dans l'obéissance |
chirk jalî |
Polythéisme manifeste |
chirk khafî |
Polythéisme caché |
çidq |
Véracité |
tamac |
Convoitise |
tacn |
Injure |
tahârah |
Pureté |
tajarrud |
Abstraction |
takabbur |
Le fait d'être fier |
taqwâ |
Piété |
taslîm |
Résignation |
tawbah |
Repentance, regret pour une mauvaise action |
tawhîd |
Monothéisme |
tawakkul |
Confiance |
uçul al-dîn |
Les Principes (les Fondements) de la Religion |
wâjib |
Obligation |
wâjib kifâ'î |
Obligation que tous les Musulmans doivent acquitter, et dont ils sont
déchargés dès qu'elle est acquittée par quelqu'un
ou quelques-uns |
warac |
Piété |
warac canil-harâm |
Abstinence des pratiques interdites |
waswâs |
Tentation |
zâhid |
Celui qui s'abstient, ascète |
zakât |
2,5 % de taxe de bien-être prélevée sur des quantités
spécifiques de blé, d'orge, de dattes, de raisins secs, de
chameaux, de vaches, de moutons ou de chèvres, des pièces
d'or ou d'argent frappées, possédées pendant onze
mois lunaires complets |
thikr |
Le fait de se rappeler Allah |
ziyârah |
Pèlerinage aux mausolées et aux tombeaux |
zuhd |
Abstinence, auto-restriction |
zuhd al-khâ'ifîn |
L'abstinence des craintifs |
zuhd al-râjîn |
L'abstinence de ceux qui espèrent |
Qu'est-ce que l'Islam ?
.:Retour au sommaire:.
Avez-vous pleinement réalisé ce qu'est l'Islam ? C'est
en somme une Religion fondée sur la Vérité. Il est
comme une source d'apprentissage d'où coulent plusieurs rivières
de Sagesse et de Connaissance. Il est comme une lampe à partir de
laquelle de nombreuses lampes sont allumées. C'est un phare illuminant
le Chemin d'Allah. C'est un ensemble de Principes et de Croyances qui satisfont
tout chercheur de la Vérité et de la Réalité.
Sachez, vous tous, qu'Allah a fait de l'Islam la Voie la plus sublime
pour obtenir Sa Satisfaction, et le critère le plus élevé
de Son adoration et de Son obéissance. IL l'a favorisé de
nobles préceptes, de Principes élevés, d'arguments
irréfutables, d'une suprématie incontestable et de Sagesse
indéniable.
Il vous appartient de maintenir l'éminence et la dignité
qui lui sont garanties par Le Seigneur, de le suivre sincèrement,
de rendre justice à ses Articles de Foi et de Croyance, d'obéir
implicitement à ses Principes et à ses Ordres, et de lui
accorder la place qui lui convient dans votre vie.
Rappelez-vous ! Votre aujourd'hui n'est que le temps qui vous reste
pour espérer, désirer et travailler, et au-delà d'aujourd'hui
peut n'être que le plus grand vide -la mort. Quiconque travaille
pendant ce laps de temps d'attente et d'espoir (le laps de temps qui lui
est imparti) recueillera la récolte, et la mort ne lui fera pas
de mal. Mais celui qui n'aura pas pris soin d'utiliser ce laps de temps
d'une façon bénéfique, perdra son temps et son travail,
et la mort lui apportera la calamité.
Croyez-moi ! Je ne connais pas de Bénédiction aussi grande
que le Paradis, cependant ceux qui la recherchent sont si paresseux et
si insouciants à son égard ; ni de punition aussi terrible
que l'Enfer éternel, cependant ceux qui désirent y échapper
ne semblent pas tellement le craindre.
L'Imâm Âli (P)
1. Comprenant 1.200 pages
2. Abréviation de la formule
de révérence "Que les Bénédictions d'Allah
soient sur lui et sur ses Descendants."
3. Le pouvoir d'imagination s'appelle
aussi "intellect pratique", qui est l'opposé de l'"intellect spéculatif".
L'"intellect spéculatif" comprend les notions de vertu et de vice,
et donne conseils et guidance. L'"intellect pratique" exécute les
directives de l'"intellect spéculatif" et suit ses ordres. Les directives
de l'"intellect spéculatif" sont toujours dirigées vers la
régulation des pouvoirs de passion et de colère chez l'être
humain.
4. Abréviation de la formule
de révérence "Que la Paix soit sur lui".
5. Le mot "ignorance" (jahl) est
utilisé ici dans une acception plus large que le sens ordinaire.
"Jahl" est utilisé ici en opposition à "caql" (Raison) ou
"hikmah" (Sagesse), et non pas en opposition à "cilm" (Connaissance).
6. L'Islam recommande que les gens
rendent visite aux tombeaux de leurs parents, de ceux qui ont rendu service
à la société (les Martyrs, les Savants, les enseignants,
les réformateurs, etc.) en particulier, et à tout Musulman
en général.
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