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Les droits de la femme en islam
Deuxième et dernière partie
Ayatollah Mortadhâ Motahhary
Traduit et Édité par
Abbas Ahmad al-Bostani
PUBLICATION DE LA CITÉ DU SAVOIR
Éditeur:
La Cité du Savoir
Abbas AHMAD al-Bostani
C.P. 712 Succ. (B) Montréal, Qc., H3B 3K3
Canada
Tous droits de traduction, de reproduction
et
d'adaptation réservés pour tous pays
© Abbas Ahmad al-Bostani
ISBN : 2-9595157-5-4
LA DOT ET L'ENTRETIEN 121
Un bref historique de la dot
122
La dot dans le
système islamique de droits 124
Un coup d'oeil sur l'histoire
125
La
vraie philosophie de la dot (ou le cadeau de mariage) 126
La dot dans le Coran 129
La qualité
des sentiments parmi les animaux 130
Les cadeaux dans
les relations illicites 130
L'amour
est plus naturel que le mariage chez les Européens 130
La dot et la pension (II)
131
Les coutumes
pré-islamiques abolies par l'Islam 131
L'Islam a son propre
système de dot 134
La dot et l'entretien (III)
141
La
mise en quarantaine de la femme européenne jusqu'à la seconde
moitié du XIXe siècle 143
Pourquoi
l'Europe a-t-elle accordé subitement l'indépendance économique
à la femme 143
Le Coran et
l'indépendance économique de la femme 145
Comparaison 145
Des critiques et leur réponse
146
Trois sortes d'entretiens
147
La femme moderne
ne veut-elle pas de dot et d'entretien ? 148
Sauvegarder les
intérêts économiques de la femme 148
Pourquoi décrier
tant l'entretien de l'épouse ? 152
L'Etat remplace le mari 154
La Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme a-t-elle humilié la femme ?
157
L'HERITAGE 161
Pourquoi la
femme était-elle privée d'héritage ? 161
L'héritage du fils adoptif
163
L'héritage d'un allié
163
La femme, une partie de l'héritage
164
L'héritage
de la femme en Iran, à l'époque sassanide 164
L'héritage de la
femme en Islam 165
L'objection des "occidentalisants"
166
L'objection
des hérétiques à la loi de l'héritage pendant
les premiers temps de l'Islam 167
LE DIVORCE 169
L'augmentation
du nombre des divorces dans la vie moderne 169
L'environnement
américain est propice au divorce 172
Cinq théories 173
Le divorce (II) 176
Les divorces ignobles 178
Une rumeur sans fondement
181
Pourquoi
l'Islam n'a-t-il pas prohibé le divorce ? 184
Le droit au divorce (III) 185
Les
lois naturelles concernant le mariage et le divorce 186
La
position naturelle de l'homme dans la vie familiale 188
Les opinions d'une
femme psychologue 189
Une structure fondée
sur les sentiments 191
Ce
qui consolide la structure familiale est quelque chose de plus que l'égalité
193
L'égalité dans
la corruption 193
Le divorce (IV) 194
La
nature de la paix familiale est différente de celle des autres sortes
de paix 197
1 - L'Islam
favorise tout facteur aidant à éviter le divorce 198
2 - Les
services antérieurs rendus par l'épouse à la maison
familiale 203
Le droit au divorce (V) 206
Le
droit de l'homme au divorce émane de son rôle spécial
et non d'un quelconque droit de propriété 207
Le divorce
est une libération dans un certain sens 208
La peine prévue pour
le divorce 209
La délégation
du droit de divorce à la femme 209
Le divorce juridique 210
Certains
cas de mariage sont-ils incurables comme le cancer ? 211
Les impasses 213
Le dilemne du divorce 214
L'opinion de l'Ayatollah
al-Hillî 215
L'opinion de Cheikh al-Tûcî
219
LE MARIAGE A DUREE DETERMINEE 221
La vie moderne
et le mariage à durée déterminée 224
Les adolescents et
la crise sexuelle 225
Que choisir
: une vie monacale temporaire, un communisme sexuel, ou un mariage à
durée déterminée ? 225
Le mariage d'essai 226
Russel
et sa théorie de mariage à durée déterminée
227
Le mariage à durée
déterminée (II) 228
L'historique des croyances
229
Des objections 230
Le mariage à
durée déterminée et le harem 235
Les causes
sociales de la formation du harem 236
Le mariage
à durée déterminée a-t-il été
institué pour faciliter la licence ? 238
Le harem et le monde moderne
239
Le
calife a interdit le mariage à durée déterminée
240
LA POLYGAMIE 245
Le communisme sexuel 245
L'opinion de Platon 246
La polyandrie 246
Les défauts de la polyandrie
248
La polygamie (II) 249
L'Islam et la polygamie 249
Les causes historiques
de la polygamie (I) 254
Les causes de l'échec
de la polyandrie 257
L'échec du collectivisme
sexuel 258
Les causes historiques
de la polygamie (II) 262
Les facteurs géographiques
263
La polygamie en Occident 265
Les menstrues 267
Les
limites de la période de la fécondité chez les femmes
268
Les facteurs économiques
269
Le facteur de nombre et
de tribu 269
La supériorité
numérique des femmes 270
Récapitulation 271
Le droit de la femme
à la polygamie 272
Pourquoi
y a-t-il plus de femmes que d'hommes en âge de se marier ? 277
La femme
résiste mieux que l'homme aux maladies 278
La polygamie est un
droit de la femme 280
La théorie de Russel 281
La polygamie
prohibée, l'homosexualité autorisée 283
L'homme est-il polygame
par nature ? 284
La
polygamie, un facteur de maintien de la monogamie 287
Les finasseries de l'homme
moderne 289
La
crise résultant de l'existence de femmes sans maris 291
Les
diverses réactions au nombre excédentaire des femmes
292
Les inconvénients
et les défauts de la polygamie 294
La méthode correcte
de recherche 295
Sous un angle psychologique
296
Sous l'angle
du comportement et de l'éducation 298
Sous l'angle moral 299
Sous l'angle légal 302
Sous l'angle philosophique
304
La théorie de
la polygamie en Islam 306
La limitation 306
La justice et le traitement
égal 306
La crainte de ne pas être
juste 310
Les harems 311
D'autres conditions 312
L'homme moderne et la polygamie
313
Table des Matières 315
LA DOT ET L'ENTRETIEN
.:Retour au sommaire:.
C'est une des plus anciennes traditions, dans les relations familiales,
que de payer lors du mariage une dot à la femme ou à son
père. En outre l'homme doit se charger des dépenses de sa
femme et de ses enfants..
Quelles sont les racines de cette tradition ? Comment, et pourquoi,
a-t-elle commencé ? Pourquoi l'homme doit-il se charger de l'entretien
de sa femme ? Quelle est la philosophie de la dot ? La dot et l'entretien
resteraient-ils pertinents, même si l'homme et la femme jouissaient
de tous les droits humains et naturels, et que les relations entre eux
étaient fondées sur la justice et l'équité
? Ou bien sont-ils seulement des survivances des époques où
l'homme possédait la femme ? La justice et l'égalité
des droits, notamment au XXe siècle, exigent-elles que ces traditions
d'une autre époque soient abolies, que le mariage se fasse sans
dot, que la femme se charge elle-même de ses dépenses, et
que les enfants soient à la charge conjointe du mari et de la femme
?
Nous nous proposons de répondre à ces interrogations en
commençant par la question de la dot. Voyons comment cette tradition
a vu le jour, quelle est sa philosophie, et comment les sociologues expliquent
son origine ?
Un bref historique de
la dot
On dit qu'à l'époque préhistorique l'homme menait
une vie sauvage qui avait une forme tribale. Pour une raison inconnue,
le mariage était interdit entre le mâle et la femelle du même
sang. Par conséquent, les jeunes hommes d'une tribu qui voulaient
se marier, étaient obligés de choisir leurs épouses
dans une autre tribu. Ils rendaient souvent visite à d'autres tribus
dans ce but. A cette époque-là, l'homme n'était pas
conscient de son rôle dans l'engendrement des enfants. Il croyait
que les enfants appartenaient exclusivement à leur mère.
Bien qu'il se rendît compte que les enfants lui ressemblaient beaucoup,
il ne comprenait pas la cause de cette ressemblance. Evidemment, les enfants
aussi croyaient qu'ils appartenaient à leur mère et non à
leur père. A l'époque, la généalogie était
tracée à travers les mères. Les hommes étaient
considérés comme stériles et improductifs. Après
le mariage, ils restaient dans la tribu de leurs femmes comme de simples
auxiliaires, parce que la femme avait besoin de la compagnie de son mari.
Cette période s'appelait l'époque du matriarcat.
Mais l'homme ne tarda pas à découvrir son rôle dans
la procréation, et à croire que les enfants lui appartenaient
en réalité. Dès lors, il imposa sa domination à
la femme et assuma le rôle du chef de la famille. Et là commença
la période du patriarcat.
Pendant cette période aussi le mariage entre des gens du même
sang fut prohibé, et l'homme devait choisir sa femme dans une autre
tribu et l'amener chez la sienne. Et, étant donné qu'il y
avait constamment des guerres entre les tribus, le seul moyen qui restait
à l'homme pour avoir une femme était de la kidnapper dans
quelque autre tribu.
Progressivement la paix prit la place de l'état de guerre, et
les tribus purent vivre dans une cxistence pacifique. Pendant cette période,
la coutume du kidnapping des filles fut abolie. Pour obtenir la fille qu'il
désirait, l'homme se rendait dans sa tribu et travaillait pour le
compte de son père pendant un certain temps. En contrepartie des
services rendus par le prétendant, le père lui accordait
la main de sa fille, et il la ramènait avec lui dans sa tribu.
Lorsque la monnaie est entrée en scène, l'homme découvrit
qu'au lieu de servir son futur beau-père pendant des années,
il valait mieux lui offrir une somme d'argent convenable et prendre la
fille désirée, immédiatement. Telle fut l'origine
de la dot.
Ainsi, selon ce récit, au début l'homme vivait comme un
auxiliaire de la femme et au service de celle-ci. Pendant cette période
la femme régnait sur l'homme. A l'étape suivante, lorsque
le pouvoir passa aux mains de l'homme, celui-ci kidnappait sa future femme
dans une autre tribu. Au cours de la troisième étape, pour
avoir une femme, l'homme se rendait chez le père de celle-ci et
le servait pendant des années. Pendant la quatrième étape,
l'homme offrait une somme d'argent au père de la fille désirée.
Telles sont les quatre étapes de l'institution de la tradition de
la dot.
On dit que depuis l'époque où l'homme a aboli le système
matriarcal et posé la fondation du patriarcat, la femme fut réduite
au statut d'esclave, ou, au mieux, d'employée et de servante chez
l'homme. Celui-ci la regardait comme un outil économique, qui pouvait,
à l'occasion, satisfaire sa volupté aussi. Il ne lui accordait
pas une indépendance sociale ou économique. Le fruit du travail
de la femme appartenait soit à son père, soit à son
mari. Elle n'avait pas le droit de choisir son mari, ni de mener une activité
économique pour son propre compte. L'argent que l'homme payait à
titre de dot, et les dépenses qu'il supportait à titre d'entretien
[nafaqah], représentait la contrepartie des gains économiques
qu'il tirait d'elle tout au long de la période de leurs relations
conjugales.
La dot dans
le système islamique de droits
Il y a aussi une cinquième étape à propos de laquelle
les sociologues et les autres commentateurs ont gardé le silence.
Pendant cette étape, l'homme offre un cadeau à la femme elle-même,
et aucun de ses parents n'a le droit d'en disposer. La femme reçoit
le cadeau, tout en préservant son indépendance sociale et
économique. Elle choisit son mari librement, et non selon la volonté
de son père ou de son frère. En outre, ni son père,
ni son mari, n'ont aucun droit de l'asservir ou de l'exploiter. Le produit
de son travail et de ses efforts lui appartiennent exclusivement, à
elle. En matière financière, elle n'a besoin du contrôle
ni du patronage de personne.
Le mari a un droit seulement. Il peut jouir sexuellement de sa femme.
Tant que leurs relations conjugales durent, le mari a l'obligation de pourvoir
aux besoins légitimes de sa femme, dans les limites de ses moyens
financiers.
C'est l'étape que l'Islam reconnaît, et sur laquelle il
a fondé les relations matrimoniales. Dans beaucoup de versets coraniques,
l'accent est mis sur le fait que la dot appartient exclusivement à
la femme elle-même, que le mari doit en outre l'entretenir et couvrir
ses dépenses, et que tout ce qu'elle gagne elle-même appartient
à elle, personnellement, et à personne d'autre, ni même
le mari ou le père.
C'est là que la question de la dot et de l'entretien dus à
la femme devient un peu intrigante. Tant que la dot était payée
au père de la fille, que celle-ci allait à la maison de son
mari, comme une esclave, et que le mari pouvait l'exploiter économiquement,
la question était facile à comprendre et à expliquer
: la dot était payée comme le prix de la fille, et celle-ci
devait être entretenue comme n'importe quel autre esclave. Mais dès
lors que rien n'est à payer au père de la fille, que le mari
n'a pas le droit de l'exploiter, que la femme a une indépendance
économique et que, concernant ses droits, elle n'a besoin du contrôle
et du patronage de personne, quelle est donc la signification du paiement
d'une dot et l'allocation d'une pension ?
Un coup d'oeil sur l'histoire
Si l'on veut saisir la philosophie de la dot et de l'entretien de la
femme dans la cinquième étape, nous devons faire un examen
un peu critique de la théorie des quatre précédentes
étapes mentionnées plus haut. En fait, tout ce qui a été
dit à propos de ces quatre étapes est hypothétique
et fondé sur des présomptions et sur la spéculation.
Cela ne constitue ni un fait historique, ni une vérité scientifique.
Nous n'avons pas une connaissance précise de la vie préhistorique
de l'homme. Tout ce qui est dit sur l'étape ou l'époque matriarcale,
la vente des filles par leurs pères, et de l'exploitation économique
des femmes par leurs maris, n'est pas très crédible. Il y
a deux choses qui frappent l'esprit concernant ces présomptions
et spéculations : d'une part, l'homme primitif a été
présenté comme étant extraordinairement sauvage, violent,
et dépouillé de tout sentiment humain. D'autre part, la formidable
planification de la nature en vue de parvenir à ses buts universels
a été complètement ignorée.
Une telle interprétation de la nature humaine n'est possible
que chez les Occidentaux, et jamais chez les Orientaux, à l'exception
de ceux parmi eux qui imitent l'Occident. Pour quelque raison les Européens
ne sont pas familiarisés avec les sentiments humains. Ils ne peuvent
pas admettre que les sentiments humains jouent un rôle fondamental
dans l'histoire. S'ils ont une disposition d'esprit économique,
leur attention demeure concentrée autour des problèmes du
pain et du beurre. Ils regardent l'histoire comme s'ils étaient
une machine qui ne peut tourner sans être alimentée par du
fuel. S'ils ont une disposition sexuelle, ils considèrent toute
l'humanité et toute l'histoire humaine avec ses manifestations culturelles,
artistiques, morales et religieuses comme étant des formes modifiées
des jeux sexuels. Et s'ils ont une tendance politique, ils croient alors
que toute l'histoire de l'humanité consiste en une série
de batailles, d'effusion de sang et d'actes de cruauté.
L'Européen a tellement souffert le martyre par la religion et
au nom de la religion pendant le Moyen Age, où on brûlait
souvent les gens vifs, qu'il est devenu allergique au nom de Dieu, au mot
de religion, et à tout ce qui a un "relent religieux". C'est pourquoi,
malgré toute l'évidence du fait que la nature a un but et
que le système de l'univers ne tourne pas au hasard, il n'ose pas
admettre l'existence de "la Cause Ultime" ou du principe de causalité.
Nous ne demandons pas aux interprètes occidentaux de l'Histoire
d'admettre l'existence des Prophètes qui sont apparus à travers
l'histoire de l'humanité pour proclamer le message de justice et
d'humanité, et pour combattre la corruption. Nous voulons seulement
qu'ils reconnaissent au moins le rôle conscient de la nature.
Il ne fait pas de doute que, dans l'histoire des relations homme/femme,
il y eut beaucoup de cas d'extrême cruauté, dont les plus
atroces sont cités dans le Coran aussi, mais cela n'autorise guère
à dire que toute l'histoire débordait de cruauté et
de violence.
La
vraie philosophie de la dot (ou le cadeau de mariage)
A notre avis, la dot a pour origine une disposition intelligente dans
la création visant à consolider et à renforcer la
relation entre l'homme et la femme. La dot est venue à l'existence
parce que, par nature, les rôles respectifs de l'homme et de la femme
sont différents l'un de l'autre. Selon les gnostiques, la loi de
l'amour et de "l'attirant et l'attiré" s'applique à tous
les êtres et créations. Etant donné que toute chose
est faite pour accomplir une fonction déterminée, son rôle
est différent de tous ceux des autres choses.
Lorsque nous avons abordé la question des différences
entre l'homme et la femme, nous avons expliqué que les sentiments
de l'un vis-à-vis de l'autre ne sont pas similaires. La loi de la
création a voulu que la femme ait comme traits, la beauté,
la vanité et l'indifférence, alors que l'homme a comme caractéristiques
la tendance à faire la cour et à pourchasser la femme. De
cette manière, la faiblesse de la femme est contrebalancée
par la force de l'homme, et il s'ensuit que c'est l'homme qui prend l'initiative
d'aller demander la main de la femme. Et, comme nous l'avons déjà
dit, selon les sociologues, pendant les époques matriarcale et patriarcale,
c'est l'homme qui allait à la recherche de la femme.
Les scientifiques disent que l'homme est plus lascif que la femme. En
fait c'est le contraire qui est vrai, selon certaines traditions islamiques.
Seulement la femme peut mieux se contrôler dans ce domaine. Mais,
pratiquement, les deux points de vue aboutissent à la même
chose. En tout cas, il est certain que l'homme contrôle moins ses
désirs sexuels. Ce trait a rendu la femme capable de ne pas courir
derrière l'homme et de ne pas se soumettre à lui facilement,
alors que l'instinct de l'homme -ou sa tendance à faire la cour-
le contraint à aller vers la femme et à prendre des initiatives
en vue de gagner ses faveurs. L'une de ces initiatives, c'est le cadeau
qu'il lui offre.
Les membres du sexe masculin se sont toujours disputés pour gagner
une femelle. Ils se sont même battus les uns avec les autres dans
ce but. Mais les membres du sexe féminin n'ont jamais montré
une telle ardeur pour gagner un mâle. Il en est ainsi parce que les
rôles respectifs de l'homme et de la femme ne sont pas identiques.
Le mâle poursuit toujours une femelle, alors que la femelle affiche
une sorte d'indifférence à l'égard du mâle.
La dot est liée étroitement à la pudeur et à
la chasteté de la femme. Celle-ci sait, d'instinct, que sa dignité
exige d'elle de ne pas se soumettre à l'homme gratuitement.
Voilà comment la femme, malgré sa faiblesse physique,
a été capable d'amener les hommes à ses genoux, de
les obliger à se disputer pour l'obtenir, et de faire courir les
Roméo après les Juliette. Lorsqu'elle accepte d'épouser
un homme, elle reçoit de lui un cadeau en signe d'amitié,
de cordialité et de bonne volonté.
On dit que, parmi quelques tribus sauvages, lorsqu'une femme avait plus
d'un prétendant, elle avait l'habitude de les persuader de se battre
en duel. Celui qui sortait vainqueur de ce duel ou qui tuait son rival,
était considéré comme digne de se marier avec elle.
Les journaux ont rapporté qu'une fille de Téhéran
avait convaincu deux garçons de se battre en duel devant elle. Du
point de vue de ceux qui pensent que le pouvoir signifie seulement la force
brute, et qui croient que l'histoire des relations homme/femme ne contient
rien d'autre que des cas de cruauté et d'exploitation, il est incroyable
que le sexe faible et beau soit capable d'inciter deux représentants
du sexe fort l'un contre l'autre. Mais pour ceux qui ont un peu de connaissance
sur l'étonnant et mystérieux pouvoir que la nature a accordé
à la femme, il n'y a rien de bizarre là-dedans.
La femme a eu beaucoup d'influence sur l'homme. Son influence sur l'homme
a été plus grande que celle de l'homme sur elle. L'homme
est redevable à la femme, à sa chasteté, et à
sa pudeur charmeuse, de ses nombreuses réalisations en matière
d'art, de bravoure et de courage. La femme compte pour beaucoup dans la
construction de sa personnalité et dans le développement
de son génie. La femme a construit l'homme, et l'homme a construit
la société. Si la femme perd ses qualités de chasteté,
de pudeur et de réserve, et qu'elle essaie de jouer le rôle
de l'homme, il s'ensuivra tout d'abord qu'elle sera dépréciée,
puis que l'homme perdra sa nature humaine, et enfin, que la société
sera ruinée.
Cette capacité de la femme -qui lui a permis de préserver
sa personnalité à travers l'histoire, qui l'a empêchée
de courir derrière les hommes, qui a conduit les hommes à
venir frapper à sa porte en tant que solliciteurs, et à se
disputer ou à se battre même à mort pour elle, qui
a fixé pour elle comme devise la pudeur et la chasteté, qui
a fait d'elle une personnalité entourée d'un halo de secret,
qui a fait d'elle l'inspiratrice de l'homme, la créatrice de son
amour, la source de son art, de son courage et de son génie, qui
a rendu l'homme flatteur et dragueur et l'a conduit à la modestie
et à l'abnégation devant elle- c'est cette même faculté
qui a amené l'homme à offrir à la femme, lors du mariage,
un cadeau au nom de dot.
La dot est un article d'une loi naturelle générale, inscrit
dans le fondement de la création, et promulgué par la nature.
La dot dans le Coran
La forme de la dot décrite ci-dessus dans la cinquième
étape n'est pas une invention du Coran. Tout ce que le Coran a fait,
c'est de la restaurer dans sa forme naturelle et originelle. Dans son style
élégant inimitable, le Coran dit : «Donnez aux femmes
leur cadeau de mariage sans contrepartie...» (Sourate al-Nisâ',
4 : 4). Cela veut dire que la dot appartient exclusivement aux femmes,
et c'est un cadeau qui doit être offert à elles directement,
et il n'a rien à voir avec les frères ou les pères.
Dans cette courte phrase le Coran fait référence à
trois points fondamentaux :
1 - Tout d'abord, il a employé, pour la dot le terme "Sadoqah"
qui signifie véracité et sincérité et non pas
le mot "mehr". Ainsi, la dot est un symbole de la cordialité de
l'homme qui la paie. Ce point a été mentionné par
un nombre de commentateurs du Saint Coran, tel que : al-Zamakh-charî,
l'auteur du célèbre commentaire (Tafsîr) : "al-Kach-châf".
De même le célèbre philologue al-Râghib al-Içfahânî
explique dans son lexique du Coran que la dot a été appelée
"sadoqah", parce que ce mot est le symbole de la sincérité
de la foi.
2 - Deuxièmement, il est clair, d'après le verset ci-dessus,
que la dot doit être payée directement à la femme,
et que ses parents n'y ont pas de droit. La dot n'est pas une compensation
des efforts qu'ils ont déployés pour l'éducation de
leur fille.
3 - Troisièmement, il est clair que la dot n'est rien d'autre
qu'un cadeau et un présent.
La qualité
des sentiments parmi les animaux
La loi de la bi-sexualité n'est pas confinée aux êtres
humains. Elle prévaut aussi dans le royaume des animaux. Bien que
les deux sexes aient besoin l'un de l'autre, le mâle a plus besoin
de la femelle et prend l'initiative de gagner ses faveurs. Voilà
pourquoi le mâle n'abuse pas de sa force supérieure, et montre
une attitude humble devant la femelle.
Les cadeaux
dans les relations illicites
Même lorsqu'un homme et une femme veulent établir des relations
sexuelles illégales et s'autorisent l'amour libre, c'est l'homme
qui offre des cadeaux à la femme. Lorsqu'ils consomment un café,
un thé, ou un plat ensemble, c'est l'homme qui considère
qu'il est de son devoir de payer la consommation. La femme considère
qu'il est humiliant pour elle de dépenser de l'argent pour l'homme.
Un garçon a besoin de beaucoup d'argent pour se permettre une vie
de débauche, alors que pour une fille, une telle vie lui permet
plutôt de recevoir des dons. De telles coutumes, qui sont communes
aux relations légales et illégales, ont pour origine la dissemblance
des sentiments de l'homme et de la femme l'un envers l'autre.
L'amour
est plus naturel que le mariage chez les Européens
En Occident, où les droits familiaux ont été pervertis
au nom de l'égalité des droits de l'homme, et où des
tentatives ont été faites pour réserver des fonctions
similaires à l'homme et à la femme dans la vie domestique,
l'homme continue encore à assumer son rôle naturel dans le
domaine de l'amour libre. En amour libre, il continue d'offrir des cadeaux
à la femme et de supporter ses dépenses, alors que dans le
domaine du mariage européen, non seulement la dot n'existe pas,
mais la femme doit de plus supporter une lourde responsabilité concernant
les dépenses domestiques. Cela signifie que l'amour, en Europe,
est plus naturel que le mariage.
La dot est un exemple qui indique que l'homme et la femme ont été
créés avec des génies dissemblables, et que la loi
de la création leur a imparti des droits naturels et innés
dissemblables.
La dot et la pension (II)
Dans le chapitre précédent, nous avons exposé la
philosophie et l'origine de la dot. Il ressortait de cet exposé
que la loi de la création avait fixé la relation entre les
deux sexes, et déterminé pour chacun d'eux un rôle
différent dans la vie. Il en ressortait aussi que la tradition de
la dot dérivait des sentiments affectueux et aimables de l'homme,
et de son sens de la domination et de la rudesse. Le rôle joué
par la femme à cet égard a procédé de son sens
particulier de la réserve, et non de sa faiblesse ni du fait qu'elle
soit désarmée. Le paiement de la dot est un moyen de rehausser
la valeur de l'homme, prescrit par la loi de la nature. La dot lui confère
une personnalité. Sa valeur morale est plus élevée
que sa valeur matérielle.
Les
coutumes pré-islamiques abolies par l'Islam
Le Saint Coran a aboli beaucoup de coutumes obscurantistes (jahilistes,
préislamiques) arabes relatives à la dot, et a rétabli
celle-ci selon sa forme naturelle et primitive.
Pendant l'ère préislamique (obscurantiste) les parents
pensaient que la dot leur appartenait exclusivement à titre de compensation
des peines qu'ils avaient prises pour élever la fille.
Il est écrit dans al-Kach-châf, le célèbre
tafsîr (commentaire) du Coran, que lorsque une fille était
née et qu'on voulait féliciter son père à cette
occasion, on lui disait : «Que ce vase de musc te rapporte beaucoup»,
ce qui veut dire : «Que ta fortune croisse grâce à elle».
A l'époque pré-islamique, les pères et, en leur
absence, les frères, agissant en tant que tuteurs naturels de la
fille, mariaient celle-ci selon leur propre volonté et non selon
son désir à elle. En même temps, ils considéraient
la dot comme leur appartenant personnellement. Parfois, ils échangeaient
leurs filles respectives. Ainsi, un homme offrait sa fille ou sa sur en
mariage à un autre, contre l'acceptation que ce dernier lui offre
sa fille ou sa sur en mariage. Dans tel type de mariage, qu'on appelait
"mariage de Chighâr", aucune de deux femmes n'obtenait de dot. L'Islam
a aboli cette coutume. Le Saint Prophète a dit à ce propos
: «Il n'y a pas d'échange de filles ou de surs en Islam».
Selon les traditions islamiques, non seulement le père n'a aucun
droit sur la dot de sa fille, mais il est également interdit d'inclure
dans l'accord du mariage une clause additionnelle prévoyant une
paie quelconque pour lui. En d'autres termes, un père n'est autorisé
à tirer aucun gain financier du mariage de sa fille.
L'Islam a aboli aussi la coutume consistant en le fait qu'un homme travaillait
pour le compte de son futur beau-père, lorsque l'argent ne servait
pas encore d'intermédiaire dans les opérations d'échange.
Cette coutume n'avait pas pour origine seulement la volonté des
pères de tirer profit de leurs filles, mais il y avait une autre
raison aussi, liée parfois aux caractéristiques spécifiques
de cette période de civilisation, et ne constituant pas forcément
une injustice caractérisée. En tout état de cause,
il n'y a pas de doute sur l'existence d'une telle coutume à cette
époque reculée de l'histoire.
L'histoire de Moïse et de Chu'ayb, relatée dans le Coran,
confirme l'existence de cette coutume. En effet, lorsque Moïse arriva,
pendant son voyage vers l'Egypte, au puits de Madyân, il prit pitié
pour les filles de Chu'ayb qui restaient debout dans un coin avec leurs
moutons, sans que personne ne se préoccupât d'elles, et il
puisa de l'eau pour elles. Celles-ci, retournant à la maison, racontèrent
ce qui s'était passé à leur père, lequel renvoya
l'une d'elles à Moïse pour l'inviter à venir à
la maison. Après avoir fait connaissance l'un avec l'autre, Chu'ayb
dit un jour à Moïse : «Je voudrais t'offrir l'une de
mes filles en mariage, à condition que tu travailles pour moi pendant
huit ans. Et, si tu le désires, tu peux travailler deux ans en plus,
en tout dix ans». Moïse accepta l'offre et devint le beau-fils
de Chu'ayb. Cette coutume était courante à cette époque-là.
La raison en était double. Tout d'abord la monnaie n'existait pas,
et le seul service que pouvait rendre le futur époux à son
futur beau-père ou à sa future épouse était
de travailler pour eux. La seconde raison était l'existence de la
coutume de la dot. Selon les sociologues, la coutume consistant en ce que
le père de la mariée fournisse l'équipement ou le
nécessaire du mariage de la fille est l'une des plus vieilles traditions.
Or, pour pouvoir fournir cette dépense, le père demandait
au fiancé de sa fille, soit de travailler pour lui, soit de payer
de l'argent. Pratiquement, ce qu'il prenait de son beau-fils, était
au bénéfice de sa fille.
En tout cas, l'Islam a procédé à l'éradication
de cette coutume et, depuis, le père de la mariée n'a aucun
droit sur la dot, même s'il veut consacrer cette dot à la
dépense qu'il voudrait consentir à sa fille. Seule la mariée
elle-même a le droit de la dépenser comme elle l'entend.
Pendant la période pré-islamique, il existait aussi d'autres
coutumes, qui privaient pratiquement la femme de sa dot. L'une de ces coutumes
était celle d'hériter la femme du défunt. Ainsi, si
un homme mourait, son fils ou son frère héritait ses droits
conjugaux concernant sa femme, au même titre qu'il héritait
sa propriété. Le frère, ou le fils, de la personne
décédée avait le droit soit de remarier sa veuve à
quelqu'un d'autre et de toucher la dot, soit d'en faire sa propre femme
contre une dot déjà payée à elle par le défunt.
Le Saint Coran a aussi supprimé cette coutume, et dit : «O
vous qui croyez ! Il ne vous est pas permis de recevoir des femmes en héritage
contre leur gré.» (Sourate al-Nisâ', 4 : 19)
Dans un autre verset, le Saint Coran a totalement banni le mariage de
quelqu'un avec la femme de son père (la belle-mère), même
si elle est consentante : «N'épousez pas les femmes que vos
pères ont eues pour épouses.» (Sourate al-Nisâ',
4 : 22)
Le Saint Coran a aboli toute coutume qui privait la femme de sa dot.
L'une de ces coutumes était que, lorsqu'un homme ne s'intéressait
plus à sa femme, il la harcelait pour qu'elle accepte de divorcer
avec lui et de lui restituer une partie ou la totalité de la dot
qu'elle avait reçue lors du mariage. Le Saint Coran dit à
ce propos : «Ni de leur créer [à vos femmes] de contraintes
pour vous emparer d'une partie de ce que vous leur avez donné.»
(Sourate al-Nisâ', 4 : 19)
Une autre coutume odieuse consistait en ceci qu'un homme se mariait
avec une femme qu'il désirait et lui payait une dot élevée,
mais que lorsqu'il se lassait d'elle et qu'il désirait une autre
femme, il accusait la première d'adultère et la diffamait
en vue de rompre le contrat de mariage et de reprendre la dot qu'il avait
payée pour elle. Là encore, le Coran a aboli cette coutume
et l'a interdite.
L'Islam a son propre
système de dot
L'un des principes incontestables de l'Islam est qu'un homme n'a pas
de droit sur les biens de sa femme, et qu'il n'a pas le droit de l'obliger
à travailler. Si la femme travaille et gagne de l'argent, le mari
ne peut en disposer sans son consentement. Sur ce point, il n'y a pas de
différence entre l'homme et la femme. Contrairement à la
coutume qui prévalait en Europe chrétienne jusqu'au début
du 20e siècle, la femme n'est pas, du point de vue islamique, sous
le contrôle de son mari en matière financière. Elle
a une indépendance totale dans ses finances. Bien que l'Islam ait
accordé une indépendance économique complète
à la femme, et qu'il n'ait donné aucun droit au mari sur
la propriété de sa femme, il a pourtant retenu le système
de la dot. Cela montre que, du point de vue islamique, la dot n'est pas
payée à la femme pour que le mari exploite, par la suite,
celle-ci économiquement et utilise son énergie physique.
L'Islam a son propre système de dot, qui ne doit être confondu
avec aucun autre système. Les objections que les autres systèmes
de dot suscitent ne sont pas valables lorsqu'il s'agit du système
islamique.
Comme on l'a vu dans le chapitre précédent, le Saint Coran
a décrit la dot comme "un cadeau sans contrepartie". Selon le Coran,
elle est obligatoire. Le Coran a minutieusement pris en considération
toutes les caractéristiques de la nature humaine. Et, afin de s'assurer
que ni l'homme ni la femme n'oublient les rôles respectifs qui leur
ont été fixés par la nature, il souligne la nécessité
de la dot. Le rôle de la femme est de répondre à l'amour
de l'homme. C'est bien si elle aime un homme, mais son amour devrait être
une réaction à l'initiative qu'il prend lui-même. Si
elle tombe amoureuse d'un homme qui ne veut pas d'elle, elle essuiera sûrement
un échec, et ce sera un choc et un coup dur pour sa personnalité.
Mais si son amour est une réponse à l'amour de l'homme, il
n'y aura ni échec, ni choc.
Est-il vrai que la femme n'est pas sincère, c'est-à-dire
qu'elle n'est pas conséquente en amour, et qu'on ne peut pas compter
sur elle ? C'est à la fois vrai et faux. C'est vrai si l'initiative
vient d'elle. Si c'est elle qui tombe amoureuse la première, son
amour n'est pas digne de confiance. Elle perdra rapidement son intérêt
pour l'homme dont elle est tombée amoureuse. Mais c'est faux si
son amour est une réponse à l'amour sincère de l'homme.
Car, dans un tel cas, il est peu probable que cet amour se dissipe, à
moins que l'homme lui-même se désintéresse d'elle.
Là, évidemment, son amour se fanera. Tel est l'amour naturel
de la femme.
C'est à cause du cas de la première sorte d'amour que
la femme est notoirement célèbre pour son infidélité,
et c'est à cause de la seconde sorte d'amour qu'elle est exaltée
pour sa sincérité. Si la société cherche la
stabilité et la solidité du lien conjugal, elle n'a pas d'autre
alternative que de suivre la façon dont le Coran a prescrit des
rôles distincts pour l'homme et la femme. La loi de la dot est en
conformité avec la nature, parce qu'elle symbolise le fait que l'amour
doit être initialement exprimé par l'homme et accepté
seulement comme une réponse positive par la femme. L'homme offre
un cadeau comme symbole de son amour et de son respect pour la femme. C'est
pourquoi, il est inapproprié d'abroger cette loi qui constitue une
section de la loi fondamentale promulguée par la nature elle-même.
Comme nous l'avons remarqué, le Saint Coran a aboli beaucoup
de coutumes et d'usages anté-islamiques relatifs à la dot,
bien que les gens de l'époque y fussent très attachés.
Ce que le Coran a prescrit à cet égard est différent
de l'usage en cours à cette époque-là. Pour cette
raison, on ne peut pas dire que le Coran n'attache pas d'importance à
l'existence ou l'inexistence de la dot. Il aurait pu abolir totalement
la dot, mais il n'a pas estimé bon de le faire.
Des critiques !!
Maintenant que nous connaissons les vues de l'Islam concernant la dot,
examinons les objections faites par ceux qui critiquent cette loi islamique.
Un critique écrit : «De la même façon que
quelqu'un qui a de l'argent peut le dépenser pour acquérir
un jardin, une maison, un cheval ou une mule, on peut le dépenser
pour obtenir une femme. Et de même que le prix d'une maison, d'un
jardin ou d'un cheval dépend de sa taille, de sa beauté et
de son utilité, de même le prix d'une femme varie selon sa
beauté ou sa laideur, de sa richesse ou sa pauvreté. Telle
est la philosophie de la dot. Il ne peut pas y avoir de vie conjugale sans
dépenser de l'argent et sans payer le prix de l'acquisition».
S'il s'agissait d'une coutume occidentale, aurait-il été
possible d'échaffauder une telle calomnie contre elle ? Si une personne
donne de l'argent à une autre, cela signifie-t-il qu'elle veuille
l'acquérir ? La coutume consistant à offrir un cadeau ou
donner un présent devrait-elle être abolie ? Le Coran dit
que la dot n'est autre qu'un cadeau gratuit. Bien plus, l'Islam a formulé
ses lois économiques de telle manière qu'elles ne permettent
aucune exploitation économique de la femme par l'homme.
Vous pouvez dire que beaucoup de maris en Orient exploitent effectivement
leurs femmes économiquement. Nous l'admettons, mais cela n'a rien
à voir avec la dot. Ces maris ne disent pas qu'ils exercent un contrôle
total sur leurs femmes parce qu'ils leur ont payé une dot. En réalité
il y a d'autres raisons qui expliquent pourquoi, dans beaucoup de cas,
les hommes dominent leurs femmes. Pourquoi faudrait-il saborder la loi
naturelle au lieu de réformer les hommes concernés ? L'idée
sous-jacente de tous les arguments de ce genre est qu'on veut que les Orientaux
oublient leur propre philosophie de la vie et leurs modèles humains
afin d'être facilement dévorés par les Occidentaux.
Le même critique ajoute : «Si l'on établissait une
égalité économique parfaite entre l'homme et la femme,
il n'y aurait plus de raison que l'homme soit tenu pour responsable de
l'entretien matériel de sa femme et de ses besoins en nourriture
et vêtements, et obligé de lui payer une dot. Toutes ces précautions
et cette double assurance n'ont jamais été considérées
nécessaires dans le cas de l'homme.»
Si nous analysons minutieusement cet argument, il signifie tout simplement
que pendant l'époque où la femme n'avait pas le droit de
détenir une propriété et ne jouissait pas d'une indépendance
économique, la dot et l'entretien financier étaient nécessaires
dans une certaine mesure, mais que lorsque la femme a obtenu une certaine
indépendance économique, comme l'Islam la lui avait déjà
accordée, l'entretien financier et la dot ne se justifiaient plus.
Ce critique semble avoir la fausse impression que la dot est payée
tout simplement pour compenser la privation, par la femme, de ses droits
économiques. Or la vérité est tout autre. Si l'on
fait une brève référence au Coran, on peut facilement
connaître la philosophie réelle de la dot.
Un autre critique écrit : «Etant donné que l'homme
et la femme ont été créés égaux, le
paiement d'un prix ou d'une rétribution n'a pas de raison d'être.
De même que l'homme a besoin de la femme, de même la femme
a besoin de l'homme. A cet égard ils sont tous les deux sur pied
d'égalité. C'est pourquoi il serait désagréable
d'imposer à l'un de supporter les dépenses de l'autre. Mais
puisque l'homme avait le droit de divorce, et que la femme n'avait pas
une garantie de pouvoir vivre avec lui continuellement, on lui a donné
le droit de lui demander une sorte de sécurité.»
Il ajoute : «Si l'homme n'avait pas un droit absolu de divorce,
la coutume de la dot n'aurait plus aucune justification».
Il ressort clairement de ce qui précède que ces arguments
sont non fondés. Une dot n'est ni un prix, ni un salaire. Il ne
fait pas de doute que l'homme et la femme ont besoin l'un de l'autre, mais
leur position n'est pas la même. La nature les a placés en
deux positions différentes.
Il est encore plus aberrant de décrire la dot comme étant
une sécurité financière contre le droit du divorce
dont jouit l'homme. Et, pour comble, prétendre que c'est là
la raison pour laquelle l'Islam l'a prescrite, est le sommet de l'absurdité.
Nous voudrions demander à ces gens pourquoi, en premier lieu, l'Islam
aurait accordé le droit de divorce à l'homme, pour créer
chez la femme le besoin d'une garantie financière ? Si ce droit
n'avait pas été accordé, la femme n'aurait-elle pas
besoin d'aucune garantie de sécurité ? Bien plus, une telle
idée signifie que lorsque le Saint Prophète a fixé
une dot pour ses propres femmes, a-t-il voulu leur fournir une sécurité
contre lui-même ? De même, lorsqu'il a fixé une dot
à sa fille Fatimah al-Zahrâ' au moment de son mariage avec
Ali son "frère" et cousin et son plus fidèle compagnon, a-t-il
voulu par là assurer la sécurité de sa fille bien-aimée
contre son plus fidèle compagnon ?
Si nous admettions, à titre de polémique, que la dot soit
une forme de sécurité, alors la question se poserait de savoir
pourquoi le Saint Prophète a conseillé vivement aux femmes
de réoffrir leurs dots à leurs maris en geste de bonne volonté
? Pourquoi a-t-il décrit un tel geste comme un acte très
méritoire et hautement récompensé spirituellement
[thawâb] ? Pourquoi a-t-il conseillé que le montant de la
dot ne soit pas, autant que possible, important ? Tous ces faits ne montrent-ils
pas que le Prophète a considéré la dot comme un cadeau,
et qu'il a conçu le geste de sa restitution par la femme au mari,
comme un facteur de consolidation des liens de l'amour et de l'amitié
entre les deux conjoints ? Si l'Islam avait voulu que la dot constituât
une garantie financière, pourquoi le Coran dit-il : «Donnez
aux femmes leur dot comme un cadeau sans contrepartie» et non pas
«Donnez aux femmes leur dot comme une sécurité»
?
En outre, il semble que le critique en question ait l'impression que
la dot, telle qu'elle se pratiquait au début de l'ère musulmane,
avait la même forme qu'aujourd'hui. De nos jours, l'usage commun
veut que le mari s'apprête à payer, au moment du mariage,
une certaine somme d'argent, mais que la femme ne demande pas le paiement
immédiat et effectif, sauf dans le cas où une dispute sérieuse
se développe entre les deux époux. Cette sorte de dot peut
constituer une forme de sécurité. Mais pendant la première
époque de l'Islam, l'usage courant voulait que le mari paie effectivement
et immédiatement une somme d'argent, auquel cas, on ne peut pas
dire que la dot est une sorte de sécurité.
L'histoire montre que le Saint Prophète n'a jamais voulu marier
une femme sans lui fixer une dot. Relatons à ce propos l'histoire
suivante, mentionnée dans les livres aussi bien chiites que sunnites
à quelques nuances près :
Une femme vint voir le Prophète et lui dit :
O Messager d'Allah ! Acceptes-tu que je devienne ta femme ?
Le Prophète garda le silence. La femme s'assit sur place. Un
Compagnon se leva alors et dit :
O Messager d'Allah ! Si tu ne désires pas l'épouser, moi
je le ferai !
Le Prophète lui demanda :
Quelle dot lui fixes-tu ?
Je n'ai rien, répondit le Compagnon.
Ce n'est pas juste. Vas à ta maison, peut-être y trouveras-tu
quelque chose comme dot.
Le Compagnon s'exécuta, et à son retour il dit :
Je n'y ai rien trouvé.
Retourne à la maison et recherches-y bien n'importe quoi. Une
bague en fer suffira.
L'homme repartit à la maison, et à son retour il dit là
encore :
Je n'ai rien trouvé, même pas une bague en fer. Mais je
suis prêt à offrir en dot ce vêtement qui me couvre
maintenant.
Un autre Compagnon, qui connaissait bien le premier, dit alors :
O Messager d'Allah. Par Allah, cet homme ne possède que ce vêtement
qu'il porte. Accepte donc qu'il en offre la moitié en dot à
cette femme.
Le Saint Prophète répondit :
Si la moitié de ce vêtement devenait la dot de la femme,
lequel des deux le porterait ? Et si n'importe lequel des deux le portait,
l'autre resterait sans vêtement. Et cela n'est pas légal.
Le prétendant se rassit, alors que la femme attendait à
sa place. Entre-temps, des discussions sur d'autres sujets s'engagèrent
et se prolongèrent. Le prétendant se releva pour s'en aller.
Le Prophète l'appela et lui dit :
Approche.
Lorsqu'il s'approcha, le Prophète lui demanda :
Est-ce que tu connais un peu de Coran ?
Oui, Saint Prophète, répondit-il. Je connais telle et
telle sourates.
Le Saint Prophète lui demanda encore :
Sais-tu les réciter par cur ?.
Oui, répondit-il.
Eh bien, ton problème est résolu : Je t'ai marié
à cette femme, dont la dot consiste en ceci que tu lui apprends
le Coran.
L'homme repartit main dans la main avec son épousée.
Il y a d'autres points relatifs à la dot, mais nous les laissons
de côté pour le moment.
La dot et l'entretien III
Nous avons expliqué le point de vue islamique concernant la dot
et sa philosophie. Etudions à présent la question de l'entretien
financier de la femme.
On doit garder présent à l'esprit que, comme la dot, l'entretien
aussi a une forme spécifique dans la loi islamique, et il ne faut
pas le confondre avec ce qui se pratique dans le monde non musulman.
Si l'Islam avait permis à l'homme de faire travailler la femme
pour lui, et de s'approprier ce qu'elle gagnerait par son travail, la raison
pour laquelle le mari doit entretenir sa femme aurait été
normale et évidente, car il est clair que si un homme exploite un
autre homme (ou même un animal) économiquement, il doit supporter
ses dépenses (ou nourriture et soins), pourvoir à ses besoins.
Si un cocher ne nourrit pas son cheval, celui-ci ne pourra pas porter de
charges pour lui.
Mais l'Islam n'a pas permis à l'homme d'exploiter sa femme. D'autre
part, la femme a le droit de posséder une propriété
et de gagner de l'argent, et l'homme n'a pas le droit de mettre la main
sur ce qui appartient à sa femme. En même temps, il incombe
à l'homme de pourvoir aux dépenses de la famille. Il doit
entretenir sa femme et ses enfants, et supporter les dépenses d'éventuelles
servantes, femmes de ménage, bonnes, etc. qui travaillent pour le
confort de la famille. Pour quelle raison ?
Malheureusement, les gens à la mentalité occidentalisée
ne sont pas préparés le moins du monde à comprendre
ces choses-là, ni à y réfléchir. Ils répètent
souvent les mêmes remarques critiques que les Occidentaux formulent
-à raison- à l'encontre de leurs systèmes juridiques,
et les transposent indûment dans le système juridique
islamique.
Il est tout à fait juste de dire que l'entretien d'une femme
en Occident était, jusqu'au début du XIXe siècle,
un signe d'asservissement de la femme, parce que la femme était
contrainte de faire le travail domestique du mari gratuitement, sans avoir
le droit de posséder quelque chose personnellement. Evidemment,
dans ce cas, tout ce qu'on lui donnait de nourriture, de vêtements,
etc. n'était pas différent de la ration quotidienne d'un
prisonnier ou de la portion d'aliment donnée à une bête
de somme.
En tout cas, ce qui se pratique en Islam est tout à fait différent.
Le système islamique de l'entretien de la femme est un système
unique en son genre, et il dispense la femme de la charge des travaux domestiques
de l'homme, lui confère une indépendance économique
complète et, en même temps, il l'exempte de toute contribution
au budget familial. Là nous avons une philosophie tout à
fait différente qui mérite, bien entendu, une considération
particulière.
La
mise en quarantaine de la femme européenne jusqu'à la seconde
moitié du XIXe siècle
Le Dr Châyegân, l'auteur du "Code civil iranien" dit : «L'indépendance
économique de la femme, qui a été reconnue par la
jurisprudence chiite dès le début, n'existait ni en Grèce,
ni à Rome, ni au Japon, ni dans la plupart des pays jusqu'à
une date récente. Considérée comme mineure et changeante,
la femme était interdite d'être une partie dans une transaction
concernant sa propriété. En Angleterre, où la personnalité
de la femme était complètement fondue dans celle de son mari,
on a promulgué deux lois, la première en 1870, et la seconde
en 1882, portant le nom de "loi de la propriété de la femme
mariée", et en vertu desquelles fut levée l'interdiction
qui frappait la femme. En Italie, c'est la loi de 1919 qui a sorti la femme
du nombre de ceux frappés d'interdiction. C'est seulement en 1900,
en Allemagne, et en 1907, en Suisse, que le code civil accorda aux
femmes de ces pays des droits similaires à ceux des maris.
Mais la femme mariée selon le code civil, au Portugal et en France,
reste jusqu'à la rédaction de ce livre frappée
de restrictions. C'est seulement dans la loi française de
1938 que la position de la femme a été modifiée,
dans une certaine mesure.»
Comme vous pouvez le constater, un siècle ne s'est pas encore
écoulé depuis la promulgation de la première loi (Angleterre,
1882) accordant à la femme l'indépendance économique
vis-à-vis de son mari, ou depuis la levée de l'interdiction
qui la frappait en Europe.
Pourquoi
l'Europe a-t-elle accordé subitement l'indépendance économique
à la femme?
Maintenant voyons pourquoi un tel événement important
est intervenu il y a un siècle ? Est-ce parce que la conscience
des Européens s'est réveillée subitement, et que ceux-ci
se sont rendu compte soudain de l'injustice de leur système social
?
Will Durant, dans son livre : "Les Plaisirs de la Philosophie" répond
à cette interrogation. Il nous permet de connaître la vérité
effarante à cet égard, car il ressort de ses constatations
que la femme européenne devrait se sentir redevable, pour son émancipation
et pour l'obtention de ses droits à la propriété,
à l'invention de la machine et non au réveil de la conscience
de l'homme ! Elle devrait s'agenouiller en signe de révérence
et de gratitude -pour le vote de la loi de son indépendance économique
par le Parlement britannique- devant cette machine et devant les industriels
avides qui voulaient, à travers cette loi, gagner plus d'argent
et payer moins de salaires.
Will Durant écrit : «Les changements rapides, dans des
us et coutumes plus vieux que l'histoire de la chrétienté,
s'expliquent seulement par l'abondance et la diversité des machines.
L'émancipation de la femme est un sous-produit de la révolution
industrielle.
«Il y a un siècle, il était très difficile
pour l'homme de trouver un travail en Angleterre. Les annonces et offres
d'emploi incitaient les Anglais à envoyer leurs femmes et leurs
enfants aux usines. Les employeurs se préoccupaient seulement de
leurs profits et actions, et ne s'embarrassaient point de considérations
morales et éthiques. Ce sont ces patriotes industriels du XIXe siècle
qui ont conspiré inconsciemment contre l'intégrité
de la vie familiale.
«Le premier pas sur la voie de l'émancipation de nos grands-mères
fut la loi de 1882. En vertu de cette loi, les femmes de Grande-Bretagne
devinrent capables de jouir d'un privilège sans précédent.
On leur accorda le droit de garder pour elles l'argent qu'elles gagnaient
en travaillant. Cette loi, qui représente les hautes valeurs morales
chrétiennes, a été introduite par les patrons des
usines dans "La Chambre de Communes" britannique afin qu'ils puissent attirer
les femmes anglaises aux usines. Depuis cette date, la femme a été
libérée de la corvée des travaux domestiques pour
être asservie par la corvée des usines et des entreprises.»
Comme vous pouvez le constater, ce sont les industriels et les patrons
des usines d'Angleterre qui ont fait ce pas progressif en direction de
la femme, afin d'augmenter leurs profits.
Le Coran
et l'indépendance économique de la femme
L'Islam a promulgué il y a 1400 ans la loi suivante :
«Les hommes auront une part de ce qu'ils ont acquis, et les femmes
auront une part de ce qu'elles ont acquis.» (Sourate al-Nisâ',
4 : 32)
Dans ce verset, le Saint Coran reconnaît à la fois le droit
de l'homme et de la femme aux fruits de leur travail.
Dans un autre verset, il dit : «Les hommes ont une part de ce
que leurs parents et leurs proches ont laissé, et les femmes ont
une part de ce que leurs parents et leurs proches ont laissé.»
(Sourate al-Nisâ', 4: 7)
Ce verset confirme le droit de la femme à son héritage,
droit qui n'était pas reconnu par les Arabes de l'époque
antéislamique.
Comparaison
Le Coran a assuré l'indépendance économique à
la femme 13 siècles avant l'Europe, à cette différence
que :
1 - Les considérations qui ont motivé l'Islam étaient
purement humaines, morales et divines. De telles nobles motivations n'ont
point animé l'avidité des patrons anglais qui ont voté
une loi destinée à faire mieux remplir leurs poches, tout
en déclarant, tambour battant, à travers le monde, qu'ils
avaient reconnu officiellement les droits de la femme et établi
formellement l'égalité entre l'homme et la femme.
2 - L'Islam a accordé à la femme des droits égaux,
mais sans faire crouler la base de la vie domestique, ni inciter les femmes
et les filles à se révolter contre leurs maris et leurs pères.
L'Islam a introduit une grande révolution, mais il l'a fait tranquillement
et sans provoquer de dégâts.
3 - Selon Will Durant, tout ce que le monde occidental a fait, c'est
de sauver la femme des travaux domestiques pour lui imposer le pénible
travail de l'usine et du bureau. En d'autres termes, l'Europe lui a enlevé
une chaîne pour lier ses mains et ses pieds avec une autre. L'Islam
a délivré la femme de son asservis- sement par l'homme, aussi
bien à la maison que dans les champs, et il a enlevé de ses
épaules toute obligation de pourvoir aux dépenses de la famille.
Du point de vue islamique, la femme a le droit de gagner de l'argent, de
le garder intact pour elle, et de se faire ainsi une fortune, mais sans
que ce penchant naturel à la propriété la conduise
à sacrifier sa beauté et son charme qu'elle doit toujours
préserver en tant que femme.
Mais hélas ! Les yeux et les oreilles de certains de nos écrivains
et intellectuels sont si hermétiquement fermés qu'ils sont
incapables de percevoir les plus évidents faits historiques et vérités
philosophiques.
Des critiques et leur
réponse
Une dame, critiquant dans un livre la loi de l'entretien de la femme,
écrit : «Il est exigé d'un mari qu'il fournisse à
sa femme des vêtements, un foyer et de la nourriture, de la même
façon qu'un propriétaire de cheval doit nourrir et donner
un abri à son cheval.»
Nous aimerions demander à cette dame comment elle est parvenue
à la conclusion qu'un mari possède sa femme, ou que c'est
cette "possession" qui serait à l'origine de son obligation d'entretenir
sa femme ? Comment peut-on appeler cela une possession, lorsque le possédant
ou le maître n'a même pas le droit de demander au possédé
(ou la "servante") de lui apporter un verre d'eau ? Quelle sorte de possession
permet à "l'esclave" de garder pour lui tout ce qu'il gagne, et
que tout ce gain lui appartient exclusivement et non à son "maître"
? Quel type de possession autorise "l'esclave" à demander un salaire,
s'il le désire, à son "maître" pour le moindre service
qu'il lui rendrait ? Quelle sorte de possession que celle dans laquelle
le "maître" n'a pas le droit d'obliger sa "servante" même à
allaiter son fils à lui, lequel est en l'occurrence son fils à
elle aussi ?
Puis, est-il vrai que le fait que les dépenses d'une personne
soient supportées par une autre, rend la première esclave
de la seconde ? Selon la loi de tous les pays du monde, le père
ou les parents sont responsables des dépenses de leurs enfants.
Peut-on, dans la même logique, dire que les enfants deviennent de
ce fait la propriété de leurs parents ? L'Islam a imposé
aux enfants l'obligation de se charger des besoins de leurs parents, si
ceux-ci ont besoin d'aide pécuniaire. Cela signifierait-il pour
autant que, selon l'Islam, les parents sont la propriété
de leurs enfants ?
Trois sortes d'entretiens
L'Islam reconnaît trois sortes d'entretiens
1 - Une personne qui possède des animaux doit les entretenir.
La base de cette sorte d'entretien est la possession.
2 - L'homme doit supporter les dépenses de ses enfants s'ils
sont mineurs ou pauvres. De même, on a le devoir d'entretenir ses
parents s'ils sont pauvres. La base de cette sorte d'entretien n'est pas
la possession, mais les droits naturels. Les enfants ont un droit naturel
sur leurs parents, parce que ceux-ci les ont mis au monde. De même
les parents ont un droit sur leurs enfants à qui ils ont donné
naissance. Cette sorte d'entretien est conditionnée par le besoin.
3 - Un mari doit entretenir sa femme. La base de cette sorte d'entretien
n'est ni la possession, ni aucun des droits naturels pris dans le sens
ci-dessus. Ces droits ne sont pas conditionnés par le besoin, ni
par la pauvreté, ni par l'invalidité ou la faiblesse, etc.
Même si la femme était millionnaire et ayant une rente
considérable, et que son mari soit relativement pauvre, il devrait
pourvoir aux besoins de la famille, y compris les dépenses personnelles
de sa femme. Un autre trait distinctif de cette catégorie d'entretien
est qu'à la différence des deux premières sortes d'entretien
dont la non-exécution constitue seulement un péché
et n'entraîne pas une action en justice, elle est juridiquement exécn
que la procédure que l'homme doit suivre pour sortir de l'embourbement
de son mariage lui soit spécifique, à lui, et que celle que
la femme doit suivre lui soit spécifique, à elle. Le divorce
est l'un des domaines où les droits de la femme et ceux de l'homme
sont dissemblables.
C'est cette théorie qui représente le point de vue islamique,
et que les pays musulmans appliquent, imparfaitement (et non complètement).
La femme
moderne ne veut-elle pas de dot et d'entretien ?
Nous avons déjà dit que du point de vue islamique, l'homme
est responsable des dépenses de toute la famille, y compris les
dépenses de sa femme, laquelle n'a pas une responsabilité
similaire. Même si la fortune de la femme est plusieurs fois supérieure
à celle du mari, elle n'est tenue de faire aucune contribution au
budget familial. Si contribution il y a de sa part, elle sera volontaire.
D'autre part, l'homme est tenu de payer les dépenses personnelles
de sa femme, mais l'Islam ne l'autorise pas à l'exploiter économiquement
ni à l'obliger à travailler dans ce but. A cet égard,
l'entretien de la femme est similaire à celui des parents, lequel
est obligatoire pour le fils dans certaines circonstances, sans que celui-ci
ait le droit, en contrepartie de cette obligation, de faire travailler
ses parents.
Sauvegarder
les intérêts économiques de la femme
L'Islam a sauvegardé les intérêts économiques
de la femme d'une façon sans précédent, car, d'une
part, il lui a accordé l'indépendance et la totale liberté
économiques, il a interdit à l'homme de s'emparer de sa propriété
et du fruit de son travail, et il lui a restauré le droit de tutelle
-qui était entre les mains de l'homme dans l'ancien monde, et en
Europe jusqu'au début du XXe siècle- sur ses propres affaires,
et, d'autre part, il l'a déchargée du poids du budget familial,
et l'a soulagée du souci de chercher les moyens d'assurer ce budget.
Mais les "occidentalistes", qui veulent critiquer coûte que coûte
cette noble loi islamique de l'entretien de la femme, n'ont trouvé
d'autre alternative que le recours au mensonge pour justifier leur critique.
Ils disent que la philosophie de l'entretien consiste en ceci que l'homme
se considère comme étant le maître de la femme, et
il l'exploite en la faisant travailler pour lui. De même, prétendent-ils,
que le propriétaire d'un animal doit supporter les dépenses
d'entretien de celui-ci afin qu'il puisse continuer à le servir,
de même, et dans le même but, la loi de l'entretien a rendu
obligatoire pour l'homme de fournir au moins le pain et le beurre à
sa femme.
En fait, si l'on voulait attaquer cette loi islamique d'une autre façon,
en disant qu'elle a trop choyé la femme aux dépens de l'homme,
puisqu'elle a fait de celui-ci un serviteur bénévole de celle-là,
l'objection aurait été plus recevable que lorsqu'elle est
faite au nom de la défense de la cause de la femme.
La vérité est que l'Islam n'a cherché à
favoriser ni l'homme ni la femme. Il n'est partial envers aucun d'eux.
Il a visé seulement le bien-être de l'un et de l'autre, tout
en pensant à leurs enfants communs et à l'humanité
tout entière. L'Islam croit que le seul moyen qui permette à
l'homme, la femme, leurs enfants, et toute l'humanité, d'atteindre
à la prospérité est de ne pas ignorer les lois naturelles
et les commandements du Tout-Puissant Créateur.
Comme nous l'avons souligné répétitivement, l'Islam
a toujours gardé présent à l'esprit que l'homme est
synonyme de besoin, de désir et de recherche de la femme, alors
que la femme est synonyme d'indifférence. L'Islam voit l'homme dans
le portrait de l'acheteur, et la femme dans celui du propriétaire
des biens. Du point de vue islamique, l'homme doit se considérer
comme étant le bénéficiaire, dans sa vie commune avec
sa femme, et il doit, par conséquent, se charger des dépenses
de cette vie conjugale. L'homme et la femme ne doivent pas oublier qu'en
matière d'amour, la nature leur a imparti deux rôles différents.
Le mariage ne peut être stable et heureux que s'ils jouent convenablement
leurs rôles naturels respectifs.
Une autre raison pour laquelle le mari a été rendu responsable
de l'entretien de sa femme est que c'est cette dernière qui supporte
toutes les souffrances en élevant les enfants. Le rôle naturel
de l'homme à cet égard est seulement le plaisir qu'il éprouve
dans l'acte sexuel, alors que la femme, elle, doit supporter toutes les
peines que provoquent la grossesse, la naissance et l'allaitement des enfants.
Toutes ces fonctions consument son énergie et réduisent
sa capacité à travailler. Si la loi avait décidé
de ne pas accorder à la femme cette protection normale, et de traiter
l'homme et la femme sur pied d'égalité concernant leur contribution
au budget familial, la position de la femme aurait été peu
enviable. Comme nous le savons, parmi les animaux qui vivent en couple,
aussi, c'est le mâle qui protège la femelle et l'aide en lui
apportant la nourriture pendant la couvaison.
En outre, sur le plan de la capacité de travail et de l'aptitude
à s'acquitter de tâches dures, rudes, productives et économiques,
l'homme et la femme ne sont pas égaux. Si les relations entre eux
se détériorent, et que l'homme refuse de dépenser
quoi que ce soit de son revenu pour sa femme, celle-ci pourrait difficilement
résister.
A tout cela s'ajoute le fait que la femme a plus besoin d'argent que
l'homme. Les produits de beauté, le maquillage, la tenue vestimentaire,
etc. font partie de la vie de la femme et constituent l'un de ses principaux
besoins. Ce que la femme dépense dans sa vie quotidienne pour ses
produits de beauté est plusieurs fois supérieur à
ce que l'homme dépense dans le même domaine. Sa tendance à
se faire belle a créé en elle le désir de la diversité
et de la variété. Pour un homme, un costume est utilisable
tant qu'il n'est pas déchiré, alors que pour une femme, un
vêtement n'est portable que s'il a l'air tout neuf. Souvent le vêtement,
l'ornement, perd sa valeur dès qu'il aura été porté
une seule fois. La capacité de la femme à gagner sa vie est
moindre que celle de l'homme, mais ses dépenses sont nettement supérieures.
Le tempérament de la femme, c'est-à-dire sa beauté,
sa vivacité et sa vanité, exige qu'elle fasse moins d'efforts
et qu'elle ait plus de repos. Si les circonstances l'obligent à
travailler dur et à déployer des efforts constants en vue
de gagner de l'argent, sa vanité sera blessée. Les soucis
financiers feront apparaître sur son front les rides qu'on observe
sur le visage de l'homme normalement. Nous avons souvent entendu dire que
les femmes occidentales, qui vivent la misère de la vie de l'usine,
des magasins, et des bureaux, envient la vie de la femme orientale. Et
il va de soi que la femme qui manque de tranquillité d'esprit, pourra
difficilement prendre soin d'elle-même ou devenir une source de joie
et de bonheur pour l'homme.
C'est pourquoi, il n'est pas seulement dans l'intérêt
de la femme, mais aussi dans l'intérêt de l'homme et du climat
familial, que la femme ne soit pas obligée de supporter la tâche
harassante de gagner sa vie. L'homme aussi aspire à ce que l'atmosphère
de la maison soit telle qu'elle lui permette de se détendre et d'oublier
ses soucis. Une telle atmosphère ne peut être suscitée
que par la femme, lorsqu'elle n'est, elle-même, ni fatiguée,
ni soucieuse. Que c'est pénible une situation dans laquelle un homme
fatigué et exténué rentre à la maison, pour
trouver devant lui une femme encore plus fatiguée et plus épuisée
que lui !
Donc la détente, la vivacité et la satisfaction sont
de la plus grande importance pour l'homme aussi.
La raison pour laquelle les hommes sont bien disposés à
mettre l'argent gagné difficilement à la disposition de leurs
femmes, et à leur permettre de le dépenser librement pour
leur propre confort, est le fait qu'ils se rendent compte qu'ils ont besoin
de leurs femmes pour avoir la paix de l'esprit. Ils réalisent qu'Allah
a fait de la femme la source du confort et de la détente de l'homme.
Le Coran dit : «De cet être IL a tiré son épouse,
pour qu'il se repose auprès d'elle» (Sourate al- A‘râf,
7 : 189). L'homme se rend compte que tout ce qu'il dépense pour
satisfaire sa femme, il le fait indirectement pour sa propre satisfaction
et son propre bonheur, ainsi que pour apporter un peu de lumière
dans sa vie familiale. Il sait que pour que soit possible que sa femme
et lui s'apportent réciproquement le confort, l'un d'eux au moins
ne doit pas être vaincu par l'épuisement, et que dans cette
division du travail, c'est l'homme qui est le plus à même
de lutter pour gagner sa vie, et que c'est la femme qui est la plus apte
à jouer le rôle de porteur de confort et de détente.
L'homme et la femme ont été créés de telle
sorte que, sur le plan financier et matériel, la femme doive dépendre
de l'homme, et, sur le plan moral et spirituel, l'homme doive dépendre
de la femme. La femme ne peut satisfaire ses besoins matériels sans
l'appui de l'homme, et c'est pourquoi l'Islam a enjoint à son mari
légitime (seulement le mari légitime) de pourvoir aux besoins
de sa femme.
Si la femme veut vivre d'une façon luxueuse, elle doit avoir
l'appui de son mari légitime. Autrement, elle aurait à dépendre
d'autres hommes, ce qui se produit malheureusement de plus en plus.
Pourquoi
décrier tant l'entretien de l'épouse ?
Les coureurs des jupons ont compris que si la femme n'obtient pas de
son mari la pleine satisfaction de ses besoins financiers, elle peut tomber
facilement dans leurs filets. C'est là l'une des raisons pour lesquelles
les partisans de la libération des mœurs de la femme dénoncent
à cor et à cri l'entretien financier de la femme par le mari.
Si l'on médite sur les raisons qui amènent le patronat à
payer de très hauts salaires aux femmes dans certaines entreprises,
on comprend facilement le point de ce trait de la psychologie féminine.
Il n'y a pas de doute que l'abolition du système de l'entretien
conduira beaucoup de femmes à la prostitution. Comment serait-il
possible pour une femme qui mène une vie indépendante de
l'homme de satisfaire elle-même tous ses besoins ?
L'idée de l'abolition de ce système d'entretien trouve
des appuis chez la catégorie d'hommes qui en ont assez des dépenses
extravagantes de leurs femmes. Ils veulent se venger des femmes extravagantes
à travers les femmes elles-mêmes, et ce au nom de l'égalité
et de la liberté.
Will Durant, définissant dans son livre "Les Plaisirs de la
Philosophie", le mariage moderne écrit : «C'est un mariage
légal, avec une contraception légale, un divorce à
consentement mutuel, et sans enfants ni entretien». Et d'ajouter
: «Les femmes à la mode de la classe moyenne ne tarderont
pas à devenir la cause de la vengeance de l'homme travailleur, de
toutes les femmes. Le mariage changera tellement de visage qu'il n'y aura
plus de femmes oisives qui n'ont pour souci que de se maquiller et d'alourdir
ainsi le budget familial. Les hommes demanderont à leurs épouses
de couvrir elles-mêmes leurs dépenses. Le mariage amical (moderne)
exigera de la femme qu'elle travaille jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte.
Et là, il y a un point important qui contribuera à l'achèvement
de la libération de la femme, à savoir que la femme sera
dorénavant responsable de la couverture de toutes ses dépenses,
de a à z. Les conséquences sévères de la révolution
industrielle sur la femme commencent à se faire sentir. La femme
doit travailler à l'usine à côté de son mari.
Et au lieu de rester à la maison toute seule, en obligeant son mari
à faire des heures supplémentaires pour compenser son oisiveté,
elle doit être son égale dans le travail, le salaire, les
droits et les devoirs».
Et Will Durant de conclure avec cette remarque ironique : «Tel
est le sens de la liberté de la femme.»
L'Etat remplace le mari
Il est indéniable qu'élever les enfants est la fonction
naturelle de la femme, et, de ce fait, elle doit dépendre de l'homme
pour ses besoins économiques et financiers.
Certaines gens en Europe moderne sont allés dans leur plaidoyer
pour la cause de la libération de la femme jusqu'à défendre
la restauration du système matriarcal. Ces gens croient qu'avec
l'indépendance totale de la femme, et son égalité
avec l'homme dans les affaires, le père sera à l'avenir un
membre superflu qu'on devrait exclure définitivement de la famille.
Dans le même temps, ces gens appellent l'Etat à prendre
la place du père et à allouer des primes aux femmes -lesquelles
ne voulaient point supporter la responsabilité de former une famille
toutes seules-, afin qu'elles ne cessent pas de porter des enfants et pour
que la race humaine ne s'éteigne pas. En d'autres termes, la femme
qui était dépendante de l'homme, ou selon certains, sa bonne,
deviendra dans le futur une dépendance, ou une bonne, de l'Etat.
Les devoirs et les droits du père seront transférés
à l'Etat.
On aurait aimé que ces gens, qui ont porté le marteau
pour détruire si aveuglément l'établissement sacré
de la famille, fondé sur les lois divines sacrées, aient
réfléchi aux conséquences désastreuses à
long terme, de leur action à courte vue.
Bertrand Russel, traitant de la question de l'intervention culturelle
et hygiénique de l'Etat concernant l'enfant, écrit dans son
livre "Le Mariage et la morale" : «Il paraît que le père
ne tardera pas à perdre son importance en tant qu'agent biologique.
Il y a un autre facteur efficace qui contribue à l'exclusion du
père, c'est la tendance des femmes vers l'indépendance économique.
Car les femmes qui participent souvent au vote sont des demoiselles ; or,
les problèmes des femmes mariées sont de nos jours plus nombreux
et plus graves que ceux des demoiselles. Bien qu'il y ait des dispositions
légales qui les protègent, les femmes mariées ont
des difficultés à être embauchées. Et pour préserver
leur indépendance économique, elles n'ont que deux alternatives
: ou bien elles conservent leurs emplois, auquel cas elles devraient confier
leurs enfants aux maternités contre paiement, ce qui conduirait
à agrandir et élargir les crèches et les maternités
tellement que l'enfant n'aura plus -psychologiquement- ni père ni
mère ; ou bien les jeunes femmes mariées devraient bénéficier
d'une aide pécuniaire leur permettant de se consacrer à leurs
enfants.
Mais la seconde alternative ne suffit pas à elle seule à
résoudre le problème. Elle doit être accompagnée
de dispositions légales rendant obligatoire la réembauche
de la mère par son employeur après que son enfant aura atteint
un certain âge. Cette solution a l'avantage de permettre à
la femme d'élever ses enfants elle-même, sans avoir besoin
de dépendre de son partenaire mâle pour cela... Si une telle
loi est effectivement promulguée, nous devrions attendre pour voir
ses répercussions sur les mœurs familiales. Il est possible que
la loi décide qu'un enfant illégitime n'aura pas droit à
une subvention, ou qu'au cas où il y aurait des présomptions
d'adultère de la part de la mère, la subvention sera donnée
au père. Dans ce cas, la police locale pourrait être amenée
à surveiller les femmes mariées. Les conséquences
d'une telle loi ne seront pas très agréables, et pourraient
embarrasser ceux qui se trouvent derrière ce développement
des mœurs. Par conséquent, on pourrait s'attendre à ce que
l'idée de l'intervention de la police soit écartée,
et que la subvention soit étendue aux mères d'enfants illégitimes.
Auquel cas, le rôle économique du père disparaîtra
totalement des classes laborieuses, et son importance pour les enfants
ne dépasserait pas celle d'un chat ou d'un chien de compagnie. La
civilisation -ou tout au moins la civilisation actuellement montante- tend
à affaiblir les sentiments maternels.
Pour préserver cette civilisation de la dérive, il se
peut qu'il soit nécessaire de donner à la femme suffisamment
d'argent pour qu'elle trouve la grossesse profitable, et dans ce cas il
ne serait pas nécessaire que toutes les femmes, ou la plupart d'entre
elles, choisissent la maternité comme travail. Ce serait un travail
comme un autre, que les femmes regardent avec intérêt et sérieux.
En tout état de cause, tout ce que nous avons dit jusque là
consiste en de pures suppositions. Ce que nous voulions expliquer, c'est
que le mouvement de libération de la femme conduirait à la
disparition du patriarcat, lequel représentait depuis l'époque
pré-historique la victoire de l'homme sur la femme. En Occident,
on croit que le fait que l'Etat soit en train de prendre la place du père
constitue un signe de progrès de la civilisation...»
Comme il ressort clairement des observations ci-dessus, l'abolition
de l'entretien de l'épouse par l'époux, ou l'indépendance
économique de la femme, comme aiment l'appeler ces messieurs, aura
les conséquences suivantes :
Le père sera exclu de la famille, ou au moins il perdra de son
importance. Le système matriarcal sera ravivé. Le gouvernement
prendra la place du père. Les mères seront prises en charge
par l'Etat. Les sentiments familiaux s'affaibliront. La maternité
perdra sa forme sentimentale pour prendre celle d'une profession.
Evidemment, le résultat de ces développements sera l'écroulement
complet de la famille, ce qui conduira à long terme à la
chute de l'humanité. Tout peut être corrigé à
l'avenir, mais nous perdrons quelque chose de très important, à
savoir le bonheur, la joie et la jouissance des plaisirs spirituels et
moraux propres à la vie familiale.
En tout état de cause, les partisans de l'indépendance
et de la libération totales de la femme et de l'exclusion du père
du milieu de la famille, estiment également que le devoir naturel
de la femme de mettre des enfants au monde exige qu'on lui accorde un droit
et une aide, et parfois même un salaire -selon eux-, que l'Etat doit
payer, et ce à la différence du cas de l'homme dont le travail
naturel ne nécessite pas un droit.
Il est à rappeler que les lois internationales accordent au
travailleur un salaire qui tient compte de la femme et des enfants, c'est-à-dire
que ces lois reconnaissent à la femme et aux enfants le droit à
l'entretien.
La
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme a-t-elle humilié
la femme ?
La Déclaration des Droits de l'Homme (Article 23, alinéa
3) dit : «Toute personne qui travaille, a droit à une rémunération
juste et satisfaisante qui lui assure, ainsi qu'à sa famille, une
existence digne de l'humanité.» Et, dans l'Article 25, un
alinéa stipule : «Toute personne a droit à un niveau
de vie convenable et à une protection et un bien- être pour
elle-même et sa famille, incluant la nourriture, le logement, les
services médicaux et sociaux nécessaires. Elle a droit à
une protection dans les cas de chômage, maladie, incapacité,
veuvage, vieillesse ou d'autres circonstances la privant de ses moyens
de subsistance et sortant de sa volonté.»
Ces deux articles impliquent que tout homme qui forme une famille doit
supporter les dépenses de sa femme et de leurs enfants, et que leurs
dépenses sont considérées comme faisant partie de
ses propres dépenses.
Bien que la déclaration des Droits de l'Homme affirme spécifiquement
que l'homme et la femme ont des droits égaux, elle ne considère
pas l'entretien de la femme par l'homme comme étant attentatoire
à cette égalité. De là, ceux qui citent toujours
cette Déclaration comme une référence qui fait autorité
doivent considérer l'entretien de la femme comme étant une
question définitivement établie et un fait accompli.
Les "occidentalistes", qui traitent de réactionnaire tout ce
qui est islamique, se permettront-ils d'outrager même le caractère
"sacré" de cette Déclaration, et de la considérer
comme un vestige de la servitude de la femme ?
En outre, lorsque la Déclaration des Droits de l'Homme dit que
toute personne a droit à la protection au cas de chômage,
de maladie, d'incapacité, de veuvage, de vieillesse, et dans toutes
autres circonstances qui la privent de moyens d'existence, elle ne décrit
pas le veuvage seulement comme un manque de moyens d'existence, mais elle
le mentionne au même titre que la maladie et l'incapacité.
Donc elle classe les femmes dans la catégorie des chômeurs,
des malades, des invalides et des retraités.. N'est-ce pas une insulte
à la femme ? Si une telle chose avait été mentionnée
dans n'importe quel livre ou code civil d'un pays oriental, elle aurait
certainement soulevé l'indignation et la protestation véhémente
de toute une meute de partisans de la libération de la femme.
Mais les gens suffisamment réalistes et sensés pour ne
pas subir l'influence de la fausse propagande, et suffisamment honnêtes
pour ne voir les choses qu'objectivement, savent bien que ni la loi de
la créa- tion, qui a fait de l'homme un moyen d'existence pour la
femme, ni la Déclaration des Droits de l'Homme, qui a placé
le veuvage dans la même catégorie que le chômage, ne
sont attentatoires à la dignité de la femme. De la même
façon, la loi islamique, qui a rendu obligatoire pour l'homme l'entretien
de la femme, n'est en aucun cas humiliante pour elle. Il est un fait que
la femme a été créée de telle manière
qu'elle a besoin de l'homme et qu'elle dépend de lui.
L'homme et la femme ont été créés interdépendants
l'un de l'autre, afin que leur union soit plus solide et que leurs relations
conjugales -dont dépend le bonheur de l'humanité- soient
plus fermes. Si la femme dépend financièrement de l'homme,
l'homme aussi dépend d'elle pour la paix de son esprit. Cette interdépendance
les rapproche plus et les unit mieux.
L'HERITAGE
Dans le monde antique, la femme n'héritait rien, et même
lorsqu'elle héritait, elle était traitée en mineure.
Elle n'avait pas une personnalité légale indépendante.
Selon certains codes anciens, la fille recevait un héritage, mais
pas ses enfants, tandis qu'un fils non seulement recevait un héritage
lui-même, mais ses enfants aussi héritaient de leur grand-père.
D'autres systèmes juridiques permettaient qu'une femme hérite,
mais pas sous forme d'une part prescrite par la loi, ou selon l'expression
coranique "une part prédéterminée", mais seulement
si le défunt voulait bien faire un geste en sa faveur dans son testament.
Les historiens et les chercheurs ont fait des comptes rendus détaillés
sur les différentes lois d'héritage en vigueur dans l'ancien
monde, mais il serait superflu de les exposer ici. Aussi nous contentons-nous
du sommaire que nous venons de faire ci-dessus.
Pourquoi
la femme était-elle privée d'héritage ?
La principale raison de la privation de la femme de l'héritage
était la prévention du transfert de la fortune d'une famille
à une autre. Selon les anciennes croyances, le rôle de la
femme dans la procréation était insignifiant. Les mères
servaient, d'après ces croyances, uniquement de réceptacle
pour le développement de la semence du père. On croyait que
les enfants du fils d'un homme étaient les propres enfants de ce
dernier, alors que les enfants de la fille d'un homme ne faisaient pas
partie de la famille, car ils appartenaient à la famille de leur
grand-père paternel. Donc, si une fille recevait un héritage,
cela signifiait le transfert de la propriété à ses
enfants, lesquels appartenaient à une famille sans lien avec celle
du défunt.
Feu le Dr Mûsâ ‘Amîd dit que jadis c'était
la religion, et non les liens de parenté naturels, qui constituait
la base de la formation de la famille. Le grand-père était
non seulement le chef social de ses enfants et de ses petits-enfants, mais
aussi et surtout leur chef religieux. L'exécution des cérémonies
et des rites religieux était transmise de génération
à génération par les descendants mâles seulement.
Les anciens considéraient les hommes seulement comme le moyen de
la préservation de la progéniture. Pour eux, le père
de famille ne donnait pas seulement vie à son fils, mais il lui
passait également les croyances et les rites religieux. Selon les
hindous, les grecs et les romains, le pouvoir de la procréation
était confié aux hommes seulement, et par conséquent
les religions familiales étaient le monopole des hommes, alors que
les femmes n'avaient pas le droit de toucher aux affaires religieuses,
sauf à travers leurs pères et maris. Et comme elles ne pouvaient
pas prendre part à l'exécution des cérémonies
religieuses, elles étaient naturellement privées de tous
les privilèges familiaux. De là, lorsque le système
de l'héritage vit le jour, elles en furent exclues.
L'exclusion de la femme de l'héritage avait d'autres raisons
aussi. L'une d'elles était le fait que la femme ne pouvait pas devenir
un bon soldat. Dans une société où l'on attachait
une grande valeur aux actes héroïques et à la force
combattante, et où un guerrier était considéré
comme étant supérieur à cent mille non-combattants,
on priva la femme du droit à l'héritage, parce qu'il lui
manquait la capacité de combattre.
C'est pour cette raison d'ailleurs que les Arabes de l'époque
pré-islamique s'opposaient à l'héritage de la femme,
laquelle ne pouvait hériter tant qu'il existait un mâle -si
lointain fût-il- dans la famille. Et c'est pourquoi ils furent grandement
surpris lorsque, à l'avènement de l'Islam, le Coran dit :
«Les hommes ont une part de ce que leurs parents et leurs proches
ont laissé, et les femmes ont une part de ce que leurs parents et
leurs proches ont laissé. Que cela représente peu ou beaucoup
: c'est une part déterminée.» (Sourate al-Nisâ',
4 : 7)
Il est arrivé qu'à cette époque-là, le
célèbre poète arabe, Hassân Ibn Thâbit,
mourut en laissant derrière lui une femme et quelques f illes. Ses
cousins s'emparèrent alors de toute sa fortune, ne laissant rien
à sa femme et à ses filles. Sa veuve s'en plaignit auprès
du Prophète (P). Le Messager d'Allah les convoqua. Pour se justifier,
les cousins dirent :«la femme ne porte pas d'arme ni ne combat. C'est
nous qui brandissons les épées pour nous défendre
et défendre cette femme. C'est pourquoi, la propriété
doit appartenir aux hommes». Le Prophète leur communiqua alors
le jugement d'Allah ci-dessus.
L'Héritage du fils adoptif
Les Arabes du pré-Islam adoptaient parfois un fils. Le fils
adoptif, était considéré comme héritier, au
même titre qu'un fils réel. La coutume de l'adoption existait
également chez d'autres nations, dont les anciens Romains et les
Perses. Le fils adoptif, étant considéré comme un
fils réel, jouissait de privilèges auxquels les filles en
ligne directe n'avaient pas droit. Ces privilèges incluaient le
droit à l'héritage. Similairement, le mariage avec la femme
d'un fils adoptif était prohibé. Le Saint Coran a aboli ces
coutumes.
L'Héritage d'un allié
Une autre coutume, qui prévalait parmi les Arabes pré-islamiques
et que l'Islam a abolie, était celle de l'alliance. Deux personnes
sans liens familiaux entraient en alliance l'une avec l'autre, se promettant
réciproquement par serment : «Ton sang est le mien ; toute
agression contre toi sera une agression contre moi ; tu hériteras
de moi et moi de toi». En vertu de cette alliance, toutes les deux
personnes se défendaient mutuellement durant toute leur vie, et
celle qui mourait la première laissait à l'autre sa propriété.
La femme, une partie de l'héritage
Parfois, les Arabes pré-islamiques comptaient une veuve comme
faisant partie de la propriété laissée par son mari
défunt, et se l'appropriaient par conséquent. Si le défunt
avait un fils d'une autre femme, celui-ci pouvait jeter un morceau de tissu
sur la veuve en signe de son acquisition. Par la suite, il pouvait disposer
d'elle comme il voulait et désirait. Il avait le choix entre se
marier avec elle ou l'offrir en mariage à quelqu'un d'autre pour
empocher sa dot. Cette coutume, qui n'était pas particulière
aux Arabes, fut abolie par le Coran.
Il y a dans les anciennes lois de l'Inde, du Japon, de Rome, de la
Grèce et de la Perse beaucoup d'aspects inacceptables, relatifs
à l'héritage. La continuité de notre exposé
ne nous permet pas de nous y attarder.
L'héritage
de la femme en Iran, à l'époque sassanide
Le défunt Sa‘îd Nafîcî écrit dans son
livre "L'Histoire sociale de l'Iran, de l'époque Sassanide à
la fin de l'époque Omayyade" : «Un autre trait intéressant
de la culture sassanide était que lorsqu'un garçon atteignait
l'âge de la puberté, son père le mariait à l'une
de ses nombreuses femmes. Pendant cette période, la femme n'avait
pas de personnalité juridique. Le père et le mari avaient
un large pouvoir sur sa propriété. Il était du devoir
du père ou du chef de la famille de marier la fille lorsqu'elle
atteignait l'âge de 15 ans. Mais l'âge du mariage des garçons
était de 20 ans. Après son mariage, la fille n'avait pas
le droit d'hériter de son père ni de son protecteur. Elle
n'avait pas le droit de choisir son mari elle-même, mais elle pouvait
contracter un mariage illégal, si son père ne réussissait
pas à la marier lorsqu'elle arrivait à l'âge de la
puberté, auquel cas elle n'héritait pas de son père.
Le nombre des femmes avec lesquelles un homme pouvait se marier était
illimité. Les sources grecques mentionnent des cas où un
homme avait plusieurs centaines de femmes dans sa maison. Les livres religieux
zoroastriens montrent que les règles du mariage à l'époque
sassanide étaient complexes et confuses.»
L'Héritage de
la femme en Islam
La loi musulmane de l'héritage est dépouillée de
tous les défauts et manques du passé. La seule chose à
laquelle pourraient y objecter les tenants de l'égalité entre
l'homme et la femme est que la part de celle-ci est la moitié de
la part de l'homme. En vertu de la loi islamique, en effet, un fils reçoit
le double de la part d'une fille, un frère reçoit deux fois
plus qu'une sœur, et un mari deux fois la part de la femme. Le cas du père
et de la mère seulement fait exception à cette règle.
Si un défunt laisse des enfants, et que ses parents sont vivants,
chacun de ces derniers aura un-sixième de sa propriété
laissée en héritage.
C'est parce que la femme a une position spéciale relative à
la dot, à l'entretien, au service militaire et à certaines
dispositions de la loi criminelle, que sa part a été fixée
à la moitié de celle de l'homme.
Pour des raisons que nous avons mentionnées plus haut, l'Islam
considère la dot et l'entretien comme des facteurs essentiels et
efficaces pour la consolidation d'un mariage. Ils assurent l'harmonie et
la cohérence du foyer conjugal. Leur abolition pourrait probablement
ébranler la structure familiale et pousser la femme à la
prostitution. La dot et l'entretien étant obligatoires, les engagements
financiers de la femme sont naturellement réduits, et la charge
de l'homme augmentée proportionnellement. Pour compenser la charge
supplémentaire de l'homme, sa part dans l'héritage a été
fixée au double de celle de la femme. Ce sont la dot et l'entretien
qui ont justifié la réduction de la part de la femme dans
l'héritage.
L'objection
des "occidentalisants"
Certains "occidentalisants", lorsqu'ils parlent de justice et invoquent
la question de la diminution de la part de la femme dans l'héritage
pour critiquer l'Islam, posent le problème de la dot et de l'entretien
et disent : «Pourquoi diminuer la part de la femme dans l'héritage,
pour pallier ensuite cette diminution par la dot et l'entretien ? Pourquoi
emprunter ce chemin tortueux au lieu de résoudre le problème
directement ? Pourquoi ne pas donner à la femme dès le départ
une part égale à celle de l'homme, pour éviter d'être
obligé par la suite de la compenser en lui allouant une dot et une
pension ?»
Ces messieurs, qui se montrent parfois plus royalistes que le roi,
ont pris la cause pour l'effet et l'effet pour la cause. Ils pensent que
la dot et l'entretien sont les effets de la position particulière
concernant l'héritage, alors que c'est le contraire qui est vrai.
De plus, ils semblent avoir l'impression que l'aspect financier est la
seule considération. Si cet aspect était vraiment la seule
considération, il n'y aurait évidemment pas besoin de dot
et d'entretien, ni de disparité entre les parts de l'homme et de
la femme. Comme nous l'avons mentionné plus haut, l'Islam a pris
en considération plusieurs aspects, dont les uns sont naturels et
d'autres psychologiques. Il a considéré les besoins spécifiques
de la femme comme étant suscités par sa fonction procréative.
L'homme n'a pas naturellement de tels besoins. En outre, d'une part la
capacité de la femme à gagner sa vie est moindre que celle
de l'homme, et d'autre part sa consommation et ses dépenses sont
supérieures. De plus, il faut tenir compte de la différence
dans la psychologie de l'homme et de la femme, le premier devant représenter
pour la femme le rôle de celui qui paie. Il y a d'autres facteurs
psychologiques et sociaux nécessaires au renforcement des relations
familiales qui ont été pris en considération. C'est
en tenant compte de l'ensemble de ces facteurs que l'Islam a rendu obligatoire
la dot et l'entretien. Donc, il ne s'agit pas d'une simple question financière,
pour qu'on puisse dire qu'il n'est pas nécessaire de réduire
la part de la femme ici et de compenser cette réduction là.
L'objection
des hérétiques à la loi de l'héritage pendant
les premiers temps de l'Islam
Nous avons dit que la dot et l'entretien de la femme sont la cause,
et la position particulière de la femme relative à l'héritage
est l'effet. Ce point n'a pas été découvert aujourd'hui.
Il se posait même pendant les premiers temps de l'Islam.
En effet, Ibn Abi al-‘Awjâ', qui a vécu au second siècle
de l'Hégire, ne croyait ni en Dieu ni à la religion. Profitant
de la liberté religieuse de cette époque-là, il exprimait
ouvertement ses idées athées. Parfois il se rendait même
au Masjid al-Harâm (à La Mecque) ou au Masjid al-Nabî
(à Médine) pour débattre des principes de l'Islam
avec les ulémas de son époque. L'une des objections qu'il
soulevait à l'Islam concernait l'héritage. Il disait à
ce sujet : «Quelle faute la pauvre femme a-t-elle commise, pour qu'elle
obtienne seulement une part dans l'héritage, alors que l'homme en
obtient deux ?» Selon lui, c'était là une injustice
faite à la femme. Répondant à cette objection l'Imam
al-Sâdiq dit : «La raison en est que l'Islam a dispensé
la femme de participer à la guerre sainte, et qu'Allah lui a accordé
le droit d'exiger de l'homme une dot, et que dans le cas de
certains crimes involontaires où les proches du criminel doivent
payer une indemnité de sang, la femme en est exonérée.»
Ainsi, l'Imam al-Sâdiq a justifié franchement la position
spécifique de la femme relative à l'héritage, à
la dot, à la pension d'entretien, et à son exemption du service
militaire et du paiement de l'indemnité du crime. Les autres Imams
ont répondu de la même façon, lorsque cette question
leur a été posée.
LE DIVORCE
Aucune époque ne s'est préoccupée autant que l'a
fait la nôtre, du danger de l'écroulement de la structure
de la famille et de ses conséquences, et aucune autre époque
n'a souffert sur le plan pratique autant que notre époque de ce
danger et de ses conséquences négatives.
L'augmentation
du nombre des divorces dans la vie moderne
Jadis on ne prêtait pas beaucoup d'attention au problème
du divorce, à ses causes et à ses mauvaises conséquences,
ni on ne prenait de mesures en vue de le prévenir. Toutefois les
cas de divorce étaient de très loin moins nombreux que ceux
d'aujourd'hui. Il ne fait pas de doute que la différence entre le
passé et le présent est due au fait que maintenant les causes
du divorce ont augmenté. la vie sociale a pris une telle tournure
qu'aujourd'hui il y a beaucoup plus de motifs de séparation et de
dislocation des liens familiaux, et c'est ce qui a rendu vains les efforts
des sociologues et des spécialistes de ce domaine, en vue d'endiguer
ce fléau. Malheureusement, il y a fort à parier que l'avenir
sera pire que le présent sur ce plan.
Le magazine américain "Newsweek" écrit dans un article
intéressant intitulé "Le Divorce en Amérique" qu'il
est plus facile de divorcer que de prendre un taxi aux Etats-Unis. "Newsweek"
ajoute que deux proverbes relatifs au divorce sont répandus, parmi
les Américains, plus que tout autre proverbe. L'un dit : «Même
la pire des réconciliations entre un homme et sa femme vaut mieux
que le divorce». Il vit depuis 400 ans. L'autre, qui traduit une
vue diamétralement opposée et qui a gagné du terrain
au cours de la seconde moitié du 20e siècle, dit : «Le
second amour est plus plaisant que le premier».
L'article montre que «le second proverbe a trouvé plus
d'illustration aux Etats-Unis, où le mirage du divorce attire non
seulement les nouveaux-mariés, mais aussi leurs mères et
les vieux couples. Et c'est à tel point que la moyenne annuelle
de divorces n'est jamais descendue au-dessous de 400000, dont 40 % concernent
des couples mariés depuis plus de 10 ans, et 13 % depuis plus de
20 ans. L'âge moyen des 2 millions de femmes divorcées aux
Etats-Unis est de 45 ans. 62 % d'entre elles étaient mères
d'enfants âgés de moins de 18 ans. Ces femmes forment en fait
une génération spéciale.
«Bien que la femme américaine se sente tout à fait
libre après le divorce, il n'empêche que la femme divorcée,
qu'elle soit jeune ou d'âge moyen, est loin de retrouver une vie
heureuse. Il est facile de se rendre compte que ces femmes divorcées
restent malheureuses, car on constate qu'un nombre croissant d'entre elles
fréquentent les cabinets des psychiatres ou sombrent dans l'alcoolisme.
Une femme divorcée sur quatre est alcoolique. Le taux moyen de suicide
parmi elles est trois fois supérieur à celui de femmes qui
conservent leurs maris. Bref, dès qu'une femme sort victorieuse
de son procès de divorce, elle ne tarde pas à réaliser
que sa vie après le divorce est loin d'être rose. Le monde
peut difficilement avoir une bonne opinion de la femme qui dissout son
mariage, lequel est la forme la plus solide des relations humaines. La
société peut respecter une telle femme et même l'envier,
mais personne ne songerait à en faire la partenaire en qui il pourrait
chercher le bonheur.»
Dans cet article de Newsweek, la question qui a été soulevée
est de savoir si la croissance des cas de divorce est due plutôt
à l'incompatibilité de tempéraments entre le mari
et la femme, ou bien à d'autres facteurs. L'auteur de l'article
dit que «même si l'incompatibilité de tempérament
est admise comme étant la cause de séparation entre les couples
nouvellement mariés, comment peut-on expliquer le cas de ceux qui
ont été mariés depuis bien longtemps ? Si l'on tient
compte des avantages que les lois américaines procurent à
la femme divorcée, la réponse à cette interrogation
est que la cause du divorce dans les mariages de vieux de dix ans et vingt
ans n'est pas l'incompatibilité de caractère entre les deux
époux, mais le refus de supporter les anciens désaccords
et le désir d'avoir plus de plaisirs et de nouvelles jouissances.
A l'ère de la contraception, de la révolution sexuelle et
de la hausse de la côte de la femme, une idée a fait son chemin
parmi les femmes, selon laquelle le plaisir doit passer avant la sauvegarde
de la famille. Ainsi, on voit souvent, dans un couple qui a vécu
ensemble pendant de longues années, mis au monde des enfants, partagé
le bonheur et le malheur, la femme décider subitement d'obtenir
le divorce, sans qu'aucun facteur soudain soit intervenu dans la condition
morale ou matérielle de sa vie conjugale. La raison de cette décision
subite réside dans le fait que, jusqu'à la veille, elle était
disposée à supporter la vie monotone, alors que maintenant,
elle ne veut plus l'accepter. La femme américaine d'aujourd'hui
est plus désireuse de plaisir que celle d'hier, et beaucoup moins
encline à supporter le manque que sa grand-mère.»
La croissance des cas de divorce n'est pas limitée aux Etats-Unis.
Partout où le mode de vie occidental moderne prévaut plus
ou moins, le nombre des divorces va croissant. Même en Orient, le
divorce est nettement plus courant dans les grandes villes modernisées
que dans les petits villages du pays profond.
L'environnement
américain est propice au divorce
Nous avons déjà dit, citant Newsweek, que la femme américaine
fait passer le désir du plaisir avant la stabilité de la
vie conjugale. Voyons maintenant pourquoi elle adopte une telle attitude
? Il est certain que cette attitude n'est ni naturelle ni instinctive.
Il y a quelque raison sociale derrière elle. C'est le milieu ambiant
américain qui a inculqué cette mentalité à
la femme américaine. Certains esprits occidentalisants s'efforcent,
avec application, de pousser la femme orientale à suivre la voie
que les femmes américaines ont empruntée. S'ils réussissent,
le sort de la femme orientale et de la famille orientale ne sera pas différent
de celui de la femme et de la famille américaines.
Un quotidien français éminent écrit que «dans
plus de 200 restaurants et cabarets de la Californie, les serveuses travaillent
la poitrine nue. Le maillot de bain sans soutien- gorge a été
reconnu comme la tenue vestimentaire de travail à San Fransisco
et Los Angeles. Des dizaines de salles de cinéma à
New York projettent des films pornographiques, en exposant sur leurs devantures
des affiches de femmes nues. Certains de ces films ont pour titres : "L'échange
d'épouses", "Des filles immorales", "Le vêtement qui ne cache
rien". Dans les vitrines des librairies, il est rare de voir un livre dont
la couverture ne montre pas la photo d'une femme nue. Même les livres
traditionnels ne font pas exception. Des titres tels que : "Le comportement
sexuel d'un homme en Occident", "Le comportement sexuel des jeunes au-dessous
de 20 ans", "Les nouvelles méthodes de faire l'amour, d'après
les plus récentes informations" sont très courants.»
L'auteur de l'article du quotidien français s'exclame : «Où
va l'Amérique !»
Dans un tel environnement, si la femme américaine a perdu son
équilibre, et qu'elle préfère le plaisir à
la fidélité à son mari et à sa famille, elle
n'est pas à blâmer. C'est l'atmosphère sociale qui
a secoué la racine même du système familial sacré.
Il est surprenant que les avant-gardes de notre époque fassent
tout pour augmenter les causes du divorce et de la désintégration
de la vie familiale d'une part, et se lamentent sur la hausse du taux de
divorces d'autre part. Ils font comme si l'on disait à quelqu'un
de ramoner une cheminée, en lui demandant de ne pas salir ses vêtements.
Cinq théories
Maintenant essayons de voir si le divorce est, en principe, une bonne
chose ou une mauvaise chose.
La question de savoir s'il est bien de laisser la porte du divorce
grande ouverte, même avec le risque de la désintégration
de la vie familiale ? Si c'est bien, il n'y a pas de mal à ce que
le taux de divorces soit en hausse. Et si c'est déconseillé,
doit-on alors fermer complètement la porte du divorce pour que l'union
conjugale reste éternelle ? Une troisième alternative est
que le divorce ne devrait pas être aboli légalement, car dans
certaines circonstances il est inévitable, mais que la société
devrait, en même temps, prendre toutes les mesures possibles pour
éliminer les facteurs du désaccord et de la séparation
entre les deux époux, et sauver ainsi les enfants du danger d'une
vie sans foyer. Evidemment, la loi ne peut rien contre le divorce, si la
société elle-même encourage les causes qui conduisent
au divorce.
Si le divorce n'est pas totalement aboli, sous quelle forme devrait-il
être autorisé ? Qui devrait exercer le droit de divorce ?
Le mari, la femme, ou tous les deux ? Dans le troisième cas l'homme
et la femme auront-ils la même procédure pour obtenir le divorce,
ou bien chacun de deux sexes devrait-il avoir une procédure séparée
?
En tout état de cause, il y a cinq théories relatives
à la question du divorce :
1 - Le divorce est libre, et sans aucune restriction morale ou légale.
Il y a ceux qui regardent le mariage seulement du point de vue de la recherche
du plaisir, qui n'y voient aucun caractère sacré, et qui
ne prennent pas en considération la valeur sociale du foyer conjugal
et de la famille. Ils pensent que le plus vite les liens du mariage sont
noués, renouvelés, et changés, le plus grand sera
le plaisir offert à l'homme et à la femme. Les gens qui disent
que "le second amour est plus plaisant", soutiennent cette théorie.
Celle-ci a ignoré la valeur sociale de foyer familial et oublie
le bonheur, l'entente, et la fidélité qu'on ne peut obtenir
que par la continuation de la relation conjugale et la fusion de deux âmes
en une seule. Ainsi, cette théorie est la théorie la plus
puérile et la plus immature dans ce domaine.
2 - Le mariage est un pacte sacré. C'est une union de deux cœurs
et de deux âmes, qui doit rester saine et sauve. Le mot divorce doit
être banni du dictionnaire de la société. La femme
et l'homme qui se marient doivent savoir qu'à part la mort rien
ne peut les séparer.
C'est cette théorie qui a été préconisée
pendant des siècles par l'Eglise Catholique, et qui l'est encore.
Les partisans de cette théorie sont en nombre décroissant
dans le monde. Seules l'Italie et l'Espagne catholique y adhèrent
encore. Nous avons souvent entendu que, même en Italie, les hommes
et les femmes élèvent la voix contre cette loi, et que des
efforts y sont déployés en vue de reconnaître officiellement
le divorce. Beaucoup de gens ne veulent plus continuer à souffrir
le martyre de l'échec de leur mariage.
Il y a quelques années, le Daily Express a publié un
article sous le titre : "Le Mariage en Italie est synonyme de servitude
pour la femme". L'article dit que : «A présent, à cause
de l'inexistence du divorce, beaucoup de gens en Italie sont acculés
à des relations sexuelles illégales. Plus de cinq millions
Italiens croient que leur vie n'a été que péché.»
Un quotidien italien a écrit : «La prohibition du divorce
a créé un grand problème aux Italiens. Beaucoup d'entre
eux ont renoncé à leur nationalité italienne pour
cette même raison. Lorsqu'une agence italienne organisa un sondage
d'opinion, 97 % des femmes sondées ont répondu par la négative
à la question de savoir si le divorce est contraire ou non aux principes
religieux.»
Quant à l'Eglise, elle persiste dans son opinion et s'efforce
de démontrer le caractère sacré du mariage et la nécessité
de sa consolidation.
Il ne fait pas de doute que le mariage est un lien sacré et
qu'il doit être durable et éternel. Mais il ne peut durer
que si les deux époux coopèrent l'un avec l'autre. Il y a
des situations dans lesquelles une compréhension ou une entente
mutuelle entre une femme et son mari n'est pas possible. Dans de telles
circonstances, les forces de la loi ne peuvent être employées
pour les amener à s'attacher l'un à l'autre au nom du lien
conjugal. La théorie de l'Eglise a été un échec
total. Il n'est pas improbable que l'Eglise elle-même soit contrainte
rapidement de réviser ses vues. C'est pourquoi il n'est pas nécessaire
que nous nous attardions davantage sur l'opinion de l'Eglise et sur la
critique de cette opinion.
3 - Le mariage est dissoluble par l'homme et non par la femme. Dans
le monde antique, beaucoup de gens soutenaient une telle vue, mais maintenant
nous ne pensons pas qu'elle ait encore des partisans.
4 - Le mariage est une institution sacrée, et le système
familial est respectable, mais la possibilité de divorcer sous certaines
conditions doit être offerte aux deux époux, et la procédure
de la dissolution du mariage doit être la même pour les deux.
Les tenants de "la similarité des droits familiaux", improprement
appelée "l'égalité des droits pour l'homme et la femme"
appuient cette théorie. Selon eux, les mêmes conditions, les
mêmes limites, et les mêmes restrictions qui existent pour
la femme doivent exister également pour l'homme, et les mêmes
voies qui ont été ouvertes à l'homme pour qu'il sorte
de l'impasse du mariage doivent être ouvertes également devant
la femme ; autrement il y aurait injustice et discrimination.
5 - Il ne fait pas de doute que le mariage est une institution sacrée,
que le système familial est respectable, que le divorce est détestable,
et que c'est un devoir essentiel pour la société d'éliminer
les causes du divorce. Mais, en même temps, il ne faut pas que la
loi ferme la porte du divorce devant les mariages non réussis. Les
moyens de se sortir des entraves du mariage doivent être ouverts
à l'homme et à la femme, à condition que la procédure
que l'homme doit suivre pour sortir de l'embourbement de son mariage lui
soit spécifique, à lui, et que celle que la femme doit suivre
lui soit spécifique, à elle. Le divorce est l'un des domaines
où les droits de la femme et ceux de l'homme sont dissemblables.
C'est cette théorie qui représente le point de vue islamique,
et que les pays musulmans appliquent, imparfaitement (et non complètement).
Le Divorce II
A notre époque, le divorce est devenu un problème mondial,
car tout le monde se plaint et se complaint à son propos. Ceux dont
la loi interdit totalement le divorce se plaignent de l'inexistence d'un
moyen d'échapper des mariages ratés et mal assortis. D'autre
part, ceux qui ont ouvert la porte du divorce devant aussi bien l'homme
que la femme, se plaignent de la hausse du taux des divorces, et de l'instabilité
de la vie familiale et de ses effets nuisibles. Ceux qui ont accordé
le droit du divorce aux hommes seulement se disent aussi insatisfaits pour
deux raisons :
Premièrement, certains hommes, divorcent d'une façon inattendue,
après de longues années de vie conjugale commune, et divorcent
de leurs femmes qui ont passé la meilleure partie de leur jeunesse
avec eux, tout simplement parce qu'ils se sentent subitement désireux
d'avoir une nouvelle femme.
Deuxièmement, certains hommes, d'esprit mesquin, refusent de
divorcer d'une femme avec laquelle il n'y a pas d'espoir de vivre en harmonie
et bonne entente.
Il arrive souvent que, pour une raison quelconque, les différends
entre un mari et sa femme atteignent un tel stade qu'il n'y a plus aucune
possibilité de réconciliation, et qu'ils vivent pratiquement
séparés l'un de l'autre. Dans de telles circonstances, la
seule solution qui reste est de couper légalement les relations
qui ont été déjà rompues pratiquement, et de
permettre ainsi à chacun d'eux de chercher un nouveau partenaire.
Malheureusement, certains hommes, par malveillance, et voulant harrasser
leurs femmes et les empêcher de jouir d'une nouvelle vie conjugale,
refusent de divorcer d'avec elles. Ils laissent leurs femmes "comme en
suspens" selon les termes du Coran.
Ces hommes sont à mille lieues des enseignements de l'Islam,
bien qu'ils utilisent l'autorité de la loi islamique pour justifier
leur attitude inconvenable. Leur conduite donne l'impression, à
ceux qui ne connaissent pas en profondeur l'esprit des enseignements islamiques,
que c'est comme cela que l'Islam conçoit le divorce. C'est ce qui
a permis aux détracteurs de l'Islam de se demander avec sarcasme
si l'Islam a vraiment autorisé les hommes à harasser leurs
femmes à leur guise, tantôt en divorçant d'avec elles,
tantôt en refusant le divorce, tout en ayant la conscience tranquille
d'exercer leur droit légitime et légal.
Ils disent qu'un tel comportement constitue un exemple flagrant d'injustice
et de cruauté. Ils se demandent, s'il est vrai, comme les Musulmans
l'affirment, que les lois islamiques ont été fondées
sur la justice et la droiture, quelles mesures l'Islam a-t-il prises pour
prévenir une telle injustice.
A propos de la cruauté et de l'injustice de tels actes, il n'y
a aucun doute. Nous mentionnerons plus loin tout ce que l'Islam a entrepris
pour les empêcher. Mais ce qui importe, c'est de savoir quel est
le moyen le plus approprié pour prévenir cette injustice
et cette cruauté. Les actes d'injustice sont-ils dus à des
défauts dans la loi du divorce, ou bien faut-il chercher leurs causes
ailleurs ? Peut-on les éliminer en modifiant la loi, ou d'autres
mesures sont-elles nécessaires à cet égard ?
L'Islam a ses propres vues sur les solutions des problèmes sociaux.
D'aucuns pensent que ces problèmes peuvent être résolus
soit par la promulgation d'une nouvelle loi, soit par la modification des
lois existantes. Mais l'Islam réalise qu'une loi a ses limites propres.
Elle ne peut être efficace que dans le cadre des relations sèches
et contractuelles entre les gens. Mais quand il s'agit des relations sentimentales,
la loi n'y peut rien à elle toute seule. D'autres mesures sont nécessaires
pour résoudre le problème.
Comme nous allons le voir, l'Islam a utilisé pleinement la force
de la loi, là où elle pourrait être efficace. Et elle
n'a pas échoué à cet égard.
Les Divorces ignobles
Tout d'abord nous traiterons du problème capital de notre époque,
en l'occurrence, les divorces ignobles.
En principe, l'Islam s'est opposé énergiquement au divorce.
Il veut qu'il n'ait pas lieu, dans la mesure du possible. Il l'autorise
seulement en dernier ressort, au cas où la séparation est
inévitable. Ceux qui se marient fréquemment en divorçant
d'avec leurs anciennes femmes sont dénoncés par l'Islam comme
étant les ennemis d'Allah.
Le célèbre livre de Hadith -tradition- "Al-Kâfî"
rapporte le récit suivant :
Le Saint Prophète demanda à un homme :
-Qu'as-tu fait de ton épousée ?
-J'ai divorcé d'avec elle, répondit l'homme.
-Avait-elle fait quelque chose de mal, demanda le Prophète (P)?
-Non, dit-il.
Quelque temps a près, l'homme en question se remaria. Le Prophète,
l'ayant vu, lui demanda :
-T'es-tu remarié ?
-Oui, répondit-il.
-Quelque temps après, le Prophète le revit et lui demanda
encore:
-Qu'as-tu fait avec ta nouvelle épouse?
-J'ai divorcé d'avec elle, répondit l'homme.
-Avait-elle fait quelque chose de mal, lui demanda le Prophète
(P)?
-Non, dit l'homme
L'homme se remaria une troisième fois, et le Prophète
lui demanda, s'il avait eu une nouvelle femme, question à laquelle
il répondit par l'affirmative.
Après quelque temps, le Saint Prophète lui demanda encore:
-Qu'as-tu fait de ta troisième épouse ?
-J'ai divorcé d'avec elle, répondit l'homme
-Avait-elle fait quelque chose de mal, ?
-Non.
-Le Saint Prophète dit alors qu'Allah déteste l'homme
qui change fréquemment de femme, et la femme qui change fréquemment
de mari. De telles gens sont les ennemis d'Allah.
On rapporta au Saint Prophète qu'Abû Ayyûb al-Ançârî
avait décidé de divorcer de sa femme. Le Prophète
(P) connaissait personnellement cette femme.Il savait aussi que la décision
d'Abû A yyûb n'était pas justifiée. Aussi déclara-t-il
à ce propos:
Le divorce d'avec Umm Ayyûb [la femme d'Abû Ayyûb]
est un péché mortel.
Le Saint Prophète dit que l'Archange Gabriel l'avait exhorté
et lui avait conseillé tellement de ne pas recourir au divorce,
qu'il avait pensé que divorcer d'une femme n'était autorisé
que lorsqu'elle était coupable d'adultère.
L'Imam al-Sâdiq a rapporté que le Saint Prophète
avait dit : «Rien n'est plus plaisant pour Allah qu'une maison où
un mariage a lieu, et rien n'est plus déplaisant pour Lui qu'une
maison où un divorce a lieu.»
L'Imam al-Sâdiq a dit aussi que si le mot divorce a été
mentionné à plusieurs reprises dans le Coran, c'est parce
qu'Allah est contre le divorce et la séparation.
Al-Tabarsî rapporte dans Makârim al-Akhlâq que le
Prophète a dit: «Mariez-vous, mais ne divorcez pas, car le
divorce secoue le trône d'Allah.»
L'Imam al-Sâdiq a dit : «Il n y a pas d'acte autorisé
plus déplaisant pour Allah que le divorce. Allah déteste
ceux qui divorcent fréquemment.»
De tels hadith (traditons) sont relatés dans les livres sunnites
aussi. Abû Dawûd a rapporté dans ses Sunan que le Prophète
(P) a dit: «Allah n'a pas autorisé un acte autant détestable
que le divorce». En d'autres termes, bien qu'Allah ait autorisé
le divorce, IL le déteste le plus.
Les grands dirigeants religieux (les Imams) se sont abstenus du divorce
dans la mesure du possible. Les cas de divorces sont extrêmement
rares dans leur vie. Ils ne se sont résolus au divorce que lorsqu'ils
avaient des raisons tout à fait valables pour le faire. Par exemple,
l'Imam al-Bâqir s'était marié avec une femme qu'il
aimait beaucoup. Mais un jour, il remarqua que cette femme était
hostile à l'Imam Alî Ibn Abî Tâlib et qu'elle
avait cultivé de la haine contre lui dans son cur. Il fut donc contraint
de divorcer d'avec elle. Lorsqu'on lui demanda pourquoi il avait divorcé
d'avec une femme qu'il aimait tellement, il a répondu qu'il ne voulait
pas garder à côté de lui une pièce brûlante
de l'Enfer.(8)
Une rumeur sans fondement
Il est indispensable de rapporter ici une rumeur infondée et
échafaudée par les Califes Abbâssides, et largement
répandue. La rumeur laissait croire que le petit-fils du Prophète
et le fils de l'Imam Ali, l'Imam al-Hassan al-Mujtabâ avait l'habitude
de multiplier mariages et divorces. On commença à répandre
cette rumeur cent ans après le décès de l'Imam, et
elle fut répandue un peu partout, y compris parmi ses partisans.
Ceux-ci ne se donnèrent pas la peine de vérifier la véracité
ou la fausseté de la rumeur, et sans se rendre compte qu'une telle
rumeur ne pourrait pas correspondre à un homme saint qui était
parti au pèlerinage à pied, qui avait partagé sa fortune
plus de vingt fois avec les pauvres, en en donnant à ceux-ci la
moitié et en en gardant l'autre moitié pour lui.
Pourquoi les Abbassides ont-ils répandu cette rumeur ? On sait
que lorsque le Califat passa des mains des Omayyades aux mains des Abbassides,
les descendants de l'Imam al-Hassan coopérèrent avec ces
derniers, alors que les descendants de l'Imam al-Hussain, le frère
de l'Imam al-Hassan, et à la tête desquels se trouvait l'Imam
al-âdiq, s abstinrent daider les Abbassides. Ceux-ci, au début
de leur prise de pouvoir, se montrèrent dociles envers les descendants
dal-Hassan et ils reconnurent me quils avaient droit au califat plus queux-mêmes.
Mais au fur et à mesure qu'ils consolidèrent leur pouvoir,
ils trahirent leurs alliés et les éliminèrent en les
tuant et en les mettant en prison d'une façon traîtresse.
Pour justifier cette trahison, ils se mirent à calomnier la lignée
d'al-Hassan. Parmi les rumeurs qu'ils ont répandues figure celle
selon laquelle l'ancêtre de cette lignée, Abû Tâlib,
l'oncle paternel du Saint Prophète et le père de l'Imam Ali,
serait mort mécréant, alors qu'al-'Abbâs, l'autre oncle
paternel du Prophète, et l'ancêtre des Abbassides, aurait
été un bon musulman pendant sa vie et à sa mort. En
s'appuyant sur cette rumeur, les Abbassides voulaient dire qu'ils méritaient
le Califat mieux que les Hassanites, par le fait que leur ancêtre
aurait été un musulman alors que l'ancêtre de ces derniers
serait mort incroyant. Pour répandre cette rumeur, et bien d'autres
qu'ils fabriquèrent de toutes pièces, ils dépensèrent
des fortunes. Un groupe de sunnites ayant cru à cette rumeur déclarèrent
Abu Talib mécréant. Mais heureusement, les uléma sunnites
qui ont entrepris dernièrement des recherches et des vérifications
à ce sujet, ont fini par être mieux éclairés
à propos de cette insinuation.
La deuxième rumeur que les Abbassides répandirent à
propos des Hassanites était que lorsque le grand-père de
ces derniers, l'Imam al-Hassan, accéda au Califat, après
l'assassinat de son père l'Imam Ali, il était trop pris par
les femmes, les mariages et les divorces successifs, et il n'aurait pas
pu supporter la responsabilité du Califat ; et, par suite, il aurait
accepté d'y renoncer en faveur de son pire adversaire (Mu'âwiyah)
en échange d'une grosse somme d'argent, afin de s'adonner, lui,
aux mariages et aux divorces.
Heureusement, là encore, les investigations et les recherches
des vérificateurs, faites ultérieurement, ont pu désigner
celui qui se trouvait derrière cette rumeur et établir la
fausseté de celle-ci. De ces vérifications, il ressort que
la première personne de qui l'on ait entendu cette rumeur, était
un juge nommé par un calife Abbasside, al-Mançour al-Dawânîqî,
qui lui avait ordonné de la répandre. Les historiens qui
n'ont pas cru à cette rumeur disent : «Si l'Imam al-Hassan
s'était marié tant de fois et avec tant de femmes, où
est donc passée sa progéniture ? Pourquoi n'a-t-il laissé
que si peu d'enfants ? Pourtant il n'était ni impuissant ni stérile,
et à l'époque ni l'avortement ni la contraception n'étaient
pratiqués.»
Il est étonnant de voir comment certains compilateurs de hadith
(traditions) rapportent avec une telle légèreté, d'une
part des récits selon lesquels le Saint Prophète et les Saints
Imams ont dit dans plusieurs récits qu'Allah a maudit les hommes
qui divorcent beaucoup, et, d'autre part, d'autres récits selon
lesquels l'Imam al-Hassan se serait livré à de multiples
divorces. Ces rapporteurs de hadith n'ont-ils pas pensé qu'ils devaient
choisir l'une des trois alternatives suivantes ? : 1 - Le divorce est une
mauvaise chose. 2 - L'Imam al-Hassan n'était pas un homme à
divorces. 3 - L'Imam al-Hassan n'aurait pas respecté les enseignements
isla- miques. Mais, curieusement, non seulement ils croient à l'authenticité
des récits indiquant qu'Allah déteste le divorce, mais aussi,
tout en étant dévoués à l'Imam al-Hassan, ils
se permettent de rapporter des hadith faisant de lui un homme pratiquant
le divorce ! Ils rap- portent ce genre de récits sans même
se donner la peine de les commenter afin d'attirer, au moins, l'attention
du lecteur sur le fait que ces récits sont en contradiction avec
l'ensemble de la biographie, de la personnalité et des comportements
de l'Imam al-Hassan.
Certains traditionnistes(9)
sont allés jusqu'à rapporter que l'Imam Ali n'était
pas content de la conduite de son fils, l'Imam al-Hassan. Selon les récits
qu'ils ont rapportés, l'Imam Ali aurait fait un discours public
dans lequel il aurait demandé aux gens de ne pas marier leurs filles
à son fils, car il serait habitué au divorce. Mais, toujours
selon ces récits, les gens auraient répondu : «C'est
une grande fierté pour nous que de marier nos filles, ne serait-ce
que pour une courte durée, au descendant du Prophète.»
Il paraît que certaines gens sont d'avis que le divorce n'est
une pas mauvaise chose, si la femme concernée et sa famille sont
d'accord. Ils pensent que le divorce n'est détestable que lorsqu'une
des deux parties n'est pas d'accord, et que si la femme désire obtenir
l'honneur de se marier avec un homme qui ferait sa fierté, même
pendant quelques jours, le divorce est acceptable.
En tout état de cause, telle n'est pas la vraie position de l'Islam.
Le consentement d'une femme ou de ses parents n'enlève rien au caractère
détestable du divorce. Celui-ci est détestable parce que
l'Islam veut que le mariage soit durable et la vie familiale stable. Le
consentement du couple concerné par le divorce ne change rien à
ce fait. L'Islam ne considère pas le divorce comme détestable
seulement pour une catégorie particulière de femmes. C'est
une question de principe.
Nous avons abordé la question de l'Imam al-Hassan, non seulement
dans le but de réfuter une fausse accusation historique contre une
personnalité historique, mais aussi pour mettre en garde quelques
gens inconscients, contre les velléités de pratiquer de tels
actes et de justifier par la suite leur conduite en citant l'Imam al-Hassan
comme autorité.
Il est indéniable que le divorce, en soi, est blâmable
et détestable en Islam.
Pourquoi
l'Islam n'a-t-il pas prohibé le divorce ?
Là, quelques autres questions se posent. Si le divorce est si
haïssable et si détestable pour Allah, pourquoi n'a-t-il pas
été totalement prohibé par l'Islam? L'Islam aurait
pu au moins poser certaines conditions à sa validité. Auquel
cas, quiconque voudrait divorcer de sa femme, serait tenu de justifier
juridiquement son intention devant un tribunal.
La seconde question est : Pourquoi «le divorce est le plus détestable
des actes légaux pour Allah» comme l'affirme le hadith. S'il
est permis, il ne peut pas être détestable, et s'il est détestable,
il ne peut pas être permis. Il y aurait là deux termes contradictoires.
Enfin, est-ce que l'appareil juridique, qui représente la société,
a le droit d'intervenir dans le domaine du divorce de sorte à le
retarder jusqu'à ce que le mari revienne sur sa décision
ou que la société, à travers l'appareil juridique
qui la représente, se rende compte qu'il n'y a aucun espoir pour
que le mariage incriminé puisse durer et être vivable, et
qu'il vaut mieux résilier le contrat ?
Le Droit au divorce III
Nous avons dit que, du point de vue islamique, le divorce est absolument
détestable. L'Islam veut que l'union du mariage soit solide et durable.
Nous avons soulevé la question de savoir, si le divorce est si détestable,
pourquoi l'Islam ne l'a pas banni ? L'Islam n'a-t-il pas prohibé
tout acte détestable, tel que la consommation d'alcool, les jeux
de hasard, la cruauté, etc ? Si la réponse est affirmative,
pourquoi n'a-t-il donc pas prohibé totalement le divorce par la
promulgation d'une loi d'interdiction ? Il est fondamentalement illogique
de dire que le divorce est permis, mais en même temps, qu'il est
détestable. S'il est permis, comment peut -il être détestable
? S'il est détestable pourquoi devrait-il être permis. L'Islam
condamne l'homme qui pratique le divorce et blâme son action, d'une
part, mais, d'autre part, il ne met aucun obstacle juridique devant lui
pour l'empêcher de divorcer d'avec sa femme quand il le désirerait.
Pourquoi ?
C'est là une question très pertinente, et elle est la
clé de tous les problèmes du divorce. En fait, le mariage
est une relation naturelle et non pas contractuelle. La nature lui a fixé
des règles spécifiques. D'autres contrats sociaux, tels que
la vente, la location, l'hypothèque, la réconciliation, la
procuration, etc. sont de simples accords. La nature et l'instinct n'ont
rien à avoir avec eux. Il n'y a pas de loi naturelle les concernant.
En revanche, le contrat de mariage a un mécanisme particulier. Il
doit être organisé selon le désir naturel des deux
parties.
De là, il n'est pas surprenant que le contrat de mariage ait
des règles spéciales, qui sont différentes de celles
de tous les autres contrats.
Les
lois naturelles concernant le mariage et le divorce
Dans la société civile, la seule loi naturelle est la
loi de la liberté et de l'égalité, loi sur la base
de laquelle toutes les règles sociales doivent être promulguées.
Mais concernant le contrat conjugal, la nature a prescrit, outre les principes
généraux de liberté et d'égalité, certaines
autres lois aussi, qui doivent être observées dans le cas
du mariage, de la dot, de l'entretien et, en dernier stade, du divorce.
Il est inutile d'essayer de passer outre la nature. Alexis Carrel a souligné
que les lois biologiques et d'autres lois de la vie sont rigoureuses, impitoyables
et irrésistibles, comme les lois de l'astronomie.
Le
mariage signifie attachement et union, alors que le divorce signifie séparation
et sécession.
La nature a établi la loi de la recherche du conjoint et de l'accouplement
de telle sorte que l'un des deux candidats à cet accouplement s'avance
vers l'autre, alors que cet autre recule en vue de mieux captiver son cur
; et alors que le premier projette de s'emparer de l'autre, cet autre cherche
à s'emparer de son cur. De même que c'est la nature qui a
édifié le mariage sur l'amour, l'union et l'affection réciproques,
et non sur l'aide et l'amitié, et de même que c'est elle qui
a fondé la famille de telle sorte que le beau sexe occupe la position
centrale et le sexe fort la position périphérique, de même
la séparation entre les deux conjoints et l'écroulement de
cet édifice dépendent, qu'on le veuille ou non, de décisions
naturelles spécifiques.
Nous avons cité plus haut un avis selon lequel la recherche de
l'accouplement consiste en l'attaque de l'homme en vue de l'appropriation,
d'une part, et le recul de la femme en vue de mieux captiver, d'autre part.
L'homme étant instinctivement un animal chasseur, son action est
offensive, et la femme est pour lui un trophée qu'il doit gagner.
Pour lui, la recherche d'accouplement est une bataille et une lutte, et
le mariage est appropriation et domination.
Un contrat fondé sur l'amour et le sentiment de solitude, et
non sur la coopération et l'amitié, ne saurait admettre la
contrainte et l'obligation. Car, sous la contrainte de la loi, on peut
obliger deux personnes à coopérer entre elles, à respecter
un contrat fondé sur la justice, et à continuer ainsi pendant
de longues années, mais on ne peut pas obliger, par la force de
la loi, deux personnes à s'aimer, à être fidèles
l'une à l'autre, à se sacrifier l'une pour l'autre, et à
considérer le bonheur de chacune d'elles comme étant le bonheur
de l'autre.
Si nous voulons maintenir une telle relation entre deux personnes, nous
devons adopter quelques mesures autres que légales.
Selon le mécanisme naturel du mariage, sur lequel sont fondées
les lois islamiques, une femme occupe la position d'un objet d'amour et
de respect dans l'organisme familial. S'il arrive que la femme perde cette
position, et que la flamme de l'amour de son mari pour elle s'éteigne,
les fondations de la famille s'écroulent. L'Islam regarde avec regret
une telle situation, mais lorsqu'il constate l'écroulement des fondations
naturelles de ce mariage, il ne peut imposer légalement sa continuation.
L'Islam a pris des mesures spécifiques en vue de s'assurer que
la vie familiale conserve sa forme naturelle, laquelle signifie que la
femme soit l'objet d'amour et de désir, et que l'homme joue le rôle
de demandeur, d'amoureux et de serviteur de la femme.
L'Islam encourage la femme à s'embellir pour plaire à
son mari, à satisfaire ses besoins sexuels, et à éviter
de provoquer chez lui des complexes et des problèmes psychologiques
sur ce plan. De la même façon, il demande à l'homme
d'être aimable et gentil avec sa femme, et de lui montrer son amour
et son affection pour elle. De même, l'Islam a pris des mesures en
vue de faire du foyer un milieu propice à l'acte sexuel, et de la
société un milieu propice au travail et aux affaires, et
non un lieu d'exercice d'actes sexuels. Il a recommandé que les
rencontres entre hommes et femmes, en dehors des limites de la vie conjugale,
soient pures et sans arrière-pensée. Tout cela pour protéger
les foyers familiaux contre les risques d'écroulement.
La
position naturelle de l'homme dans la vie familiale
Du point de vue islamique, il est extrêmement humiliant pour une
femme d'être contrainte par la loi de vivre avec un mari qui ne l'aime
pas. La loi peut obliger une femme à vivre avec un homme particulier,
mais elle ne peut pas assurer pour elle la position de l'être bien-aimé
et de la figure centrale du foyer, position naturelle qu'elle doit occuper
normalement. La loi peut forcer un homme à supporter sa femme, mais
elle ne peut pas l'obliger à être un mari dévoué.
C'est pourquoi, lorsque l'amour et l'attachement de l'homme pour sa
femme se dissipent, le mariage se meurt sur le plan naturel.
Là une autre question se pose : si l'amour de la femme pour son
mari s'estompe, la vie conjugale en sera-t-elle affectée ? Va-t-elle
continuer comme avant, ou prendra-t-elle fin ? Si elle reste intacte, alors
comment se fait-il que le manque d'amour de la part de l'homme conduise
à la fin de la vie conjugale, alors que le manque d'amour de la
part de la femme ne conduirait pas au même résultat ?
Y a-t-il une différence entre l'homme et la femme ? Si le manque
d'amour de la part de la femme conduisait aussi à la fin de la vie
conjugale, dans ce cas-là les femmes aussi devraient naturellement
avoir le droit de divorcer comme les hommes.
En fait, le succès de la vie conjugale dépend de l'attachement
réciproque des deux conjoints l'un à l'autre. Mais, comme
nous l'avons mentionné plus tôt, il y a une différence
entre la mentalité de l'homme et celle de la femme. Nous avons déjà
cité les opinions des scientifiques sur ce point. La nature est
faite de telle sorte que l'amour vrai et durable de la femme ne vient que
comme une réaction à l'attachement de l'homme envers elle.
C'est pourquoi l'attachement de la femme à l'homme est le résultat
de l'attachement de l'homme pour elle. La nature a placé la clé
de leur amour réciproque sous le contrôle de l'homme. Si l'homme
aime la femme et qu'il lui est fidèle, la femme aussi l'aime et
lui reste fidèle. L'infidélité de la femme est une
réaction à l'infidélité de l'homme.
La nature a confié la clé de la dissolution du mariage
entre les mains de l'homme. C'est l'apathie et l'infidélité
de l'homme qui refroidissent l'amour de la femme. D'autre part, l'indifférence
et l'apathie de la femme n'affectent pas l'homme. C'est pourquoi l'indifférence
de l'homme conduit à une indifférence mutuelle, mais l'indifférence
de la femme, ne conduit pas à ce résultat. La frigidité
de l'homme est la fin de la vie conjugale, celle de la femme, non. Si l'homme
est sensible et fidèle, il peut toujours regagner l'amour de sa
femme en lui montrant son affection et sa bonté pour elle. Il n'est
pas humiliant pour l'homme de conserver, par la force de la loi, sa bien-aimée
détachée de lui, jusqu'à ce qu'il réussisse
progressivement à regagner son cur ; en revanche, pour la femme,
c'est une humi- liation insupportable que d'essayer, elle, de conserver
son protecteur et son amoureux par la force de la loi.
Bien sûr, on parle ici dans le cas où l'indifférence
de la femme n'est pas due à l'immoralité ou à la cruauté
de l'homme. Si l'homme se montre cruel, le cas est différent. Il
n'est pas permis qu'il abuse de sa position pour harrasser ou maltraiter
sa femme. Nous discuterons ce point à part.
Les opinions d'une
femme psychologue
Dernièrement, un article a été publié par
une française, psychologue, Béatrice Maryo, titulaire d'un
doctorat en psychologie et travaillant comme psychiatre dans un hôpital
parisien. Elle est mère de trois enfants.
Dans cet article elle explique très bien combien une femme enceinte
ou allaitante a besoin de la gentillesse de son mari.
Elle écrit : «Dès qu'une femme sait qu'elle va bientôt
devenir mère, elle se met à s'intéresser de près
à son corps et à le sentir, surtout s'il s'agit de mettre
au monde son premier bébé. Cet intérêt pour
son corps continue sans cesse, comme si la femme était étrangère
à elle-même, et qu'elle veuille se découvrir. Lorsqu'elle
entend les premiers coups de l'enfant dans son ventre, elle écoute
chaque bruit dans son corps. L'existence d'un autre être dans son
corps lui procure un bonheur et une joie plus grands qui la poussent à
s'isoler progressivement et à avoir tendance à la solitude
et à la rupture avec le monde extérieur, car elle veut être
seule avec son enfant qui n'est pas encore né...
«Les hommes, pendant la grossesse de leurs femmes, doivent acquitter
des tâches très importantes, mais, malheureusement, ils les
négligent toujours. La future mère a besoin de sentir que
son mari la comprend, l'aime et la soutient ; autrement, lorsqu'elle voit
son ventre se gonfler, sa beauté se faner, l'envie de vomissement
l'habiter et la peur de l'accouchement l'envahir, elle rejette tous ses
malheurs sur l'action de son mari qui l'a fait tomber enceinte. L'homme
doit rester aux côtés de sa femme pendant les mois de sa grossesse
plus que jamais. Toute la famille a besoin d'un père bon et attentif,
à qui la femme et les enfants puissent parler de leurs problèmes,
de leurs ennuis et de leurs espoirs. Même si ce qu'ils disent est
ennuyeux ou insignifiant, il est important de les écouter...
Une femme enceinte aime beaucoup qu'on lui parle de son enfant. Elle
est très fière de devenir mère. Mais si elle constate
que son mari est indifférent à l'enfant, son sentiment de
fierté se transforme en sentiment de mépris, de désespoir
et de répugnance de la maternité. La grossesse devient synonyme
d'agonie pour elle. On sait que les femmes, dans de tels cas, supportent
très difficilement les problèmes liés à la
grossesse. Car le rapport de la mère avec l'enfant n'est pas bilatéral
mais trilatéral : mère, enfant, père. Même si
le père n'est pas présent (comme au cas de divorce), il joue
un rôle important dans la vie interne de la mère, c'est-à-dire
dans sa pensée et son imagination, ainsi que dans son sentiment
de maternité...»
Voilà ce qu'une dame intellectuelle, à la fois mère
et psychologue a dit.
Une structure
fondée sur les sentiments
Une femme a tellement besoin de la sincérité, la bonté
et la protection de son mari que, sans sa coopération sérieuse,
même un enfant ne signifierait pas grand chose pour elle. Elle ne
peut endurer les adversités de la vie qu'avec son aide. Dans ces
conditions, comment peut-il être possible de la contraindre par la
force de la loi à rester attachée à un homme qui ne
voudrait pas d'elle ?
N'est-il pas absurde que, d'un côté, nous fassions tout
pour favoriser une atmosphère propice à l'impudence, à
la décadence sexuelle et au refroidissement des rapports des hommes
avec leurs femmes, et que,d'un autre côté, nous essayons,
par la force de la loi, d'obliger les femmes à rester avec leurs
maris, ou comme le dit l'adage populaire, de les coller à leurs
barbes ? L'Islam veut que l'homme désire spontanément sa
femme et l'aime de lui-même. Il ne cherche point à la lui
coller.
En règle générale, là où il est question
d'amour, de dévouement et de sincérité, il ne peut
pas être question de contrainte légale. Si un mari déteste
sa femme, ce sera regrettable, mais aucune force n'y peut rien.
Citons un exemple à cet égard. Comme nous le savons, dans
les prières en assemblée il y a une condition pour qu'on
puisse les diriger : seule une personne pieuse et en la piété
de laquelle les suivants (ceux qui prient derrière l'imam) ont confiance
peut être l'imam de la prière. La relation entre l'imam et
les suivants est fondée sur la piété du premier et
la confiance et le dévouement des seconds. Si les suivants refusent,
à tort ou à raison, d'avoir confiance en lui, cette relation
est coupée. Aucune loi ne peut assurer sa continuité. Lorsqu'il
est question de sentiments et de croyance, personne ne peut être
contraint légalement d'avoir confiance en un individu donné.
Même si un imam de prière possède le plus haut degré
de piété et de vertu, il ne peut contraindre les autres à
accomplir la prière derrière lui. Il serait ridicule, en
effet, qu'il porte plainte auprès d'un tribunal pour les obliger
à l'accepter. Il est même attentatoire à la position
et à la dignité d'un imam que celui-ci essaie d'obliger les
gens à prier derrière lui.
Il en va de même dans la relation entre les électeurs et
le candidat à une élection. Les gens voteront pour un candidat
en qui ils ont confiance. S'ils ne votent pas pour un candidat, si convenable
soit-il, il ne peut pas porter plainte contre eux. La seule chose qu'on
puisse faire, c'est d'essayer de mieux orienter les gens afin d'élever
leur conscience et leur niveau intellectuel, ce qui leur permet, de choisir
et de suivre l'homme le plus pieux, dans l'accomplissement de leurs devoirs
religieux, ou de voter pour le meilleur candidat pour un poste de dirigeant
social ou politique lorsqu'ils s'apprêtent à faire leur devoir
social. Si, malgré cela, les gens ne votent ou ne choisissent pas
le meilleur candidat ou dirigeant, malgré ces efforts, ce sera regrettable,
mais il n'est pas question de les contraindre par une action légale
à changer d'avis.
Le devoir conjugal est exactement comme les devoirs religieux et sociaux
ci-dessus mentionnés. Il faut donc savoir que l'Islam considère
la vie familiale comme une société naturelle pour la marche
de laquelle il a fixé une procédure particulière qu'il
faut suivre strictement.
En prescrivant cette procédure, l'Islam a fait l'une de ses plus
grandes réalisations, car l'Occident n'a pas réussi encore
à résoudre ses problèmes familiaux qui augmentent
jour après jour et auxquels de nouveaux problèmes viennent
s'ajouter chaque jour. Heureusement, le progrès et les recherches
scientifiques permettent de se rendre compte de plus en plus de cette vérité.
Nous sommes pleinement convaincu que le monde occidental acceptera progressivement
les principes et les préceptes islamiques relatifs aux lois familiales.
En tout cas, nous ne croyons pas que les vrais enseignements islamiques
soient identiques à ce qui se pratique effectivement de nos jours
dans le monde musulman.
Ce
qui consolide la structure familiale est quelque chose de plus que l'égalité
Le monde occidental d'aujourd'hui est ensorcelé par "l'égalité"
des droits de l'homme et de la femme, croyant que la clé du problème
de la relation homme/femme est ce mot magique, et ignorant que ce problème
a été résolu par l'Islam il y a 14 siècles.
Concernant le système familial, il existe quand même quelque
chose de plus sublime que l'égalité. Pour la société
civile, la nature a promulgué seulement la loi de l'égalité,
mais elle a promulgué pour la société familiale d'autres
lois aussi. Les relations familiales ne peuvent être organisées
sur la base de l'égalité seulement. Toutes les autres lois
de la nature qui gouvernent ces relations doivent être prises en
considération.
L'Egalité dans
la corruption
Le mot "égalité" a été tellement employé
à tort et à travers que son sens réel a été
éclipsé. Il est rare que l'on sache que le mot égalité
signifie l'égalité de droits. Le principe de l'égalité
ne peut être appliqué partout sans distinction. Il serait
on ne peut plus ridicule de dire que tout va très bien aujourd'hui,
parce que dans le passé seuls les hommes mentaient à leurs
femmes, et maintenant, les femmes aussi disent des mensonges à leurs
maris. Pourrions-nous nous réjouir et crier de joie que l'égalité
est d'ores et déjà établie, car dans le passé
seulement 10 % des mariages débouchaient sur un divorce, alors que
de nos jours dans certains endroits 40 % des mariages finissent par un
divorce et que dans 50 % des cas de divorce, c'est la femme qui engage
la procédure de divorce ? Ou bien, dans le passé c'étaient
les hommes qui trahissaient leurs femmes et s'adonnaient à l'adultère,
et c'étaient les femmes qui se montraient, pour la plupart, fidèles
à leurs maris, alors que actuellement les femmes aussi trompent
leurs maris et n'observent plus la chasteté ? Est-ce cela l'égalité
? Dans le passé les hommes se montraient souvent cruels et insensibles.
Ils abandonnaient leurs femmes et leurs enfants pour courir derrière
les maîtresses. Maintenant même les mères à la
progéniture nombreuse, et mariées depuis bien longtemps,
n'hésitent pas à quitter leurs foyers pour satisfaire leur
volupté, en suivant le premier homme qu'elles rencontrent pendant
quelques minutes dans une soirée dansante. Est-ce que cela signifie
l'instauration de l'égalité ?
Voilà comment, au lieu de chercher à guérir les
maladies sociales et à consolider la vie familiale, on s'ingénie
à affaiblir le système familial et à secouer ses fondations.
Pis, on est heureux d'avancer sur la voie de l'égalité !
Si cette situation continue, les femmes ne tarderont pas à dépasser
les hommes dans la corruption, la perversité et l'insensibilité.
A présent, il est clair pourquoi l'Islam, bien qu'il considère
que le divorce est une chose détestable, n'a pas mis de barrière
légale pour l'empêcher, de force, de se produire. Il est clair
aussi maintenant comment une chose autorisée peut être, en
même temps, détestable et haïssable.
Le Divorce IV
Il ressort clairement de tout ce que nous avons montré jusqu'à
présent que l'Islam s'oppose au divorce et à la dissolution
de la vie familiale. Il a pris toutes les mesures morales et sociales possibles
en vue de protéger la structure familiale du danger de la désintégration.
Il a recouru à tous les moyens appropriés pour empêcher
le divorce, et il a utilisé pour cela toutes les armes, sauf la
force de la loi. Il est opposé à l'usage de la force légale
pour prévenir l'homme contre le divorce d'avec sa femme et pour
contraindre la femme de continuer à vivre avec son mari. L'Islam
considère qu'une telle mesure est inconvenante à la position
de la femme dans la famille, car les sentiments et les émotions
constituent la pierre angulaire de la vie familiale.
C'est la femme qui reçoit la chaleur des sentiments tendres de
son mari et les passe aux enfants. Si le mari perd intérêt
pour sa femme, l'atmosphère familiale devient froide et morose.
Même les sentiments maternels de la femme envers ses enfants dépendent
largement de l'attitude de son mari envers elle. Selon un éminent
psychologue, l'affection maternelle n'est pas instinctive -c'est-à-dire
elle n'est pas constante et fixe dans toutes les circonstances-, elle est
tributaire des sentiments du mari. Les sentiments du mari affectent ceux
de la femme envers ses enfants.
L'homme peut être comparé à une montagne, la femme
au printemps et les enfants à des plantes. Le printemps doit recevoir
la pluie de la montagne et l'absorber pour en faire une pure eau d'irrigation
pour les plantes et les fleurs. Si la pluie ne tombe pas sur la montagne
ou qu'elle n'est pas absorbée par le printemps, il y aura sécheresse
et les plantes se faneront.
De même que la pluie est vitale pour la fertilité du sol
et pour le bon développement de la vie végétale, de
même les sentiments de l'homme envers sa femme sont vitaux pour la
prospérité et la vie heureuse des enfants et de leur mère.
Lorsqu'on sait que les sentiments du mari sont si importants pour le
succès de la vie familiale, comment peut-on dès lors utiliser
la force de la loi comme arme contre lui (le mari) ?
L'Islam s'oppose énergiquement à l'attitude ignoble de
ceux qui divorcent de leurs femmes pour se remarier avec d'autres. Mais,
dans l'optique de l'Islam, il n'y a pas de remède pour forcer un
homme peu noble à garder à contre-cur sa femme. Une telle
action ne serait pas en harmonie avec la loi naturelle de la vie familiale.
Si la femme tentait de retourner à la maison de son mari par
la force de la loi et avec le concours de l'autorité exécutive,
son occupation de la maison ressemblerait à une occupation militaire.
Auquel cas, elle ne pourrait pas être la maîtresse de la maison,
ni restaurer le lien sentimental entre le mari et ses enfants. Elle ne
pourrait non plus satisfaire son propre besoin émotionnel d'amour
et d'attention.
L'Islam a pris des mesures en vue d'éliminer les causes du divorce,
mais, en tant que législateur, il n'aime pas forcer la femme qui
est au centre du système familial, à vivre avec un homme
peu chevaleresque qui ne veut pas d'elle.
Les mesures prises par l'Islam sont à l'opposé de ce qui
a été fait en Occident pour résoudre le problème
du couple. L'Islam combat les facteurs de l'infidélité et
le dévergondage, mais il ne veut pas forcer la femme à vivre
avec un mari infidèle. En revanche, l'Occident encourage, directement
ou indirectement, les facteurs de l'infidélité, et
en même temps, voudrait forcer la femme à continuer de vivre
avec un mari infidèle et licencieux.
L'Islam a déployé tous les efforts pour garder vivant
l'esprit humain et chevaleresque, et bien qu'il ne fasse rien pour empêcher
un homme irresponsable de garder sa femme, il a réussi pratiquement
à réduire les cas de divorce perfide dans une grande mesure.
Alors que le système occidental et ses partisans font croître
les facteurs de la perfidie jour après jour, tout en essayant d'autre
part de coller la femme par force à un homme traître et perfide.
A part les cas de divorces obtenus, en Occident, à la demande
des femmes, pour incompatibilité de caractères, et pour la
recherche de nouveaux plaisirs comme l'a dit Newsweek, le nombre de cas
de divorce dû au dévergondage des hommes, en Occident, est
beaucoup plus grand que celui des mêmes cas de divorce en Orient.
La
nature de la paix familiale est différente de celle des autres sortes
de paix
Il n'y a pas de doute que la paix et l'entente qui doivent prévaloir
entre l'homme et la femme sont différentes de la paix et de l'entente
qui doivent exister entre les ouvriers d'une usine, deux associés,
deux voisins ou deux Etats avec une frontière commune. La paix et
l'harmonie dans la vie conjugale sont similaires à la paix et à
l'harmonie qui devraient exister entre les parents et les enfants. Elles
sont synonymes de tolérance, sacrifice mutuel, souci du destin commun,
effacement de la distance entre les deux conjoints. Dans un couple où
règne une telle entente, chacun des deux conjoints voit son bonheur
dans le bonheur de l'autre, et son malheur dans le malheur de l'autre,
ce qui n'est pas le cas dans une situation de paix et d'entente entre deux
collègues de travail, deux associés, deux voisins ou deux
Etats voisins, où la paix signifie non-agression et non violation
des droits de l'autre. Entre deux pays en conflit, même une paix
armée suffit, en ce sens qu'il suffit qu'un tiers Etat intervienne
et occupe la frontière qui sépare les deux pays belligérants
et qu'il empêche ainsi les armées de ceux-ci de s'affronter
pour qu'il y ait la paix, car la paix politique signifie seulement non-agression
et non-confrontation.
Mais la détente ou la paix familiale est différente de
la détente politique, et la non-violation des droits de l'autre
ne suffit pas. Ici la paix armée est inutile. Ce qui est exigé
dans la paix familiale, c'est l'union des âmes, laquelle est quelque
chose de plus sublime et de plus fondamental. Il en va de même pour
le cas de détente entre les parents et les enfants, où quelque
chose de plus profond que la simple non-agression est nécessaire.
Malheureusement, pour des raisons historiques et même régionales,
l'Occident n'a pas tenu suffisamment compte de l'importance des sentiments.
On dirait que, pour les Occidentaux, il n'y a pas de différence
entre la paix politique et la paix sociale. Ils pensent que, de même
que la paix entre deux pays peut être assurée par la concentration
des forces d'une tierce puissance sur leur frontière commune, de
même la paix entre un mari et sa femme peut être établie
par la concentration d'une force juridique sur la limite commune de leur
vie. Ils oublient que la réussite de la vie familiale dépend
de la disparition de toutes les barrières frontalières.
Les "occidentalisants" de l'Orient, au lieu d'être fiers de leur
propre système et de montrer aux Occidentaux les défauts
et les imperfections de leur système familial, sont si plongés
dans l'imitation qu'ils sont incapables de distinguer le bien du mal. Mais
l'Orient ne tardera pas à se débarrasser du joug de l'Occident,
complètement, en redécouvrant sa propre personnalité
et en reprenant confiance en lui-même. Là, il est nécessaire
de mentionner deux points :
1
- L'Islam favorise tout facteur aidant à éviter le divorce
D'aucuns pourraient conclure, à tort, d'après ce qui précède,
que nous sommes favorables à la possibilité donnée
aux hommes de divorcer d'avec leurs femmes à leur guise. Evidemment,
loin de nous une telle idée. Ce que nous voulons expliquer, c'est
que l'Islam ne veut pas utiliser la force de la loi contre le mari pour
le contraindre à vivre avec sa femme. En revanche, l'Islam favorise
tout facteur qui contribue à dissuader l'homme de divorcer. L'Islam
a prescrit exprès une procédure tellement dissuasive, et
a imposé de telles conditions pour la validité du divorce,
qu'elles retardent automatiquement la dissolution du mariage, et, dans
beaucoup de cas, finissent par persuader le mari de renoncer à toute
velléité de séparation.
L'Islam a exhorté les personnes chargées d'exécuter
la procédure de divorce, les témoins et tous ceux qui sont
censés jouer un rôle quelconque dans les formalités
du divorce, à faire de leur mieux pour dissuader le mari de l'idée
de divorce. En outre, le divorce n'est valide que s'il est prononcé
en présence de deux témoins qualifiés, qui ont le
devoir de déployer tout d'abord tous leurs efforts pour réconcilier
le couple.
De nos jours, il est fréquent de choisir deux témoins
pour le divorce, qui ne connaissent même pas du tout le couple concerné,
ce qui est totalement contraire à l'esprit islamique.
En tout cas, la nécessité de la présence de deux
témoins qualifiés est l'un des facteurs qui pourraient contribuer
à dissuader le mari de divorcer, si on respectait cette condition
strictement dans son sens réel. Il est à noter que l'Islam
ne considère pas la présence de deux témoins qualifiés
comme une condition essentielle à la validité du mariage
-lequel est le début du contrat matrimonial- car il veut éviter
la moindre formalité susceptible de retarder l'accomplissement d'une
bonne action, en l'occurrence, le mariage, tandis qu'il a jugé cette
formalité nécessaire dans le cas du divorce, parce que celui-ci
est la fin du contrat marital.
De même, selon la loi islamique, le divorce n'est pas effectif
pendant la période menstruelle de la femme, bien que la cérémonie
du mariage puisse avoir léga- lement lieu pendant cette période.
Apparemment, les menstrues étant un obstacle à l'accomplissement
de l'acte sexuel, devraient affecter le mariage et non le divorce. Mais
étant donné que l'Islam encourage le mariage et décourage
la séparation, il a autorisé le mariage pendant la période
des règles de la femme, mais il a interdit le divorce pendant cette
période, ce qui pourrait constituer un délai de réflexion
pour le mari. Dans certaines circonstances, il est nécessaire, selon
la loi islamique, d'attendre trois mois avant que le divorce soit autorisé.
Tous ces obstacles et barrières ont pour objet de laisser suffisamment
de temps pour que la tension qui a conduit à choisir le divorce
retombe, et pour permettre au mari et à la femme de retrouver leur
état normal.
De plus, dans le cas d'un divorce révocable, le mari a l'autorisation
de reprendre les relations conjugales pendant la période probatoire
['iddah].
L'Islam a mis un autre obstacle devant le mari, en lui imposant aussi
bien les dépenses du mariage que celles de la période de
probation et des enfants. Si l'homme veut divorcer d'avec sa femme pour
se remarier avec une autre, il se trouve devant la lourde charge de payer
d'abord l'entretien de la première femme, de couvrir la pension
de ses enfants, et d'offrir la dot de la nouvelle femme. En outre, il doit
penser aux dépenses de cette dernière et de ses futurs enfants.
A part la responsabilité de veiller sur les enfants dont la mère
sera divorcée, toutes ces responsabilités énumérées
ci-dessus laissent le mari face à une perspective effrayante, et
le font réfléchir deux fois avant de prendre la décision
du divorce.
A tout cela s'ajoute le fait que l'Islam a rendu obligatoire la formation
d'un tribunal familial -au cas où la famille risque une désintégration-
pour arbitrer entre les deux époux. Ce tribunal familial comprendra
notamment un représentant du mari et un représentant de la
femme, chargés de trouver un terrain d'entente et de réconciliation
entre les deux parties.
Les deux arbitres doivent déployer tous leurs efforts pour aplanir
les différends entre les époux et pour les convaincre de
se réconcilier. Si, après consultations et concertations
avec les deux intéressés, ils parviennent à la conclusion
qu'il vaut mieux qu'ils se séparent, ils prononcent le divorce.
Bien entendu, s'il y a parmi les membres des familles respectives des deux
époux des personnes qualifiées pour l'arbitrage, elles ont
la priorité sur d'autres pour se charger de cette tâche.
Le Saint Coran dit : «Si vous craignez une rupture entre les
deux conjoints, désignez un arbitre de la famille de l'époux,
et un arbitre de la famille de l'épouse. S'ils désirent tous
les deux un compromis, Allah rétablira la concorde entre eux. Allah
est Celui Qui sait et Qui est bien informé.» (Sourate
al-Nisâ' 4 : 35)
L'auteur d'al-Kach-châf, expliquant le mot "arbitre" écrit
: «Un homme persuasif, éloquent, capable de favoriser la réconciliation,
et juste envers les deux parties». Et d'ajouter : «La raison
pour laquelle on devrait choisir les deux arbitres en priorité parmi
les proches des deux époux, est que les proches savent mieux que
d'autres ce qui se passe chez le couple, et qu'ils sont plus soucieux de
leur réconciliation. En outre, les deux conjoints peuvent divulguer
les secrets de leur vie intime plus facilement à des parents qu'à
des étrangers.
«Les juristes divergent sur la question de savoir si l'arbitrage
est obligatoire ou tout simplement recommandé. Les plus éminents
d'entre eux sont d'avis qu'il appartient au gouvernement de désigner
les arbitres. Al-Chahîd al-Thânî affirme formellement
dans son livre "al-Masâlik" que l'arbitrage est obligatoire et nécessaire,
et doit être organisé par le gouvernement.»
Sayyed Mohammad Rachîd Redha, l'auteur du Commentaire du Coran,
"Al-Manâr", après avoir dit qu'à son avis l'arbitrage
est obligatoire, se réfère à la divergence des juristes
sur la question du caractère obligatoire ou recommandé de
cet acte, et commente : «Ce qui manque pratiquement aux Musulmans,
c'est justement cet acte qui peut présenter des avantages incalculables.
Car alors que les divorces sont fréquents et que les désaccords
et les litiges envahissent les foyers des ménages, on ne songe même
pas à tirer le moindre avantage du principe de l'arbitrage, pourtant
prescrit explicitement dans le Coran, tandis que les ulémas perdent
leur énergie dans des discussions à propos de l'obligation
ou de la recommandation de cet acte ! Personne ne vient leur dire cependant
: Que cet acte soit recommandé ou obligatoire, pourquoi n'essayez-vous
pas de l'appliquer ? Pourquoi perdez-vous votre temps dans la polémique
et les discussions ? Si on ne le met pas en pratique, et que les gens ne
bénéficient pas de ses avantages, qu'importe qu'il soit obligatoire
ou recommandé !»
Concernant les conditions que les arbitres peuvent imposer au mari pour
que la réconciliation puisse avoir lieu, al-Chahîd al-Thânî
dit qu'ils ont le droit, par exemple, d'exiger de lui qu'il loge son épouse
dans une ville ou une maison particulière, qu'il ne mette pas sa
mère ou son autre épouse dans la même maison que la
première -même s'il y a deux chambres séparées-,
qu'il paie comptant la dot fixée au moment du mariage, ou encore
qu'il rembourse immédiatement une dette qu'il aurait contractée
envers sa femme.
En bref, tout acte convenable qui serait susceptible de dissuader le
mari de répudier sa femme est légal et recommandé.
Voilà la réponse à la question que nous avons soulevée
plus haut, qui était de savoir si la juridiction qui représente
la société a ou non le droit d'intervenir et de prévenir
la résiliation du contrat de mariage.
Le tribunal peut, bien sûr, intervenir, parce que la décision
du mari de divorcer de sa femme n'est pas dans tous les cas un signe de
la mort réelle du mariage, c'est-à-dire que tous les cas
de décision de divorce ne signifient pas l'extinction totale de
la flamme de l'amour du mari pour sa femme, ni la chute de la femme de
sa position naturelle et l'incapacité du mari de rester avec elle.
Car il faut savoir que la plupart des cas de divorces sont dus à
un moment de colère, à une négligence fortuite ou
à une erreur. Donc, toutes les mesures que la société
peut prendre pour entraver un divorce consécutif à un coup
de colère ou à une négligence involontaire, sont les
bienvenues en Islam.
Un tribunal d'arbitrage, étant le représentant de la société,
peut ordonner aux offices de divorce de ne pas prononcer le divorce avant
qu'il (le tribunal) ne leur signifie l'échec de ses efforts en vue
de réconcilier entre les deux époux. Entre-temps, le tribunal
déploie tous les efforts possibles pour ramener le couple à
la réconciliation. S'il constate l'impossibilité de cette
réconciliation, il envoie aux responsables de ces offices un avis
de constat d'échec, et leur donne ainsi le feu vert pour prononcer
le divorce.
2
- Les services antérieurs rendus par l'épouse à la
maison familiale
Le divorce perfide, non seulement dissout la vie familiale sacrée,
mais crée aussi à la femme d'autres problèmes particuliers
inacceptables. Supposons qu'une femme vive avec son mari depuis des années,
considère sa maison comme étant la sienne, et travaille avec
application et dévouement afin de la transformer en un vrai foyer
familial. Très souvent, comme le font toutes les femmes, à
l'exception de celles appartenant à la société civile
moderne, elle fait des économies en réduisant les dépenses
de vêtements, de nourriture et de maison, au point de susciter la
colère du mari, et elle hésite à engager une servante
pour l'aider dans les travaux domestiques. Elle sacrifie sa jeunesse, son
énergie et sa santé pour son mari et son foyer. Maintenant,
supposons que le mari d'une telle femme ait subitement le caprice de divorcer
d'avec sa femme pour se remarier avec une nouvelle femme appelée
à occuper cette même maison que la première a construite
avec beaucoup de peine et d'efforts, en sacrifiant la fleur de sa jeunesse,
et sa santé, une maison qui est devenue après tant d'années
l'incarnation de ses peines et espoirs, et qu'elle va perdre à cause
d'un caprice subit de son mari qui veut détruire le fruit de ses
efforts et de ses peines. Que faire dans une telle situation ?
Ici le problème n'est pas seulement une question de désintégration
de la famille et de dissolution du lien du mariage, pour qu'on dise que
la trahison du mari conduit à la mort du mariage, et que le fait
d'imposer cette femme au mari traître, la dévalorise et rabaisse
sa position naturelle. Il s'agit d'un problème bien plus grave :
la femme perd son foyer, elle est privée de tout ce qu'elle avait,
on veut céder son nid conjugal à sa rivale, on lui escamote
le fruit de tous ses efforts, peines et services rendus ! Tant pis pour
le mari, la maison, la vie familiale et conjugale ! Mais tout être
humain veut avoir un refuge et un foyer, et il est attaché à
son nid qu'il a échafaudé pièce à pièce,
de ses propres mains. Si on veut sortir un pigeon de son nid qu'il a construit
lui-même, il se défendra. Une femme n'a-t-elle pas le droit
de faire la même chose. La conduite du mari n'est-elle pas une injustice
évidente?
A notre avis, cette question mérite une attention particulière,
car la plupart des problèmes liés au divorce perfide sont
de cet ordre. Dans de tels cas, le divorce n'est pas une simple résiliation
de contrat, mais une perte inestimable, équivalente à la
faillite d'un commerçant, et l'anéantissement de la vie de
la femme.
Mais, comme nous l'avons déjà dit, le problème
de la maison et du foyer est séparé du problème du
divorce. Il faut étudier chacun des deux problèmes à
part. Quant à l'Islam et aux lois islamiques, ils ont résolu
ce problème. S'il continue pourtant à se poser, c'est seulement
à cause de la méconnaissance des lois islamiques, et de l'exploitation
par les hommes de la fidélité et de la bonté des femmes.
La plupart des gens croient que le fruit des efforts de la femme appartient
au mari. Ils pensent même que le mari a le droit d'obliger sa femme
de travailler pour lui et à obéir comme une esclave à
ses ordres. Cette conception erronée est la cause essentielle de
tous les troubles et ennuis. Comme nous l'avons souligné à
plusieurs reprises, la femme a une totale liberté concernant son
travail et son activité. Tout ce qu'elle gagne lui appartient exclusivement.
L'Islam lui a accordé l'indépendance économique. En
outre, il a chargé l'homme des dépenses de sa femme et de
ses enfants. Ainsi, l'Islam a fourni à la femme suffisamment d'occasions,
sur le plan financier, pour qu'elle puisse mener une vie respectable, et
indépendante du mari. Le divorce et la séparation ne devraient
lui causer aucune inquiétude à cet égard. Tout ce
qu'elle aura apporté pour l'édification de la maison lui
appartient, et son mari n'a pas le droit de s'en emparer. De telles
craintes seraient justifiées seulement dans des systèmes
qui obligent la femme à travailler à la maison de son
mari et qui considèrent que le fruit de son labeur appartient à
ce dernier. Les inquiétudes et craintes qui existent sur ce
sujet chez nos peuples sont dues probablement à la méconnaissance
de la loi islamique.
Une autre cause de ce problème est l'exploitation par l'homme
de la fidélité de la femme. En effet, certaines femmes font
des sacrifices pour édifier leur foyer, non pas par ignorance de
la loi, mais à cause de la confiance totale qu'elles ont en leur
mari. Elles désirent souvent qu'il n'y ait pas entre elles et leurs
maris la question de "moi" et "toi". Par conséquent elles ne pensent
pas à leurs propres intérêts personnels et ne profitent
pas de l'occasion que l'Islam leur a fournie. Le résultat est qu'un
jour la femme ouvre les yeux pour constater qu'elle a passé sa vie
en se sacrifiant pour un homme infidèle, sans avoir saisi toutes
les occasions que l'Islam lui avait fournies pour se protéger.
Si on attend d'une femme qu'elle renonce à son droit légal
de garder un compte séparé de son argent et de son gain,
on attend du mari aussi qu'il offre cadeaux et présents à
sa femme, en considération de son sacrifice et des services qu'elle
a rendus, et en s'inspirant du Saint Coran qui dit : «Quand on vous
salue d'une salutation, saluez d'une meilleure salutation, ou du moins,
rendez la même salutation.» (Sourate al-Nisâ', 4 : 86).
Il est de coutume, chez les hommes fidèles et justes, d'offrir à
leurs épouses des cadeaux de valeur, tels qu'une maison ou une propriété
quelconque, en contrepartie des sacrifices et des services rendus par elles.
En tout état de cause, ce que nous voulons souligner, c'est que
le problème de la perte par la femme de son foyer n'a pas de rapport
avec le divorce, et que la loi du divorce ne résout pas ce problème
car il est lié à l'indépendance ou à la dépendance
économiques de la femme, ce à quoi l'Islam a trouvé
la solution. Si ce problème existe pourtant dans nos pays, cela
est dû à la méconnaissance de certaines femmes des
enseignements islamiques, et à la négligence et à
la bonté de certaines autres. Autrement, si les femmes étaient
conscientes de la valeur de l'opportunité que leur a fournie l'Islam
dans ce domaine, et qu'elles ne consentaient pas tant de sacrifices naïvement
à leurs maris, le problème se résoudrait de lui-même.
Le Droit au Divorce V
Nous avons déjà dit plus haut qu'il y a deux aspects du
divorce qui posent des problèmes :
1 - Il y a des cas de divorce qui sont dus à l'infidélité
et à l'attitude perfide de certains maris.
2 - Certains maris, même lorsqu'ils savent qu'il n'y a aucune
chance de vivre en harmonie avec leurs épouses, refusent de divorcer
d'avec elles, non dans l'espoir ou par désir de rester avec elles,
mais seulement pour les harrasser et les empêcher de refaire leur
vie.
Nous avons dit aussi que l'Islam accepte favorablement tout ce qui pourrait
prévenir un divorce perfide, et qu'il a pris des mesures spécifiques,
qui lui sont propres, en vue de l'éliminer tant que faire se peut.
En tout cas, l'Islam est opposé à l'application de la force
pour maintenir les relations conjugales.
L'Islam considère la famille comme une unité vivante et
s'efforce de la maintenir vivante. Mais si elle meurt, le jugement de l'Islam
est qu'elle doit être enterrée. L'Islam n'aime pas momifier
un mort ni le maintenir artificiellement en vie.
Nous avons déjà indiqué la raison pour laquelle
l'homme a le droit de divorcer, et dit que le lien conjugal est fondé
sur une relation naturelle qui a ses propres règles. La nature a
confié la clé de sa consolidation ou de sa destruction dans
les mains de l'homme. Le mari et la femme ont chacun, par nature, une position
spécifique qui ne peut pas être changée, et leurs positions
ne sauraient s'assimiler. Cette position spécifique engendre certains
droits et obligations ; le droit au divorce en est un. En d'autres termes,
ce droit est dû au rôle spécifique et spécial
que l'homme et la femme jouent, chacun, dans l'amour et la recherche d'accouplement.
Le
droit de l'homme au divorce émane de son rôle spécial
et non d'un quelconque droit de propriété
Maintenant vous pouvez vérifier facilement la valeur de la propagande
anti-islamique que diffusent les détracteurs de l'Islam à
propos du droit du divorce dans la loi islamique. Ces détracteurs
allèguent par exemple que l'Islam a accordé le droit de divorce
à l'homme seulement parce qu'il ne reconnaîtrait pas la femme
comme ayant une volonté libre, des désirs ou des aspirations.
Ils disent que l'Islam inclut la femme dans la catégorie des objets
inanimés et non dans celle des êtres vivants, qu'il regarde
l'homme comme étant le propriétaire de la femme et lui accorde
le droit d'affranchir sa propriété conformément au
principe en vertu duquel "les gens disposent de leurs biens".
Mais nous avons montré que de telles allégations n'ont
aucun fondement, que la logique de l'Islam est loin de considérer
l'homme comme le propriétaire de la femme et celle-ci comme étant
sa propriété. Nous avons pu constater que la logique de l'Islam
est au-dessus du niveau de la pensée de ses détracteurs.
Grâce à la lumière de la Révélation,
l'Islam a prêté attention à des éléments
importants et a pu découvrir des secrets essentiels dans la structure
familiale que la science n'a pu apercevoir que quatorze siècles
plus tard.
Le
divorce est une libération dans un certain sens
Les détracteurs de l'Islam disent que le divorce doit avoir une
forme juridique et non celle d'un élargissement. Nous répondons
à ces détracteurs que si le divorce est une sorte d'élargissement,
c'est parce que le mariage est une compagnie. Si on pouvait modifier la
loi de la recherche d'accouplement selon laquelle le mâle et
la femelle ont des rôles différents, sortir le mariage de
sa forme naturelle de compagnie, accorder au mâle et à la
femelle des rôles identiques -et changer ainsi la loi naturelle-,
c'est à ce moment-là seulement que l'on pourrait sortir le
divorce de sa forme d'élargissement.
Un critique dit que généralement les juristes chiites
décrivent le contrat de mariage comme un contrat exécutoire,
mais il ressort de l'examen de la loi islamique que ce contrat n'est exécutoire
que pour la femme, car le mari peut l'annuler quand il le désirerait.
Il ajoute : «Il est honteux d'accorder le droit de divorce au mari
seulement, à notre ère de l'atome, des lunes artificielles
et de la démocratie.»
Ce critique et ses semblables, ne savent pas apparemment distinguer
l'annulation du mariage du divorce. Lorsqu'on dit que le mariage est un
contrat exécutoire, cela signifie que ni le mari ni la femme n'ont
le droit de l'annuler. Si le mariage est annulé (comme cela arrive
dans certains cas exceptionnels) tous les effets qui en résultent
-dont la dot- sont annulés, comme si le mariage n'avait pas eu lieu.
La femme n'a donc pas le droit de réclamer sa dot, et l'homme n'a
pas l'obligation de supporter ses dépenses pendant une période
probatoire. Mais, dans le cas du divorce, le mariage est dissous, alors
que ses effets ne sont pas totalement annulés. Par exemple, si un
homme divorce de sa femme même après un jour de vie conjugale,
il doit payer la totalité de la dot et se charger de dépenses
de la femme divorcée pendant la période probatoire. Au cas
où il divorce après avoir contracté le mariage, mais
sans l'avoir consommé, il doit payer la moitié de la dot.
Et comme dans ce cas la femme n'a pas de période probatoire(10),
la question de l'entretien ne se pose pas. Ainsi, il est clair que le divorce
n'annule pas tous les effets légaux d'un contrat de mariage. Il
est clair aussi que le divorce est différent de l'annulation d'un
mariage, et que le droit de divorce n'est pas en contradiction avec le
fait que le contrat du mariage soit exécutoire. Un mariage peut
être annulé au cas de la découverte de défauts
physiques sérieux chez le mari ou la femme. A cet égard,
tous les deux ont des droits égaux. Seul le droit de divorce appartient
exclusivement à l'homme.
Le fait qu'il y a des règles distinctes pour le divorce et l'annulation
du mariage montre que l'Islam n'a pas accordé à l'homme le
droit de divorce parce qu'il lui réserverait un traitement particulier.
La peine prévue
pour le divorce
Certains systèmes juridiques prescrivaient une peine pour le
divorce en vue de le prévenir. Nous ne savons pas si de telles lois
existent encore dans le monde. En tout cas les historiens disent que les
Empereurs chrétiens de Rome sanctionnaient tout mari qui divorçait
de sa femme sans une raison valable. Il va de soi que c'est là une
autre manière d'utiliser la force en vue de maintenir la structure
familiale, mais elle est inutile à notre sens.
La délégation
du droit de divorce à la femme
Nous avons jusqu'ici traité du droit naturel au divorce accordé
exclusivement au mari. Mais il faut dire que la jurisprudence admet que
l'homme délègue à la femme son droit de divorce. Cette
délégation de pouvoir peut être soit générale
soit limitée à certaines circonstances spécifiques.
Pour que cette délégation soit irrévocable, on doit
inclure cette condition dans le contrat de mariage, comme clause exécutoire,
en vertu de laquelle la femme est investie du pouvoir de dissoudre le mariage
dans des circonstances spécifiques qu'on précise préalablement.
Il était de coutume anciennement que les femmes qui éprouvaient
des appréhensions concernant l'attitude de leurs maris incluent
une telle clause dans le contrat de mariage et qu'elles exercent, si nécessaire,
ce pouvoir qui leur avait été délégué.
Ainsi, selon la loi islamique, bien que la femme n'ait pas le droit
naturel de divorce, elle a le droit contractuel (positif) de dissoudre
le mariage.
De là, il n'est pas exact de dire que le droit de divorce est
unilatéral et que l'Islam l'a accordé à l'homme seulement.
Le divorce juridique
Le divorce juridique signifie la dissolution du mariage par un juge
et non pas par le mari. Dans un grand nombre de pays, seul un tribunal
a la compétence pour prononcer le divorce et dissoudre le mariage.
Selon ce système, tout divorce est un divorce juridique. Nous avons
déjà expliqué que si l'on s'en tient à l'esprit
du mariage, le but de la formation d'une famille et la position que la
femme occupe dans la famille, un divorce qui suit son cours normal ne saurait
dépendre de la décision d'un juge.
Maintenant nous aimerions voir si, du point de vue islamique, un juge
n'a pas le pouvoir de décider un divorce, ou s'il y a certaines
circonstances, même exceptionnelles, dans lesquelles, il peut le
faire.
Le divorce est le droit naturel du mari pourvu que sa relation avec
sa femme suive son cours normal. En principe, s'il veut vivre avec cette
dernière, il doit s'occuper d'elle, s'acquitter de toutes ses obligations
envers elle, et la traiter aimablement. S'il estime qu'il lui est impossible
de vivre avec elle en paix et harmonie, il doit lui payer tout son dû
et se séparer d'elle. Outre son dû, il doit également
lui offrir une somme supplémentaire en signe de bonne volonté
et de gratitude. Le Saint Coran dit : «Donnez-leur le nécessaire
: l'homme aisé donnera selon ses moyens, et l'homme pauvre selon
ses moyens -conformément à l'usage-. C'est un devoir pour
ceux qui font le bien.» (Sourate al-Baqarah, 2 : 236)
Mais il arrive qu'il y ait des cas où la vie conjugale ne marche
pas normalement. Il arrive qu'un homme ne veuille ni vivre en harmonie
avec sa femme ni divorcer d'avec elle.
Le divorce naturel peut être comparé à un accouchement
naturel qui se déroule normalement, alors que le divorce dans le
cas d'un homme qui ne se résigne ni à s'acquitter de ses
charges envers sa femme ni à divorcer d'avec elle volontairement,
est comparable à une délivrance anormale qui nécessite
une intervention chirurgicale, une césarienne.
Certains
cas de mariage sont-ils incurables comme le cancer ?
Dans certains cas le divorce ne dépend pas de la volonté
et du bon plaisir du mari. Si un homme, qui refuse de s'acquitter de son
devoir de mari, refuse aussi de divorcer, il n'est pas permis de laisser
sa femme souffrir le martyre sans lui chercher un remède. L'Islam
ne joue pas le rôle d'un spectateur passif devant une telle situation.
Beaucoup de gens ont la fausse impression que, du point de vue islamique,
un cas pareil n'a pas de solution et est incurable. Ils pensent qu'il s'agirait
là d'une sorte de cancer qui frappe quelques personnes malheureuses
qui n'ont aucun espoir de guérison. La femme est condamnée,
dans une telle situation, à continuer de souffrir jusqu'à
la mort.
A notre avis cette croyance est contraire aux principes de l'Islam,
lequel défend toujours la justice. L'établissement d'une
société juste a toujours été, selon l'Islam,
le principal but de tous les Prophètes. Le Saint Coran dit : «Nous
avons envoyé Nos Prophètes avec des preuves indubitables
et Nous avons fait descendre avec eux le Livre et la Balance, afin que
l'humanité se conduise avec équité.» (Sourate
al-Hadîd, 57 : 25). L'Islam ne peut donc pas tolérer une injustice
si flagrante, et il est inconcevable qu'il puisse promulguer une loi susceptible
de provoquer une maladie ou une injustice comparable au cancer.
Il est regrettable que certains de ceux qui admettent que l'Islam est
une religion de justice, puissent soutenir une telle vue. Si nous pouvions
coller à l'Islam une loi comparable au cancer, rien ne nous empêcherait
de lui en coller d'autres comparables au tétanos, à la phtisie,
à la paralysie, etc.
Une telle allégation est contraire au principe de la justice,
laquelle est un principe cardinal de la loi islamique.
En outre, s'il est possible de se débarrasser du cancer par une
simple opération, ne serait-il pas plus sage de s'y résigner
rapidement, afin de délivrer le patient de sa maladie ?
Prenons le cas d'une femme qui se marie avec un homme pour partager
sa vie. Supposons qu'un jour la situation change et que le mari cesse de
s'intéresser à elle et que, en outre, abusant de ses pouvoirs,
il refuse de divorcer d'avec elle, non pour qu'elle reste comme son épouse
et sa partenaire, mais seulement pour l'empêcher de refaire sa vie
et de se remarier avec un homme avec lequel elle pourrait s'entendre bien,
ou, selon l'expression coranique, pour la laisser "suspendue". La situation
d'une telle femme est réellement comparable à celle d'une
personne atteinte de cancer. Mais ce cancer peut être facilement
éliminé par une opération, et le patient pourrait
espérer guérir totalement après l'opération.
Le recours à cette opération est admissible, si celle-ci
est effectuée par des juges légaux et compétents.
Comme nous l'avons déjà dit, l'un des deux grands problèmes
du divorce, qui prévalent dans notre société, est
le fait que certains hommes irresponsables refusent de divorcer, et commettent
ainsi une grande injustice au nom de la religion. Cette sorte d'injustice,
doublée de la fausse croyance selon laquelle la femme devrait supporter
cette injustice comme un cancer incurable, a été, plus que
toutes autres fausses conceptions de l'Islam, une des causes principales
du dénigrement de l'Islam.
Bien que ce sujet mérite une discussion plus technique et plus
développée, nous allons l'aborder avec brièveté
pour essayer de dissiper les doutes des sceptiques et d'élucider
les vrais enseignements islamiques à cet égard.
Les impasses
Certaines impasses ne sont pas particulières au problème
du mariage et du divorce. Elles concernent également les problèmes
financiers. Voyons tout d'abord comment l'Islam a traité de telles
impasses. Les a-t-il résolues, ou bien les a-t-il acceptées
comme des phénomènes irrémédiables ?
Supposons que deux personnes viennent de prendre possession, par héritage
ou autrement, d'un article indivisible, tel qu'un diamant, une bague, une
voiture, etc. et qu'elles ne veuillent ni l'utiliser conjointement ni alternativement.
Aucune des deux ne désire non plus vendre sa part à son partenaire.
Elles n'acceptent d'ailleurs aucun autre arrangement en vue de l'utilisation
de l'article. Celui-ci risque donc inévitablement d'être gaspillé
puisque aucun de ses deux propriétaires ne peut l'utiliser sans
le consentement de l'autre. Que faut-il faire dans un cas pareil ? Doit-on
laisser le problème sans solution et l'article inutilisable ? L'Islam
a-t-il trouvé un moyen de sortir d'une telle impasse ?
En fait, l'Islam ne considère pas une telle question comme étant
insoluble. Il n'admet pas que le droit de propriété puisse
conduire à l'inutilisation d'une propriété quelconque.
Il autorise le tribunal à intervenir dans des cas pareils pour remettre
les choses à leur place normale. Même si les parties concernées
ne veulent pas soumettre leur différend à un jugement, le
tribunal peut quand même ordonner que l'article en litige soit mis
en location ou vendu. Le revenu du loyer, ou le produit de la vente, sera
bien entendu divisé entre les propriétaires, mais le tribunal
peut agir avec ou sans leur consentement.
Dans des cas semblables, le droit de propriété n'est pas
pris en considération à cause de l'intervention d'un autre
principe, à savoir la prévention du gaspillage. Le droit
de propriété doit être écarté ici, car
il n'est valable que dans la mesure où il ne doit pas conduire au
gaspillage ni à une pure perte de la propriété.
Supposons que deux individus possèdent conjointement un diamant,
une épée ou quelque chose de semblable. Supposons ensuite
qu'aucun des deux ne veuille vendre sa part à l'autre, mais que
tous deux acceptent qu'on casse cette propriété commune pour
que chacun d'eux en ait la moitié. Evidemment un diamant, une épée
ou une voiture, lorsqu'il est coupé en deux devient inutilisable
et perd sa valeur. Or l'Islam n'accepte pas un tel gaspillage.
Un grand juriste musulman, le défunt 'Allâmah al-Hillî,
dit que les autorités juridiques ne doivent permettre à personne
de faire ce genre de gaspillage. En fait il y a un accord entre les propriétaires
communs dudit article s'engageant à ne pas se comporter d'une telle
manière.
Le dilemne du divorce
Maintenant voyons ce qu'il faut faire à propos du divorce. Si
le mari est intransigeant et ne veut pas s'acquitter de tout ou partie
de ses devoirs et obligations financiers (l'entretien), moraux (amabilité),
et sexuels (le partage du lit et de la chambre de l'épouse), tels
que les lui prescrit l'Islam, et qu'en même temps il refuse de divorcer
d'avec sa femme, quelle action faut-il engager ? Y a-t-il suffisamment
de charges pour que l'autorité juridique intervienne ?
L'opinion de l'Ayatollâh
al-Hillî
Un grand juriste de l'époque contemporaine, Ayatollâh (Cheikh
Hussayn) al-Hillî de Najaf (Irak) a traité de ce sujet dans
son Traité : "Les Droits Conjugaux". Voici, ci-après, un
résumé de son opinion:
«Le mariage est un contrat sacré et, en même temps,
une sorte de partenariat entre deux personnes qui prennent certains engagements
l'un envers l'autre, en vue d'assurer leur bonheur commun et mutuel. Ce
n'est pas tout. En fait la félicité de toute la société
dépend du succès de leurs relations.
«Les principaux droits de la femme consistent en l'entretien,
la cohabitation et l'amabilité.
«Si le mari évite de s'acquitter de ses engagements et
s'abstient de plus de divorcer d'avec sa femme, il y a deux alternatives
possibles. Ou bien une autorité juridique islamique doit intervenir,
ou bien la femme doit elle aussi refuser de s'acquitter de ses engagements.
«La première alternative a sa référence dans
les versets coraniques suivants : «La répudiation peut être
prononcée deux fois : Puis, ou bien la femme doit être gardée
[et traitée] d'une façon aimable, ou bien elle doit être
relâchée décemment.» (Sourate al-Baqarah, 2 :
229). En d'autres termes, le droit de divorce et sa révocation peut
être exercé deux fois seulement. Après quoi, il n'y
aura que deux alternatives : ou bien le mari garde sa femme d'une façon
magnanime ou bien il la relâche décemment.
«Le Coran dit encore dans la Sourate al-Baqarah (2 : 231) : «Quand
vous aurez répudié vos femmes et qu'elles auront atteint
le délai fixé ['Iddah, période probatoire], ou bien
reprenez-les dans l'honneur, ou bien relâchez-les décemment.
Ne les retenez pas de force dans l'intention de leur nuire. Quiconque agirait
ainsi, se ferait du tort à lui-même.»
«On peut déduire de ces versets une règle générale
: un mari doit soit garder sa femme et s'acquitter avec bienveillance de
tous ses devoirs et obligations envers elle, soit la relâcher et
rompre le lien conjugal. Du point de vue islamique, il n'y a pas de troisième
alternative : les mots «Ne les retenez pas de force dans l'intention
de leur nuire» constituent le rejet de la troisième alternative
qui consisterait à ne ni divorcer de la femme ni la garder avec
magnanimité. Et, dans un sens plus général, ils incluent
le cas où l'on s'évertue à la fois à nuire
à la femme intentionnellement et à ignorer simplement ses
droits et ses intérêts en refusant de divorcer d'avec elle.
«Ces versets se réfèrent formellement à la
révocation du divorce, et stipulent que la révocation doit
être fondée sur une base solide, afin de garder la femme comme
une partenaire de la vie et non dans l'intention de lui nuire. Mais la
portée de ces versets ne se limite pas à cette question.
Ils posent une règle générale applicable aux droits
de la femme à toutes les époques et en toutes circonstances.
En règle générale, le mari doit choisir l'une des
deux alternatives ci-dessus à travers sa vie conjugale. Il n'a pas
de troisième alternative.
«Certains juristes ont, à tort, limité la portée
de ces versets. Ils sont d'avis qu'ils sont applicables seulement à
des maris qui veulent révoquer leur divorce pendant le délai
de probation ['iddah]. En fait, cet avis n'est pas correct. Outre le contexte
de ces versets, les Saints Imams les ont cités comme référence
et autorité dans d'autres circonstances aussi. Par exemple, l'Imam
al-Bâqir a dit qu'un mari qui jure qu'il ne veut pas de sa femme
et qui, en vertu d'un tel serment, s'abstient de la fréquenter,
a seulement deux alternatives à l'expiration du délai de
quatre mois : ou bien il doit rompre son serment et se racheter [kaffârah]
pour sa conduite incorrecte, ou bien il doit divorcer immédiatement
de sa femme, car Allah a dit : «Soit garder sa femme en bonne communion,
soit la relâcher décemment.» (Sourate al-Ba q a r a
h, 2: 229)
«Dans une autre occasion, lorsqu'un homme avait désigné
un agent pour contracter un mariage et fixer une dot en son nom par procuration,
et que, par la suite, il a renié la délégation du
pouvoir qu'il avait faite à son agent, l'Imam al-Sâdiq a dit
que la femme concernée pouvait choisir un autre mari pour elle.
Mais si l'homme sait dans son for intérieur qu'il avait nommé
un représentant et qu'il lui avait délégué
le pouvoir de contracter le mariage pour lui, il doit prononcer la formule
de divorce, par acquit de conscience, car Allah a dit : «Ou bien
garder une femme en bonne communion, ou bien la relâcher décemment».
Ces exemples montrent que les Imams estimaient que ce verset constitue
un principe général.
«Au cas où un mari ne veut ni s'acquitter de ses obligations
conjugales, ni divorcer, le tribunal religieux doit le sommer et exiger
de lui de divorcer. S'il décline la sommation, le tribunal lui-même
peut déclarer la dissolution du mariage. Selon un hadith, Abû
Baçîr a rapporté que l'Imam al-Sâdiq avait dit:
Si un mari n'entretient pas sa femme, il est du devoir du tribunal de dissoudre
le mariage, en prononçant le divor ce.»
Comme vous avez pu le remarquer, le verset «Garder aimablement
ou relâcher décemment» constitue un principe dans le
cadre duquel l'Islam a prescrit les droits de la femme. Selon ce principe,
et en vertu de l'ordre strict contenu dans la sentence «Ne les retenez
pas dans l'intention de leur nuire», l'Islam ne permet à aucun
homme vil d'abuser de ses pouvoirs et de garder une femme dans l'embarras
afin de l'empêcher de se remarier avec une autre personne.
Outre les arguments ci-dessus, extraits du Traité des "Droits
Conjugaux", il existe d'autres arguments aussi qui soutiennent l'opinion
selon laquelle le verset «soit la retenir aimablement soit la relâcher
décemment» est du point de vue islamique une règle
générale qui couvre tous les droits de la femme. Plus on
réfléchit aux divers aspects de cette règle, plus
on se rend compte du sérieux et de la profondeur des enseignements
islamiques.
Dans al-Kâfî, vol. I, l'Imam al-Sâdiq a dit que lorsqu'
un homme veut se marier avec une femme, il doit dire: «Je reconnais
l' engagement pris par Allah : soit la garder aimablement, soit la relâcher
décemment .»
Le Saint Coran dit : «Comment la reprendriez-vous [la dot],
alors que vous étiez liés l'un et l'autre et que vos femmes
ont bénéficié d'un engagement solennel contracté
avec vous [en vertu duquel vous leur payez pleinement leur dot] ?»
(Sourate al-Nisâ', 4 : 21). Les commentateurs du Saint Coran, sunnites
et chiites confondus, admettent qu'ici «l'engagement solennel»
est l'engagement que l'homme prend en prononçant les mots du verset
précédemment cité «ou bien retenez-les en bonne
communion ou bien relâchez-les décemment». C'est le
même engagement auquel l'Imam al-Sâdiq s'est référé
lorsqu'il a appelé les gens à reconnaître l'engagement
(le pacte, l'alliance) d'Allah au moment du mariage. Les sources
aussi bien sunnites que chiites rapportent que lors du Pèlerinage
d' Adieu [Hajjat al-Wadâ`] -le dernier pèlerinage- le Saint
Prophète a dit : «Craignez Allah concernant votre attitude
vis-à-vis des femmes, car vous les avez prises avec la confiance
en Allah, et vous vous êtes permis de jouir d'elles en prononçant
le mot d'Allah.»
Le célèbre théologien et historien, Ibn al-Athîr
écrit que «le mot d'Allah» dont parle ici le Prophète
se réfère au verset coranique «soit les retenir aimablement,
soit les relâcher décemment».
L'Opinion de Cheikh al-Tûcî
Cheikh al-Tûcî, exprimant son opinion relative aux cas d'impotence,
dit que, une fois qu'il est établi que le mari est impotent, la
femme a l'option de dissoudre le mariage. Il dit que tous les juristes
sont unanimement d'accord sur ce point, et qu'ils invoquent à l'appui
de leur opinion le verset «retenir en bonne communion ou relâcher
décemment». Un homme impotent étant incapable d'accomplir
ses devoirs conjugaux, ne peut retenir sa femme en bonne communion, et
doit par conséquent la relâcher.
Les opinions citées ci-dessus prouvent dans leur ensemble que
l'Islam ne permet pas à l'homme d'abuser de son droit de divorce
et de retenir sa femme comme une prisonnière. En tout état
de cause, il est à noter que n'importe quel juge n'est pas
compétent pour intervenir dans de telles affaires. L'Islam a fixé
de très hautes et sévères qualifications pour
un juge [Qâdhî].
Il est notable que les cas de divorce juridique doivent être exceptionnellement
rares, car l'Islam est soucieux de préserver la vie familiale dans
toute la mesure du possible. L'Islam ne peut pas permettre que le divorce
prenne les proportions qu'il a prises en Europe et aux Etats-Unis, et dont
nous lisons des exemples quotidiennement dans la presse. Par exemple, une
femme a demandé le divorce parce que son mari n'aimait pas les films
qu'elle aimait. Une autre voulait le divorce sous prétexte que son
mari n'a pas embrassé son chien bien-aimé. Beaucoup d'autres
prétextes légers et ridicules similaires sont invoqués
chaque jour. Ils ne reflètent que le déclin de l'humanité.
Dans un précédent chapitre, nous avons mentionné
dans l'ordre suivant, cinq théories relatives au divorce :
1 - Il ne devrait pas y avoir de restrictions morales ou sociales au
divorce ;
2 - Le mariage constitue un lien éternel. Le divorce doit être
totalement banni (c'est l'opinion de l'Eglise Catholique) ;
3 - Le mariage doit être dissous seulement par l'homme, et non
par la femme ;
4 - Le mariage est dissoluble aussi bien par l'homme que par la femme,
mais sous certaines conditions. La procédure de sa dissolution est
la même pour tous les deux (l'opinion des partisans de l'égalité
des droits de l'homme et de la femme) ;
5 - La voie au divorce est ouverte aussi bien pour l'homme que pour
la femme, mais les portes de sortie en sont séparées.
Comme nous l'avons dit dans ledit chapitre, l'Islam soutient la dernière
théorie. Il ressort clairement de ce que nous avons dit à
propos de la possibilité de la délégation du pouvoir
de divorce à la femme, comme une condition intégrale du contrat
de mariage, et de la possibilité du divorce juridique, que bien
que l'Islam ne reconnaisse à la femme aucun droit naturel au divorce,
il n'a pas fermé complètement la porte de sortie devant elle
concernant le divorce.
La question du divorce juridique peut être débattue plus
longuement, surtout en se référant aux opinions des juristes
des différentes écoles juridiques, mais nous pensons que
la nature de notre présent exposé n'exige pas que nous entrions
dans plus de détails.
LE MARIAGE A DURÉE
DÉTERMINÉE
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Le mariage à durée déterminée [mut'ah] est
l'une des lois islamiques glorieuses. Du point de vue islamique imâmite
ja'farite (chiite) il y a deux sortes de mariage : le mariage permanent
et le mariage à durée déterminée.
Certains des effets qui découlent de ces deux sortes de mariage
sont les mêmes, et certains autres sont différents. Il y a
deux traits distinctifs entre eux. Le premier réside dans le fait
que, dans le mariage à durée déterminée, un
homme et une femme concluent un contrat de mariage pour une durée
déterminée à l'expi- ration de laquelle ils peuvent
la prolonger ou se séparer.
L'autre trait distinctif est le fait que le mariage à durée
déterminée offre une plus grande liberté de choix.
Les parties contractantes peuvent stipuler toutes conditions qu'elles désirent.
Par exemple, dans un mariage permanent, le mari est tenu d'entretenir sa
femme et de pourvoir à ses dépenses quotidiennes. En outre,
il doit se charger de l'achat de ses vêtements, des besoins du ménage
et d'autres nécessités de la vie, tels que les médicaments,
les soins médicaux, etc. Tandis que dans le mariage à durée
déterminée chaque chose dépend des termes du contrat.
Il est possible que le mari ne puisse ou ne veuille pas supporter les dépenses
de sa femme, ou que la femme n'aime pas utiliser l'argent de son
mari.
Dans le mariage permanent, la femme doit accepter son mari comme étant
le chef de la famille, et lui obéir dans les limites de l'intérêt
familial, mais dans le mariage à durée déterminée
cette position du mari dépend là aussi des termes du contrat.
Dans le mariage permanent, la femme et le mari héritent l'un de
l'autre, tandis que dans le mariage à durée déterminée,
non.
La principale différence entre un mariage à durée
déterminée et un mariage permanent est que le premier impose
moins de restrictions aux époux que le second, puisque tout dépend
de leur volonté commune et des choix et des accords conclus entre
eux. Le mariage à durée déterminée offre, de
par sa nature, une sorte de liberté aux deux parties, car il laisse
la détermination de sa durée entre leurs mains.
Dans le mariage permanent, ni le mari, ni la femme, ne peuvent utiliser
une méthode contraceptive sans le consentement de l'un et de l'autre,
tandis que dans le mariage à durée déterminée
on n'a pas besoin de ce consentement. C'est là en fait une autre
sorte de liberté offerte aux deux conjoints.
L'enfant issu d'un mariage à durée déterminée
ne diffère en rien quant à ses droits légaux d'un
enfant né d'un mariage permanent.
La dot [mahr] est obligatoire dans les deux mariages, à cette
différence près qu'elle doit être obligatoirement spécifiée
lors de la conclusion du contrat dans le mariage à durée
déterminée sous peine d'invalidité, tandis que sa
non-spécification au moment du contrat n'affecte pas la validité
du mariage, dans le mariage permanent. Si la dot n'est pas spécifiée
dans le mariage permanent, la femme aura droit à une dot équivalente
à celle qu'on fixe habituellement aux femmes de sa catégorie.
Dans le mariage permanent, il est interdit pour toujours au mari de
se marier avec la mère ou la fille de sa femme, et à la femme
de se marier avec le père ou le fils de son mari, et il en va de
même dans le mariage à durée déterminée.
Et de même qu'il est interdit de demander la main d'une femme mariée
d'un mariage permanent, de même il est interdit de demander la main
d'une femme engagée dans un mariage à durée déterminée.
Et au même titre que l'adultère avec une femme mariée
d'un mariage permanent entraîne l'interdiction permanente pour l'homme
adultère de se marier avec elle, l'adultère avec une femme
engagée par un mariage à durée déterminée,
entraîne l'interdiction permanente pour l'homme adultère de
se marier avec elle.
Tout comme une femme mariée d'un mariage permanent et divorcée
doit passer un délai d'attente -probatoire- ['iddah] avant de pouvoir
se remarier, une femme liée par un mariage à durée
déterminée doit elle aussi passer, après l'expiration
de cette durée ou après la fin du mariage, un délai
de probation avant de pouvoir se remarier (en mariage permanent ou à
durée déterminée). La seule différence entre
les deux mariages sur ce point est que le délai d'attente ['iddah]
est de trois menstrues dans le mariage permanent et de deux cycles menstruels
-ou de 45 jours- dans le mariage à durée déterminée.
Se marier en même temps avec deux surs est interdit aussi bien dans
le mariage permanent que dans le mariage à durée déterminée.
Telle est la signification du mariage à durée déterminée
selon la loi islamique chiite.
Evidemment, nous souscrivons à cette loi avec ses conditions
et spécifications mentionnées ci-dessus. S'il y a des gens
qui ont mal usé et abusé, ou qui usent mal et abusent encore
dans la pratique de ce mariage, leur attitude n'a rien à voir avec
le système légal. L'abolition de cette loi, comme certains
modernistes le suggèrent, ne servirait à rien, car loin de
pouvoir mettre un terme aux abus, elle déboucherait sur de nouvelles
formes d'abus. En outre, l'abolition de cette loi provoquerait beaucoup
d'autres maux. Ce qu'il faut faire, c'est réformer les gens et les
éduquer correctement, au lieu de chercher à tout prix des
défauts à cette loi.
Maintenant, voyons pourquoi il est nécessaire d'avoir l'institution
d'un mariage à durée déterminée côte
à côte avec celle du mariage permanent. Le mariage à
durée déterminée est-il ou non compatible avec les
conditions de notre époque et les exigences de la vie moderne ?
Nous nous proposons de traiter de cette question sous deux titres :
a - La vie moderne et le mariage à durée déterminée
b - Les défauts et les points négatifs du mariage à
durée indéterminée.
La
Vie Moderne et le Mariage à durée déterminée
Comme nous avons pu déjà le constater, le mariage permanent
impose de lourdes responsabilités et obligations à la fois
au mari et à la femme.
Pourtant, aucun garçon ni aucune fille à l'âge de
la puberté, où il ou elle se voit sous la lourde pression
de l'instinct sexuel, n'est préparé(e) pour un mariage permanent.
Les exigences de l'époque moderne ont allongé l'intervalle
entre la puberté naturelle et la maturité sociale où
l'on est en mesure de fonder une famille. Anciennement, lorsque la vie
était simple, un garçon pouvait, dès sa puberté,
entreprendre un travail ou un métier qu'il continuerait à
pratiquer jusqu'à la fin de sa vie. Mais de nos jours ce n'est plus
possible. Un garçon complète les différentes phases
de son éducation ou de sa formation à l'âge de 25 ans,
quand bien même il n'aurait échoué dans aucune de ces
phases. C'est à cet âge seulement qu'il pourrait espérer
avoir un revenu indépendant. Il lui faudra trois ou quatre autres
années d'attente et de travail avant de pouvoir avoir les moyens
matériels de s'installer dans la vie et de se marier. Il en va de
même pour une fille qui désire recevoir une meilleure éducation
et une formation adéquate.
Les adolescents
et la crise sexuelle
Aujourd'hui, si vous demandiez à un garçon de 17 ans,
dont le besoin sexuel est à son paroxysme, de se marier, les gens
se moqueraient de vous. Il en va de même avec une élève
de 16 ans. A cet âge, aussi bien les garçons que les filles
sont incapables de supporter le fardeau d'un mariage permanent et d'accepter
les responsabilités qui en découlent, non seulement concernant
la vie du ménage, mais vis-à-vis des futurs enfants.
Que choisir
: une vie monacale temporaire, un communisme sexuel, ou un mariage à
durée déterminée ?
Nous savons ce qu'est la nature, mais les conditions de la vie dans
le monde actuel ne nous permettent pas de nous marier à l'âge
de 16 ou de 17 ans. La nature n'est pas préparée à
retarder la puberté ni à ajourner le besoin sexuel jusqu'à
la fin de notre formation ou de nos études. Nos jeunes sont-ils
disposés à passer une vie de moine temporaire, de renoncement
et d'extrême austérité, jusqu'à ce qu'ils soient
éligibles pour un mariage permanent ? Même si un jeune homme
voulait bien accepter une vie d'ermitage temporaire, la nature est-elle
disposée à l'excuser des tensions et des désordres
nerveux qui résultent normalement de l'abstinence des activités
sexuelles normales, comme l'a bien montré la psychanalyse moderne
?
Sinon, il reste deux alternatives seulement. La première consisterait
à laisser à un garçon la latitude de jouir de dizaines
de filles, et à une fille la possibilité d'avoir des relations
illicites avec plusieurs garçons, et de recourir par la suite à
plusieurs avortements. Cela équivaudrait pratiquement à l'acceptation
du communisme sexuel. Certes, si nous autorisions une telle permissivité
à pied d'égalité aux garçons et aux filles,
nous donnerions satisfaction à la Déclaration des Droits
de l'Homme, car l'esprit de celle-ci exige que si les hommes et les femmes
voulaient aller en Enfer ensemble, ils devraient y aller ensemble main
dans la main (en toute égalité). Mais la question qui se
pose alors est s'il est possible pour de tels garçons et filles
de former une famille saine lorsqu'ils se marient d'un mariage permanent,
après tant de relations sexuelles pendant la phase scolaire et universitaire.
La seconde alternative : un libre mariage à durée déterminée.
En premier lieu, le mariage à durée déterminée
restreint une femme à n'avoir qu'un seul homme à la fois.
Il est clair que la restriction imposée à la femme entraîne
bon gré mal gré une restriction pour l'homme, qu'il le veuille
ou non. Si chaque femme est restreinte à un seul homme, chaque homme
sera naturellement restreint à une seule femme, sauf si le nombre
de l'un des deux sexes était de loin plus grand que celui de l'autre.
Donc, les garçons et les filles peuvent traverser leur phase d'études
sans être confrontés aux effets maladifs de l'ermitage temporaire,
ni tomber dans l'abîme du communisme sexuel.
Le mariage d'essai
La nécessité du mariage d'essai n'est pas limitée
à la période des études seulement, mais elle se fait
sentir dans d'autres circonstances aussi. Ainsi, un homme et une femme
désirant se marier d'un mariage permanent, mais n'ayant pas encore
une confiance totale l'un en l'autre, pourraient contracter un mariage
d'essai pour une période déterminée au terme de laquelle
ils décideraient de rester ensemble s'ils constataient qu'ils étaient
faits l'un pour l'autre, autrement ils se sépareraient.
On peut s'interroger sur les raisons qui ont conduit les Européens
à grouper un nombre de prostituées dans un lieu particulier
sous le contrôle de l'Etat ? N'est-ce pas parce que l'existence de
célibataires incapables de se marier d'un mariage permanent constituerait
un danger potentiel pour les familles et les foyers ?
Russel
et sa théorie de mariage à durée déterminée
Dans son livre "Le Mariage et la Morale", le célèbre philosophe
anglais Bertrand Russel dit : «Les prostituées protègent
la chasteté de nos femmes et de nos filles. Lorsque cette opinion
a été exprimée par Luckey au milieu de l'époque
victorienne, les moralistes furent très offensés, sans avoir
compris le sens réel de cette opinion. En tout cas ils étaient
incapables de réfuter les arguments de Luckey. La logique des moralistes
était que si le peuple avait suivi leurs enseignements, les prostituées
n'auraient plus existé. Mais ils savent bien que personne ne prêtait
attention à ce qu'ils disaient.»
Cette thèse occidentale, visant à écarter les risques
que présentent les hommes et les femmes incapables de se marier
d'un mariage permanent, était la même que l'Islam avait présentée
plusieurs siècles auparavant. Si cette thèse est adoptée
et que ce devoir social est laissé à la charge d'une catégorie
de femmes malheureuses, la femme pourra-t-elle pour autant préserver
sa dignité, atteindre la position convenable, et les choses iront-elles
dans le sens de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
?
Bertrand Russel a consacré dans son livre un chapitre à
la question du "Mariage d'essai", où il écrit notamment :
«Lindsay, qui fut pendant de longues années président
du tribunal de Denver, et qui a pu constater beaucoup de faits dans l'exercice
de ses fonctions, propose l'institution d'un "mariage d'amitié",
mais malheureusement sa proposition lui a valu la perte de son poste aux
Etats-Unis. On lui reprochait en fait de penser plus au bonheur des jeunes
filles et des jeunes gens qu'à susciter un sentiment de culpabilité
chez eux. Les Catholiques et les anti-Noir, les Ku Klux Klan, ont joué
un rôle principal dans sa destitution.
«La proposition du mariage d'amitié faite par un conservateur
sage avait pour but l'instauration d'une sorte de stabilité dans
les relations sexuelles. En effet, Lindsay avait remarqué que l'obstacle
principal devant le mariage est le manque d'argent. La nécessité
de l'argent n'avait pas pour seule cause le souci de la charge que poserait
la naissance de futurs enfants, il y avait aussi le fait que charger la
femme de la tâche d'assurer les besoins du ménage n'était
pas considéré comme convenable. De là, l'idée
de la nécessité pour les jeunes gens de recourir au mariage
de compagnie qui diffère du mariage ordinaire sur trois points :
1 - Ce mariage n'a pas pour but la mise au monde d'enfants.
2 - Puisque la jeune femme n'aura pas engendré d'enfants et ne
sera pas tombée enceinte, le divorce par consentement mutuel sera
facile.
3 - Au cas de divorce, la femme aura mérité une allocation
lui assurant sa subsistance.
Pour ma part, je ne doute pas de la pertinence de la proposition de
Lindsay. Si la loi l'avait acceptée, cela aurait assaini beaucoup
les murs».
Ce que Lindsay et Russel appellent "le mariage d'amitié" ou de
"compagnie", bien qu'un peu différent du mariage à durée
déterminée que l'Islam avait institué, montre que
des penseurs occidentaux se sont rendus compte que le mariage normal et
permanent ne suffit pas à la satisfaction de tous les besoins de
la société.
Le mariage à
durée déterminée II
Nous avons déjà décrit les caractéristiques
du mariage à durée déterminée, sa nécessité,
et l'insuffisance du mariage permanent pour la satisfaction de tous les
besoins de l'humanité. Maintenant, nous nous proposons d'étudier,
comme on dit, le revers de la médaille, c'est-à-dire les
éventuels désavantages et inconvénients du mariage
à durée déterminée. Mais avant d'entrer dans
le vif du sujet, il convient d'éclaircir le point suivant :
L'Historique des croyances
De tous les sujets à propos desquels diverses opinions ont été
exprimées, aucun ne semble aussi complexe et aussi ambigu que l'histoire
des idées, des croyances, coutumes et des usages humains. C'est
pourquoi, bien que ce sujet ait été le plus populaire, la
plupart des opinions exprimées à son propos ont été
absurdes. Toute personne connaissant des sujets tels que la philosophie,
la gnose, le mysticisme, la scholastique musulmane, et lisant les écrits
contemporains, dans notre nation, sur les questions relatives à
ces sujets qui sont empruntés à l'étranger, ou des
reproductions exactes de ces écrits, peut comprendre très
bien ce que je veux dire. Les écrivains de nos jours reproduisent
le plus souvent, ou tout au moins répètent, les écrits
des orientalistes, alors que ceux-ci et leurs acolytes ne font qu'approfondir
ces questions.
Par exemple, la question qu'on connaît dans le mysticisme musulman
sous le vocable de "wahdat al-wujûd" [l'unité de l'Etre] a
été discutée sous tous les angles concevables. Pourtant
la seule chose qu'on y a négligée est de savoir :Qu'est-ce
que l'unité de l'Être? Quelle était la conception de
ses précurseurs et héros, tels que Muhy-al-Dîn Ibn
Arabî et Sadr-ul-Muta'allihîn al-Chirâzî ? Récemment,
certains commentaires sur le mariage à durée déterminée,
parus dans la revue iranienne Zané Imrûz" [Femme actuelle]
m'ont rappelé la question de "wahdat al-wujûd".
Dans ces commentaires tout a été dit à propos du
mariage à durée déterminée, sauf l'essentiel,
à savoir ce qui constitue l'esprit de la loi et l'intention du législateur.
L'indifférence qu'on y montre vis-à-vis de la loi régissant
ce mariage est due au fait qu'elle est un héritage oriental ! Si
elle était une création occidentale, la position aurait été
totalement différente.
Si cette loi avait été promulguée en Occident,
beaucoup de conférences et de séminaires auraient été
organisés aujourd'hui pour dire que la limitation du mariage à
sa forme permanente n'est pas conforme aux conditions de la seconde
moitié du 20e siècle, que la génération
actuelle ne veut pas assumer les responsabilités d'un mariage permanent,
qu'elle aspire à être libre et à mener une vie libre,
et qu'elle désire un mariage libre dont les conditions peuvent
être librement fixées selon la volonté commune des
parties concernées !
Maintenant que des voix se sont élevées en Europe en faveur
du mariage temporaire et que des personnalités éminentes
telles que Bertrand Russel le prêchent sous l'appellation de "mariage
de compagnie", on pourrait prédire que ledit mariage à durée
déterminée sera, avant longtemps, si populaire que nous serons
obligés de lancer une campagne en vue de défendre le mariage
permanent.
Des objections
On présente souvent les objections suivantes comme étant
les défauts et les inconvénients du mariage à durée
déterminée :
1 - «La base du mariage doit être permanente. Dès
le début des relations conjugales, le mari et la femme doivent savoir
qu'ils appartiennent l'un à l'autre en permanence. L'idée
de la séparation ne doit pas effleurer leurs esprits. Or le mariage
à durée déterminée ne constitue pas un contrat
permanent entre le mari et la femme.»
Certes, le mariage doit être, à la base, permanent. Toutefois,
l'objection ne pourrait être valide que si nous nous opposions au
mariage permanent et désirions à le remplacer par le mariage
à durée déterminée.
Si les deux parties ont les moyens de contracter un mariage permanent,
qu'elles ont une confiance totale l'une en l'autre, et qu'elles décident
d'être l'une à l'autre définitivement, il ne fait pas
de doute qu'elles doivent s'engager dans un mariage permanent.
La loi du mariage à durée déterminée a été
promulguée seulement parce que le mariage permanent ne peut, à
lui seul, répondre à tous les besoins de l'humanité
dans toutes les circonstances. La limitation du mariage à sa forme
permanente seulement conduit soit à une vie d'ascète temporaire
soit au communisme sexuel. Evidemment, aucun garçon ni aucune fille
à qui les possibilités d'un mariage permanent sont offertes
n'aimeraient s'engager dans une liaison temporaire.
2 - «Les femmes et les filles iraniennes, bien qu'elles soient
chiites, ne sont nullement chaudes pour un mariage à durée
déterminée. Elles le considèrent même comme
une insulte à leur égard. De là, l'opinion publique
parmi les chiites a rejeté en général ce type de mariage.»
On peut dire, en réponse à l'aversion générale
ressentie ou exprimée parmi les femmes et filles chiites vis-à-vis
du mariage à durée déterminée, que cette aversion
est due à un mauvais usage de ce type de mariage par des hommes
licencieux. Il est donc du devoir du gouvernement de prévenir ce
mauvais usage. Puis, il n'est pas raisonnable de s'attendre à ce
que le mariage à durée déterminée soit aussi
demandé que le mariage permanent, car le premier vise seulement
à satisfaire les besoins des parties concernées, si toutes
les deux, ou au moins l'une d'elles, ne peuvent ou ne veulent contracter
dans les circonstances actuelles un mariage permanent.
3 - «Le mariage à durée déterminée
n'est pas digne de la position de la femme et du respect qui lui est dû,
car il équivaudrait à la location d'un corps humain, et même
à la légalisation de la vente des êtres humains. La
dignité humaine répugne à ce qu'une femme se mette
à la disposition d'un homme contre la perception d'une somme d'argent.»
Cette dernière objection est la plus surprenante des trois. Car,
tout d'abord, comme nous l'avons expliqué plus haut, le mariage
à durée déterminée n'a aucun rapport avec un
loyer ou une vente ! Suffit-il simplement que la durée d'un mariage
soit limitée pour qu'il devienne vente ou location ? Devient-il
une location parce qu'on y a fixé une dot ? Si une femme se donne
à un homme sans que celui-ci ne dépense rien sur elle, cela
suffit-il pour préserver sa dignité ? Nous aborderons
la question de la dot dans un chapitre à part. Revenons donc aux
autres aspects des objections soulevées.
Les juristes sont unanimement d'accord que si l'on s'en tient à
la nature du contrat, il n'y a pas de différence entre le mariage
permanent et le mariage à durée déterminée.
Ce sont deux formes de mariage, et leurs contrats ne peuvent être
conclus que par la prononciation d'une formule spécifique ["Çîghah"
relative au mariage]. Si un contrat de mariage à durée déterminée
est exprimé en terme de vente ou de loyer, il est invalide.
Puis, qui dit que la pratique du louage des êtres humains est
abolie? Les couturiers, les barbiers, les cuisiniers, les experts, les
médecins, et tous les fonctionnaires de l'Etat, depuis le Premier
Ministre jusqu'au plus petit employé, ainsi que tous les ouvriers
des usines sont des gens loués.
Une femme qui, de sa propre volonté, contracte un mariage à
durée déterminée avec un homme particulier, n'est
pas une femme louée et ne commet rien d'attentatoire à sa
dignité humaine ou à son honneur. Si vous voulez voir des
femmes louées et asservies, et savoir ce que veut dire vraiment
une femme louée, vous devriez aller en Europe et aux Etats-Unis,
et visiter les compagnies cinématographiques. Vous y verrez comment
les mouvements des jambes de la femme, ses gestes, ses expressions féminines
et ses postures habilement provocatrices sont mis en vente. Les tickets
de cinéma et de théâtre que vous achetez sont, en dernière
analyse, le salaire des femmes louées. Vous rendez-vous compte jusqu'à
quel point une femme peut aller pour gagner de l'argent ? Elle doit apprendre
durant de longues années l'art de la provocation sexuelle sous la
direction de spécialistes expérimentés. Elle doit
mettre son corps, sa personnalité et son âme à la disposition
d'un établissement financier afin d'attirer plus de clients à
cet établissement. Jetez donc un coup d'il sur les cabarets et les
hôtels spécialisés pour constater "l'honneur" auquel
elle a accédé ! Pour un salaire misérable, et pour
remplir les poches d'un tel richissime, elle n'hésite pas à
mettre sa dignité et son honneur à la disposition des clients.
La femme louée, c'est le mannequin loué dans les grands magasins
et qui a sacrifié son "honneur" et sa "dignité" afin de développer
et enrichir leurs patrons. La femme louée, c'est cette femme qui
apparaît sur l'écran de la télévision sous mille
et mille formes et postures afin d'accomplir son devoir pour lequel elle
a été louée, au profit d'un article de commerce.
Qui ignore qu'en Occident contemporain, la beauté de la femme,
son attirance sexuelle, sa voix, son art, son corps, son âme et au-dessus
de tout sa personnalité sont utilisés comme un moyen de servir
les intérêts du capitalisme européen et américain
?
Je ne comprends vraiment pas pourquoi on considère une femme
qui se marie librement et volontairement avec un homme pour une période
déterminée, comme une femme louée, alors qu'on ne
considère pas comme telle une femme qui abîme sa voix et expose
son corps devant des centaines d'hommes excités dans une soirée
organisée, afin de satisfaire leurs désirs sexuels, contre
un salaire qu'elle touche à cet égard ?
En autorisant le mariage à durée déterminée,
l'Islam a protégé la femme contre son exploitation par l'homme.
L'Islam a, d'autre part, interdit à la femme de recourir à
des moyens déshonorants pour gagner sa vie. Est-ce l'Islam qui a
dégradé la femme, ou bien est-ce l'Europe de la seconde moitié
du 20e siècle ?
Si un jour la femme devient pleinement consciente des pièges
que l'homme du 20e siècle a placés sur son chemin, elle se
révoltera certainement contre toute la duperie et la tricherie dont
elle est victime. Elle se rendra compte que son seul protecteur et refuge
est le Coran. Nous sommes convaincus que ce jour ne tardera pas à
venir !
4 - «Après tout, un mariage à durée déterminée
légalise la polygamie, laquelle est une pratique odieuse. De là
le mariage à durée déterminée est condamnable.»
Cette objection appelle deux réponses. La première concerne
le mariage à durée déterminée. Nous allons
expliquer à la fin de ce chapitre les raisons pour lesquelles il
a été institué. La seconde concerne la polygamie,
nous en discuterons dans le chapitre suivant.
5 - «Un mariage à durée déterminée,
étant éphémère, n'offre pas un foyer adéquat
pour les enfants qui en naîtraient. Ainsi, ce mariage est synonyme
de naissance d'enfants sans protecteurs et privés d'un père
qui les protégerait et d'une mère qui leur montrerait sa
tendresse.»
C'est cette objection que l'on soulève le plus souvent et sur
laquelle on insiste le plus. Or, avec l'explication que nous y avons déjà
donné, nous espérons qu'elle perd sa raison d'être.
En effet, nous avons déjà expliqué que l'une des différences
entre le mariage temporaire et le mariage à durée déterminée,
est que ce dernier est institué pour les couples qui ne sont pas
prêts à faire des enfants.
Dans un mariage permanent, aucun des deux époux ne peut fuir
la responsabilité de la mise d'enfants au monde, alors que dans
le mariage à durée déterminée les deux conjoints
sont libres à ce sujet. La femme n'a évidemment pas le droit
d'empêcher son mari de jouir d'elle sexuellement, mais elle peut
prendre toutes les précautions pour prévenir tous risques
de grossesse. D'ailleurs, ce problème est tout à fait résolu
avec le développement des méthodes contraceptives modernes.
Ainsi, dans le mariage à durée déterminée,
si le mari et la femme sont tous deux disposés à avoir des
enfants ils le peuvent, à condition d'accepter la respon- sabilité
de les élever. Il est évident que sur le plan de l'affection
naturelle, il n'y a pas de différence entre un enfant né
d'une mère mariée d'un mariage permanent, et un autre, né
d'une femme mariée temporairement. Si le père ou la mère
omet de s'acquitter de son devoir envers l'enfant, il appartient à
la loi de l'obliger à assumer ses responsabilités, exactement
comme elle le fait lorsqu'elle intervient en cas d'un divorce. Si le mari
et la femme ne désirent pas avoir d'enfants, et qu'ils veulent seulement
satisfaire leur besoin sexuel à travers le mariage temporaire, ils
doivent éviter d'en concevoir.
Comme nous le savons, l'Eglise considère la contraception comme
une pratique interdite. Mais selon la loi islamique la femme et le mari
peuvent recourir à des méthodes contraceptives. Toutefois,
une fois l'embryon est formé, il n'est pas permis de le détruire
ou de l'enlever.
C'est ce que les juristes chiites veulent dire lorsqu'ils indiquent
que le but du mariage permanent est l'acceptation de la responsabilité
d'élever des enfants, alors que celui du mariage temporaire est
la satisfaction d'un besoin sexuel naturel.
Le mariage
à durée déterminée et le harem
L'un des thèmes favoris que l'Occident utilise comme arme de
dénigrement et de dévalorisation de la civilisation orientale,
et qu'il n'hésite pas souvent à mettre en scène, par
le cinéma et le théâtre, pour mieux faire passer son
message de désinformation, est la question du harem. Malheureusement
il s'appuie, pour sa démonstration, sur beaucoup d'exemples réels
dans l'histoire, qui en fait ne traduisent pas la position authentique
de l'Islam à cet égard.
La vie de certains califes et sultans fournit en effet des modèles
parfaits de harem et de l'obsession sexuelle chez l'homme oriental.
On allègue que le mariage à durée déterminée
équivaut à la légalisation du harem, lequel constitue
le point faible de l'Orient et une honte qu'il ressent devant l'Occident,
et bien plus, il équivaudrait même à donner libre cours
à l'obsession sexuelle, laquelle, quelle que soit sa forme, est
contraire à la morale et au progrès, et un facteur de décadence
de la civilisation.
La même chose a été dite à propos de la poly-
gamie, et la légalité de la polygamie a été
interprétée comme équivalente à la légalisation
du harem.
Nous discuterons de la question de la polygamie dans un chapitre spécial.
A présent, nous allons concentrer notre attention exclusivement
sur le mariage à durée déterminée.
Cette question doit être étudiée sous deux angles
:
1 - Quelles étaient les raisons de la formation de la maison
de harem sur le plan social?
2 - Est-ce que la loi du mariage à durée déterminée
vise à fournir aux hommes licencieux l'occasion de former un harem
?
Les causes
sociales de la formation du harem
Il y avait deux facteurs qui ont favorisé la formation du harem.
Le premier, était la piété et la chasteté des
femmes. Un harem ne peut être formé que lorsque le climat
social et les conditions morales sont tels qu'une femme n'a pas la possibilité
d'avoir des relations sexuelles avec plus d'un homme. Dans ce cas, un homme
riche et licencieux n'a d'autre alternative que de rassembler autour de
lui plusieurs femmes pour pouvoir en disposer.
Evidemment, dans un climat où l'on n'attache pas d'importance
à la chasteté et où les femmes sont facilement et
librement disponibles, personne ne se donne la peine de constituer un "harem"
nombreux, très coûteux.
Le second facteur était l'absence de justice sociale. Le climat
favorable à la formation du harem est celui dans lequel un petit
nombre de gens sont plongés dans l'opulence, et la majorité
se débat dans la misère et la pauvreté. Dans de telles
conditions, un grand nombre d'hommes sont privés de la possibilité
d'avoir une femme convenable et de former une famille, alors que le nombre
de femmes célibataires ne cesse d'augmenter, ce qui favorise la
formation du harem.
D'autre part, si la justice sociale prévaut, et que les moyens
de former une famille et de choisir une épouse existent pour tout
le monde, chaque femme sera automatiquement attachée à un
homme particulier et il n'y aura plus place pour la débauche et
la formation de harems.
Si chaque homme adulte est en position d'avoir une femme, il ne restera
pas suffisamment de femmes pour que les hommes riches puissent former des
harems, car normalement le nombre des femmes est plus ou moins égal
au nombre des hommes.
Il est d'habitude que l'histoire relate les récits des harems
des califes et des sultans, et décrive la pompe et le faste de leurs
cours, mais elle oublie d'expliquer la privation, la misère et la
souffrance de ceux qui mouraient au pied de leurs palais et de ceux dont
les conditions sociales ne leur permettaient pas d'avoir une épouse.
Des centaines de femmes, qui passaient leur vie dans les harems, constituaient
le droit naturel du même nombre d'hommes qui étaient obligés
de rester célibataires jusqu'à la fin de leur vie.
Indubitablement, si le principe de la chasteté gouvernait la
société, et que la pratique de la sexualité ne soit
possible que dans le cadre du mariage -temporaire ou permanent-, la formation
du harem serait impossible, à condition, bien entendu, que les inégalités
sociales et économiques disparaissent et que le droit naturel au
mariage soit accordé à tout adulte.
Un coup d'il rapide sur l'histoire permet de constater que la loi du
mariage à durée déterminée n'a joué
aucun rôle dans la formation des harems.
Aucun des califes abbassides et des sultans ottomans, connus pour avoir
gardé autour d'eux des harems très nombreux, n'était
un adepte de la théologie chiite et, par conséquent, aucun
d'entre eux ne pouvait être accusé d'avoir profité
de la loi du mariage à durée déterminée pour
former son harem.
Les sultans chiites, bien qu'ils se fussent abrités derrière
cette loi pour trouver une excuse à leurs pratiques, n'ont jamais
atteint le niveau des pratiques des califes abbassides et des sultans ottomans.
Ceci montre clairement que la formation de harems était le résultat
d'autres facteurs sociaux qui n'avaient rien à voir avec la loi
du mariage à durée déterminée.
Le
mariage à durée déterminée a-t-il été
institué pour faciliter la licence ?
On peut soupçonner tout de tout, sauf soupçonner les religions
célestes en général d'être venues pour favoriser
la débauche et l'immoralité. Loin de là, et bien au
contraire, on peut facilement vérifier que les adeptes sincères
de la plupart de ces religions ont préféré mener une
vie de renoncement et d'ascétisme.
L'un des principes clairs et distinctifs de l'Islam est son combat contre
la lascivité, que le Coran compare à l'idolâtrie. L'Islam
a considéré le "goûteur" -c'est-à-dire celui
qui aime jouir d'une variété de femmes, comme étant
haï et condamné par Allah. Nous avons cité des références
islamiques qui font autorité concernant ce sujet, lorsque nous avons
traité de la question du divorce.
L'un des traits distinctifs de l'Islam est qu'il rejette la vie monacale
et le renoncement, mais il lutte en même temps contre la débauche.
Pour l'Islam, tous les désirs naturels, y compris le désir
sexuel, doivent être satisfaits dans les limites et seulement dans
les limites du besoin naturel. L'Islam n'autorise pas qu'on ravive le feu
des désirs et que l'on les transforme en une soif inextinguible.
Il est contre tout ce qui équivaudrait à la licence et à
l'injustice.
Il est indéniable qu'il n'a jamais été dans l'intention
du législateur de la loi du mariage temporaire de fournir aux gens
sensuels un moyen de satisfaire leurs désirs charnels excessifs
et d'apporter par conséquent le désastre à une femme
et à ses enfants innocents. Le grand encouragement fait par les
Saints Imams, de l'idée du mariage temporaire, a une signification
et une philosophie particulières que nous allons expliquer brièvement.
Le harem et le monde moderne
Essayons de voir maintenant comment le monde moderne a traité
la question du harem. Le monde a regardé le harem avec dégoût,
et par conséquent cette coutume a été mise à
l'écart. L'un des deux facteurs qui l'avaient fait naître
a été éliminé. Mais lequel ? Ce n'est pas celui
de l'inégalité sociale, mais celui de la chasteté
de la femme, laquelle n'est plus de ce monde. L'homme lascif de ce siècle
n'a plus besoin de s'encombrer de la charge d'un harem et de supporter
le fardeau financier de son entretien coûteux. Merci pour la culture
occidentale, car pour l'homme de ce siècle le "harem" est disponible
partout. Il n'a pas besoin d'en constituer un pour lui. Pour jouir de femmes
de différentes races et couleurs, l'homme moderne n'a pas besoin
du pouvoir ni de la fortune d'un Hâroun al-Rachîd ou d'un Fadhl
Ibn Yahyâ al-Barmakî. Car il suffit d'avoir une voiture et
un revenu mensuel de quelques milliers francs ou dollars pour pouvoir goûter
tellement de plaisirs sexuels que même Hâroun al-Rachîd
n'aurait pas pu rêver en avoir autant. Les hôtels, les restaurants
et les cafés modernes sont toujours prêts à servir
de lieu de harem pour les hommes. Il y a quelque temps, un jeune iranien,
Adil Kuwali, a franchement admis qu'il avait eu 22 maîtresses de
divers traits et formes en même temps. Merci pour la culture occidentale,
car l'homme moderne jouit de tous les plaisirs d'un harem sans avoir à
se soucier des dépenses considérables que son entretien aurait
dû lui coûter jadis.
Si le héros des "mille et une nuits" pouvait être ressuscité
de nos jours, et voir les divers moyens de jouir et la gratuité
de la femme moderne, il aurait regretté le budget colossal et les
efforts incroyables qu'il avait été obligé de consacrer
pour entretenir son harem, et il aurait remercié le mode de vie
occidental pour l'avoir dispensé de la peine de constituer un harem,
et pour avoir décrété l'abolition de la polygamie
et du mariage temporaire qui imposent à l'homme des responsabilités
et des obligations lourdes vis-à-vis des femmes !
Si vous vous demandiez qui est le perdant dans cette partie, le gagnant
étant déjà connu, nous répondrions que c'est
malheureusement la femme qui est toujours perdante. Etant crédule
et simple, elle était la perdante hier, et elle est la perdante
aujourd'hui.
Le
2ème Calife a interdit le mariage à durée déterminée
Le mariage temporaire est un trait particulier de la loi islamique ja'farite
(chiite). Les autres écoles théologiques islamiques ne le
reconnaissent pas. Je n'ai nullement l'intention d'entrer ici dans une
polémique chiite-sunnite. Je voudrais seulement remonter aux origines
historiques de cette question.
Tous les Musulmans - sunnites et chiites confondus - sont unanimement
d'accord que le mariage temporaire ou à durée déterminée
fut autorisé et pratiqué pendant la première époque
de l'Islam et que le Saint Prophète, au cours de certains de ses
voyages où ses compagnons de route se trouvaient loin de leurs épouses
et éprouvaient une certaine difficulté à supporter
la privation, autorisait ceux-ci à contracter le mariage temporaire.
Il est également unanimement admis que c'est le deuxième
calife, 'Omar Ibn al-Kattâb, qui a banni cette pratique du mariage
temporaire pendant son mandat califal. Selon un hadith célèbre,
il a dit : «Aujourd'hui, j'interdis deux choses qui ont été
autorisées pendant la période du Prophète. Ce sont
le mariage temporaire et l'accomplissement du Hajj et de la 'Umrah avec
des ihrâm séparés.»
Certains sunnites croient à tort que c'est le Prophète
lui-même qui aurait banni le mariage temporaire vers la fin de sa
vie et que le deuxième calife n'a fait que répéter
et confirmer l'uvre du Messager d'Allah. Mais les propos ci-dessus du calife
'Omar montrent clairement que c'est lui qui a interdit ce mariage, et non
le Saint Prophète. L'explication correcte de ce point, on la doit
au 'Allâmah Kâchif al-Ghitâ' : «Le calife 'Omar
a prohibé le mariage temporaire -autorisé pendant l'époque
du Prophète- parce qu'il croyait que son pouvoir constitutionnel,
en tant que Chef d'Etat -qui peut utiliser ses pouvoirs spéciaux
selon les besoins de son époque- le lui permettait. En d'autres
termes, l'ordre califal était un acte politique et non légal.
Le calife 'Omar n'a jamais caché son inquiétude de la dispersion
des Compagnons dans les territoires nouvellement conquis et leur mélange
avec les peuples convertis de fraîche date. Durant son califat, il
leur interdisait de sortir de Médine de crainte que leur sang ne
se mélange avec celui des nouveaux convertis avant que ceux-ci ne
reçoivent une éducation islamique profonde. Car il estimait
qu'un tel mélange était prématuré et constituait
un danger potentiel pour les futures générations. Par conséquent,
ce facteur ou cette cause de l'interdiction avait un caractère purement
provisoire et circonstanciel et non une interdiction essentielle et définitive.
Si les Musulmans ont accepté cette interdiction à l'époque
sans une protestation générale contre l'abolition d'une pratique
autorisée par le fondateur incontesté de la Ummah, le Prophète
(P), c'est parce qu'ils l'ont considérée comme un ordre d'intérêt
politique provisoire, et non comme une loi permanente. Autrement, comment
le calife de l'époque aurait-il pu se permettre de dire «le
Prophète avait fait quelque chose, et moi, je fais le contraire»
sans soulever une vive protestation de la part des Musulmans ? Mais, par
la suite, et à cause de certains développements politiques,
la vie des premiers califes, notamment Abû Bakr et Omar, fut considérée
comme un modèle à suivre, et leurs ordres comme des lois
permanentes [Sunnah]. Cette transformation indue d'un ordre ou d'une décision
circonstancielle et provisoire en une loi permanente est à reprocher
plus aux gens qu'aux deux califes eux-mêmes, lesquels avaient banni
provisoirement le mariage à durée déterminée
pour des considérations politiques (tout comme l'interdiction du
tabac décrétée par les ulémas d'Iran au début
de ce siècle). C'est pourquoi nous estimons qu'on a pas le droit
de conférer un caractère permanent à cette interdiction
circonstancielle et temporaire.»
Evidemment, 'Allâmah Kâchif al-Ghitâ' n'a pas jugé
si cette interdiction faite par le deuxième calife était
justifiée ou non. Il a tout simplement décrit la nature provisoire
de l'interdiction et la raison pour laquelle les gens ne s'y sont pas opposés.
En tout état de cause, ce sont l'influence et la personnalité
du calife, ainsi que l'attachement passionnel et affectif des gens à
ses traditions et à son administration, qui ont conduit à
l'oubli de cette loi islamique du mariage temporaire et à la négligence
de cette tradition du Prophète, qui complète le mariage permanent
et dont l'abolition a créé beaucoup de problèmes dans
la société musulmane.
Et c'est dans ces circonstances, et afin que cette tradition islamique
ne soit pas complètement oubliée, que les Saints Imams, qui
étaient les défenseurs et les gardiens de la Foi, l'ont encouragée
avec beaucoup d'énergie et ont plaidé pour elle. L'Imam al-Sâdiq
disait que le mariage temporaire est un des points à propos desquels
le principe de "la dissimulation de protection" [taqiyyah] ne doit
jamais être mis en application.
Ce qui a conduit les Imams à défendre avec force le mariage
à durée déterminée, ce n'était pas seulement
ses avantages intrinsèques, mais aussi leur souci de ressusciter
une tradition abandonnée. A notre avis, lorsque les Imams interdisaient
aux hommes mariés de contracter un mariage à durée
déterminée, c'était pour faire comprendre que cette
loi n'a pas été promulguée pour les hommes qui n'en
ont pas besoin. C'est dans ce sens que l'Imam al-Kâdhim a dit un
jour à Ali Ibn Yaqtîn : «Pourquoi veux-tu contracter
un mariage temporaire, alors qu'Allah t'a épargné le souci
d'en avoir besoin ?» Et il a dit à un autre homme : «Le
mariage temporaire est autorisé pour ceux qui n'ont pas de femme.
Quant à ceux qui en ont une, il leur est permis seulement lorsqu'ils
n'ont pas accès à elle.»
L'écrivain égyptien, Cheikh Mohammad Abû Zohrah
cite, dans son livre "Al-Ahwâl al-Chakhçiyyah", cette parole
attribuée à l'Imam Ali : «Si j'apprenais qu'un homme
marié a contracté un mariage temporaire, je le lapiderais
à mort». Cette tradition n'est pas connue comme étant
rapportée par une chaîne qui fait autorité [çahîh].
En tout état de cause, si son authenticité est établie,
elle corrobore l'opinion selon laquelle le mariage temporaire n'est autorisé
que dans le cas d'un homme qui, ou bien n'a pas de femme, ou bien se trouve
loin d'elle et n'habite pas avec elle.
Pourquoi nous attachons-nous à une seule tradition, rapportée
par des uléma sunnites, et dont la source est inconnue, en laissant
de côté un grand nombre d'autres traditions de l'Imam Ali,
rapportées par tous les livres chiites et sunnites, au chapitre
de "Mut'ah" [mariage temporaire, ou de plaisir] ?
Dans l'un de ses précieux discours, l'Imam Ali, le Commandeur
des Croyants, a dit : «Si 'Omar n'avait pas pris l'initiative d'interdire
le mariage temporaire, aucun homme, sauf quelques obsédés
sexuels, ne commettrait l'adultère.» C'est dire que si le
mariage à durée déterminée n'avait pas été
prohibé, personne n'aurait développé en lui une volupté
capable de le conduire à l'adultère. Seuls les gens qui sont
toujours enclins aux actes interdits et aux péchés, l'auraient
commis.
LA POLYGAMIE
.:Retour au sommaire:.
La monogamie est la forme la plus naturelle de la vie conjugale. Dans ce
système prévaut l'esprit de la possession individuelle et
privée -bien que cette sorte de possession diffère de celle
de la fortune ou de la propriété matérielle-. Chacun
des deux conjoints considère les sentiments et les désirs
sexuels de l'autre comme étant sa propriété particulière
exclusive.
A l'opposé de la monogamie, il y a la polygamie et le communisme
sexuel, ce dernier étant aussi considéré comme une
sorte de polygamie.
Le communisme sexuel
Le communisme sexuel signifie qu'il n'y a pas d'exclusivité.
Selon cette théorie, aucun homme ne doit appartenir exclusivement
à une femme en particulier, ni aucune femme exclusivement à
un homme donné. Il équivaut à la négation totale
de la famille. L'histoire et les théories relatives aux époques
préhistoriques, ne mentionnent aucune période pendant laquelle
ait régné un communisme sexuel et une absence totale de vie
familiale. Ce que certains ont appelé communisme sexuel, qu'ils
ont prétendu avoir prévalu chez certaines populations primitives
sauvages, n'était en réalité qu'une étape intermédiaire
entre la vie familiale et le communisme sexuel. On dit qu'il arrivait que,
parmi certaines tribus sauvages, un nombre de frères épousent
collectivement un nombre de surs, et qu'un groupe d'hommes d'une population
épousent collectivement un groupe de femmes d'une autre population.
Dans son livre, "Histoire des Civilisations" (vol.I) Will Durant écrit
: «Dans certaines régions du monde, le mariage était
collectif. (...) Au Tibet, par exemple, la coutume qui prévalait
consistait en ceci qu'un certain nombre de frères se mariaient avec
un nombre égal de surs, sans qu'aucune de celles-ci ne soit la femme
exclusive de l'un de ceux-là. Ils vivaient tous dans une sorte de
collectivisme où chaque homme pouvait coucher avec n'importe quelle
femme. César, l'empereur de Rome fit état de l'existence
d'une coutume similaire chez les anciens Anglais. La coutume qui voulait
qu'un homme se mariât avec la femme de son frère défunt,
et qui était répandue chez les Juifs et certains peuples
anciens, constitue l'un des vestiges de ces coutumes.»
L'opinion de Platon
Il paraît que lors de l'énonciation de sa théorie
de "Philosophes-Gouvernants", Platon suggéra dans son livre "La
République" que cette classe mène une vie familiale commune
ou socialiste. Beaucoup de dirigeants communistes du XIXe siècle
aussi ont fait une suggestion similaire, mais comme le rapporte l'auteur
du livre "Freud et la prohibition du mariage consanguin", après
une amère expérience, certains grands pays communistes ont
reconnu officiellement la loi de la monogamie en 1938.
La Polyandrie
L'autre forme de la polygamie est la polyandrie, c'est-à-dire,
le fait qu'une femme a plus d'un mari à la fois. Selon Will Durant,
cette coutume est répandue parmi certaines tribus du Tibet.
Dans son célèbre corpus de Traditions « Sahîh
», al-Bukhârî rapporte que Ayechah a dit que, parmi les
Arabes de l'époque pré-islamique, il y avai plusieurs sortes
de relationconjugales. L'une d'elles, était celle du mariage pratiqué
actuellement. Dans ce type de mariage, un homme demandait la main d'une
fille à son père et se mariait avec elle après avoir
fixé la dot. Les enfants nés d'un tel mariage ne laissaient
place à aucune controverse quant à l'identité de leur
père. Il y avait une autre sorte de mariage appelé "Istibdhâ'",
dans lequel, un mari désirant avoir une meilleure qualité
de progéniture, choisissait un homme donné et demandait à
sa femme d'avoir des rapports sexuels avec lui pendant une période
déterminée, et s'écartait lui-même d'elle pendant
cette période et ce jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. C'était
un mariage dans le mariage, et il avait pour but l'amélioration
de la lignée. Selon une autre coutume, un groupe inférieur
à dix hommes établissait une liaison avec une femme donnée.
Lorsqu'elle tombait enceinte et mettait l'enfant au monde elle les convoquait
tous, et aucun d'eux ne pouvait, selon la coutume de l'époque, décliner
sa convocation. Elle choisissait alors l'un d'entre eux pour devenir le
père de son fils, et il le devenait officiellement et légalement,
car il n'avait aucune possibilité de refuser d'assumer la responsabilité
de sa paternité.
La quatrième sorte de relation conjugale était appelée
"prostitution". Les prostituées plaçaient un drapeau au-dessus
de leurs maisons pour se faire connaître et pour faire connaître
leurs marques distinctives. N'importe quel homme pouvait avoir accès
à elles. Si l'une d'elles mettait un enfant au monde, elle faisait
venir tous ceux qui avaient eu des rapports sexuels avec elle, et, avec
le concours d'un physionomiste, elle déterminait le père
de son enfant. L'homme qui avait été désigné
par le physionomiste devait accepter la décision de ce dernier et
la paternité de l'enfant.
Telles étaient les différentes sortes de relations conjugales
qui prévalaient en Arabie pré-islamique. Le Prophète
les a toutes abolies, à l'exception de celle qui se pratique aujourd'hui.
Cela montre que la coutume de la polyandrie existait aussi chez les
Arabes de l'époque pré-islamique.
Montesquieu écrit dans son livre "L'Esprit des Lois" que le globe-trotter
arabe Abû Dhahîr al-Hassan avait découvert l'existence
de cette coutume (la polyandrie) en Inde et en Chine pendant son voyage
dans ces pays au IXe siècle, et l'avait considérée
comme une sorte de débauche. Il écrit aussi : «Sur
les côtes de Malabar vit une tribu dénommée Nâïr,
dans laquelle l'homme n'a pas le droit de se marier avec plus d'une femme,
alors que l'on autorise les femmes à se marier avec plusieurs hommes
à la fois. La raison de cette coutume est probablement que les Nâïr
appartiennent à une race de guerriers dont la profession est le
combat et la chasse. Tout comme nous décourageons, en Europe, le
mariage des soldats, afin que leurs femmes ne constituent pas un obstacle
devant leur départ pour la guerre, les tribus de Malabar avaient
décidé qu'autant que possible les membres mâles de
la tribu de Nâïr seraient dispensés des responsabilités
familiales. Et, étant donné qu'à cause du climat tropi-
cal de la région il n'était pas possible de bannir tota-
lement le mariage, on avait décidé que plusieurs hommes s'occuperaient
d'une seule femme pour qu'ils ne soient pas surchargés de responsabilités
familiales et que leur efficacité professionnelle n'en pâtisse
pas.»
Les défauts de
la polyandrie
Le défaut principal et fondamental du système de la polyandrie
est le fait que la paternité des enfants demeure pratiquement incertaine.
Dans ce système, les relations entre l'enfant et le père
sont indéterminées, de là son échec. Etant
donné que le collectivisme sexuel n'a réussi à prendre
racine nulle part, ce système n'a été accepté
lui non plus par aucune société digne de ce nom. Comme nous
l'avons dit précédemment, la vie familiale, l'édification
d'un foyer pour la génération future, et la liaison définie
entre les générations passées et futures sont quelques-uns
des besoins de l'instinct humain. Les cas exceptionnels de la pluralité
de maris chez certaines populations humaines ne prouvent pas que le désir
de l'individu de former sa propre famille ne soit pas un instinct humain.
D'une façon similaire, le célibat perpétuel et l'abstinence
totale de toute vie familiale, tels qu'ils sont pratiqués par un
certain nombre d'hommes et femmes, ne constituent pas une preuve de la
déviation de toute l'humanité ou de sa tendance à
renoncer à la vie conjugale et familiale. La polyandrie n'est pas
seulement incompatible avec la nature monopolisatrice de l'homme et son
amour paternel envers ses enfants, mais elle est opposée à
la nature de la femme aussi. Les recherches psychologiques ont démontré
que la femme veut la monogamie plus que l'homme.
La Polygamie II
L'autre forme de la polygamie(11)
est la pluralité des épouses. Elle a été plus
courante et pratiquée avec plus de succès que la polyandrie
ou le collectivisme sexuel. Elle ne prévalait pas seulement chez
les tribus sauvages, mais chez beaucoup de peuples civilisés. Outre
les Arabes, les Juifs, les Iraniens de l'époque Sassanide et beaucoup
d'autres la pratiquèrent aussi. Montesquieu écrit qu'en Malaisie,
il était permis à l'homme d'avoir trois femmes. Il écrit
aussi que l'Empereur Romain Valentinien II autorisa, par un édit,
les sujets de l'Empire à se marier avec plusieurs femmes, mais étant
donné que cette loi ne s'accommodait pas avec le climat européen,
elle fut bannie par les autres empereurs romains, tels que Théodore,
etc.
L'Islam et la Polygamie
A la différence de ce qu'il a fait avec la polyandrie, l'Islam
n'a pas aboli totalement la polygamie, mais il y a mis des restrictions.
Ainsi, d'une part, il a fixé à quatre le nombre maximum de
femmes avec lesquelles un homme pourrait se marier, et d'autre part, il
a posé certaines conditions et imposé certaines exigences
à quiconque se propose de se marier avec plus d'une femme, de telle
sorte que se marier avec plusieurs femmes n'est pas donné à
n'importe qui ni, n'importe comment. Nous traiterons de ces conditions
plus loin, et nous expliquerons pourquoi l'Islam n'a pas banni totalement
la polygamie.
Il est surprenant qu'au Moyen Age, alors que la propagande anti-musulmane
était à son paroxysme, les détracteurs de l'Islam
aient dit que c'était le Prophète qui avait inventé
pour la première fois la coutume de la polygamie. Ils prétendaient
que cette coutume était le fondement de l'Islam et la cause principale
de sa propagation rapide parmi les différents peuples du monde.
En même temps, ils alléguaient que la cause du déclin
des peuples orientaux était la polygamie.
Dans son livre "Histoire des Civilisations" (Vol.I) Will Durant écrit
: «Les hommes du Clergé du Moyen Age croyaient à tort
que la polygamie était une invention du Prophète de l'Islam.
Comme nous le savons, la vie matrimoniale de la plupart des sociétés
primitives était marquée par la polygamie. Il y a plusieurs
causes à son apparition. Dans les sociétés primitives,
les hommes étaient pour la plupart occupés à la chasse
ou au combat, et le niveau de la mortalité était évidemment
très haut parmi eux. Et, étant donné que le nombre
de femmes excédait en conséquence celui des hommes, il était
inévitable d'adopter ce système. Il n'était pas possible
de laisser un grand nombre de femmes dans un état de célibat,
car le taux de mortalité étant très élevé
dans les sociétés primitives, il fallait que toutes les femmes
procréent. Il ne fait pas de doute que ce système s'adaptait
à ces sociétés non seulement à cause de l'excédent
du nombre de femmes par rapport à celui des hommes, mais aussi parce
qu'il renforçait numériquement les hommes. A l'époque
moderne, les hommes les plus forts et jouissant d'une très bonne
santé se marient habituellement tard et engendrent peu d'enfants.
Tandis que dans le passé, les hommes solides pouvaient avoir les
meilleures femmes et faire beaucoup d'enfants. C'est pourquoi cette pratique
a continué à exister pendant très longtemps, non seulement
parmi les peuples primitifs, mais même parmi les peuples civilisés.
Ce n'est que récemment qu'elle a commencé à disparaître
graduellement dans les pays orientaux. L'agriculture a stabilisé
la vie des hommes et réduit les difficultés et les périls
des époques anciennes, entraînant l'égalisation approximative
du nombre des hommes et des femmes. Maintenant, la polygamie, même
dans les sociétés primitives ou sous-développées,
est devenue le privilège d'une petite minorité de riches,
alors que chez les grandes masses, l'homme doit se contenter d'une seule
femme, et peut s'adonner à l'adultère, lorsque cela est possible,
pour avoir un peu plus de jouissance.»
Dans son livre "L'Histoire de la Culture", Gustave Le Bon écrit
: «Aucune coutume orientale n'a été diffamée
par les Européens autant que la polygamie, et ces derniers ne se
sont jamais trompés dans leur jugement autant qu'ils ont mal jugé
cette coutume. En effet, les écrivains européens ont considéré
la polygamie comme étant la base de la religion musulmane et la
cause principale et de la propagation de l'Islam et du sous-développement
des peuples musulmans. De plus, ils se sont apitoyés sur le sort
des femmes musulmanes. Ils disent, entre-autres, à ce propos, que
ces femmes malheureuses sont emprisonnées entre les quatre murs
de leurs maisons et à la merci de leurs eunuques, et que le moindre
comportement de leur part qui déplairait au maître de la maison
pourrait les conduire à une mort sévère. Mais de telles
allégations n'ont aucun fondement. Si les lecteurs européens
de ce livre se détachent, serait-ce l'espace d'un moment, de leurs
préjugés européens, ils comprendront que la polygamie
a consolidé les relations familiales et rehaussé la moralité
des peuples où cette coutume était répandue. C'est
grâce à cette coutume que la femme en Orient a droit à
plus de respect qu'en Europe. Avant de démontrer ce point, nous
devons bien préciser que cette coutume n'est d'aucune façon
une création de l'Islam. Elle était pratiquée bien
avant l'Islam par tous les peuples orientaux, y compris les Juifs, les
Iraniens, etc. Les peuples qui ont embrassé l'Islam en Orient n'ont
aucunement appris la polygamie par l'Islam. De même, aucune des religions
qui sont apparues jusqu'à maintenant dans le monde ne semble avoir
la capacité de créer ni d'abolir une telle coutume qui est
le pur produit du climat oriental et des caractéristiques raciales
des peuples orientaux, ainsi que d'autres facteurs intimement liés
au mode de vie de l'Orient. La polygamie n'a rien à voir avec
la religion. Et bien que le climat, l'eau et l'air de l'Occident ne soient
pas particulièrement propices à l'apparition d'une telle
coutume, la monogamie n'a d'existence réelle que dans les livres
de codes civils. Dans la vie réelle, elle n'a pas de traces. On
ne sait pas comment et de quelle façon la polygamie légale
qu'on voit en Orient est inférieure à la polygamie clandestine
des peuples occidentaux. Il semble même que la première soit
plus digne et plus convenable que la seconde sur tous les plans. Lorsque
les Orientaux se rendent dans un pays européen et y voient ce qui
se passe et ce qui se pratique, ils s'étonnent de la critique européenne
de leur coutume et se sentent offensés...»
Il est certain que l'Islam n'a pas inventé la poly- gamie. Tout
ce qu'il a fait, c'est d'y mettre des restrictions. Il lui a prescrit des
limites maximales. Il a posé des conditions pour la pratique de
la polygamie, laquelle existait chez la plupart des peuples qui ont embrassé
l'Islam. Ces peuples ont été seulement contraints de se conformer
aux conditions qu'il a posées à sa pratique.
Christenson écrit dans son livre : "L'Iran à l'Epoque
Sassanide" : «La polygamie était considérée
comme la base de la famille. Le nombre de femmes qu'un homme pouvait avoir
dépendait pratiquement de ses moyens. Les gens pauvres n'étaient
pas à même d'avoir plus d'une femme en règle générale.
Le chef de la famille avait, en tant que tel, des droits spéciaux.
L'une des épouses était considérée comme la
favorite, et jouissait de pleins droits. D'autres femmes étaient
traitées en simples servantes. Les droits légaux de ces deux
catégories d'épouses étaient largement différents.
Les filles esclaves étaient inclues parmi les femmes servantes.
On ne sait pas combien de favorites un seul homme pouvait avoir. Mais d'après
les comptes rendus des tribunaux, il y avait des hommes qui avaient plus
d'une favorite. Chacune de ces favorites portait le titre de "la maîtresse
de la maison", et possédait une maison indépendante. Le mari
avait l'obligation, pendant toute sa vie, de pourvoir aux dépenses
de sa favorite et de prendre soin d'elle. Chaque fils [de la favorite]
jusqu'à l'âge de la puberté, et chaque fille jusqu'à
l'âge du mariage, jouissaient de ces mêmes droits. Quant aux
épouses de la catégorie des servantes, seuls leurs fils (et
non leurs filles) avaient le droit de vivre à la charge de leur
père.»
Saîd Nafîcî écrit, dans son "Histoire sociale
de l'Iran depuis la chute des Sassanides jusqu'à la chute des Omayyades"
: «Le nombre de femmes avec lesquelles un homme pouvait se marier
était illimité, et d'après les documents grecs, il
y avait parfois plusieurs centaines de femmes dans la maison d'un homme».
Citant un historien romain, Montesquieu écrit : «Beaucoup
de philosophes romains, qui étaient persécutés par
les Chrétiens pour leur refus d'embrasser le Christianisme, s'enfuirent
de Rome et se réfugièrent chez le Roi iranien Khosrow Parwiz.
Là ils furent surpris de voir que non seulement la polygamie était
légale dans ce pays, mais que les hommes iraniens avaient aussi
des liaisons avec les femmes des autres.»
Il est à préciser que lesdits philosophes romains s'étaient
réfugiés en fait au palais du Roi perse Anûchirwân,
et non Khosrow Parwiz, comme l'a écrit Montesquieu, à cause
d'une méprise sans doute.
Pendant l'ère pré-islamique, les Arabes pouvaient avoir
un nombre illimité de femmes. C'est l'Islam qui en a limité
le nombre maximum. Cela a créé évidemment des problèmes
pour ceux qui avaient jusqu'à dix femmes et qui, en embrassant l'Islam,
étaient contraints de se séparer de six d'entre elles.
Il ressort clairement de ce qui précède que la polygamie
n'est nullement une invention de l'Islam. L'Islam n'a fait que la restreindre.
En tout cas, il ne l'a pas abolie totalement. Dans les chapitres suivants,
nous discuterons des causes des facteurs qui ont concouru à la naissance
de cette coutume, et nous expliquerons pourquoi l'Islam ne l'a pas abolie.
Nous discuterons également des raisons qui ont conduit à
la fois les hommes et les femmes à s'opposer à la polygamie.
Les causes
historiques de la polygamie I
Quelles sont les causes historiques et sociales de la polygamie ? Pourquoi
de nombreuses nations dans le monde, notamment en Orient, ont-elles accepté
cette coutume, et pourquoi d'autres nations, notamment celles de l'Occident,
n'ont-elles pas accepté sa légalisation ? Comment se fait-il
que parmi les trois formes de polygamie, seule la pluralité des
femmes s'est propagée, alors que la polyandrie et le collectivisme
sexuel étaient sinon totalement ignorés, du moins pratiqués
rarement et dans des cas exceptionnels.
Sans tenir compte de ces questions nous ne pourrions ni discuter de
celle de la polygamie du point de vue islamique, ni l'étudier sur
le plan des exigences humaines modernes.
Si nous ne prenons pas en considération les larges et profondes
études psychologiques et sociales faites à ce propos, nous
serions amenés à dire et à répéter les
mêmes refrains qu'on entend souvent : «La cause de la polygamie
est très évidente ; elle est due à la tyrannie, à
l'injustice de l'homme, et à son asservissement de la femme, et
c'est à cause de la domination de l'homme sur la femme que celui-là
s'est permis de promulguer des lois et d'instituer des coutumes qui servent
ses intérêts ; c'est uniquement dans son intérêt
et contre celui de la femme qu'il a promulgué la loi de la polygamie
et qu'il l'a appliquée durant tous ces longs siècles. Etant
donné que la femme était opprimée, elle ne pouvait
pas mettre en pratique la polyandrie. Mais aujourd'hui, l'époque
de la domination de l'homme étant révolue, le privilège
de la polygamie -dont jouissait l'homme- a cédé la place,
comme bien d'autres privilèges injustes, à la loi de l'égalité
et de la similarité entre les droits de l'homme et de la femme.»
C'est là une pensée absurde et insensée. Car ni
la domination de l'homme sur la femme n'est la cause de la polygamie, ni
l'échec de la polyandrie n'est dû à la faiblesse de
la femme. Si la polygamie n'existe pratiquement plus de nos jours, ce n'est
pas parce que l'époque de la domination de l'homme serait révolue.
Loin de là ! L'homme n'a pas perdu ses privilèges ; bien
au contraire, il a acquis encore un autre avantage par rapport à
la femme.
Nous ne nions pas que le facteur de la domination ait joué un
rôle dans l'histoire humaine, ni que l'homme ait abusé de
son pouvoir sur la femme tout au long de l'histoire. Mais nous croyons
que c'est de la myopie que de vouloir réduire l'explication des
rapports homme/femme au facteur de la force et de la domination.
Si nous admettions une telle théorie, nous devrions admettre
aussi qu'à l'époque où la polyandrie était
répandue parmi les Arabes du pré-Islam, ou parmi les Naïrs
des côtes de Malabar comme l'a rapporté Montesquieu, la femme
avait eu l'occasion d'arracher le pouvoir des mains de l'homme et de lui
imposer la polyandrie. Nous devrions admettre aussi que cette époque-là
était l'âge d'or de la femme. Mais nous savons avec certitude
que l'époque pré-islamique de l'Arabie était l'une
des époques les plus noires de la vie de la femme. Nous avons cité
plus haut Montesquieu qui disait que la polyandrie chez les Naïrs
n'était pas due à la domination de la femme, mais à
la décision de la société d'épargner aux soldats
le fardeau des responsabilités familiales.
En outre, si le patriarcat était responsable de la polygamie,
pourquoi celle-ci ne s'est-elle pas répandue en Occident ? Après
tout, le patriarcat n'est pas le propre de l'Orient. Les Occidentaux ont-ils
été dès le début des Chrétiens pieux,
croyant à l'égalité et aux rapports de réciprocité
entre l'homme et la femme ? Le facteur de la domination a-t-il joué
au bénéfice de l'homme en Orient, et pour la promotion de
la justice en Occident?
Il y a encore un demi siècle seulement, la femme occidentale
était parmi les femmes les plus malheureuses du monde. Même
ses propres biens se trouvaient entre les mains de son mari. Les Européens
eux-mêmes admettent que pendant le Moyen Age la position de la femme
orientale était de loin meilleure que celle de sa contemporaine
occidentale. Gustave Le Bon écrit : «Au début de l'Islam,
la femme musulmane a obtenu une position que n'obtiendra la femme européenne
que très longtemps après, c'est-à-dire après
que les Arabes de l'Andalousie auront répandu les murs chevaleresques
chez les Européens -dont la galanterie constitue la partie la plus
importante- et qui sont dues aux Musulmans ; et la religion qui a pu arracher
la femme à l'humiliation pour la conduire au sommet de la dignité
et de l'honorabilité, c'est la religion musulmane et non chrétienne
comme l'imagine le commun des mortels. Nos chefs et dirigeants au Moyen
Age -bien qu'ils fussent des Chrétiens- n'avaient aucun respect
pour la femme. Une étude de l'histoire ancienne ne laisserait aucun
doute sur la conduite barbare des ducs et des barons de l'Europe envers
la femme.»
D'autres écrivains européens aussi ont fait une description
plus ou moins similaire de la position lamentable de la femme au Moyen
Age. Bien que le patriarcat ait prévalu en Europe durant cette période,
la polygamie n'a pu y prendre racine.
Le fait est que ni la polyandrie (où qu'elle fût pratiquée)
ne fut jamais due au pouvoir et à la domination de la femme, ni
son échec final n'eut pour cause la faiblesse et la répression
de la femme. Il en va de même pour la polygamie : ni sa pratique
en Orient n'est due à l'injustice et la domination de l'homme, ni
son absence en Occident n'est due à l'existence de l'égalité
entre l'homme et la femme.
Les Causes de
l'échec de la polyandrie
La principale cause de l'échec de la polyandrie réside
dans le fait qu'elle ne convient ni à la nature de l'homme ni à
celle de la femme. Elle ne convient pas à la nature de l'homme,
tout d'abord parce qu'elle ne se conforme pas à son esprit monopolisateur,
et ensuite parce qu'elle ne s'accorde pas au principe qui veut qu'un père
doive avoir la certitude de sa paternité. C'est la nature humaine
qui veut que l'on s'attache à ses enfants. Tout être humain
est, de par sa nature, enclin à avoir des enfants, et veut que sa
relation avec les générations futures et passées soit
déterminée et satisfaisante. Il veut savoir qui sont son
père et son enfant. La polyandrie ne s'accorde pas avec cet instinct
de l'homme. D'autre part, la polygamie ne crée un tel problème
ni pour l'homme ni pour la femme. On rapporte qu'un jour une quarantaine
de femmes vinrent voir l'Imam Ali et lui demandèrent pourquoi l'Islam
avait permis à l'homme d'avoir plusieurs femmes et pas à
la femme d'avoir plusieurs hommes, et si ce n'était pas là
une discrimination. L'Imam Ali demanda alors qu'on apporte quelques verres
d'eau et il en donna un à chaque femme. Puis il leur ordonna de
verser l'eau de tous les verres dans un grand récipient qui fut
posé au milieu de la pièce. Lorsqu'elles se furent exécutées,
il leur demanda de remplir leurs verres vides avec la même eau que
chacun contenait auparavant. Les femmes dirent que ce n'était pas
possible puisque l'eau de tous les verres était mélangée.
L'Imam Ali dit alors que si une femme avait plusieurs hommes, elle aurait
des rapports sexuels avec tous ces hommes, et lorsqu'elle tomberait enceinte
et mettrait un enfant au monde, il serait impossible de savoir qui en serait
le père.
Concernant la femme, la polyandrie n'est ni dans son intérêt
ni conforme à sa nature. La femme n'a pas besoin d'un mari uniquement
pour satisfaire son instinct sexuel. Si tel était le cas, on pourrait
dire : "Plus il y en a, mieux ça va". La femme veut un homme dont
elle puisse contrôler le cur, qui puisse la protéger et la
défendre, faire des sacrifices pour elle et travailler dur pour
lui apporter de l'argent. L'argent que la femme gagne par son propre travail
ne suffit pas à couvrir ses innombrables besoins, lesquels sont
de loin plus larges que ceux de l'homme, ni n'a la même valeur morale
que celui que lui offre son mari en signe d'amour et de tendresse. Un mari
pourvoit aux besoins financiers de sa femme dans un esprit de sacrifice.
La femme et les enfants sont le meilleur stimulant pour encourager l'homme
à travailler.
Dans le cas de la polyandrie, la femme ne peut réclamer l'amour,
la dévotion et le sacrifice d'aucun homme. C'est pourquoi, comme
la prostitution, elle a toujours été détestable pour
la femme. De là, la polyandrie n'est conforme ni aux inclinations
et manques de l'homme, ni à ceux de la femme.
L'Echec du Collectivisme
sexuel
Dans le collectivisme sexuel, la femme n'appartient à aucun homme
en particulier, ni l'homme à aucune femme en particulier ; c'est
pourquoi il n'a jamais été populaire. Il avait été
proposé par Platon, qui le limitait à la classe dirigeante
des "Philosophes-gouvernants". Mais sa proposition fut boudée par
les gens, et lui-même dut revenir sur son opinion.
Au siècle dernier, Friedrich Engels, le second père du
Communisme, a mis en avant cette idée et l'a défendue avec
force. Mais son idée ne fut pas acceptée par le monde communiste.
On dit que l'Union Soviétique a essayé de mettre en application
la théorie familiale d'Engels, mais à la suite d'une expérience
amère elle a finalement reconnu la monogamie comme la politique
familiale officielle.
La polygamie pourrait être considérée comme un motif
de fierté pour l'homme, alors que la polyandrie ne sera jamais un
objet de fierté pour la femme. La raison en est que l'homme désire
le corps de la femme, alors que celle-ci veut le cur de l'homme. Tant que
l'homme contrôle le corps de la femme, peu lui importe de posséder
son cur. C'est pourquoi, il n'attache pas beaucoup d'importance au fait
qu'en cas de polygamie, il soit privé de l'amour et des sentiments
dévoués de la femme. Alors que pour la femme, la chose principale
et la plus importante, c'est le cur de l'homme et ses sentiments. Si elle
les perd, elle perd tout.
En d'autres termes, il y a deux éléments importants dans
la vie matrimoniale : l'un matériel, l'autre sentimental. L'élément
matériel du mariage est l'aspect sexuel, qui se trouve à
son paroxysme pendant la jeunesse et qui va en déclinant par la
suite. L'élément sentimental consiste en des sentiments tendres
mutuels et en un dévouement à toute épreuve. Il se
développe et se renforce avec le temps. La nature de la femme étant
différente de celle de l'homme, elle attache plus d'importance à
l'aspect sentimental de la vie conjugale, alors que, pour l'homme, l'aspect
matériel est le plus important, ou tout au moins aussi important
que l'aspect sentimental.
Nous avons déjà cité les propos d'une dame psychologue
qui soutient que la femme a une disposition d'esprit qui lui est propre.
L'enfant se développe dans son ventre et il est allaité dans
son giron. Elle vit donc dans un état psychologique particulier
qui fait qu'elle a un besoin impérieux de l'amour et de la tendresse
du père de l'enfant. En outre, le degré de l'amour de la
femme pour ses enfants est lié dans une grande mesure au degré
de son amour pour leur père qui a contribué à leur
naissance. Ce besoin psychologique chez la femme ne peut être satisfait
que lorsqu'il y a un seul mari.
C'est pourquoi il est tout à fait erroné de considérer
la polyandrie comme l'égale de la polygamie et de ne pas les distinguer
l'une de l'autre. Et il est par conséquent aussi erroné de
concevoir que la cause du succès de la polygamie dans certaines
régions du monde est la domination de l'homme, et que la raison
de l'échec de la femme de faire admettre la polyandrie est dû
à sa faiblesse et son impuissance.
Une femme, écrivain contemporain, dit : «Nous pouvons dire
que puisque l'homme a droit à quatre femmes, la femme devrait avoir
le même droit, car tous les deux sont des êtres humains. Cette
conclusion logique fait peur aux hommes. Ils sont irrités d'entendre
un tel raisonnement et s'écrient : "Comment une femme pourrait-elle
avoir plus d'un mari ?" En réponse nous disons calmement : "Comment
un homme peut-il avoir plus d'une femme ?"»
Et elle ajoute : «Nous ne voulons pas promouvoir l'immoralité
ni amoindrir l'importance de la chasteté. Nous cherchons seulement
à faire comprendre aux hommes que l'opinion qu'ils ont de la femme
n'est fondée sur aucune base solide. L'homme et la femme sont égaux
en tant qu'êtres humains. Si l'homme a droit à quatre femmes,
la femme aussi doit avoir le même droit. Même s'il est admissible
que la femme ne soit pas intellectuellement supérieure à
l'homme, il est certain que spirituellement et sentimentalement elle ne
lui est pas inférieure.»
Comme on peut le constater à travers ces affirmations, on ne
fait pas la distinction entre la polyandrie et la polygamie, sauf pour
dire que l'homme étant du sexe le plus fort, il a adopté
la polygamie à son propre avantage, et que la femme étant
du sexe le plus faible, n'a pas pu imposer la polyandrie.
Cette dame dit en outre que : «L'homme considère la femme
comme étant sa propriété, et c'est pour cela qu'il
veut en avoir plusieurs. En d'autres termes, il veut acquérir autant
de propriétés que possible. La femme, étant en position
d'esclave, ne peut avoir plus d'un maître.»
Contrairement à l'affirmation de cet écrivain, le fait
que la polyandrie n'ait jamais été acceptée par une
large partie des gens prouve que l'homme ne considère pas la femme
comme une propriété ou un objet, car la participation de
plus d'un individu dans la possession d'un bien ou d'une propriété,
et le partage de son utilisation, est quelque chose de naturel et admis
par toutes les lois humaines dans le monde. Si donc l'homme considérait
la femme comme un bien ou une propriété, il aurait accepté
qu'un autre la partage avec lui comme il accepte qu'un autre s'associe
avec lui dans la propriété des objets. Ne pouvant pas trouver
un seul endroit dans le monde qui refuserait que plusieurs propriétaires
possèdent en commun un objet ou un bien, nous ne saurions admettre
que la polygamie soit fondée sur l'allégation que l'homme
considérerait la femme comme une propriété ou un objet,
et qu'il désirerait par conséquent en posséder plusieurs.
On dit : «Le mari étant un individu tout comme la femme,
ils doivent par conséquent avoir des droits égaux. Pourquoi
l'homme devrait-il avoir le droit de jouir de la polygamie et non pas la
femme de la polyandrie ?»
Nous répondons à cette interrogation que c'est là
l'erreur. Vous présumez là que la polygamie fait partie des
droits du mari, et que la polyandrie fait partie des droits de la femme.
Mais le fait est que la polygamie fait partie des droits de la femme, alors
que la polyandrie ne fait partie ni des droits de l'homme ni des droits
de la femme. Elle est contre l'intérêt de l'homme et de la
femme en même temps. Nous démontrerons plus tard que le système
de la polygamie a été adopté par l'Islam dans le but
de sauvegarder les intérêts de la femme. Si son intention
avait été de privilégier l'homme, l'Islam aurait autorisé
l'homme à avoir des liaisons extra-conjugales avec des femmes qui
ne seraient pas les siennes, et lui aurait ainsi épargné
les responsabilités que lui imposent une femme légale et
des enfants légitimes.
La polyandrie n'a jamais été dans l'intérêt
de la femme. Ce n'est donc pas un droit dont elle aurait été
privée.
Cet écrivain, dont nous avons cité les propos, a dit :
«Nous cherchons à faire comprendre aux hommes que l'opinion
qu'ils ont de la femme n'est fondée sur aucune base solide.»
Cela tombe bien, car c'est justement ce que nous voulons faire. Ainsi,
dans les chapitres suivants, nous nous proposons d'expliquer la base des
vues islamiques relatives à la polygamie.
Nous invitons tous les gens qui réfléchissent à
les examiner et à voir si elles sont fondées ou non sur une
base solide. Nous donnons notre parole d'honneur que nous retirerions tout
ce que nous avons dit, s'il était établi, par quiconque,
que la base du point de vue islamique est défective.
Les causes
historiques de la polygamie (II)
Le désir de l'homme de jouir du plaisir sensuel et sa domination
sur la femme ne constituent pas une cause suffisante pour l'émergence
de la polygamie. Il doit y avoir d'autres raisons qui y ont contribué.
Car, pour un homme licencieux, rien n'est plus facile que d'avoir des liaisons
passagères avec des amantes et de profiter de la liberté
sexuelle pour satisfaire ses désirs, car cela lui évite les
responsabilités qu'entraînent le lien du mariage et la naissance
des enfants qui s'ensuit.
C'est pourquoi, dans les sociétés où le système
de la polygamie prévaut, soit ce sont les valeurs morales et sociales
qui se dressent comme obstacle devant le désir d'un homme qui cherche
la variété et la jouissance passagère avec des amantes,
et l'obligent par conséquent à payer le tribut de sa gourmandise
sexuelle par l'acceptation du mariage légal et de toutes les responsabilités
qui en découlent, soit il y a d'autres raisons qui imposent cette
situation (la polygamie), tels que des facteurs géographiques, économiques
ou sociaux.
Les facteurs géographiques
Montesquieu et Gustave Le Bon insistent sur les conditions climatiques
qu'ils présentent comme étant la cause principale du développement
de la polygamie. Ces penseurs croient que le climat en Orient est tel que
la polygamie y est inévitable. Ils disent que, dans les pays orientaux,
la femme atteint la puberté et la vieillesse très tôt,
ce qui conduit l'homme à avoir une deuxième et une troisième
femmes pour satisfaire son besoin sexuel. En outre, ils estiment qu'une
seule femme ne saurait satisfaire l'énergie sexuelle d'un homme
dans un tel climat.
Gustave Le Bon dit dans son livre "Histoire de la Culture arabe et islamique"
: «La coutume de la polygamie n'a pas été introduite
par la religion. C'est la coutume des conditions climatiques, des caractéristiques
raciales et d'autres causes dans la vie de l'Orient. On n'a pas besoin
de démontrer que ce sont là des facteurs très importants
et influents. En outre, la nature et la structure des femmes orientales,
le fait qu'elles aient à élever leurs enfants, l'existence
de certaines maladies, et bien d'autres facteurs similaires obligent l'homme
à s'écarter de sa femme pendant un certain temps. Et étant
donné que le climat oriental et la physiologie particulière
des hommes de ces régions rendent l'éloignement de la femme
difficile à supporter par les hommes, ceux-ci se trouvent obligés
de recourir à la polygamie.»
Dans "L'Esprit des Lois", Montesquieu dit : «Dans les pays au
climat chaud, les filles atteignent la puberté à l'âge
de huit ans, neuf ans et dix ans. Elles tombent enceintes tout de suite
après le mariage, au point qu'on peut dire qu'elles se marient et
tombent enceintes presque en même temps.» Etablissant une biographie
du Prophète de l'Islam, un autre écrivain européen
dit : «Le Prophète s'est marié avec Khadîjah
alors qu'elle n'avait que cinq ans et il a consommé le mariage lorsqu'elle
a eu huit ans. A cause de ce mariage précoce, les femmes dans les
pays tropicaux deviennent vieilles à l'âge de vingt ans. Elles
sont donc déjà vieilles avant ou dès qu'elles atteignent
la maturité. En revanche, dans les pays au climat modéré,
les femmes conservent leur charme et leur beauté pendant longtemps.
Elles atteignent l'âge de la puberté plus tard et sont plus
matures et expérimentées à l'âge du mariage.
Elles mettent des enfants au monde à un âge relativement avancé,
et elles vieillissent presque en même temps que leurs maris. Voilà
comment est établie l'égalité entre l'homme et la
femme, et pourquoi les hommes n'ont pas besoin de plus d'une femme... C'est
pour cela que nous disons que l'interdiction de la polygamie en Europe,
et son autorisation en Asie, sont liées aux conditions climatiques.»
Cette explication est tout à fait erronée. Car tout d'abord
la polygamie n'est pas confinée aux régions tropicales de
l'Orient. Pendant l'époque pré-islamique, cette coutume était
répandue en Iran où le climat n'a rien de tropical. Il est
tout à fait puéril de dire que dans les régions tropicales
les femmes deviennent vieilles à l'âge de 20 ans, comme l'allègue
Montesquieu. Et c'est encore plus fantastique de prétendre que le
Prophète de l'Islam se serait marié avec Khadîjah alors
qu'elle n'avait que cinq ans et qu'il aurait consommé le mariage
quand elle est arrivée à l'âge de huit ans, car il
est de notoriété publique qu'au moment de leur mariage, Khadîjah
avait 40 ans, et le Prophète 25 ans.
Ensuite, si l'on admettait que la précocité de la vieillesse
des femmes et l'intensité de la virilité des hommes soient
la cause de la polygamie, pourquoi les peuples orientaux n'ont-ils pas
adopté la pratique de l'amour libre et de la débauche comme
l'ont fait les Occidentaux, aussi bien au Moyen Age qu'à l'époque
moderne. En Occident, comme l'a souligné Gustave Le Bon, la
monogamie n'existe que dans les codes civils, et n'a aucune trace dans
la vie quotidienne.
Rappelons-le encore. En Orient, la polygamie existe sous une forme légale,
et l'homme doit accepter la femme avec laquelle il désire avoir
une liaison comme étant son épouse légale, et supporter
la responsabilité de ses enfants, alors qu'en Occident, la polygamie
se pratique illégalement et clandestinement, et l'homme s'adonne
à l'amour libre et échappe aux responsabilités matrimoniales.
La Polygamie en Occident
Il convient de faire un bref exposé sur la polygamie en Europe
pendant le Moyen Age, d'après le récit qu'en a fait un éminent
historien occidental. Cet exposé devrait convaincre ceux qui critiquent
l'Orient pour sa polygamie que, malgré ses défauts, celle-ci
est beaucoup plus digne que ce qui se pratiquait en Europe.
Will Durant écrit dans son livre "Histoire de la Civilisation"
(vol. 17) un chapitre intéressant intitulé "La Dissolution
des murs", où il décrit l'état des murs en Italie
pendant la Renaissance. Ci-après un résumé d'un sujet
intitulé "Les Relations Sexuelles" extrait de ce livre.
«Avant de parler des murs des gens irreligieux, et de leurs relations
sexuelles, il convient de rappeler tout d'abord que l'homme tend, de par
sa nature, à la polygamie, et qu'on ne peut lui imposer la monogamie
que par l'existence de restrictions morales vigoureuses, un certain degré
de pauvreté, un travail dur, et une surveillance constante de la
part de sa femme.
«On ne peut affirmer que l'adultère chez les femmes était
moins répandu au Moyen Age que pendant la Renaissance. De même
que l'adultère se pratiquait sous le couvert de la chevalerie, de
même, pendant la Renaissance, elle se dissimulait sous l'habit des
bonnes manières et de l'esprit raffiné du beau sexe. Les
filles issues de familles respectables étaient gardées, dans
une certaine mesure, à l'écart des hommes étrangers
à la famille, et on leur enseignait les mérites de la chasteté
pré-maritale. Parfois de tels enseignements s'avéraient exceptionnellement
fructueux. En effet, on rapporte qu'une jeune femme se jeta dans l'eau
après avoir été violée. C'était sans
doute un cas exceptionnel de suicide, puisque l'Evêque se donna la
peine d'ériger une statue à sa mémoire après
sa mort.»
«Le nombre de liaisons pré-maritales devait être
considérable, si l'on en juge par les innombrables enfants illégitimes
que l'on trouvait dans chaque ville italienne. On était fier si
on n'avait pas d'enfants illégitimes, mais on n'avait pas honte
si on en avait. Habituellement, si un mari voulait persuader une femme
de se marier avec lui, il lui promettait d'élever son enfant illégitime
avec les siens, et cela ne choquait personne. Par ailleurs on pouvait obtenir
facilement un certificat de légitimité en payant un dessous
de table à l'ecclésiastique. En l'absence d'un héritier
légal ou désigné, un fils illégitime pouvait
hériter une propriété et même une couronne,
puisque Frante-I succéda à Alfonso-I, le Roi de Naples. Lorsque,
en 1459 Pius-II vint en Bavière, il fut reçu par sept princes
qui étaient tous des enfants illégitimes. La rivalité
entre les fils légitimes et illégitimes était une
cause importante d'une longue série d'agitations pendant la Renaissance.
Concernant l'homosexualité, elle était pratiquée sous
le prétexte de ressusciter d'anciennes traditions grecques.
«San Bernardino a trouvé cette perversion si courante à
Naples qu'elle pouvait menacer cette ville du même sort que Sodome.
Artino a constaté que l'homosexualité était aussi
répandue à Rome. Il en va de même pour la prostitution.
En 1490, parmi une population de 90000 âmes, il y avait 6800 prostituées
officielles, sans compter les clandestines. Selon les statistiques de 1509,
parmi une population de 300000 que comptait cette ville, il y avait 11654
prostituées. Au XVe siècle, une fille qui atteignait l'âge
de 15 ans sans s'être mariée était considérée
comme une honte pour la réputation de sa famille. Au XVIe siècle,
cet "âge de disgrâce" fut porté à 17 ans, afin
de permettre à la fille d'avoir une meilleure éducation.
Les hommes qui avaient toutes les facilités pour jouir sexuellement,
grâce à une large disponibilité de prostituées,
n'étaient attirés par le mariage que si la femme proposée
promettait d'apporter une dot très conséquente. Selon le
système du Moyen Age, le mari et la femme se devaient en principe
de s'aimer mutuellement et de partager bonheur et malheur. C'était
souvent le cas. Cependant l'adultère était rampant. La plupart
des mariages dans les classes supérieures étaient des unions
diplomatiques contractées pour des raisons politiques et économiques,
ce qui amenait les hommes à croire qu'ils avaient le droit d'avoir
des maîtresses. Auquel cas, leurs épouses étaient obligées
de garder et de dissimuler leur colère et leur frustration.
«Dans les classes moyennes, certains hommes considéraient
l'adultère comme une jouissance légitime. Machiavel et ses
amis ne se gênaient pas pour se raconter leurs aventures extra-conjugales,
et lorsque leurs femmes décidaient de se venger en se livrant elles
aussi à des aventures extra-conjugales, leurs maris ne se sentaient
pas offensés, gênés, ni jaloux.»
C'était là un échantillon de ce qui se passait
dans des pays qui considérent la polygamie comme un crime impardonnable
de l'Orient, et qui, à l'occasion, rendent le climat responsable
de cette coutume présumée "inhumaine". Quant à leur
climat, il ne leur permettait évidemment jamais de tromper leurs
femmes, ni de violer le système de la monogamie !
A propos, il est à rappeler que l'absence de la polygamie légale
parmi les Européens -peu importe qu'elle soit une bonne ou une mauvaise
chose- n'est nullement due à la religion chrétienne. Car
aucun texte dans cette religion n'interdit la polygamie. Bien au contraire,
étant donné que Jésus Christ a confirmé les
enseignements de l'Ancien Testament, lequel reconnaît la polygamie,
on pourrait dire que le Christianisme autorise la polygamie, et les anciens
Chrétiens l'ont pratiquée effectivement. Donc le refus de
l'Occident de la polygamie légale devrait avoir d'autres causes.
Les menstrues
D'aucuns attribuent la polygamie aux menstrues de la femme et à
son aversion pour l'acte sexuel pendant cette période, ainsi qu'à
sa fatigue après l'accouchement et à son désir de
se consacrer à l'allaitement et à l'éducation de ses
enfants.
Will Durant écrit : «Dans les sociétés primitives,
les femmes vieillissent précocement, ce qui les conduit à
encourager leurs maris à épouser une seconde femme, afin
qu'elles aient plus de temps pour l'allaitement de leurs enfants, et afin
que l'intervalle entre une grossesse et la suivante se prolonge sans que
cela contrarie le désir du mari d'avoir plus d'enfants et de jouir
sexuellement. En outre, avec une seconde femme, la première peut
être soulagée des tâches ménagères, tout
en ayant la satisfaction de voir la famille s'enrichir par de futurs nouveaux
enfants sans qu'elle ait à en subir les principales peines.»
Il ne fait pas de doute que les menstrues, la grossesse et la période
post-natale font que les positions de la femme et de l'homme sont sexuellement
dissemblables.
Toutes ces raisons poussent l'homme à avoir une seconde femme,
mais elles ne peuvent constituer à elles seules la cause de la polygamie,
à moins qu'elles soient accompagnées d'un facteur moral ou
social qui empêche l'homme de satisfaire ses besoins sexuels avec
des maîtresses et extra-conjugalement. Les facteurs ci-dessus ne
peuvent être efficaces que lorsque l'homme n'a pas la liberté
de satisfaire sans restrictions ses désirs sexuels.
Les
limites de la période de la fécondité chez les femmes
Certains croient que la limitation de la période de fécondité
de la femme et sa ménopause sont la cause de la pratique de la polygamie,
car il peut arriver qu'une femme atteigne l'âge de ménopause
sans avoir pu mettre au monde le nombre voulu d'enfants, ou que ses enfants
soient morts. Dans un tel cas, le mari ne veut pas se séparer de
sa femme, mais en même temps il désire avoir encore des enfants,
et il n'a en conséquence d'autre alternative que de se remarier
une deuxième, voire une troisième fois. De même, la
stérilité de la première femme peut être une
autre raison qui amène un mari à épouser une seconde
femme.
Les facteurs économiques
Certains facteurs économiques aussi ont été invoqués
comme étant les causes de la polygamie. On dit que, dans les temps
anciens, le fait d'avoir un grand nombre de femmes et d'enfants était
considéré comme un avantage économique. L'homme faisait
travailler ses femmes et ses enfants, et les traitait comme des esclaves.
La plupart des esclaves n'étaient pas capturés dans les batailles,
mais vendus par leurs pères.
Cela peut constituer une cause de la polygamie, dans la mesure où
l'homme ne peut avoir d'enfants qu'en acceptant que la femme proposée
pour les mettre au monde soit sa femme légale. L'amour libre ne
peut assurer cet avantage. En tout cas, cette cause ne saurait expliquer
tous les cas de polygamie. Car si nous supposons que la polygamie soit
née chez les populations primitives pour cette raison -ce qui ne
fut pas le cas dans toutes les populations- il faut savoir qu'elle a été
répandue plus chez les classes aisées -les rois, les princes,
les dirigeants, les grands commerçants- que chez les pauvres. Donc
cette supposition n'est pas valable. Car, comme nous le savons, ces classes
n'ont jamais exploité économiquement leurs femmes et leurs
enfants.
Le facteur de nombre
et de tribu
Le désir d'avoir beaucoup d'enfants et de former une famille
nombreuse était un autre facteur de l'émergence de la polygamie.
Ce qui fait la disparité entre l'homme et la femme sur ce plan est
le fait que le nombre d'enfants qu'une femme puisse engendrer, que ce soit
avec un homme ou avec plusieurs, reste limité, alors que le nombre
d'enfants qu'un homme peut avoir dépend du nombre de femmes avec
lesquelles il se marie. Ainsi, un homme pourrait faire des milliers d'enfants
s'il avait la possibilité de se marier avec des centaines de femmes.
A la différence de ce qui se passe dans le monde moderne, le nombre
des membres d'une famille dans l'ancien monde était considéré
comme un facteur social important. Les tribus et les clans faisaient tout
pour accroître leur nombre. Dans le monde ancien, on était
fier d'appartenir à une grande tribu. Or, il est évident
que la polygamie était le seul moyen d'avoir une famille ou une
tribu nombreuse.
La supériorité
numérique des femmes
Le dernier et le plus important facteur ayant contribué à
l'apparition de la polygamie était la supériorité
numérique des femmes. Cette supériorité n'était
évidemment pas due à un taux de naissance de filles supérieur
à celui des garçons, car si, par hasard, quelque part le
taux de naissance des filles est plus important que le taux de naissance
des garçons, ailleurs c'est le contraire qui peut se produire. La
raison de cette supériorité numérique des femmes candidates
au mariage s'explique surtout par le taux de mortalité élevé
chez les hommes, lesquels avaient toujours, à l'exclusion des femmes,
la charge de s'engager dans les guerres interminables entre les tribus,
les clans, les régions, etc. Dans ce cas, si on avait appliqué
strictement la monogamie, beaucoup de femmes seraient restées célibataires,
sans maris légaux, sans enfants légaux, et sans un foyer
conjugal.
Il ne fait pas de doute que cette situation prévalait au moins
dans les sociétés primitives. Nous avons déjà
cité les propos de Will Durant qui expliquait que dans ces sociétés
primitives la vie de l'homme était constamment menacée, parce
qu'il faisait toujours la chasse et la guerre, et que de ce fait le taux
de la mortalité chez les hommes y était supérieur
à celui des femmes. Donc, puisque le nombre des femmes augmentait
sans cesse, on se trouvait devant cette alternative : ou adopter la polygamie,
ou condamner un grand nombre de femmes à rester célibataires
leur vie durant.
Récapitulation
Nous avons énuméré ci-dessus tous les facteurs
qu'on puisse présumer être à l'origine de la polygamie.
Comme vous avez dû le constater, certains de ces facteurs, comme
le climat, ne jouent en fait aucun rôle dans l'émergence de
la polygamie. C'est pourquoi nous les négligeons. Il reste donc
trois autres facteurs qui méritent d'être discutés.
1 - Le premier facteur est le facteur économique. On peut le
considérer comme une cause illégitime et illégale,
et il ne peut s'expliquer que comme une injustice, une agression et une
oppression. Car il est évident que la vente d'un fils est l'un des
actes les plus sauvages que l'homme ait connus, et le désir de recourir
à la polygamie dans ce but et avec cette intention est en soi une
intention sauvage et injuste comme l'acte lui-même.
2 - La deuxième catégorie de facteurs qui méritent
d'être discutés et considérés comme un droit
et une justification pour l'homme et la société de l'acceptation
de la polygamie, comprend notamment l'exemple de la stérilité
de la femme ou de sa ménopause, ou celui du besoin de l'homme d'un
fils, et de la tribu ou de la nation d'augmenter le nombre de ses membres.
En règle générale, tous les facteurs qui placent l'homme
et la femme dans une position d'inégalité sur le plan sexuel,
ou sur le plan de la procréation, deviennent une justification de
la polygamie.
3 - Il y a une troisième catégorie de facteurs qui, si
l'on suppose leur existence dans le passé ou à présent,
constituent non seulement une justification pour l'homme ou la société,
de l'institution de la polygamie, mais aussi un droit pour la femme et
un devoir pour l'homme et la société, de l'adopter : il s'agit
du cas où le nombre des femmes dépasse celui des hommes.
Ainsi, si l'on suppose qu'il arrive que le nombre de femmes proposées
au mariage dépasse celui des hommes prêts à se marier,
de telle sorte que le système de la monogamie conduise à
priver un certain nombre de femmes de la possibilité de se marier
et de former un foyer conjugal comme tout le monde, l'institution du système
de la polygamie deviendrait un droit pour ces femmes privées de
mari, et un devoir pour les hommes. En d'autres termes, les hommes auraient
le devoir de la mettre en pratique, et les épouses devraient l'accepter.
Le droit au mariage est un droit fondamental, et personne ne doit en
être privé sous aucun prétexte. La société
ne doit rien entreprendre qui puisse priver une partie de la population
de ce droit.
Le droit au mariage est un droit naturel, au même titre que la
liberté, le droit au travail, le droit à la nourriture, à
un logement et à l'éducation. C'est pourquoi les droits naturels
de l'homme répugnent à la loi de la monogamie lorsque le
nombre des femmes en âge de se marier dépasse celui des hommes
disponibles. C'était, du moins, le cas dans le passé.
Dans le chapitre suivant nous allons voir s'il existe encore des circonstances
qui, non seulement justifient la polygamie, mais aussi font de celle-ci
un droit pour les femmes, et si de telles circonstances n'existent plus,
quelle est la position de ce droit vis-à-vis du droit de la première
épouse.
Le droit de la
femme à la polygamie
Nous avons déjà expliqué les causes de l'échec
de la polyandrie et du succès de la polygamie, et montré
les multiples facteurs qui ont concouru à l'apparition de celle-ci.
Certains de ces facteurs proviennent de l'esprit de domination et d'oppression
chez l'homme, d'autres émanent de la disparité entre l'homme
et la femme sur le plan de la durée de leur faculté de procréation
et du nombre d'enfants que chacun d'eux pourrait avoir. La dernière
catégorie de facteurs peut être considérée comme
une justification de la polygamie. Mais la cause principale de celle-ci
à travers l'histoire a été la supériorité
numérique des femmes candidates au mariage sur les hommes. Cette
cause conduit à la création d'un droit pour la femme et d'une
obligation pour l'homme.
Afin d'éviter d'entrer dans de longues discussions, nous passons
l'éponge sur les facteurs justifiant la polygamie, pour nous concentrer
sur la principale cause qui, lorsqu'elle existe, fait de la polygamie un
droit pour la femme.
Pour que ce droit soit établi, il faut que deux choses se réalisent
:
1 - Il faut qu'il soit établi, statistiques à l'appui,
que le nombre des femmes candidates au mariage dépasse nettement
celui des hommes disponibles.
2 - L'existence réelle de circonstances qui créent un
droit, pour les femmes privées de mariage, sur les hommes et femmes
mariés.
Concernant le premier point, fort heureusement, il y a des statistiques
authentiques dans le monde moderne. Un recensement a lieu périodiquement
dans chaque pays. Dans les pays avancés, les statistiques recensent
non seulement le nombre des hommes et le nombre de femmes, mais aussi leur
nombre respectif dans chaque tranche d'âge. Ces statistiques sont
régulièrement publiées par les Nations Unies dans
leurs rapports annuels sur la population du monde. Nous avons devant nous
le rapport de 1964, publié en 1965.
Il est à souligner qu'il ne suffit pas de connaître le
nombre de personnes de sexe masculin ou de sexe féminin dans un
pays donné ; ce qu'il importe de savoir c'est le nombre de femmes
et d'hommes "mariables". Car le nombre des femmes et des hommes "mariables"
diffère souvent de leur nombre total respectif, et ceci pour deux
raisons :
1 - L'âge de la puberté arrive plus tôt chez les
filles que chez les garçons, et c'est la raison pour laquelle l'âge
légal du mariage pour les filles est plus bas que pour les garçons,
dans tous les codes civils du monde. Et, sur le plan pratique, nous constatons
que l'âge du mariage chez les hommes dépasse en moyenne de
cinq ans celui de leurs femmes dans la plupart des régions du monde.
2 - La deuxième raison -et elle est plus importante que la première-
est que, bien que le taux de naissance des filles ne soit pas supérieur
à celui des garçons dans certaines régions du monde
-et parfois même, c'est le contraire qui se produit- le taux de mortalité
chez les garçons est supérieur à celui des filles,
ce qui crée un déséquilibre entre le nombre des filles
et des garçons en âge de se marier. Ainsi il arrive parfois
que le nombre des filles en âge de se marier soit largement plus
grand que celui des garçons "mariables". C'est pourquoi il est possible
que le nombre total des personnes de sexe masculin soit égal à
celui des personnes de sexe féminin dans un pays donné, alors
que le nombre des filles en âge de mariage soit supérieur
à celui des garçons "mariables".
Le Rapport de la Population des Nations Unies pour l'année 1964
atteste ces faits.
Par exemple, selon ce rapport, la population totale de la République
de Corée est de 26277635 âmes. Sur ce total, 13145289 personnes
sont de sexe masculin, et 13132346 de sexe féminin. Donc le nombre
de la population masculine dépasse de 12943 personnes celui de la
population féminine. Cette proportion se maintient dans les tranches
des enfants âgés de moins d'un an, de 1 à 4 ans, de
5 à 9 ans, de 12 à 14 ans et de 15 à 19 ans.
Les statistiques montrent que, dans toutes ces tranches d'âge,
le nombre des garçons est supérieur à celui des filles.
Mais dans le groupe de personnes âgées de 20 à 24 ans
la proportion change. Dans cette tranche d'âge, le nombre total des
personnes de sexe masculin est de 1083364 et le nombre total des personnes
de sexe féminin est de 1110051. Dans toutes les tranches d'âge
supérieur, dont les représentants sont des gens en âge
de se marier, le nombre de personnes de sexe féminin est plus grand.
Pourtant, il est à noter que la composition de la population
dans la République de Corée est exceptionnelle dans la mesure
où, dans le nombre total de la population, les personnes de sexe
masculin sont plus nombreuses que les personnes de sexe féminin,
alors que dans l'écrasante majorité des pays du monde le
nombre de personnes de sexe féminin dépasse celui des personnes
de sexe masculin dans le nombre total de la population et non seulement
dans la catégorie des personnes "mariables". Ainsi, en Union Soviétique
par exemple, la population totale compte 216101000 âmes dont 97840000
de sexe masculin et 118261000 de sexe féminin, et cette différence
dans le nombre des deux sexes reste constante dans les tranches d'âge
d'avant le mariage ainsi que dans celles de mariage, soit dans les tranches
de 20-24, 25-29, 30-34... 80-84.
Il en va de même pour d'autres pays, comme l'Angleterre, la France,
l'Allemagne de l'Ouest, l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie,
la Pologne, la Roumanie, les Etats-Unis, le Japon, etc. et ce, sans parler
de certaines régions, à Berlin Est et Berlin Ouest par exemple,
où la disparité entre le nombre de personnes de sexe féminin
et de sexe masculin est anormalement grande.
En Inde, dans le groupe d'âge de personnes "mariables", le nombre
des hommes excède celui des femmes. C'est seulement dans la tranche
d'âge de 50 ans et plus que le nombre des femmes est supérieur.
Apparemment ce manque de femmes supposé est dû au fait que
beaucoup de gens dans ce pays n'aimeraient pas mentionner les noms de leurs
jeunes femmes et jeunes filles aux agents de recensement.
Selon les tableaux du dernier recensement, l'Iran est l'un des rares
pays où le nombre de personnes de sexe masculin dépasse celui
des représentants de l'autre sexe.
Il est surprenant d'entendre certains critiques insister pour que la
loi autorisant la polygamie soit abolie au moins dans les pays où
le nombre des hommes excède celui des femmes. Car tout d'abord,
cette loi est universelle. Elle n'a pas été promulguée
pour un pays en particulier. Puis, il ne suffit pas de connaître
la proportion des femmes et des hommes dans la population totale d'un pays,
pour décider que la polygamie ne s'y justifie pas. Nous avons vu
que dans la République de Corée, bien que le nombre des hommes
soit plus grand que celui des femmes dans la population totale, il y a
plus de femmes que d'hommes dans la tranche d'âge des personnes en
âge de se marier. De plus, les tableaux du recensement ne sont pas
crédibles dans beaucoup de pays. Par exemple, nous savons avec certitude
que bien que la polygamie ait été courante en Iran aussi
bien dans les zones urbaines que rurales, il n'y a jamais eu de prétendue
pénurie de femmes prêtes au mariage. Les faits sont plus éloquents
que les tableaux de recensement.
Dans son livre "La Femme, le sexe supérieur", Ashley Montague
admet qu'à travers le monde le nombre de femmes "mariables" excède
celui des hommes en âge de se marier.
Les statistiques de 1950 montrent que le nombre des femmes en âge
de se marier en Amérique dépasse d'environ un million quatre
cent trente mille, celui des hommes des mêmes tranches d'âge.
Bertrand Russel écrit dans son livre "Le Mariage et la Morale"
que dans l'Angleterre d'aujourd'hui le nombre des femmes excède
de deux millions celui des hommes. Selon la coutume, elles doivent rester
pour toujours sans enfants, ce qui est une grande privation pour elles.
Il y a quelques années, des articles ont paru dans la presse,
expliquant qu'à la suite de grandes pertes, parmi les hommes, que
l'Allemagne avait subies pendant la Seconde Guerre Mondiale, un grand nombre
de femmes ont été privées d'un mari légal et
d'un foyer conjugal. Ces femmes ont par conséquent exercé
beaucoup de pressions sur le gouvernement pour qu'il abolisse la loi de
la monogamie et établisse la loi de la polygamie. Le gouvernement
allemand a demandé alors officiellement à l'Université
islamique d'al-Azhar (au Caire) des conseils à ce sujet. Mais par
la suite l'Eglise s'y est énergiquement opposée, préférant
priver les femmes de leur droit à un mari et à un foyer conjugal,
ou plutôt, elle a préféré la propagation de
la turpitude à l'adoption d'un programme islamique.
Pourquoi
y a-t-il plus de femmes que d'hommes en âge de se marier ?
Bien que le taux de naissance des filles ne soit pas plus élevé
que celui des garçons, il y a plus de femmes en âge de se
marier que de garçons de la même tranche d'âge. La raison
en est claire. Le taux de mortalité des hommes est supérieur
à celui des femmes. La mort survient généralement
pour un homme alors qu'il est normalement chef de famille. Si nous prenons
en compte la mort accidentelle, celle qui survient dans une guerre, à
la suite d'une noyade, d'une chute, d'un accident de voiture, etc. nous
pouvons constater que dans la plupart des cas d'une telle mort, la victime
est un homme, et rarement une femme. Lorsqu'une guerre est livrée,
et lorsqu'il y a un conflit entre l'Homme et la nature, la plupart des
victimes sont des adultes de sexe masculin. Pour savoir pourquoi la balance
entre les hommes et les femmes en âge de se marier est déséquilibrée,
il suffit de se rendre compte que depuis le début de l'histoire
de l'humanité, il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'il
y ait une guerre et des victimes parmi ceux qui la livrent.
Les victimes de guerres pendant l'ère industrielle sont cent
fois plus nombreuses que ceux qui mouraient pendant l'ère de la
chasse ou de l'agriculture. Durant les deux dernières guerres mondiales,
le nombre des victimes a été estimé à soixante-dix
millions de personnes. Ce nombre est équivalent à ce que
l'humanité a perdu en hommes pendant plusieurs siècles qui
ont précédé le nôtre. Et si l'on prend en considération
les pertes dues aux guerres qui sont survenues pendant les dernières
années en Extrême-Orient, au Moyen-orient et en Afrique, ou
qui s'y déroulent encore vous serez d'accord avec nous sur ce point.
Will Durant dit que plusieurs facteurs ont contribué au déclin
de la polygamie. La vie agricole caractérisée par la stabilité
a fini par réduire les peines et les difficultés auxquelles
devaient faire face les hommes auparavant, ce qui a conduit à la
fin à l'égalité approximative du nombre des hommes
et des femmes.
Ces propos de Will Durant sont très surprenants : Car si les
pertes enregistrées parmi les hommes résultaient uniquement
de la lutte contre la nature, il y aurait une différence dans le
nombre des pertes à l'ère de la chasse et à l'ère
de l'agriculture. Or les pertes subies étaient principalement dues
aux guerres, lesquelles n'ont pas marqué une diminution pendant
l'ère de l'agriculture par rapport à l'ère de la chasse.
De plus, l'homme se chargeait constamment, pendant l'ère agricole,
de la défense de sa femme, et s'exposait pour cela à tous
les dangers, y compris la mort. C'est pourquoi, le déséquilibre
dans le nombre des hommes et le nombre des femmes existait aussi bien pendant
l'ère de l'agriculture que pendant l'ère de la chasse.
Mais, chose encore plus étonnante, Will Durant ne se réfère
ni de près ni de loin à l'ère industrielle, alors
que pendant cette ère les pertes en vies humaines parmi les hommes
ont augmenté considérablement, et le déséquilibre
entre le nombre des hommes et celui des femmes s'est accentué énormément.
La
femme résiste mieux que l'homme aux maladies
On a découvert dernièrement que l'homme est moins résistant
que la femme aux maladies. C'est une autre raison qui expliquerait pourquoi
le taux de mortalité parmi les hommes est supérieur à
celui qu'on enregistre chez les femmes.
Il y a quelques années, le Bureau Français des Statistiques
a rapporté qu'en France, il y a 105 naissances de garçons
pour 100 naissances de filles, et que le nombre des femmes excède
d'un million sept cent cinquante-huit mille celui des hommes. Il attribue
cette différence à une meilleure résistance de la
femme aux maladies.
Il n'y a pas longtemps, un article a été publié
dans la revue illustrée de l'Unesco, "Courrier". Selon cet
article : «La femme est intellectuellement supérieure à
l'homme, la moyenne de sa longévité dépasse celle
des hommes, elle est habituellement mieux portante que l'homme et plus
résistante aux maladies que lui, et elle en guérit plus rapidement.
Il y a une femme bègue pour cinq hommes bègues, une
femme daltonienne pour 16 hommes daltoniens. L'hémorragie
est presque confinée aux hommes. La femme est plus à
l'abri contre des accidents que l'homme. Pendant la dernière
guerre mondiale, il a été établi que dans des circonstances
similaires, la femme pouvait mieux supporter les difficultés
d'un blocus, la prison et les camps de concentration que l'homme.
Dans presque tous les pays, les cas de suicide chez les hommes sont
trois fois plus nombreux que chez les femmes.»
Ashley Montague a développé sa théorie de la supériorité
de la résistance de la femme aux maladies dans son livre "La Femme,
le sexe supérieur".
Même si un homme décidait un jour de se venger de la femme
et qu'il réussisse à l'acculer aux travaux les plus pénibles
et les plus dangereux, ou à la pousser dans les champs de bataille
face aux fusils et aux bombes, l'équilibre entre le nombre des hommes
et le nombre des femmes ne serait pas pour autant restauré,
car la femme a un plus grand pouvoir de résister aux maladies, aux
difficultés et aux situations dangereuses.
Nous en avons dit suffisamment sur le premier point, c'est-à-dire,
la supériorité numérique des femmes en âge de
se marier, et nous savons maintenant que cette supériorité
est un fait réel. Nous en connaissons aussi les causes.
La polygamie
est un droit de la femme
Le second point, c'est le fait que la majorité numérique
des femmes en âge de se marier ne crée pas seulement un droit
pour celles-ci, mais aussi une obligation pour les hommes et les femmes
mariés.
Personne ne peut nier que le mariage est l'un des droits les plus naturels
et les plus fondamentaux des êtres humains. Toute personne, qu'elle
soit femme ou homme, a le droit de mener une vie familiale et d'avoir des
enfants. Ce droit est similaire à celui de travail, d'avoir un foyer,
de recevoir une éducation, d'avoir accès aux services de
santé, de jouir de la liberté et de la sécurité.
Il est du devoir de la société de ne mettre aucun obstacle
susceptible d'empêcher quiconque de jouir de ce droit, et bien au
contraire, de tout faire et de fournir toutes les facilités pour
que ce droit se concrétise.
A notre avis, l'un des grands reproches que l'on pourrait faire à
la Déclaration des Droits de l'Homme est le fait qu'elle n'ait pas
prêté attention à ce droit. Elle a reconnu le droit
à la liberté et à la sécurité, le droit
à des tribunaux nationaux compétents, le droit à avoir
une nationalité et à en changer éventuellement, le
droit au mariage sans distinction de race, de religion, le droit à
la propriété, le droit à la formation d'une association,
le droit au repos et aux loisirs, etc... mais elle n'a pas mentionné
le droit d'avoir une vie familiale légale.
Pour une femme, ce droit est de la plus grande importance, car elle
a besoin plus d'une vie familiale que d'un homme. Comme nous l'avons déjà
dit, pour un homme l'aspect matériel du mariage est plus important,
alors que pour une femme c'est l'aspect spirituel et sentimental du mariage
qui est le plus important. Si l'homme n'a pas de famille, il peut du moins
satisfaire partiellement ses besoins sexuels, en recourant à l'amour
libre et aux prostituées. Mais, pour une femme, un foyer conjugal
a une grande importance. La débauche et l'amour libre ne sauraient
satisfaire même en partie ses besoins matériels et sentimentaux.
Pour un homme, le droit à une famille signifie le droit de satisfaire
sa volupté, le droit d'avoir une conjointe dans la vie, et le droit
d'avoir des enfants légitimes, alors que pour une femme, le droit
à une famille signifie, en plus de ce qui vient d'être énuméré,
le droit à avoir aussi un protecteur, un patron et un soutien sentimental.
Ayant établi ces deux prémisses, c'est-à-dire que
le nombre de femmes candidates au mariage est plus grand que celui des
hommes de la même tranche d'âge, et "avoir droit à une
vie familiale est un droit humain naturel", il est facile de tirer la conclusion
suivante : si la monogamie est considérée comme la seule
forme légale de mariage, un grand nombre de femmes seront privées
de leur droit naturel, et seule la polygamie, appliquée sous des
conditions spécifiques et avec des restrictions précises,
pourra le restaurer.
Il est du devoir de toutes les femmes musulmanes à l'esprit libéral
d'en appeler, au nom de la défense des droits justes de la femme
en général, et au nom de la protection de la moralité
et de la race humaine, à la Commission des Droits de l'Homme afin
qu'elle reconnaisse officiellement le système islamique de la pluralité
des femmes, comme un droit de l'Homme, et de rendre ainsi un grand service
au beau sexe et à la moralité. Le fait que ce système
soit proposé par l'Orient, et que l'Occident ait à le suivre,
ne devrait pas être considéré comme un péché.
La théorie de Russel
Comme nous l'avons souligné plus haut, Bertrand Russel était
conscient que si la monogamie était la seule forme du mariage, un
grand nombre de femmes seraient privées de leur droit. Il a proposé
une solution très simple au problème. Il voulait que la femme
soit autorisée à chasser les hommes et à faire des
enfants de pères inconnus afin qu'elle ne soit pas privée
de progéniture. Auquel cas, étant donné que le père
supporte normalement la charge financière des enfants, c'est le
gouvernement qui devrait le remplacer et donner une allocation aux mères
célibataires.
Russel disait qu'actuellement il y avait en Grande Bretagne plus de
deux millions de femmes de trop, qui n'avaient aucun espoir d'avoir des
enfants à cause de la loi de la monogamie, ce qui est une grande
privation. Il dit aussi : «Le système de la monogamie est
fondé sur la présomption de l'égalité numérique
approximative entre les hommes et les femmes dans un pays. Mais lorsque
cette égalité n'existe pas, ce serait une grande injustice
pour celles qui devraient vivre dans le célibat conformément
à cette loi arithmétique. Et si nous désirions en
plus augmenter le nombre de la population du pays, l'injustice serait non
seulement d'ordre privé mais aussi d'ordre public et général.»
Telle est la solution de ce problème, comme le suggère
un grand philosophe du XXe siècle. Mais, selon l'Islam, tout le
problème serait résolu si un nombre adéquat d'hommes
ayant les qualifications financières, morales et physiques nécessaires,
acceptaient d'assumer la responsabilité de plus d'une femme légale
avec un statut égal pour la première et la seconde femme.
La première femme doit accepter la seconde avec bienveillance et
dans un esprit de devoir social.
Contrairement au mode de pensée islamique, le philosophe cité
conseille aux femmes privées d'hommes de voler les maris d'autres
femmes, et en appelle au gouvernement pour qu'il supporte la charge des
enfants nés de telles liaisons illégales.
Il semble que ce philosophe du XXe siècle maintienne que la femme
a besoin du mariage seulement pour trois raisons : satisfaire ses besoins
sexuels, avoir des enfants, pourvoir à ses besoins économiques.
Les deux premiers besoins peuvent être satisfaits par la ruse de
la femme, alors que le troisième devrait l'être par le gouvernement
! Mais il oublie que la femme a quelques besoins sentimentaux aussi. Elle
veut être sous la protection d'un mari chéri avec lequel le
contact ne serait pas d'une nature purement sexuelle. Un autre point auquel
le philosophe n'attache pas d'importance est la position des enfants nés
des liaisons illicites. Tout enfant a besoin de parents reconnus, de leurs
amour et de leur affection sincères. L'expérience a montré
que la mère montre peu d'affection envers celui de ses enfants dont
le père est inconnu. Comment peut-on compenser ce manque d'amour
? Le gouvernement y pourrait-il quelque chose ?
Lord Russel regrette qu'un grand nombre de femmes doivent rester sans
enfants si sa proposition n'était pas mise en application légalement.
Mais il doit savoir que les femmes britanniques qui ne pouvaient pas attendre
la promulgation d'une telle loi, ont résolu elles-mêmes, et
d'une façon pratique, le problème du célibat et des
enfants de père inconnu.
Du rapport de 1958 préparé par le Dr. Z.A. Scott, Chef
du Département Médical du Conseil de Londres, il ressortait
que 1 sur 10 enfants nés l'année précédente
était illégitime. Le rapport fait savoir, en outre, que ces
naissances illégitimes étaient en augmentation constante.
Les chiffres des naissances illégitimes sont passé de 33838
en 1957 à 53433 l'année suivante.
Il semble que les Britanniques aient résolu leur problème
sans attendre l'application de la proposition de Lord Russel.
La
polygamie prohibée, l'homosexualité autorisée !
Au lieu de suivre le conseil de Lord Russel pour résoudre le
problème des femmes célibataires, il a été
fait un pas en direction opposée, c'est-à-dire en privant
encore plus la femme de la disponibilité des hommes, par la légalisation
de l'homosexualité. Ainsi, aujourd'hui, la polygamie est interdite
en Grande Bretagne, et l'homosexualité y est légale.
Aux yeux des Britanniques, il est inhumain d'avoir une seconde femme,
mais si la seconde s'avérait être un homme, il n'y aurait
pas de mal à cela. Ils considèrent l'homosexualité
comme un acte honorable et conforme aux exigences du XXe siècles.
Selon le verdict des autorités britanniques, la pluralité
des femmes ne soulève pas d'objection si la seconde femme a des
moustaches. On dit chez nous que le monde occidental a résolu les
problèmes sexuels et familiaux et que nous devrions suivre son exemple
! Voilà comment il les a résolus !
Mais en fait rien d'étonnant à cela, car la voie que l'Occident
a suivie dans le domaine des relations sexuelles et familiales ne peut
conduire qu'à ce résultat. Ce qui aurait été
étonnant, c'est qu'elle aboutisse à un résultat opposé
!
Mais ce qui est effarant, c'est de voir des gens chez nous perdre leur
bon sens et leur sens de la rationalité. Les jeunes instruits ont-ils
perdu de nos jours le sens de l'analyse et l'esprit critique ? Ont-ils
perdu à ce point leur personnalité ? Pourquoi sont-ils devenus
si crédules ? S'ils avaient entre les mains un joyau, et que les
gens de l'autre côté du monde (l'Occident) leur disent que
c'est une noix (et non un joyau), ils le jetteraient tout de suite, et
s'ils voyaient dans la main d'un Occidental un noyau, et que ce dernier
leur dise qu'il s'agit d'un joyau, ils le croiraient volontiers !
L'homme est-il
polygame par nature ?
Vous serez étonnés, si l'on vous dit que les psychologues
et les sociologues en Occident croient que l'homme est né polygame
et que la monogamie est contre sa nature.
Expliquant le chaos moral actuel, Will Durant dit qu'en grande partie
il est dû à notre intérêt incurable pour la variété.
L'homme, de par sa nature, ne peut se contenter d'une seule femme.
Il dit que l'homme est de par sa nature, polygame. Seuls des restrictions
morales solides, un certain degré de pauvreté et un travail
dur, et la surveillance constante exercée par l'épouse, peuvent
lui imposer la monogamie.
Le professeur allemand Schmidt dit que l'homme a été,
à travers l'histoire, infidèle à sa femme. Il y a
des indices qui montrent que même au Moyen Age les jeunes hommes
changeaient de fiancées sans cesse, et que 50 % des hommes mariés
trompaient leurs femmes. Robert Kinsey écrit dans son rapport connu
sous la dénomination de "Rapport Robert Kinsey", que les hommes
et les femmes américains dépassent leurs semblables de toutes
les autres nations en infidélité. Dans une autre partie du
rapport, il dit que la femme, à la différence de l'homme,
déteste la diversité et la variété en amour,
et c'est pourquoi elle ne comprend pas l'attitude de l'homme, alors que
l'homme éprouve un plaisir dans la diversification, et la considère
comme une aventure agréable. Ce qui est plus important, c'est qu'il
s'intéresse plus au plaisir physique qu'au plaisir sentimental et
spirituel. L'homme prétend avoir une relation purement sentimentale
et spirituelle tant qu'il n'a pas réussi à avoir de rapports
physiques. Un célèbre physiologiste a dit à Kinsey
qu'il est évident que l'homme est polygame et la femme monogame,
car alors que le premier produit des millions de spermes, la seconde développe
un seul ovule dans son ovaire pendant chaque cycle de fécondité.
Laissons la théorie de Kinsey de côté, et essayons
de voir nous-mêmes s'il est difficile pour un homme d'être
fidèle.
Un sociologue français dit en réponse à cette question
: «Pour un homme, être fidèle, ce n'est pas seulement
difficile, mais franchement impossible. Une femme est née pour un
homme, mais un homme est né pour toutes les femmes. Si un homme
est infidèle et qu'il trompe sa femme, il n'est pas blâmable
pour autant, car c'est la faute de la nature qui a mis en lui tous les
motifs de l'infidélité.»
Une revue française écrit sous le titre : "L'amour et
le mariage à la française" : «Les couples français
ont trouvé une solution au problème de l'infidélité.
Ils connaissent les règles du jeu. Tant que le mari ne dépasse
pas les limites, ses aventures occasionnelles avec d'autres femmes ont
peu d'importance. En règle générale, un mari ne peut
en aucun cas rester fidèle après deux ans de vie conjugale.
Dans le cas de la femme, c'est un peu différent, et heureusement
elle est consciente de cette différence. En France, une épouse
ne se sent pas offensée si son mari commet un adultère. Elle
se console en se disant qu'il se pouvait qu'il ait donné son corps
à une autre femme, mais que son âme et ses sentiments continuent
d'être pour elle.»
Il y a quelques années, une controverse fut soulevée autour
de certaines opinions exprimées par un biologiste nommé Dr.
Russel Lee. Selon ce dernier, le fait qu'un homme se contente d'une seule
femme conduit à l'affaiblissement de sa progéniture, et,
de ce fait, sa fidélité équivaudrait à une
trahison contre le genre humain. Il pense que le système de multi-liaisons
permettrait d'avoir des enfants en meilleure santé et plus forts.
Nous pensons que cette description de la nature de l'homme n'est pas
du tout correcte. Les tenants de telles thèses semblent s'être
inspirés de l'environnement particulier qui prévaut dans
leur propre monde.
En tout état de cause nous croyons que, biologiquement et psychologiquement,
l'homme et la femme sont différents l'un de l'autre, et que la nature
les a faits ainsi intentionnellement. C'est pourquoi, l'égalité
de leurs droits ne doit pas être invoquée comme prétexte
pour parler de l'uniformité de leurs droits. Même du point
de vue de ceux qui soutiennent la monogamie, l'esprit de la femme est différent
de celui de l'homme. La femme est monogame de nature. La polyandrie est
contre son esprit et ne se conforme pas avec ce qu'elle attend d'un mari.
Mais l'homme n'est pas monogame de nature, en ce sens que la polygamie
n'est pas contraire à son esprit ni incompatible avec ce qu'il attend
de sa femme.
Mais nous ne sommes pas d'accord avec l'opinion selon laquelle l'esprit
de l'homme ne se conforme pas à la monogamie. Il est absolument
incorrect de dire que la passion de la diversité est incurable.
Nous ne croyons pas que l'homme ne puisse pas être fidèle,
ou qu'une femme soit née pour un homme alors qu'un homme serait
né pour toutes les femmes.
Nous croyons que les causes de l'infidélité de l'homme
résident dans son environnement social, et que la nature de l'homme
n'en est pas responsable. Les facteurs conduisant à l'infidélité
émanent d'un environnement qui, d'une part, encourage la femme à
employer toutes sortes de séductions et de tentations pour attirer
les hommes et, d'autre part, prive des millions de femmes de leur droit
au mariage en imposant la loi de la monogamie.
Avant l'introduction des manières et modes occidentaux, en Orient
musulman, 90 % des hommes souscrivaient à la monogamie dans son
sens réel. Ils n'avaient ni plus d'une épouse légale,
ni des maîtresses ou des concubines.
La
polygamie, un facteur de maintien de la monogamie
Vous serez surpris de savoir que la polygamie a été le
facteur le plus important de la préservation de la monogamie en
Orient. Sa légalité est vraiment le plus grand facteur de
sauvetage lorsque le nombre des femmes "mariables" dépasse celui
des hommes en âge de se marier, car si le droit au mariage n'était
pas reconnu au surplus des femmes, et que des hommes qualifiés moralement,
financièrement et physiquement n'aient pas l'autorisation d'avoir
plus d'une femme, l'amour libre et le concubinage iraient rampant, détruisant
la base même de la réelle monogamie.
En Orient musulman, d'une part la polygamie était autorisée,
d'autre part la tentation et l'incitation à la débauche n'existaient
pas. C'est pourquoi, la vraie monogamie prévalait dans la plupart
des familles. Le concubinage ne s'était pas développé
à tel point qu'une philosophie aurait été progressivement
inventée pour le justifier comme cela s'est passé en Occident.
En Orient, on n'a jamais prétendu que l'homme serait né polygame
et qu'il ne pourrait nullement souscrire à la monogamie.
On peut se demander quelle alternative un homme a lorsque la polygamie
est légalement prohibée et que, comme le prétendent
certains penseurs, l'homme serait polygame de par sa nature !
Selon ces penseurs la réponse est très claire : «L'homme
doit être légalement monogame et pratiquement polygame. Il
ne doit pas avoir plus qu'une femme légale, mais peut coucher avec
autant de femmes qu'il désire. Le concubinage est un droit naturel
de l'homme. Il serait discourtois de le restreindre à une seule
femme.»
Nous pensons qu'il est temps que les lecteurs aient une idée
claire du problème et qu'ils sachent quelle est réellement
la question. La question n'est pas de savoir si la polygamie est meilleure
que la monogamie. Il ne fait pas de doute que la monogamie est préférable,
car elle signifie une vie familiale exclusive. Dans ce système (monogamie),
le corps et l'âme de chacun des deux conjoints appartiennent exclusivement
à l'autre. Il est évident que l'esprit du mariage est l'union
des curs, qui se manifeste mieux dans un mariage exclusif. L'humanité
n'a pas à choisir entre la monogamie et la polygamie.
Le seul problème est que la monogamie absolue n'est pas pratique
dans certaines circonstances sociales, notamment lorsque le nombre des
femmes candidates au mariage est plus grand que celui des hommes en âge
de se marier. Une monogamie absolue prévalant dans toutes les familles
est une pure fiction. Il y a seulement deux alternatives : ou reconnaître
officiellement la polygamie, ou encourager un concubinage débridé.
Dans le premier cas, seul un petit pourcentage (ne dépassant en
aucun cas les 10 %) d'hommes auront plus d'une femme, et toutes les femmes
candidates au mariage seront en mesure de s'assurer un foyer conjugal et
une vie familiale. Dans le second cas, toute femme n'ayant pas un mari
légal aura des relations sexuelles avec plusieurs hommes, et donc
presque tous les hommes mariés deviendront pratiquement polygames.
Tel est le portrait juste de la polygamie. Malheureusement les partisans
du mode de vie européen ne semblent pas disposés à
présenter le vrai portrait du problème. Ils ne veulent pas
dire la vérité ouvertement. En réalité, ils
défendent le concubinage. Ils considèrent la femme légale
comme un fardeau et une pierre d'achoppement sur le chemin. Pour eux, même
une seule femme, c'est trop ; que dire alors de deux, trois, ou quatre
! Ils prétendent être des partisans de la monogamie, mais,
en fait, c'est une totale libération des restrictions matrimoniales
qu'ils voudraient.
Les finasseries
de l'homme moderne
L'homme du XXe siècle a réussi à tromper la femme
concernant beaucoup de droits de la famille, avec des mots mielleux et
lumineux tels que la liberté et l'égalité, pour se
dégager de ses obligations envers elle et augmenter sa jouissance
avec elle. Mais ce qu'il a réussi incontestablement le mieux, c'est
son dénigrement de la polygamie.
Nous tombons parfois sur des écrits qui nous laissent perplexes
sur leurs auteurs, et nous nous demandons s'ils sont des gens simples d'esprit
ou carrément malintentionnés. L'un d'eux écrit : «Actuellement,
dans les pays avancés, les relations entre le mari et la femme sont
fondées sur un système de droits et d'obligations réciproques,
et pour cette raison, il est aussi difficile pour une femme de reconnaître
la polygamie sous toute forme qu'elle soit, que pour un homme de supporter
l'existence de rivaux dans le domaine de ses relations conjugales.»
Nous ne savons pas si c'est vraiment leur conception du problème
ou s'ils ne savent pas réellement que la polygamie a résulté
d'un problème social qui a assigné une lourde responsabilité
aux hommes et femmes mariés et auquel aucune autre solution que
la polygamie n'a pu être trouvée. Fermer les yeux devant le
vrai problème et lancer des slogans tels que : "vive la monogamie"
et : "à bas la polygamie" ne sert à rien.
Ne savent -ils pas que la polygamie fait partie des droits de la femme
et non des droits de l'homme ? Elle n'a rien à voir avec l'égalité
entre l'homme et la femme.
Il est ridicule de dire qu'il est aussi difficile pour une femme d'accepter
la polygamie que pour un homme d'accepter des rivaux dans sa vie conjugale.
Outre le fait que cette comparaison est erronée, il semble que ces
messieurs ne sachent pas que le monde occidental actuel, dont l'éclat
les a si fortement éblouis, exige en fait du mari qu'il accepte
les relations amoureuses de sa femme et tolère l'existence de rivaux.
Il désapprouve toute interférence de la part du mari dans
de telles relations, et la considère comme un acte de jalousie et
de fanatisme déplacé. Nous aimerions que nos jeunes gens
aient une connaissance plus profonde de ce qui est en train de se passer
en Occident.
Etant donné que la polygamie est le produit d'un problème
social, et non de l'instinct de l'homme, il est évident que dans
une société où les femmes n'ont pas une majorité
numérique, elle doit disparaître automatiquement, ou tout
au moins se réduire à la portion congrue. Mais il ne serait
pas convenable de la bannir même dans de telles circonstances, si
de telles circonstances il y a. La prohibition légale de la polygamie
n'est ni suffisante ni appropriée, car la disparition ou l'interdiction
totale de la polygamie nécessite :
1 - L'existence de la justice sociale, d'un travail et d'un revenu suffisant
pour tout homme désireux de se marier, afin qu'il puisse fonder
une famille.
2 - La liberté pour la fille de choisir le mari qu'elle désire,
afin que son père ou son frère ne lui imposent pas de force
le mariage avec un homme riche. Il est évident qu'une fille ayant
la liberté de choisir elle-même son futur mari, et l'occasion
de se marier avec un garçon célibataire, ne penserait jamais
à épouser un homme marié, car ce sont les tuteurs
de la fille qui la vendent aux hommes riches mariés.
3 - La diminution, autant que possible, des facteurs d'excitation sexuelle
dans la société, tels que nous les voyons de nos jours. Car
les motifs de l'excitation et de la séduction attirent même
la femme mariée et la font sortir du foyer conjugal pour se jeter
dans les maisons des étrangers. Que dire alors d'une fille célibataire
!
Si donc la société veut préserver le système
de monogamie, elle doit s'efforcer de poser les fondements de ces trois
facteurs, autrement, l'interdiction légale de la polygamie ne déboucherait
que sur l'ouverture totale de la porte de la débauche.
La
crise résultant de l'existence de femmes sans maris
Si le nombre des femmes voulant se marier dépasse le nombre des
hommes candidats au mariage, la prohibition de la polygamie serait une
trahison contre l'humanité, car il ne s'agirait pas de supprimer
les droits de quelques femmes seulement. Si ce n'était que cela,
ce serait tolérable dans une certaine mesure. La crise à
laquelle la société est confrontée à la suite
de l'application légale de la monogamie, est beaucoup plus grave
que toute autre crise, car l'organisation familiale est plus sacrée
que toute autre organisation.
Une femme privée de son droit naturel est un être vivant
en proie à toutes les réactions d'un être vivant en
état de privation. C'est un être vivant exposé à
tous les désordres psychiques et complexes psychologiques. C'est
une Eve armée de tous les moyens de séduction des hommes.
Elle n'est pas une quantité d'orge ou de blé dont on peut
déverser le surplus dans la mer, ou le stocker dans un grenier en
prévision d'un jour de pénurie. Elle n'est pas une maison
ou une chambre qui peut être fermée à clé si
on n'en a pas besoin pour le moment. Elle est un être vivant, un
être humain, une femme. Elle a des potentialités merveilleuses.
Si elle est frustrée, elle pourrait détruire la société.
Elle ne peut pas rester comme un spectateur oisif, alors que les autres
jouissent de la vie. Sa privation pourrait engendrer des complexes et des
rancunes. Lorsque les complexes et les instincts se réunissent,
ils peuvent produire des catastrophes.
Les femmes privées de vie familiale feraient tout pour séduire
les hommes et exploiter leur faiblesse sur ce point. Et ce n'est pas tout.
Les femmes qui constateraient que leurs maris les trompent, penseraient
à se venger et deviendraient par conséquent à leur
tour infidèles. Pour le reste, n'en parlons pas.
Le résultat final a été résumé dans
le célèbre Rapport Kinsey en une phrase : «Les hommes
et les femmes américains ont surclassé leurs semblables de
tous les autres pays en matière d'infidélité.»
Il est à noter que le problème ne s'arrête pas avec
la corruption et la perversion des hommes. Les flammes finiraient par étendre
leurs langues aux vêtements des femmes mariées et des femmes
au foyer aussi.
Les
diverses réactions au nombre excédentaire des femmes
Le phénomène de "l'excédentarité" du nombre
des femmes par rapport à celui des hommes a été constamment
observable dans la vie de l'humanité, mais ce qui changeait et se
montrait parfois faible parfois fort, c'était la réaction
que ce problème provoquait dans la société. Car, les
peuples qui ont tendance à la chasteté et à la piété
en raison de leur adoption des grandes religions monothéistes, ont
résolu ce problème grâce au système de la polygamie.
Quant aux peuples qui n'avaient pas de penchant pour la religiosité
et la chasteté, ils ont pris ce prétexte pour répandre
la turpitude.
De même que la polygamie n'a pas été introduite
en Orient par l'Islam, de même sa prohibition en Occident n'a en
aucune façon de lien avec la religion du Christ. Cette coutume existait
en Orient avant l'avènement de l'Islam et elle a été
consacrée par les religions orientales. Même dans la Bible
elle n'a pas été prohibée explicitement.
Le plus grand coup porté à la monogamie l'a été
plus par les nations qui ont adopté la voie de la débauche
que par celles qui avaient adopté la polygamie.
Le Dr. Mohammad Hussayn Haykal, l'auteur de "La vie de Mohammad", citant
plusieurs versets coraniques relatifs à la polygamie, écrit
: «Ces versets coraniques donnent la préférence à
la monogamie, puisqu'ils affirment que si un homme craint de ne pas pouvoir
traiter ses épouses avec égalité et justice, il doit
se contenter d'une, et estiment que l'homme ne pourrait pas être
juste dans le traitement qu'il réserverait à ses épouses.
Mais, en même temps, ces versets autorisent la polygamie sous réserve
de la possibilité d'être juste, à cause de l'existence
de circonstances sociales qui nécessitent cette pratique. Mohammad
(P)a adopté lui-même cette position vis-à-vis des veuves
des martyrs des armées musulmanes tombés dans les batailles
contre les mécréants. Comment peut-on dès lors dire-après
toutes les guerres qui sont survenues, toutes les épidémies
que l'humanité a connes et toutes les révolutions qui ont
éclaté, entraînant des milliers et des millions de
morts parmi les hommes et laissant de grands nombres de femmes sans maris-
que la monogamie est préférable à la polygamie, qui
devrait se pratiquer exceptionnellement et assortie de la condition de
justice ? Les peuples occidentaux pourraient-ils prétendre que la
loi de la monogamie, qui n'a d'existence réelle que sur le papier,
a été appliquée effectivement après la Seconde
Guerre Mondiale ?»
Les
inconvénients et les défauts de la polygamie
Une vie conjugale heureuse dépend de la sincérité,
de la tolérance, du sacrifice et de l'harmonie dans le couple. Toutes
ces qualités sont menacées lorsqu'il y a polygamie. Outre
les conditions anormales dans lesquelles vivraient les épouses et
les enfants ayant plus d'une mère(12),
l'homme a à supporter le fardeau lourd de ses nombreuses épouses.
Donc, lorsqu'il se résigne à la polygamie, il devrait dire
adieu au bonheur et à la tranquillité d'esprit qu'on attend
normalement d'une vie conjugale.
La plupart des hommes polygames heureux sont ceux qui ont négligé
leurs responsabilités légales et morales, s'intéressant
uniquement à la nouvelle épouse, abandonnant la première
et la laissant "comme suspendue" selon le terme coranique. Une telle polygamie
n'est en fait qu'une monogamie accompagnée d'injustice, de transgression
et d'agression.
Le proverbe populaire dit : «Un seul Seigneur, une seule épouse».
Il traduit en fait le désir et l'opinion de la plupart des hommes.
Et cette opinion est juste, si nous tenons compte du bonheur dans la vie
personnelle. Si elle n'est pas appliquée par tous les hommes, elle
l'est par la majorité d'entre eux.
Si un homme croit que la polygamie -avec toutes les responsabilités
légales et morales qu'elle implique- est une source de bonheur et
de bien-être pour lui, il se trompe certainement. Car il est certain
que si l'on cherche le bonheur et le repos, on les trouvera beaucoup plus
avec une épouse unique qu'avec plusieurs épouses. Mais...
La méthode
correcte de recherche
En tout cas, il n'est pas pertinent de comparer des questions telle
celle de la polygamie - pour décider si elle a pour origine des
nécessités personnelles ou sociales - avec la monogamie.
La méthode correcte de traiter de ce sujet consiste à prendre
en considération les causes et les justifications de la polygamie,
à examiner les conséquences de sa non-application d'une part,
et à tenir compte des préjudices et des inconvénients
de son application d'autre part, et puis à comparer les résultats
respectifs de son application et sa non-application afin d'en tirer une
conclusion logique. Cette méthode est en fait la seule méthode
valable de traiter et de discuter de telles questions.
Prenons un exemple à titre d'illustration : Supposons que nous
voulions décider de la pertinence ou de la non-pertinence de la
loi du service militaire obligatoire. Si nous examinons cette question
uniquement sur le plan de la famille du jeune homme qui devrait effectuer
ce service, il ne fait pas de doute que nous conclurons que cette loi est
préjudiciable, car rien ne vaudrait mieux pour un jeune homme qu'une
abolition du service militaire obligatoire, lui permettant de rester avec
sa famille et de ne pas se séparer d'elle pour se rendre sur un
champ de bataille où l'effusion de sang l'attend logiquement.
Mais aborder une telle question sous cet angle n'est pas pertinent.
Ce qu'il faut faire ici, c'est voir les graves conséquences auxquelles
devrait s'attendre un pays qui n'aurait pas de soldats prêts à
défendre son intégrité, tout en les comparant, dans
le cas contraire, à l'angoisse d'une famille qui verrait son fils
la quitter pour affronter la mort et les horreurs de la guerre. Il ne fait
pas de doute que cette comparaison nous conduirait à conclure qu'il
est logique qu'un nombre de jeunes gens doivent se charger -dans le cadre
du service militaire- de la défense de la patrie et se sacrifier
à cet égard, et que leurs familles doivent accepter les conséquences
d'une telle tâche, quelles que soient les pertes matérielles
et en vies humaines qu'elle implique.
Revenons à notre sujet. Nous avons déjà expliqué
les nécessités individuelles et sociales qui justifient parfois
la polygamie, et nous allons maintenant aborder ses défauts et ses
conséquences négatives, afin que notre étude de cette
question soit complète et fondée sur une base correcte. La
recherche sur les défauts comprendra notre reconnaissance de l'existence
d'une série de ces défauts et notre rejet de certains autres
que d'aucuns considèrent comme tels, rejet que nous nous efforcerons
de justifier évidemment.
En tout cas, nous allons traiter de ces défauts sous différents
angles.
Sous un angle psychologique
«La relation conjugale ne se limite pas aux aspects matériel
et physique, autrement la polygamie serait en général admissible,
car les affaires financière et physique pourraient être partagées
entre plusieurs personnes, chacune ayant sa part.»
«Le fondement de la relation conjugale est son aspect spirituel
et moral... l'amour, l'affection et les sentiments. Le véritable
lien entre les deux conjoints, c'est le cur. Or l'amour et les sentiments,
tout comme n'importe quelle chose morale, ne peuvent être divisés
et partagés entre plusieurs personnes. Le cur peut-il être
coupé en deux, ou se trouver dans deux endroits en même temps
? Peut-on donner son cur à deux personnes ? L'amour et l'adoration
sont un esseulement et n'admettent ni associé ni rival. Ils ne sont
pas comme du blé et de l'orge qu'on pourrait partager entre plusieurs
individus. En outre, les sentiments ne peuvent pas être gouvernés
par l'homme, car c'est l'homme qui obéit à la volonté
de son cur et non le contraire. Or ce qui représente l'esprit du
mariage et son aspect humain, et qui fait se distinguer la relation entre
deux êtres humains de celle entre les animaux -laquelle est purement
instinctive et voluptueuse- n'est ni divisible ni gouvernable. Donc la
polygamie est quelque chose d'inadmissible.»
A notre avis, ces affirmations comportent un peu d'exagération...
Certes, l'âme du mariage est constituée d'affection, de sentiments
et d'amour. Certes aussi, les sentiments du cur n'entrent pas dans le cadre
de ce que l'homme maîtrise et contrôle. Mais dire que les sentiments
ne sauraient être partagés, c'est de la pure imagination poétique
et même une contre-vérité. Car il ne s'agit pas de
partager les sentiments de la même façon qu'on coupe un morceau
de viande en deux parts, pour qu'on dise que les questions spirituelles
ne sont pas partageables. Il s'agit plutôt de savoir dans quelle
mesure on peut aimer deux personnes à la fois. Or nous voyons un
père de dix enfants qui les aime et les adore tous, et il est prêt
à se sacrifier pour chacun d'eux.
En tout cas, une chose est certaine. L'amour ne peut être aussi
intense dans le cas où il y a plusieurs femmes que lorsqu'il y a
une seule femme. L'amour fort n'est pas compatible avec la pluralité,
mais il n'est pas compatible avec la raison non plus.
Dans son livre "Le Mariage et la Morale", Russel écrit : «Beaucoup
de gens considèrent l'amour aujourd'hui comme un bel échange
de sentiments. Cet argument à lui seul, et abstraction faite de
tous les autres arguments, suffit pour condamner la polygamie.»
S'il s'agit seulement d'un équitable échange de sentiments,
pourquoi cet échange devrait-il être monopolisateur ? Un père
ayant plusieurs enfants, les aime tous, et eux tous l'aiment réciproquement.
Cet échange de sentiments entre eux n'est-il pas beau et équitable
? Notons au passage que même dans le cas où il y a plusieurs
enfants, l'amour d'un père pour chacun d'eux est toujours plus grand
que l'amour de chacun d'eux pour lui.
Le plus étonnant dans cette affirmation, c'est qu'elle émane
d'un homme qui recommande toujours aux maris de respecter et de ne pas
empêcher les liaisons de leurs femmes avec d'autres hommes, et aux
épouses de faire de même ! Russel considère-t-il que
l'échange des sentiments entre la femme et son mari, là encore,
n'est pas beau et équitable ?
Sous
l'angle du comportement et de l'éducation
«Le partage du mari est l'exemple criard de l'incongruité,
car il n'y a pas dans le monde pire ennemi pour une femme que la co-épouse.
La polygamie excite les co-épouses l'une contre l'autre, et conduit
le mari à recourir à la force et à la violence contre
elles, transformant ainsi le climat familial -qui devrait être un
climat de tranquillité et d'entente- en un champ de bataille, de
conflit, de haine et de vengeance. Les hostilités et les rivalités
entre les mères [les co-épouses] glissent vers les enfants,
les divisant en deux ou plusieurs parties montées les unes contre
les autres, transformant le climat familial -qui devrait être normalement
une école spirituelle pour les enfants et une source d'inspiration
de l'affection et de la bienveillance- en une école d'hypocrisie
et de perfidie.»
Le fait que la polygamie soit à l'origine de toutes ces traces
de mauvaise éducation ne fait pas de doute. Mais nous devons faire
la distinction entre les traces dues à la nature de la polygamie
et celles résultant du comportement du mari et de sa nouvelle épouse.
A notre avis, tous ces problèmes n'ont pas pour origine la nature
de la polygamie. La plupart d'entre eux résultent de la façon
de son application.
Supposons qu'un mari et son épouse mènent une vie conjugale
normale. Entre-temps le mari rencontre une autre femme et l'idée
de se marier avec elle se met à le hanter. Après un accord
secret entre les deux, la seconde femme surgit, envahit la maison, le mari,
la vie et l'autorité de la première épouse. On peut
imaginer facilement quelle serait sa réaction ! Rien dans le monde
ne peut perturber une femme autant que l'impression d'être méprisée
par son mari. Etre incapable de préserver l'affection de son mari
est le plus grand échec pour une femme. Lorsque le mari devient
arrogant et licencieux, et que la seconde épouse joue le rôle
de maraudeuse, il est absurde de s'attendre à ce que la première
épouse reste patiente.
En revanche, les choses seraient tout à fait différentes,
et le conflit interne considérablement réduit, si la première
épouse savait que son mari a besoin avec raison d'une seconde femme
et qu'il n'en a pas assez d'elle. Le mari doit, pour sa part, éviter
de se montrer arrogant et de se plonger dans la sensualité. Lorsqu'il
prend une seconde femme, il doit, plus que jamais, être aimable et
bon avec sa première épouse et respecter plus que jamais
ses sentiments. La seconde femme, quant à elle, doit savoir que
la première a certains droits qu'il faut respecter. En un mot, toutes
les parties concernées doivent se rappeler qu'elles participent
à la solution d'un problème social.
La loi de la polygamie est une solution progressive d'un problème
social, et elle est fondée sur les plus larges intérêts
de la société. Ceux qui l'exécutent devraient posséder
une pensée large et profonde et avoir reçu une bonne éducation
islamique.
L'expérience a montré que si un mari n'est ni licencieux
ni arrogant, et que la femme est convaincue qu'il a besoin d'une seconde
épouse, elle arrangerait elle-même volontiers le second mariage
de son mari. Auquel cas tous les troubles évoqués plus haut
ne se produiraient pas, étant donné que la plupart d'entre
eux résultent de la mauvaise conduite des maris.
Sous l'angle moral
On dit que «la polygamie signifie un libre cours donné
à la sensualité, puisque le mari est autorisé à
satisfaire sa volupté, alors que la morale exige de l'homme qu'il
suive le moins possible ses désirs, car, de par sa nature, plus
l'homme cède à ses désirs, plus leurs flammes s'attisent.»
Dans "L'Esprit des Lois", Montesquieu, parlant de la polygamie, écrit
: «Le Roi du Maroc avait dans son harem des femmes de toutes les
races, jaune, noire, blanche, etc. Si cet homme avait eu le double du nombre
des femmes qu'il avait, il aurait demandé encore davantage. Car
la volupté, comme l'avarice et la mesquinerie, plus on y cède
plus elle s'accentue. Et de même que l'or et la fortune conduisent
à l'augmentation de l'avarice et de l'avidité, de même
la polygamie entraîne des aberrations sexuelles (sodomie) car, dans
le domaine des désirs, plus l'homme avance, plus il dévie
de la règle. A Istanboul, lorsque la révolution éclata,
on découvrit que la maison d'un gouverneur était dépouillée
de toute femme ; la raison en était qu'il satisfaisait ses désirs
sexuels exclusivement avec des garçons.»
Cette objection comporte deux affirmations discutables :
A - La première affirmation est : «Une morale élevée
est incompatible avec la soumission aux exigences des désirs charnels,
et pour purifier l'âme, il faut céder le moins possible aux
caprices de la volupté.»
B - La seconde affirmation est : «Plus on suit la nature humaine
plus elle est exigeante, et plus on y résiste plus elle se calme.»
Concernant la première affirmation, elle traduit malheureusement
une pensée erronée. Elle a été inspirée
des idées morales chrétiennes, hindoues, bouddhistes et cyniques,
fondées sur le renoncement. Du point de vue islamique, il n'est
pas correct de dire que «moins on satisfait le désir sexuel,
plus on a une haute morale» (sans doute selon cette théorie
la morale parfaite serait de renoncer totalement à la satisfaction
du désir sexuel). Seule la pratique excessive de la sexualité
est considérée, du point de vue islamique, comme contraire
à la morale.
Pour vérifier si la polygamie signifie ou non la pratique excessive
de la sexualité, voyons si l'homme, de par sa nature, est monogame
ou non. Comme nous l'avons constaté antérieurement, aujourd'hui
personne ne croit que l'homme soit purement monogame ni que la polygamie
soit un acte de perversion. Bien au contraire, beaucoup de sociologues
sont d'avis que l'homme est, de par sa nature, polygame, et que la monogamie
est aussi non naturelle que le célibat.
Bien que nous ne croyions pas que l'homme soit polygame de nature, nous
ne croyons pas non plus qu'il soit purement monogame ou que la polygamie
soit non naturelle et une sorte de perversion au même titre que l'homosexualité.
Ceux qui, comme Montesquieu, considèrent la polygamie comme équivalente
à la licence, ont le harem dans la tête. Ils pensent qu'en
autorisant la polygamie l'Islam aurait voulu fournir une excuse aux harems
des Califes abbassides et des Sultans ottomans ! Mais en réalité
l'Islam est totalement opposé à une telle pratique. Les conditions
que l'Islam pose pour l'autorisation de la pratique de la polygamie sont
telles que la possibilité de la licence est totalement éliminée.
Concernant la seconde affirmation : «Plus les désirs sexuels
sont satisfaits, plus ils croissent, et plus ils sont réprimés,
plus ils se calment», elle est diamétralement opposée
à ce qu'affirment les adeptes de Freud aujourd'hui.
En effet, selon les freudiens, les désirs instinctifs se calment,
lorsqu'ils sont satisfaits, et deviennent violents, lorsqu'ils sont réprimés.
C'est pourquoi les freudiens réclament une liberté totale
et la violation de toutes les restrictions traditionnelles en matière
de sexualité. J'aurais voulu que Montesquieu soit vivant aujourd'hui
pour voir combien sa théorie a été tournée
en ridicule par les freudiens.
Du point de vue islamique, toutes les deux théories -celle de
Montesquieu et celle de Freud- sont fausses. La nature humaine a ses propres
lois et limites, qui doivent être reconnues. La nature se rebelle
et se perturbe à la suite de deux choses :
1 - La privation
2 - Une liberté totale et l'élimination de tous les obstacles
et limites se dressant devant la nature.
En tout état de cause, ni la polygamie n'est contraire à
la morale, à la tranquillité de l'esprit et à la pureté
de l'âme -comme le prétendent les Montesquieu et autres-,
ni le fait de se contenter d'une seule ou de plusieurs épouses légales
n'est contraire à la nature humaine, comme l'affirment les freudiens.
Sous l'angle légal
«En vertu d'un contrat de mariage, les deux époux appartiennent
l'un à l'autre, et chacun a le droit de jouir de l'autre, étant
donné que les avantages du mariage sont devenus la propriété
de chacun d'eux en vertu dudit contrat. De là, la première
épouse devient la détentrice n° 1 de ce droit, et toute
transaction conclue entre le mari et une seconde épouse sera considérée
en réalité comme un excès de pouvoir, car la
marchandise -en l'occurrence les avantages du mariage- avait été
vendue antérieurement à la première épouse,
et devenue une partie de ses propriétés. Donc la première
épouse doit être consultée, et son consentement obtenu
préalablement. Ainsi, si on veut autoriser la polygamie, cela doit
dépendre de l'approbation de la première épouse, à
laquelle appartient de décider si son mari peut ou non se
remarier avec une seconde femme. Par conséquent le mariage avec
une deuxième ou une troisième femme ressemble à la
vente par une personne de sa marchandise à quelqu'un, puis de sa
revente une deuxième, une troisième et une quatrième
fois à d'autres. La validité de cette transaction dépend
donc du consentement du premier propriétaire, ensuite du second,
puis du troisième dans l'ordre. Et si le vendeur (par excès
de pouvoir) remet la marchandise au second, ensuite au troisième,
puis au quatrième acheteurs, son action mérite absolument
une sanction.»
Cette objection est fondée sur l'idée que le contrat de
mariage serait un simple échange d'un intérêt et rien
de plus, et que chacun des deux conjoints serait le propriétaire
de l'intérêt conjugal de l'autre. Nous ne voudrions pas maintenant
aborder ce point qui est en fin de compte réfutable. Mais
supposons que le mariage soit légalement ainsi. Cette objection
ne serait valable que lorsque la polygamie de l'homme aurait pour motif
la diversité et la jouissance. Evidemment, lorsque le mariage est,
sur le plan juridique, un échange d'intérêts, et que
l'épouse est capable d'assurer à l'homme ses intérêts,
sur tous les plans, elle ne permettra pas à l'homme de se remarier.
Mais si le second mariage n'a pas pour but la diversité et le plaisir
sexuel, et que le mari a toutes les justifications nécessaires que
nous avons soulignées précédemment, cette objection
n'aura plus de raison d'être. Par exemple, si la femme est stérile
ou ménopausée et que le mari ait besoin d'enfants, ou si
la femme souffre d'une maladie qui lui interdirait d'avoir des rapports
sexuels, dans tous ces cas elle n'a pas le droit de s'opposer au second
mariage.
Ceci, si la raison de son second mariage est d'ordre purement personnel.
Mais lorsqu'il s'agit d'un problème qui touche la société
dans son ensemble et qui nécessite l'autorisation de la polygamie
en raison du nombre excédentaire des femmes par rapport aux hommes,
ou lorsque la société a besoin d'augmenter le nombre de sa
population, dans ce cas cette objection prend une autre forme, car l'application
de la polygamie devient une "obligation jusqu'à suffisance"(13),
visant à prévenir la société contre la turpitude
et la débauche, ou à accroître la population du pays.
Bien entendu, lorsque le problème devient une affaire d'obligation
sociale, le consentement préalable de l'épouse et son autorisation
ne se justifient plus. Ainsi, si nous supposons que la société
souffre réellement d'un excédent du nombre des femmes ou
qu'elle a un besoin impérieux d'accroître sa population, une
"obligation jusqu'à suffisance" s'impose à tous les hommes
et femmes mariés, et les femmes ont alors le devoir d'agir conformément
au principe de sacrifice et d'abnégation en vue de sauver la société,
tout comme le devoir de défendre la patrie, devoir qui échoit
à toutes les familles et qui commande à celles-ci de se séparer
de leurs fils au bénéfice de la société, et
de les envoyer sur les champs de bataille. Dans de telles situations d'ordre
social général, on n'a pas besoin de demander leur consentement
aux personnes concernées.
Ceux qui prétendent que le droit et la justice exigent l'obtention
du consentement et de l'autorisation de la première épouse
lors d'un second mariage, ne regardent que le cas du mariage d'un homme
qui veut se marier pour le plaisir et la diversité, et oublient
les cas du mariage par besoin impérieux, personnels ou sociaux.
Lorsqu'il n'y a pas d'impératifs personnels ni sociaux pour la polygamie,
celle-ci n'est pas admise, même si la première épouse
l'autorise.
Sous l'angle philosophique
«La loi de la polygamie est incompatible avec le principe de l'égalité
entre l'homme et la femme en tant qu'êtres humains. Etant donné
que l'homme et la femme ont des droits égaux, tous les deux doivent
être autorisés ou interdits de pratiquer la polygamie. C'est
une discrimination pure et simple que de permettre à l'homme d'avoir
plusieurs femmes, et d'interdire à la femme d'avoir plusieurs maris.
Autoriser l'homme à avoir jusqu'à quatre femmes signifierait
que la valeur d'une femme est le quart de celle de l'homme. Cette position
est attentatoire à la dignité de la femme, et non conforme
même à la position islamique vis-à-vis de l'héritage
et du témoignage. Concernant le témoignage, en effet, le
témoignage de deux femmes seulement vaut celui d'un homme.»
Cette objection est la moins solide de toutes. Il semble, en effet,
que les critiques ignorent totalement les justifications individuelles
et sociales de la polygamie. Ils pensent que la polygamie est une question
de passion et de désir, et que par conséquent l'homme et
la femme doivent avoir un traitement égal. Or nous avons déjà
expliqué les cas où la polygamie est justifiée et
nécessaire. Nous avons aussi souligné les circonstances dans
lesquelles un devoir (celui de la polygamie) envers les femmes sans maris
est dévolu à tous les hommes et femmes mariés. Donc,
il n'est pas nécessaire de revenir sur cette question encore.
Il nous suffit de dire que si les enseignements islamiques relatifs
à la polygamie, l'héritage et le témoignage, étaient
dus à une vision humiliante de la femme et à un mépris
de ses droits, et fondés sur une discrimination entre l'homme et
la femme en tant qu'êtres humains, l'Islam aurait pris une position
uniforme vis-à-vis des deux sexes dans toutes les questions les
concernant. Concernant l'héritage par exemple, il n'aurait pas fixé
la part de l'héritage de la femme, parfois à la moitié
de celle de l'homme, parfois à parts égales. De même,
pour le témoignage, il n'y aurait pas eu des règles différentes
dans les différentes circonstances. Tout cela montre qu'en fixant
des règles différentes et en prenant des positions différentes
vis-à-vis des droits et des intérêts de la femme, l'Islam
agit selon une philosophie spécifique qui tient compte de la nature
humaine et d'autres facteurs. Nous avons déjà expliqué
la question de l'héritage dans un chapitre précédent.
Nous avons aussi souligné dans un autre chapitre que, du point de
vue islamique, la question de l'égalité entre l'homme et
la femme en tant qu'êtres humains fait partie des droits humains
fondamentaux. En tout cas, en traitant des droits familiaux, l'Islam a
pris en considération certains autres aspects aussi, qui sont plus
importants que la question de l'égalité.
La théorie
de la polygamie en Islam
L'Islam n'a ni inventé la polygamie (car elle existait depuis
des siècles avant l'avènement de l'Islam), ni ne l'a abolie,
car il n'y a pas une autre solution à certains problèmes
sociaux. L'Islam n'a fait que réformer cette ancienne coutume.
La limitation
Avant l'Islam, on pouvait avoir un nombre illimité de femmes
et former un harem. L'Islam a prescrit une limite maximum. Personne n'a
le droit d'avoir plus de quatre femmes. Ceux qui avaient plus de quatre
femmes lorsqu'ils embrassèrent l'Islam furent contraints de se séparer
de celles qui excédaient ce nombre. Ainsi, un homme nommé
Ghaylan Ibn Aslamah avait dix femmes, et le Prophète (P) lui ordonna
de divorcer d'avec six d'entre elles. Nawfal Ibn Mu`âwiyah, en avait
cinq, et le Prophète (P) exigea de lui qu'il se sépare de
l'une d'elles.
Selon un récit des traditions chiites, à l'époque
de l'Imam al-Sâdiq, un Zoroastrien embrassa l'Islam. Il avait sept
femmes. On demanda alors à l'Imam al-Sâdiq (P) ce que cet
homme devait faire avec ses femmes. L'Imam al-Sâdiq répondit
qu'il devait se séparer de trois d'entre elles.
La justice et le traitement
égal
Une autre réforme de taille a été introduite par
l'Islam, qui a posé comme condition de l'autorisation de la pratique
de la polygamie la nécessité de réserver un traitement
égal à toutes les épouses. L'Islam ne permet aucune
discrimination entre elles ou entre leurs enfants. Le Saint Coran dit :
«Mais si vous craignez de n'être pas équitables [avec
elles], prenez une seule femme.» (Sourate al-Nisâ', 4 :
3)
Le monde pré-islamique n'observait l'égalité ni
entre les femmes, ni entre leurs enfants. Nous avons déjà
cité Christenson et d'autres qui affirment que, pendant la période
sassannide, la polygamie était courante en Iran, et qu'une ou deux
femmes étaient appelées favorites et jouissaient de tous
les droits, alors que les autres étaient appelées femmes-servantes
et avaient beaucoup moins de droits légaux. Seuls les enfants mâles
de ces femmes-servantes étaient reconnus comme membres de la famille
paternelle.
L'Islam a aboli ce genre de coutumes et d'usages. Il ne permet pas qu'une
épouse ou ses enfants soient considérés comme inférieurs
aux autres épouses et enfants.
Dans "Histoire de la Civilisation", vol. I, Will Durant écrit
: «Lorsqu'un homme avait amassé une fortune, et qu'il craignait
qu'après sa mort elle ne fût morcelée entre ses nombreux
enfants, il limitait son héritage aux enfants de sa favorite à
l'exclusion de ceux issus des autres épouses.»
Cela montre que, dans l'ancien monde, la discrimination entre les femmes
ainsi qu'entre leurs enfants était courante. Mais ce qui est étonnant
c'est ce que Will Durant ajoute : «Jusqu'à une date récente,
cette pratique continua d'exister en Asie. Petit à petit la femme
réelle (favorite) a pris la position de la femme unique, alors que
les autres femmes ont disparu ou ont été réduites
au rôle de maîtresses clandestines.»
Will Durant a oublié, ou fait semblant d'ignorer, que depuis
14 siècles l'Islam avait aboli la discrimination entre les enfants
issus de différentes épouses, et qu'avoir une seule épouse
réelle (officielle ou légale) et plusieurs concubines clandestines
est une coutume européenne et non asiatique. Elle n'a fait son apparition
en Asie que récemment !
Toujours est-il en tous cas que la seconde réforme à laquelle
l'Islam a procédé dans le domaine de la polygamie, fut l'abolition
de la discrimination entre les différentes épouses ainsi
qu'entre leurs enfants. Aucune forme de favoritisme envers une épouse
en particulier n'est permise. Presque tous les juristes sont unanimes sur
ce point. Seule une petite minorité d'écoles juridiques ont
interprété les droits des femmes de sorte à trouver
certaines excuses à la discrimination. Mais il est indéniable
que cette interprétation est en contradiction avec l'interprétation
du verset coranique ci-dessus cité. Des sources aussi bien chiites
que sunnites ont rapporté ce hadith (récit, parole) du Prophète
: «Quiconque a deux épouses et ne les traite pas avec égalité,
en montrant un penchant [ou une préférence] pour l'une d'elle,
sera traité le Jour de la Résurrection de telle sorte qu'un
côté de son corps sera traîné par terre en le
conduisant vers l'Enfer.»
La justice est la plus grande vertu morale. Prescrire la condition de
la justice et du traitement égal signifie qu'il est exigé
d'un mari conduit à pratiquer la polygamie qu'il possède
les plus hautes qualités morales. Et étant donné que
les sentiments de l'homme envers toutes ses femmes ne sont pas habituellement
les mêmes, l'observation de la justice et l'abstention de tout traitement
inégal constituent l'un des devoirs les plus difficiles.
Nous savons tous que le Saint Prophète, pendant les dix dernières
années de sa vie, c'est-à-dire pendant son séjour
à Médine, s'est marié avec plusieurs femmes. C'était
une période de guerres, et il y avait un très grand nombre
de femmes qui n'avaient personne pour s'enquérir de leur sort. La
plupart des femmes du Prophète étaient veuves ou âgées.
Beaucoup d'entre elles avaient des enfants de leurs ex-maris.
La seule jeune fille avec laquelle se soit marié fut 'Ayechah,
qui disait souvent avec fierté qu'elle était la seule femme
qu'aucun autre homme que le Prophète n'ait jamais touchée.
Le Saint Prophète a toujours réservé un traitement
parfaitement égal à toutes ses femmes et n'a jamais fait
aucune discrimination entre elles. 'Orwah Ibn Zubayr était le neveu
(le fils de la sur) de 'Ayechah. Il demanda à sa tante un jour comment
le Saint Prophète traitait ses femmes. Elle répondit : «Il
les traitait avec justice et parfaite égalité. Il n'a jamais
préféré l'une d'elles à une autre. Presque
chaque jour il appelait chacune de ses épouses et s'enquérait
de leur santé. Il passait la nuit avec chaque femme à tour
de rôle. Si par hasard il voulait passer une nuit avec une autre
femme, il demandait préalablement la permission de celle avec laquelle
il devait normalement rester cette nuit-là. Si la permission lui
était accordée, il partait chez l'autre, autrement, il ne
partait pas.» 'Ayechah ajouta : «Quant à moi, je ne
lui ai jamais donné la permission d'aller chez une autre lorsqu'il
me la demandait.»
Même pendant sa dernière maladie qui l'a conduit à
la mort, et alors qu'il était trop faible pour pouvoir bouger, le
Saint Prophète observa scrupuleusement le principe de l'égalité
de traitement. Son lit était transporté d'une chambre à
l'autre chaque jour. A la fin, un jour, il appela toutes ses épouses
et leur demanda la permission de se maintenir dans une seule chambre. Ayant
obtenu cette permission, il resta dans la chambre de 'Ayechah.
Pendant la période où il avait deux femmes, l'Imam Ali
(P) était si attentif à ce principe d'égalité
de traitement qu'il s'attachait même à faire ses ablutions
requises pour la prière dans la maison de l'épouse à
qui était le tour cette nuit-là.
L'Islam attache tellement d'importance au principe de la justice et
de l'égalité dans le traitement, qu'il ne permet pas au mari
et à la seconde épouse de mettre dans leur contrat de mariage
des clauses accordant à la seconde femme plus de droits que ceux
dont jouit l'ancienne femme. Cela signifie que, selon l'Islam, l'observance
de l'égalité et de la justice est un devoir que le mari n'a
pas le droit de contourner en posant une clause dans le nouveau contrat
de mariage, stipulant un droit qui viole le principe de la justice et de
l'égalité. Ni le mari, ni la seconde épouse, n'ont
le droit de mettre une telle clause contraire à la justice, dans
le contrat de leur mariage. La seule chose que la nouvelle femme peut faire,
c'est de renoncer à certains de ses propres droits, mais elle n'a
pas le droit de poser comme condition l'octroi de plus de droits que ceux
dont jouit la première femme. La première épouse aussi
a le droit de renoncer volontairement à une partie de ses droits,
mais elle n'a pas légalement le droit d'exiger qu'elle n'ait pas
de droits du tout. On a demandé à l'Imam al-Bâqir (P)
: «Le mari a-t-il le droit de mettre, en accord avec son épouse,
une clause stipulant qu'il ne se rende chez cette dernière que pendant
la journée à l'exclusion de la nuit, ou qu'une seule fois
par semaine ou par mois, ou une autre clause stipulant qu'il ne doit pas
payer une pension complète à sa seconde femme ou égale
à celle de la première avec le consentement de l'intéressée
?» L'Imam al-Bâqir a répondu : «Non. De telles
clauses sont invalides. Toute femme devient, en vertu du contrat du mariage
-qu'elle le veuille ou non-, la détentrice de tous les droits de
l'épouse. Tout ce qu'elle peut dans ce domaine, c'est de renoncer,
après le mariage, à ses droits, totalement ou partiellement,
soit pour plaire à son mari, soit pour toute autre raison.»
Avec toutes ces conditions morales strictes, la polygamie devient un
devoir plutôt qu'un moyen de s'adonner aux plaisirs sexuels. La recherche
des plaisirs et de la licence n'est possible que dans une ambiance de liberté
sexuelle totale. Mais lorsqu'il est question de discipline, de justice
et de devoir, il n'y a plus de place pour la débauche et la licence.
C'est pourquoi, en aucune façon, la polygamie assortie des conditions
islamiques ne peut être un moyen de plonger dans les plaisirs.
Ceux qui ont fait de la polygamie un moyen de satisfaire leurs désirs
et leur licence se sont servis de la loi islamique pour commettre un acte
illégal ; la société a le droit de les en blâmer
et de les punir.
La crainte de ne pas
être juste
Pour être équitable, il faut dire que le nombre de ceux
qui respectent la lettre et l'esprit de toutes les conditions prescrites
par l'Islam concernant la polygamie, est insignifiant. Selon la loi islamique,
si quelqu'un craint par exemple que l'utilisation de l'eau puisse lui être
nuisible, il ne doit pas faire l'ablution (cependant normalement obligatoire)
pour accomplir la prière, et si quelqu'un craint que le jeûne
obligatoire ne lui soit nuisible, il doit s'en abstenir. Vous rencontrez
beaucoup de gens qui vous demandent s'ils doivent ou non faire l'ablution
ou le jeûne, craignant que l'ablution ou le jeûne puissent
être nuisibles à leur santé. De telles interrogations
sont valables, et de telles personnes ne doivent pas accomplir le jeûne
ou l'ablution.
Mais le Noble Coran dit explicitement que si vous craigniez de ne pas
pouvoir traiter avec égalité vos femmes, vous devez vous
contenter d'une seule femme. Pourtant vous ne rencontrerez pas une seule
personne qui vous dise qu'elle craint de ne pas pouvoir traiter avec égalité
deux femmes, et qui vous demande si, dans ces circonstances, vu ces craintes,
elle a ou non le droit d'avoir une seconde femme. Il est évident
que certains hommes, tout en sachant bien qu'ils ne seront pas capables
d'être justes, se marient avec plus d'une femme. Ils le font sous
le couvert de la loi islamique. Ce sont ces hommes-là qui font une
mauvaise réputation à l'Islam, par leurs agissements incorrects.
Les harems
L'autre raison pour laquelle la polygamie en Islam est critiquée,
c'est le système du harem adopté par les anciens califes
et sultans qui régnèrent sur le monde musulman. Quelques
écrivains chrétiens et certains missionnaires ont décrit
la polygamie en Islam comme étant l'équivalent du système
du harem dans tous ses aspects honteux et cruels.
Malheureusement, certains de nos propres écrivains, qui répètent
comme des perroquets les idées émises par les Européens,
associent improprement la polygamie au harem. Ils n'ont pas suffisamment
d'esprit indépendant pour pouvoir distinguer ces deux pratiques
bien distinctes.
D'autres conditions
Outre la condition de la justice et de l'égalité dans
le traitement des épouses, il y a d'autres conditions que le mari
doit remplir. Nous savons tous qu'une femme a un nombre de droits financiers
et autres que le mari doit assurer. Un mari a le droit d'avoir plus d'une
femme, à condition que sa situation financière le lui permette.
En fait, la condition financière est posée même pour
le premier mariage, mais le contexte de notre sujet ne nous permet pas
d'en débattre.
Les capacités physiques et sexuelles sont d'autres exigences
préalables.
Il est rapporté dans "al-Kâfî" et "al-Wasâ'il"
que l'Imam al-'âdiq a dit que tout homme ayant réuni autour
de lui un nombre de femmes sans pouvoir satis faire leurs instincts sexuels,
supportera leur péché si elles tombent dans la débauche
et l'adultère.
L' histoire des harems nous rapporte beaucoup de cas où de jeunes
femmes faisant partie d'un harem furent forcées de recourir à
la débauche sous la pression de leur besoin sexuel, ce qui conduisait
parfois au crime et au meurtre.
A présent le lecteur connaît sans doute les causes de la
polygamie et sait pourquoi l'Islam ne l'a pas abolie. Il doit pouvoir connaître
également les conditions et les limites que l'Islam a prescrites
à cet égard. L'Islam n'a pas déprécié
la femme avec l'autorisation de la polygamie, bien au contraire, il lui
a rendu un grand service. Si la polygamie n'était pas autorisée
même là où le nombre des femmes en âge de se
marier dépasse celui des hommes, les femmes seraient devenues des
marionnettes bon marché entre les mains des hommes. Elles auraient
pu être traitées pire que les esclaves, car l'homme reconnaît
l'enfant d'une esclave comme étant le sien, mais il ne reconnaît
pas la concubine ou la maîtresse comme étant la sienne.
L'homme moderne et
la polygamie
L'homme moderne répugne à la polygamie, non qu'il veuille
se contenter d'une seule femme, mais parce qu'il veut satisfaire son goût
de la diversité en commettant un nombre illimité d'adultères
dont l'accès est facile et qui lui évitent toute responsabilité.
Le péché et l'infidélité ont pris la place
de la polygamie. C'est pourquoi l'homme moderne s'oppose à la pluralité
des femmes légales, laquelle lui imposerait beaucoup d'obligations
et de responsabilités, financières entre bien d'autres. Dans
le passé, même pour un homme voluptueux, les occasions de
péché étaient limitées. C'est pourquoi il a
recouru à la polygamie, et bien qu'il ait fui beaucoup de ses devoirs,
il a dû supporter certaines responsabilités vis-à-vis
de ses femmes et de ses enfants. L'homme moderne, qui a d'énormes
occasions de jouir, ne voit aucune nécessité de prendre le
moindre engagement. De là son aversion pour la polygamie.
L'homme moderne emploie les femmes comme secrétaires, dactylos,
standardistes, etc. pour son plaisir, et les fait payer par le gouvernement,
la société ou l'organisation pour laquelle il travaille,
sans sortir un seul centime de sa poche.
L'homme moderne change de maîtresse au bout de quelques jours
sans entreprendre de formalités de dot, de pension et de divorce.
M. Tshombe était violemment opposé à la polygamie,
car il avait toujours à côté de lui une jeune et jolie
fille qu'il changeait quand il le désirait. Dans de telles conditions,
il n'avait nullement besoin du fardeau de la polygamie.
Nous lisons dans la biographie de Bertrand Russel, qui était
un opposant résolu à la polygamie, que deux femmes, outre
sa grand-mère, ont joué un rôle important dans sa vie.
L'une était sa femme, Alice, l'autre, sa maîtresse, Morrel,
qui était l'une des femmes les plus éminentes de cette période,
et qui entretenait des relations amoureuses avec beaucoup d'écrivains
du début du XXe siècle. Evidemment un tel homme ne supportait
pas la polygamie.
Apparemment, c'est à cause de ses maîtresses que Russel
a fini par divorcer de sa femme Alice, puisqu'il écrit : «Un
jour, alors que j'allais à bicyclette sur un site touristique situé
dans la banlieue, j'ai senti subitement que je n'aimais plus Alice.»
Notes
8. On sait que le Saint Prophète
a dit : «Allah aime quiconque aime Ali et déteste quiconque
déteste Ali». N. d. T.
9. Traditionnistes : rapporteurs
des traditions (hadith) des Saints de l'Islam (le Prophète
et les Imams).
10. La période probatoire
"'iddah" est une période pendant laquelle, on peut vérifier
si la femme est enceinte ou non de son mari divorcé. Mais si le
mariage n'a pas été consommé, la période d'attente
(probatoire) n'a pas de raison d'être.
11. La polygamie est le fait qu'un
homme soit marié à plusieurs femmes, ou une femme à
plusieurs hommes.
12. Une mère réelle
et des belles-mères.
13. Wajib Kifâ'î
ou obligation de suffisance : Obligation qui incombe à tout le monde,
mais dont tout le monde est dégagé lorsque un nombre suffisant
d'individus l'acquittent de sorte qu'elle n'a plus de raison d'être.
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