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Les droits de la femme en islam
Première partie
Ayatollah Mortadhâ Motahhary
Traduit et Édité par
Abbas Ahmad al-Bostani
PUBLICATION DE LA CITÉ DU SAVOIR
Éditeur:
La Cité du Savoir
Abbas AHMAD al-Bostani
C.P. 712 Succ. (B) Montréal, Qc., H3B 3K3
Canada
Tous droits de traduction, de reproduction
et
d'adaptation réservés pour tous pays
© Abbas Ahmad al-Bostani
ISBN : 2-9595157-5-4
Table des Matières
Prologue 1
Préface 15
Le problème des relations familiales
15
Devrions-nous
imiter l'Occident ou être indépendants ? 16
La contrainte de l'Histoire
16
L'INDEPENDANCE SOCIALE
DE LA FEMME 19
Indépendance dans le
choix de son destin 19
Le mariage avant la naissance
20
L'échange de filles 21
Le mouvement
islamique de libération des femmes 22
La permission des parents
23
L'homme
soumis à la volupté, la femme prisonnière de l'amour
25
L'ISLAM ET LA VIE MODERNE 29
L'Islam et
les exigences de l'époque moderne 30
Objections 32
Avec quoi
le temps est-il lui-même compatible ? 33
Adaptation ou abrogation ?
35
L'Islam et la vie moderne (II)
38
Les esprits rigides
et les ignorants 40
Une parabole du Coran 42
L'Islam et la modernité
(III) 46
1 - La nature
du changement 46
2 - Le
secret de la flexibilité des lois islamiques 47
L'insistance
sur le fond et l'indifférence à la forme 48
Des
lois fixes pour des besoins immuables, et des lois variables pour des besoins
changeants 49
La question du changement
de l'alphabet 52
Ce
qui est interdit, ce n'est pas le port d'un chapeau, mais la dépendance
des autres 53
Ce qui
est important et ce qui est plus important 54
Les lois qui ont le droit
de veto 54
Les compétences du
gouvernant 55
Le principe de l'Ijtihâd
55
LA POSITION DE LA FEMME DANS LE CORAN
57
La philosophie spécifique
de l'Islam concernant les droits de la famille 57
Egalité ou similarité
59
La position
de la femme dans la vision islamique 61
Ressemblance, non ; égalité,
oui 67
La
Déclaration des Droits de l'Homme est une philosophie et non une
loi 72
La
philosophie ne peut pas être prouvée par des sondages
74
Un
coup d'oeil sur l'historique des droits de la femme en Europe 75
La dignité
de l'homme et les Droits de l'Homme 78
Remarques
importantes sur le Préambule de la Déclaration des Droits
de l'Homme 79
La position et le respect
de l'homme 80
La philosophie
occidentale dévalorise l'homme 81
LES FONDEMENTS NATURELS DES DROITS
FAMILIAUX 87
Les
relations entre les droits naturels et les buts de la nature 88
Les droits sociaux 89
Les droits familiaux 91
Les fondements
naturels des droits familiaux (II) 92
La vie familiale
est-elle naturelle ou contractuelle ? 93
La théorie des quatre
étapes 94
La femme dans sa nature 97
LES DIFFERENCES ENTRE L'HOMME ET LA
FEMME 101
S'agit-il de
rapport de complémentarité ou de perfection et d'imperfection
? 102
La théorie de Platon 103
Aristote et Platon 105
L'opinion du monde moderne
105
Deux sortes physiques
différentes 106
Deux psychologies différentes
107
Les
sentiments réciproques de l'homme et de la femme 108
Les différences
entre l'homme et la femme (II) 108
La pièce maîtresse
de la création 110
Une relation plus
sublime que le désir 111
La
différence dans les sentiments réciproques de l'homme et
de la femme 112
Un mouvement hâtif 115
La théorie de Will Durant
115
PROLOGUE
.:Retour au sommaire:.
Les exigences de notre époque nous incitent impérativement
à repenser beaucoup de questions vitales, et à ne pas nous
contenter de leur appréciation antérieure. Le système
des droits et des devoirs conjugaux est l'une de ces questions.
Pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons plus loin, on a présumé
que la question fondamentale dans ce domaine est celle de la liberté
de la femme et de l'égalité de ses droits avec ceux de l'homme,
et que les autres questions sont subordonnées à cette question
fondamentale.
Toutefois, à notre avis, la question la plus fondamentale ou
tout au moins, l'une des questions les plus fondamentales relatives aux
droits familiaux est de savoir si le système domestique est indépendant
de tous les autres systèmes sociaux et qu'il a ses propres critères
et logiques spécifiques, ou s'il est tout simplement l'un des nombreux
systèmes sociaux sur lequel s'appliquent les mêmes critères
et philosophie qui régissent les autres.
La raison de cette interrogation est que, d'une part, dans ce système,
les principales parties concernées appartiennent à deux sexes
opposés, et, d'autre part, il implique la procréation et
la succession des parents et des enfants. La nature a façonné
d'une façon différente les organes de reproduction des deux
parties.
La société domestique est semi-naturelle et semi-contractuelle.
Elle est dans une position intermédiaire entre la société
instinctive -telles celles des abeilles et des fourmis dont les droits
et les devoirs sont prédéterminés par la nature et
sans aucune possibilité de sortir des règles- et la société
contractuelle, telle la société civile des êtres humains,
laquelle a un aspect naturel ou instinctif.
Comme on le sait, les anciens philosophes considéraient la philosophie
de la vie familiale comme une branche indépendante de la "sagesse
pratique" et croyaient à l'existence d'une logique et d'un critère
spécifique à cet aspect de la vie humaine. Ainsi, Platon,
dans "La République", et Aristote, dans "La Politique", et Avicenne,
dans "Al-Chifâ'" avaient regardé ce sujet sous cet angle.
En ce qui concerne les droits de la femme dans la société,
il y a là encore une controverse et une interrogation sur le point
de savoir si les droits naturels et humains de la femme et de l'homme sont
identiques ou différents, ou en d'autres termes si les droits accordés
par la nature aux êtres humains sont mono-sexuels ou bi-sexuels,
et si la sexualité masculine ou féminine affecte ou non,
d'une manière ou d'une autre, les droits et les obligations humains.
Dans le monde occidental, un mouvement des droits de l'homme émergea
au 17e siècle, accompagnant l'essor des mouvements philosophiques
et scientifiques. Les écrivains et les penseurs du 17e et du 18e
siècles firent des efforts louables pour mettre en circulation leurs
idées sur les droits inaliénables de l'homme. Jean-Jacques
Rousseau, Voltaire et Montesquieu, qui appartenaient à cette catégorie
d'écrivains et de penseurs, sont de grands bienfaiteurs de la société
humaine, et on peut dire que les services qu'ils ont rendus à l'humanité
ne sont nullement inférieurs à ceux des grands inventeurs
et découvreurs.
Leur idée fondamentale consistait à dire que l'homme a
une série de droits et de libertés naturels et innés
qui sont absolument inaliénables et intransférables et auxquels
on ne peut renoncer. Tous les hommes, qu'ils soient gouvernants ou gouvernés,
noirs ou blancs, riches ou pauvres, sont égaux.
Le résultat de ce mouvement social et intellectuel se manifesta
d'abord en Angleterre, ensuite aux Etats-Unis et enfin en France. Des révolutions
écla-tèrent, des systèmes furent changés et
des chartes signées. Peu à peu le mouvement pénétra
dans d'autres pays.
Au 19e siècle, de nouvelles idées économiques,
sociales et politiques émergèrent dans le domaine des droits
de l'homme. De nouveaux développements conduisirent à l'apparition
du socialisme, à la participation des travailleurs aux profits industriels
et au transfert du gouvernement des mains des capitalistes vers les dirigeants
travaillistes.
Jusqu'à la fin du 19e siècle, toutes les discussions engagées
et toutes les mesures prises avaient trait aux droits des employés
sur les employeurs. Au 20e siècle, la question des droits de la
femme fut soulevée, et, pour la première fois en 1948, la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme des Nations Unies
proclama l'égalité des droits entre l'homme et la femme.
Tous les mouvements sociaux qui surgirent depuis le 17e siècle
en Occident tournaient autour de la liberté et de l'égalité.
Et étant donné que le mouvement des droits de la femme était
le dernier de la série, et que l'histoire du sort de la femme en
Europe sur le plan de l'égalité et de la liberté était
pleine d'amertume, la Déclaration des Droits de l'Homme des Nations
Unies ne parla que de liberté et d'égalité.
Les protagonistes de ce mouvement maintinrent que celui-ci était
complémentaire du mouvement des droits de l'homme. Ils soutinrent
qu'il était insensé de parler de la liberté et des
droits de l'homme sans assurer la liberté et l'égalité
pour la femme. Ils affirmèrent en outre que la principale cause
de tous les troubles familiaux tient au fait de la privation de la femme
de sa liberté et de l'égalité de ses droits avec l'homme,
et qu'une fois qu'on tiendrait compte de cette question, tous les problèmes
seraient résolus.
Mais ce qui fut oublié dans cette affaire, c'est ce que nous
avons considéré comme une question fondamentale concernant
le système des droits familiaux, c'est-à-dire la question
de savoir si ce système est indépendant ou non des autres
systèmes sociaux, et s'il a ou non un critère et une logique
différents. L'attention a été concentrée seulement
sur les principes généraux de la liberté et de l'égalité,
et le seul point pris en considération fut celui des droits humains
naturels et indéniables, point à partir duquel on a argué
que puisque la femme est un être humain, elle a droit à tous
les droits dont jouit l'homme.
Or, dans certains chapitres de ce livre, nous traiterons pertinemment
de la question de savoir de quelles sources sont dérivés
les droits naturels. Et là, nous verrons que la base de tous les
droits naturels est la nature elle-même. Ainsi, si l'homme a des
droits spécifiques que ne possèdent pas un cheval, un mouton,
un poisson ou un oiseau, cela est dû à sa nature et à
la façon dont il a été créé. Si tous
les êtres humains sont égaux en matière de droits naturels,
et qu'ils doivent tous vivre librement, c'est parce que cela fait partie
de leur création même. Les intellectuels qui défendent
l'idée de la liberté et de l'égalité comme
un droit inné, n'ont que cet argument à l'appui de leur thèse.
Par conséquent en matière de droits familiaux aussi, nous
devons être guidés par la nature elle-même.
A présent, voyons pourquoi on n'a pas accordé l'attention
due à la question que nous avons soulignée comme fondamentale.
Est-ce parce qu'il aurait été établi, à la
lumière de la connaissance scientifique moderne, que la différence
entre l'homme et la femme serait simplement organique, et qu'elle n'affecterait
pas leurs êtres fondamentaux physiques et spirituels, ni leurs droits
et obligations ?
En fait, c'est tout à fait le contraire. En effet il a été
établi, à la lumière de la recherche scientifique
et des découvertes biologiques et psychologiques, qu'il existe des
différences significatives entre les deux sexes. Nous allons discuter
de cette question dans ce livre et citer les avis des biologistes et des
physiologistes à cet égard. Il est surprenant que, malgré
ce fait, la question fondamentale ait été ignorée.
Peut-être l'ignorance de cette question vitale est-elle due au développement
rapide du mouvement de la libération de la femme. C'est pourquoi,
s'il a pu réparer certaines injustices dont la femme faisait l'objet,
il a causé d'autres injustices, à elle et à la société
humaine. Nous allons voir, dans divers chapitres de ce livre, que la femme
occidentale était privée jusqu'au début du 20e siècle
des droits les plus élémentaires, et que c'est seulement
au début de ce siècle que les peuples occidentaux commencèrent
à penser à y remédier. Et étant donné
que le mouvement féminin a fait suite à tous les autres mouvements
fondés sur "la liberté" et "l'égalité", on
a chargé ces deux mots de la réalisation de tous les miracles,
oubliant que l'égalité et la liberté ont trait aux
relations entre les êtres humains en tant qu'êtres humains
seulement. Il ne fait pas de doute que la femme, en tant qu'être
humain, est née libre, comme tout autre être humain, et qu'elle
a, de ce fait, des droits égaux. Mais la femme est un être
humain avec certains traits particuliers, tout comme l'homme est un être
humain avec certaines autres particularités. Les traits de leurs
caractères sont différents, et leurs mentalités sont
différentes. Cette différence n'est le résultat d'aucun
facteur géographique, historique ou social, mais réside dans
leur création même. La nature les a faits différents
à dessein, et toute mesure prise à l'encontre du dessein
de la nature aboutirait à des désastres. De même que
nous nous sommes inspirés de la nature pour proclamer la liberté
et l'égalité pour les êtres humains, de même
nous devons nous guider sur la nature pour décider si les droits
de l'homme et de la femme sont d'une même sorte ou de deux sortes
différentes, et si la société familiale est, ou non,
au moins une société semi-naturelle. La question de savoir
si la bisexualité des animaux -dont les êtres humains- est
un fait du hasard ou si elle fait partie du plan de la création,
mérite quand même d'être posée. De même,
il est intéressant de savoir si la différence entre les deux
sexes est une différence superficielle et corporelle, ou si, comme
le dit Alexis Carel, chacune des cellules de l'être humain porte
un signe sexuel. La logique de la nature innée n'est-elle pas que
l'homme et la femme portent chacun un message particulier ? Les droits
sont-ils d'une même sorte, ou de deux sortes différentes ?
La morale et l'éducation sont-elles de deux sortes ou d'une seule
et même sorte ? La question doit être posée à
propos des peines, des responsabilités et des messages.
Le mouvement de libération des femmes n'a pas accordé
l'attention nécessaire au fait qu'à côté de
l'égalité et de la liberté il y a d'autres questions
qui se posent. Certes, la liberté et l'égalité sont
deux points essentiels, mais ils ne sont pas les seuls, ni tout en tout.
L'égalité des droits est une chose, mais leur similitude
en est une autre. L'égalité des droits de l'homme et de la
femme sur le plan de la valeur morale et matérielle est tout à
fait différente de l'uniformité et de la similarité
de leurs droits. Pendant la période de ce mouvement, le concept
de l'égalité a été utilisé intentionnellement
ou involontairement au sens de similarité, et la quantité
a ainsi éclipsé la qualité. On a mis l'accent sur
le fait que la femme est un être humain, mais on a oublié
qu'elle est femme aussi.
En fait, cette négligence n'est pas due à un simple effet
de hasard ou de hâte, mais à d'autres facteurs aussi ayant
trait au désir d'exploiter la femme au nom de la liberté
et de l'égalité.
L'un de ces facteurs était l'avidité des industriels qui
voulaient faire sortir la femme de sa maison pour aller à l'usine,
afin d'exploiter sa potentialité économique. Aussi ont-ils
plaidé pour les droits de la femme, pour son indépendance
économique, et pour l'égalité de sa liberté
et de ses droits avec ceux de l'homme. Mais ce sont eux finalement qui
ont obtenu ce qu'ils voulaient vraiment. Dans le chapitre IX de son livre
"Les Plaisirs de la Philosophie", Will Durant -après avoir cité
certaines théories humiliantes pour les femmes, élaborées
par Aristote, Nietzsche, Schopenhauer, et quelques écritures saintes
juives, et après avoir rappelé que pendant la Révolution
française, bien qu'on ait évoqué un peu la liberté
de la femme, il n'y eut pratiquement pas de changement dans la condition
de celle-ci- écrit que jusqu'à la fin du XIXe siècle,
aucune loi n'obligeait l'homme à respecter la femme. Puis, traitant
des causes du changement de la condition féminine au XXe siècle
et de la libération de la femme des répercussions de la révolution
industrielle, il dit : «Les ouvrières touchaient un salaire
inférieur à celui des hommes, et les patrons les préféraient
aux hommes en raison de la fréquence de la révolte de ceux-ci.
Il y a un siècle, il était difficile pour les hommes de trouver
un emploi en Angleterre, alors que les annonces incitaient ceux-ci à
envoyer leurs femmes et leurs enfants aux usines. Le premier pas franchi
dans la voie de la libération de nos grand-mères fut la loi
de 1882, en vertu de laquelle les femmes de Grande Bretagne jouissaient
désormais d'un privilège sans précédent, à
savoir le droit de garder pour elles-mêmes l'argent qu'elles gagnaient(1).
Cette loi éthique chrétienne a été déposée
par les patrons à la Chambre des Communes dans le but d'attirer
les femmes d'Angleterre vers les usines. Et depuis cette date-là,
jusqu'à nos jours, le désir irrésistible du gain a
conduit les femmes à se libérer des corvées de la
maison pour être asservies dans le magasin ou l'usine...»(2)
Avec le développement de la machine et la croissance contiuelle
de la production, il est devenu nécessaire pour les capitalistes
d'employer tous les moyens audiovisuels, intellectuels, émotionnels,
artistiques et sexuels, afin de transformer l'homme en un consommateur
sans volonté et de lui imposer le surplus de leur production. Là
encore les capitalistes avaient besoin de se servir de la femme pour atteindre
leur but, mais cette fois-ci ils n'eurent pas besoin des efforts physiques
et de l'énergie productrice de la femme en tant qu'un simple travailleur
aidant l'homme à la production, mais de la beauté de la femme,
de son charme de son attirance et de sa séduisance afin d'inciter
les gens à la consommation, obligeant ou persuadant ainsi la femme
de vendre son honneur et sa dignité et de devenir un simple objet
de consommation. Evidemment tout ceci se faisait au nom de la liberté
de la femme et de son égalité avec l'homme.
Les hommes politiques aussi n'ont pas manqué d'utiliser ce facteur
pour arriver à leurs fins. Aussi voit-on les femmes régulièrement
dans les reportages des journaux et des revues.
Evidemment les jeunes du XXe siècle n'ont pas raté cette
occasion inespérée. Afin d'obtenir une femme sans assumer
toutes les responsabilités conventionnelles que leur lien avec elle
entraîne normalement, et pour pouvoir satisfaire leurs besoins sexuels
librement, ils ont plus que tous autres versé des larmes de crocodiles
sur les malheurs de la femme et sur la discrimination qu'elle subirait
par rapport à l'homme. Et pour pouvoir mieux contribuer à
cette "cause sacrée", ils sont allés jusqu'à retarder
leur mariage jusqu'à l'âge de 40 ans, voire même jusqu'à
rester célibataires pour toujours !
Il ne fait pas de doute que le siècle courant a corrigé
de nombreux torts faits à la femme, mais il lui a aussi apporté
beaucoup de malheurs. Est-elle donc condamnée à subir fatalement
l'une ou l'autre sorte de ces malheurs, les anciens et les nouveaux ? Ou
bien ne peut-elle pas se défaire aussi bien de ses malheurs anciens
que de ses nouveaux malheurs ?
En fait, il n'est pas du tout fatal qu'elle doive continuer à
souffrir. Elle a souffert dans le passé parce qu'on avait oublié
qu'elle était un être humain. Elle continue de souffrir maintenant,
parce que son tempérament de femme, ses exigences innées
et ses capacités particulières ont été ignorés,
volontairement ou involontairement.
Ce qui est surprenant, c'est le fait que chaque fois qu'on évoque
les différences naturelles et innées entre l'homme et les
femmes, certains présument que ces différences seraient le
signe de l'imperfection de la femme et de la perfection de l'homme, ce
qui les conduit à croire que les hommes jouissent de certains privilèges
dont seraient privées les femmes. Ils ne savent pas qu'il ne s'agit
pas de perfection et d'imperfection. Il n'était nullement dans l'intention
du Créateur de rendre les uns parfaits et privilégiés,
les autres défectueux et démunis. Ces gens, qui fondent leurs
arguments sur cette présomption étonnante, affirment qu'étant
donné que la nature a été injuste envers la femme,
nous ne devrions pas ajouter l'insulte au tort qui lui a été
fait, et qu'il est donc plus humain d'ignorer sa qualité de femme.
Mais en réalité c'est l'irrespect de la position naturelle
de la femme qui conduit le plus souvent à la priver de ses droits.
Si les hommes constituaient un front contre les femmes et qu'ils disent
: «Etant donné que nous sommes égaux, notre travail,
nos responsabilités, nos salaires et nos rétributions devraient
être similaires. Vous devez partager avec nous les travaux durs que
nous effectuons, toucher un salaire correspondant au volume de travail
que vous aurez effectué, et vous ne devez attendre de nous aucune
considération, aucun respect et aucune protection. Supportez vos
propres dépenses, partagez avec nous les frais d'entretien des enfants,
et débrouillez-vous pour vous défendre contre tous les dangers.
Vous devez dépenser pour nous autant que nous dépenserions
pour vous.»
Si une telle situation venait à se présenter, les femmes
seraient sûrement les perdantes, car de par leur nature elles ont
une capacité de production inférieure à celle des
hommes, alors que leurs dépenses sont supérieures aux leurs.
Leurs règles, leurs grossesses, leurs douleurs dues au port de l'enfant
et à son allaitement, les placent dans une position qui exige la
protection des hommes. Elles ont besoin de plus de droits et de moins de
responsabilités. Cette position n'est pas particulière aux
êtres humains. Elle s'applique également à tous les
animaux vivant en couple. Dans le cas de tous ces animaux, le mâle
protège instinctivement sa partenaire femelle.
Si nous prenons en considération la position particulière
naturelle et innée de l'homme et de la femme, tout en insistant
sur leur égalité sur le plan humain et l'égalité
de leurs droits communs à l'être humain, nous remarquons que
la nature a mis la femme dans une position très appropriée
qui ne lèse ni sa personne ni sa personnalité.
Pour nous faire une idée des conséquences du fait d'ignorer
la position naturelle respective de l'homme et de la femme, voyons d'abord
ce que ceux qui sont allés jusqu'au bout de ce chemin ont dit ou
écrit à ce propos.
Il y a quelque temps, un article intéressant est paru dans la
revue américaine "Coronet". Il mérite d'être lu. Il
raconte la plainte d'une femme qui explique comment les femmes qui travaillent
ont perdu, au nom de l'égalité et de la liberté entre
l'homme et la femme, les soins dont on les entourait auparavant : Avant,
les femmes n'étaient pas tenues de soulever un poids supérieur
à 25 livres alors que cette limite n'existait pas pour les hommes.
Elle dit qu'actuellement les conditions de travail à l'usine General
Motors dans l'Etat d'Ohio, où près de 2.500 femmes ouvrières
travaillent dur, ont considérablement changé. Ainsi, elle
se voit obligée maintenant de tenir une machine très lourde,
ou de nettoyer un four métallique de 250 livres qu'un ouvrier musclé
et bien bâti a placé là quelques minutes auparavant.
Elle se sent, après un tel travail, complètement exténuée
et meurtrie. Elle dit qu'elle doit, toutes les minutes, accrocher avec
un cric une mouche de 60 à 120 centimètres, pesant 35 livres,
et qu'elle a toujours les mains gonflées et endolories.
Cet article décrit ensuite l'anxiété et l'angoisse
d'une autre femme dont le mari est marin dans la Navy. Cette femme raconte
que l'Amiral a décidé d'affecter un certain nombre de femmes
pour travailler avec les marins sur les navires. Un navire avec un équipage
de 40 femmes et 480 hommes est ainsi parti en mission. A son retour de
mission, les pires craintes des épouses des marins se sont avérées
justifiées. En effet, on a appris que non seulement il y eut de
nombreuses idylles amoureuses à bord du navire, mais la plupart
des femmes ont eu des rapports sexuels avec plus d'un homme.
L'article rapporte que dans l'Etat de Floride, les veuves sont très
soucieuses depuis la libération des femmes, parce qu'un juge de
cet Etat a déclaré inconstitutionnel un article de loi qui
exonérait des impôts sur les revenus les veuves qui ne possédaient
pas plus de 500 dollars, en arguant que cette loi constitue une discrimination
contre les hommes et au profit des femmes.
L'article ajoute que les veuves de Floride sont les premières
à pâtir de cette tendance à l'égalité
des sexes. Le tour des autres viendra. Pour beaucoup de gens la question
est de savoir si les femmes ont perdu beaucoup plus qu'elles n'ont gagné
à la suite de leur "libération" ? Mais nous disons à
quoi bon cette interrogation ? Les jeux sont faits. Cette année,
vingt-sept amendements à la Constitution américaine ont été
adoptés, en vertu desquels tous les privilèges liés
au sexe de l'individu sont considérés comme inconstitutionnels.
Ainsi les craintes exprimées par le Professeur Ruscobound, de l'Université
de Harvard, selon lesquelles la libération de la femme aura des
conséquences regrettables pour la position légale de la femme
aux Etats-Unis.
G. Irvin, un Sénateur de Caroline du Nord, après avoir
étudié la société américaine où
les hommes et les femmes ont des droits égaux, propose que tous
les codes familiaux soient amendés et que les hommes n'aient plus
à couvrir le budget de la famille.
Selon cette revue, un jour Mme MacDaniel dit que certaines ouvrières
de son usine souffrent d'hémorragies internes parce qu'elles soulèvent
des objets lourds, et que ces femmes désirent revenir à leur
ancienne position. Elles veulent être considérées comme
des femmes et non pas comme de simples ouvrières. Pour les partisans
de l'égalité tout semble très simple. Ils sont assis
tranquillement dans leurs appartements luxueux et parlent de l'égalité
des droits, mais ils n'ont jamais mis les pieds dans les usines où
la plupart des femmes salariées de ce pays doivent travailler. Mme
MacDaniel dit qu'elle ne veut pas de cette égalit, parce qu'elle
ne peut faire de travaux manuels. Les hommes sont plus forts que les femmes.
Elle préfère laisser tomber le travail plutôt que rivaliser
avec les hommes. Les privilèges que les femmes qui travaillent en
Ohio ont perdus valent bien mieux que les bénéfices qu'elles
ont gagnés sous la protection de la loi des travailleurs. Les femmes
ont perdu leur personnalité. On ne sait pas ce qu'elles auraient
gagné après leur émancipation. La position ? Peut-être
la position d'un petit nombre a été améliorée,
mais pas celle de la majorité.
Tel était l'essentiel de l'article. Il apparaît clairement,
d'après son contenu, que ces femmes sont si écurées
par ce qu'on leur a imposé au nom de la liberté et de l'égalité,
qu'elles sont devenues allergiques à ces deux mots. Elles oublient
que ce ne sont pas les mots qu'il faut blâmer. L'homme et la femme
sont deux étoiles, avec leurs orbites distinctes dont elles ne doivent
pas sortir :
«Le soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour.
Chacun d'eux vogue dans son orbite.»
(Sourate Yâssîne, 36 : 40)
Leur bonheur, tout comme le bonheur de toute la société
humaine, dépend de la condition dans laquelle ils se meuvent dans
leurs orbites distinctes. La liberté et l'égalité
ne peuvent être utiles que si chacun des deux sexes suit son cours
naturel.
Lorsque nous disons que la question des droits de la femme à
la maison et dans la société doit être réexaminée
ou réévaluée, et qu'il ne faut pas qu'elle reste dans
les limites de sa précédente évaluation, nous entendons
par là que nous devons être guidés par la nature et
prendre en considération toutes les expériences heureuses
et malheureuses du passé, et spécialement celles du siècle
courant. C'est par la suite seulement que l'action en faveur des droits
de la femme devient vraiment positive.
Il est admis par tout ami ou ennemi que c'est le Saint Coran qui a ravivé
les droits de la femme. Même les adversaires admettent du moins que
le Noble Coran a franchi, à l'époque de sa Révélation,
un grand pas vers l'amélioration de la condition des femmes et la
restauration de leurs droits humains. Le Saint Coran a fait renaître
les droits de la femme en sa qualité d'être humain et de partenaire
de l'homme dans l'humanité et les droits humains, mais sans négliger
la qualité spécifique de la femme ou de l'homme. En d'autres
termes, le Coran n'a pas oublié la nature de la femme. C'est pourquoi
il existe une parfaite harmonie entre les Commandements de la nature et
les Commandements du Saint Coran. La femme dans le Coran est la même
que la femme dans la nature. Ces deux grands Livres divins, l'un créé,
l'autre compilé, se conforment pleinement l'un avec l'autre. Le
principal but de notre livre est de projeter la lumière sur cette
harmonie et cette conformité, et de les expliquer.
PREFACE
Au Nom d'Allah, Le Clément, Le Miséricordieux.
Le Problème des Relations Familiales
Le problème des relations familiales n'est pas, à notre
époque, si simple qu'il puisse être résolu à
travers des sondages d'opinion parmi les jeunes gens et les jeunes filles,
ni à travers des séminaires. Il n'est pas confiné
à un seul pays, et aucun pays n'a pu prétendre l'avoir réglé
avec succès.
Will Durant, le célèbre philosophe et auteur de "L'Histoire
de la Civilisation"(3) écrit
: «Si nous supposions que nous vivions en l'an 2000, et que nous
voulions savoir quel était l'événement le plus important
du 1er quart du 20e siècle, nous remarquerions que ce ne fut ni
la 1ère Guerre Mondiale, ni la Révolution russe, mais le
changement opéré dans la position de la femme. Rarement l'histoire
a connu un tel changement incroyable en si peu de temps. Le foyer familial,
qui avait été jusqu'alors la base de l'organisation sociale,
le système conjugal qui avait constitué une prévention
contre la débauche et une garantie de la stabilité de la
vie familiale, la loi morale complexe qui nous avait aidé à
passer de la barbarie à la culture et à une conduite sociale
disciplinée, tout ceci a été balayé par ce
changement révolutionnaire.»
Même maintenant, alors que nous vivons au 3e quart du 20e siècle
nous entendons plus que jamais les gens se plaindre de l'effondrement du
système du foyer, de l'affaiblissement de la base matrimoniale,
de la tendance des jeunes hommes à éviter le mariage et des
femmes à détester la maternité, de la détérioration
des rapports entre les parents (notamment les mères) et les enfants,
du penchant de la femme à la vulgarité, du remplacement de
l'amour par une sensualité vulgaire, de fla croissance du nombre
des divorces et des enfants illégitimes, et de la raréfication
de la sincérité et de la cordialité entre la femme
et le mari.
Devrions-nous
imiter l'Occident ou être Indépendants ?
Il est regrettable que certaines gens mal informées pensent que
les questions relatives aux rapports familiaux sont similaires aux problèmes
de l'organisation du tourisme, de la conduite d'un taxi ou d'un bus, de
l'installation de réseaux de canalisations d'eau et d'électricité
qui sont résolus par les Européens depuis longtemps, et que,
étant donné notre inefficacité ou notre incompétence
face à telles difficultés, nous devons suivre leur exemple
le plus tôt possible.
C'est là une pure illusion. Les Européens sont les plus
grandes victimes des problèmes familiaux. Ils en souffrent plus
que quiconque et leurs intellectuels le reconnaissent volontiers. Vivant
à côté de la question de l'éducation féminine,
ils sont sur ce point dans un désordre total et très loin
de leur avance sur les autres domaines, technologiques, scientifiques,
etc. Leur vie familiale est de loin moins heureuse que la nôtre.
La Contrainte de l'Histoire
D'aucuns pensent que la détérioration et la corruption
du système familial sont dues à la libération de la
femme, laquelle libération à son tour résulte inévitablement
de la vie industrielle et du progrès de la science et de la civilisation.
C'est une question du déterminisme historique. Ils estiment que
nous n'avons d'autre alternative que de nous soumettre à la corruption
et au chaos, et d'oublier le bonheur familial que nous vivions auparavant.
Cette façon de penser est très superficielle et enfantine.
Nous admettons que la vie industrielle a affecté les relations familiales
et continue de le faire, mais les principaux facteurs qui perturbent la
vie familiale en Europe sont au nombre de deux.
L'un d'eux consiste en les coutumes, les usages et les lois absurdes
et cruels qui prévalaient en Europe jusqu'au siècle dernier.
C'est seulement à la fin du XIXe siècle et au début
du XXe siècle que la femme a obtenu le droit de posséder
une propriété.
L'autre facteur est le fait que ceux qui s'étaient occupés
de l'amélioration de la position de la femme ont choisi une mauvaise
voie. Ils ont cherché à embellir ses sourcils, mais ils ont
fini par la priver de la vue.
Encore plus que la vie industrielle, ce sont les vieilles lois de l'Europe
et les réformes des modernistes qui doivent assumer la responsabilité
du chaos et de la confusion actuels. C'est pourquoi nous, Musulmans d'Orient,
nous ne sommes nullement obligés de suivre la voie qu'ils ont empruntée,
et de tomber dans la fondrière dans laquelle ils sont tombés.
Nous devons être prudents vis-à-vis de la vie occidentale.
Nous devons considérer la vie en Occident avec prudence. Lorsque
nous cherchons à utiliser et à acquérir leurs sciences,
leurs industries, leurs techniques et certains de leurs règlements
sociaux commandables, nous devons nous abstenir d'imiter leurs coutumes,
usages et lois qui leur ont apporté tant de malheurs. Nous devons
éviter par exemple d'amender notre Code civil et nos relations sociales
en vue de les conformer aux lois européennes.
L'INDEPENDANCE
SOCIALE DE LA FEMME
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Indépendance dans le Choix de son Destin
Un jour, une fille, l'air perturbée, vint voir le Saint Prophète
et lui dit :
O Messager d'Allah ! Mon père m'a fait une grande injustice.
Que t'a-t-il donc fait, lui demanda le Prophète ?
Il a un neveu et il m'a mariée à lui sans mon consentement,
répondit-elle.
Consens donc à ce qu'il t'a donné et sois la femme de
ton cousin, dit le Prophète.
Mais je n'aime pas mon cousin. Comment pourrais-je par conséquent
me marier avec un homme que je n'aime pas, protesta-t-elle ?
Dans ce cas-là, pas de problème. Si tu ne l'aimes pas,
choisis une autre personne que tu aimerais, la rassura le Noble Prophète.
En fait, je l'aime beaucoup et je n'aime personne d'autre, et je ne
veux me marier avec personne d'autre. Mais parce que mon père m'a
mariée sans demander mon avis, je suis venue te voir pour t'en parler.
Je voulais t'entendre dire justement ce que tu viens de dire. Je voulais
que toutes les femmes sachent que les pères n'ont pas le droit de
décider ce qui leur plairait et de marier leurs filles à
qui ils aimeraient.
Cette histoire a été rapportée par d'éminents
juristes dans des ouvrages hagiographiques qui font autorité tels
que "al-Masâlik" (d'al-Chahîd al-Thânî)(4),
et "Jawâhir al-Kalâm". Pendant l'époque pré-islamique,
les Arabes, comme tous les autres peuples de l'époque, croyaient
qu'ils avaient une pleine autorité sur leurs filles et leurs surs,
et parfois même sur leurs mères. Ils ne reconnaissaient pas
à la femme le droit de choisir son mari, ce choix étant le
privilège exclusif du père, du frère, et en leur absence,
de l'oncle paternel, et ce à tel point qu'un père se permettait
d'offrir sa fille en mariage avant même sa naissance. Un homme pouvait
conclure un contrat avec un autre, en vertu duquel si le premier avait
une fille, celle-ci devrait se marier avec le second lorsqu'elle serait
grande.
Le mariage avant la naissance
Un jour, au cours de son dernier pèlerinage, le Saint Prophète
vit un homme s'approcher de lui et lui dire :
J'ai une plainte à déposer.
Oui, qu'est-ce qu'il y a, demanda le Noble Prophète ?
Il y a quelques années, pendant l'époque pré-islamique,
Târiq ibn Murqa' et moi participions à une bataille. Au cours
du combat, il réclama une lance en criant : «N'y a-t-il personne
qui voudrait bien me donner une lance contre une récompense ?»
Je suis allé vers lui et lui ai demandé quelle était
la récompense promise. Il dit qu'il m'accorderait la main de la
première fille qu'il aurait. Depuis cette époque les années
se sont écoulées. Récemment, j'ai découvert
que cet homme a eu une fille et qu'elle se trouve à la maison. Je
suis allé chez lui et je lui ai rappelé sa promesse. Mais
il est revenu sur sa promesse et m'a demandé de payer une nouvelle
dot. C'est pourquoi je suis venu te voir pour savoir qui de lui ou de moi
a raison.
Quel est l'âge de la fille, demanda le Saint Prophète ?
La fille a grandi. Un cheveu blanc est même apparu sur sa tête.
Si tu veux mon avis, ni toi ni lui n'avez raison. Va t'occuper de tes
affaires et laisse la pauvre fille à son sort, lui conseilla le
Prophète.
L'homme resta déconcerté devant cette réponse pendant
quelques moments. Il se demandait avec étonnement quel verdict c'était
! Les pères n'ont-ils pas d'autorité sur leurs filles ? Pourquoi
le père n'aurait-il pas le droit de prendre une nouvelle dot et
d'accorder volontiers la main de sa fille ?
Le Prophète ayant remarqué l'étonnement et la déconcertation
de cet homme lui dit :
Ne te soucie pas. Si tu fais ce que je t'ai dit, ni toi ni ton ami Târiq
ne commettrez aucun péché.
L'échange de filles
Il y avait pendant l'époque pré-islamique une forme de
mariage en vogue, appelée le mariage d'échange. C'était
là la manifestation de l'autorité absolue des pères
sur leurs filles. Il consistait en le fait qu'un homme offre en mariage
sa fille à un autre homme à condition que celui-ci offre
à son tour sa fille en mariage à celui-là. Dans ce
type de mariage, aucune des deux mariées n'obtenait de dot. L'Islam
abolit cette coutume. Le Saint Prophète accorda une liberté
totale à sa fille Fâtimah al-Zahrâ' pour qu'elle choisisse
son mari.
Lorsque Ali ibn Abi Talib (P) vint un jour demander au Saint Prophète
la main de sa fille, Fâtimah al-Zahrâ' (P), ce dernier lui
dit que plusieurs personnes s'étaient déjà présentées
pour le même motif et qu'il avait fait part de leur désir
à sa fille, mais celle-ci avait tourné la face en signe de
refus. Le Saint Prophète lui promit d'informer Fâtimah al-Zahrâ'
de son désir aussi.
Le Saint Prophète alla voir Fâtimah et lui parla du désir
de Ali de se marier avec elle. Cette fois, à la grande joie du Messager
d'Allah sa fille ne détourna pas la face et resta calme, en signe
de consentement. En sortant le Saint Prophète ne cacha pas son bonheur
en s'écriant :
Allah est le plus Grand !
Le
Mouvement islamique de Libération des Femmes
L'Islam a rendu un grand service à la femme. Non seulement il
a mis fin au contrôle absolu des pères sur leurs filles, mais
il a accordé à la femme la liberté, l'indépendance
de pensée et d'opinion et lui a donné une personnalité.
Il reconnaît officiellement ses droits naturels. Toutefois il
y a des différences fondamentales entre les mesures prises par l'Islam
à cet égard et ce qui a été fait en Occident.
La première différence concerne la psychologie de l'homme
et de la femme. Sur ce point l'Islam a, en effet, fait des merveilles.
Nous en discuterons dans les chapitres suivants.
La seconde différence réside en ceci que l'Islam, tout
en rendant les femmes conscientes de leurs droits, et tout en leur assurant
une personnalité, la liberté et l'indépendance, ne
les a pas incitées à la révolte ni à garder
rancune envers les hommes.
Le mouvement islamique de libération de la femme était
blanc. Il n'était ni noir, ni rouge, ni bleu, ni violet. Il n'a
pas mis un terme au respect des filles pour leurs pères et des femmes
pour leurs maris. Il n'a pas renversé les bases de la vie familiale
ni n'a rendu les femmes soupçonnées à propos de leurs
responsabilités vis-à-vis de leurs maris et enfants. Il n'a
pas laissé à un homme célibataire l'occasion de profiter
d'une femme sans assumer ses responsabilités. Il n'a pas arraché
les femmes à leurs maris ni les filles à leurs parents pour
les livrer aux magnats riches et aux fonctionnaires. Il n'a rien fait de
semblable à ce qui avait suscité tant de torrents de larmes,
dénonçant le déchirement des familles en pièces.
Là où la protection paternelle a disparu, là où
personne ne sait quoi faire avec une perversion sans cesse rampante, avec
une croissance incessante des cas d'infanticide et d'avortement, avec 40
% d'enfants illégitimes et avec tant de nouveau-nés dont
on ne connaît pas les pères et dont les mères ne veulent
pas parce qu'ils ne sont pas nés d'un mariage légal. Les
mères de tels enfants les livrent tout simplement à une organisation
sociale quelconque sans jamais revenir pour s'en enquérir.
Sans doute avons nous besoin, dans notre pays, d'un mouvement de libération
de la femme, mais ce dont nous avons vraiment besoin, c'est un mouvement
islamique blanc, et non d'un mouvement européen avec une teinte
noire et sombre. Nous avons besoin d'un mouvement qui reste à l'abri
des mains sales des obsédés sexuels parmi les jeunes. Nous
avons besoin d'un mouvement vraiment islamique de libération de
la femme, mouvement issu des nobles enseignements islamiques, mouvement
fondé sur l'étude profonde et logique de la société
musulmane.
La Permission des Parents
La question qui nécessite un examen sur le plan de l'autorité
exercée par les pères sur leurs filles est de savoir si le
consentement du père est essentiel dans le cas du premier mariage
d'une fille vierge.
Il y a, du point de vue islamique, certaines choses incontestables qu'il
convient de rappeler.
Le garçon et la fille sont tous deux économiquement indépendants.
Tout être humain, adulte et sain d'esprit, a le droit d'avoir le
contrôle total de sa propriété, à condition
d'être socialement mûr, c'est-à-dire capable de veiller
sur lui-même. Un père, une mère, le mari ou le frère
n'ont pas pouvoir de supervision et d'intervention sur lui ou sur elle,
sur ce plan.
Un autre point incontestable à rappeler, a trait au mariage.
Les garçons adultes et mûrs ont une pleine liberté
à cet égard et personne d'autre n'a aucun droit d'intervention.
La position de la femme qui a été mariée une première
fois et qui se trouve maintenant sans époux est la même. Mais
le cas d'une fille vierge qui veut se marier pour la première fois
est un peu différent.
Il ne fait aucun doute que le père ne peut forcer même
une fille vierge à se marier avec quelqu'un contre sa volonté.
Nous savons déjà ce que le Saint Prophète a dit à
une fille que son père avait mariée sans son consentement.
Il lui a fait savoir que si elle n'était pas heureuse, elle pourrait
se marier avec un autre. Mais il existe une différence d'opinion
entre les juristes sur la question de savoir si une fille vierge peut contracter
un mariage sans le consentement de son père, et si la validité
de son mariage est conditionnée d'une manière ou d'une autre
par le consentement de son père.
Il y a un autre point incontesté : si le père refuse de
donner son consentement sans une raison valable, il perd son droit. Les
juristes affirment unanimement que dans un tel cas la fille est libre de
contracter le mariage avec quiconque de son choix.
Mais autrement, comme nous l'avons souligné, les juristes divergent
sur le point de savoir si la validité du mariage d'une fille vierge
dépend du consentement de son père. La majorité des
juristes, spécialement les contemporains, disent que non. Mais d'autres
sont d'avis que cette validité dépend du consentement du
père.
Etant donné que ce point fait l'objet de divergence d'opinions,
il n'est pas possible d'en traiter du point de vue islamique. Toutefois,
il peut être abordé du point de vue social.
L'homme
soumis à la volupté, la Femme prisonnière de l'amour
La règle selon laquelle la fille vierge ne doit pas, ou tout
au moins ne devrait pas, se marier sans le consentement de son père,
n'a pas pour fondement le fait qu'elle soit considérée comme
mineure ou moins mûre que le garçon. Car si c'était
ainsi, il ne devrait pas y avoir de différence entre une fille de
16 ans déjà mariée une première fois et divorcée
depuis, et qui de ce fait n'a pas besoin du consentement de son père
pour un nouveau mariage, et une fille vierge de 17 ans qui elle en a besoin
pour pouvoir se marier, selon l'avis de certains juristes. En outre, si
l'Islam regardait les filles comme n'étant pas mûres, il ne
leur aurait pas accordé l'indépendance économique
et n'aurait pas considéré des transactions impliquant des
millions de francs, faites par elles d'une façon indépendante,
comme valides. Même si nous dépassons les arguments jurisprudentiels
relatifs à cette question, celle-ci a un fondement philosophique
qu'on ne saurait ignorer.
Il n'est nullement question de l'immaturité de la femme, ni de
son inadéquation intellectuelle. Il s'agit plutôt d'un aspect
déterminé de la psychologie des deux sexes, à savoir
l'esprit de la séduction ou de la chasse chez l'homme d'une part,
et de la crédulité de la femme concernant la fidélité
et la sincérité de l'homme d'autre part.
L'homme cherche le sexe et la femme cherche l'amour. L'homme est soumis
à son besoin sexuel, alors que la femme, d'après les psychologues,
possède une plus grande capacité à contrôler
et à dissimuler ses désirs. C'est la mélodie de l'amour,
la sincérité et la fidélité qui subjuguent
la femme et la font s'agenouiller. C'est ce qui signifie la crédulité
de la femme.
Tant que la femme est vierge et qu'elle n'a pas d'expérience
avec un homme, elle peut être facilement leurrée par des rêves
d'amour.
Le professeur Reeck, un psychologue américain, dit que la meilleure
phrase qu'un homme puisse dire à une femme, c'est : «Chérie,
je t'aime». Il dit que la bonne chance pour une femme, c'est de pouvoir
gagner le cur d'un homme et de le retenir toute sa vie.
Le Saint Prophète, ce psychologue divin, a exprimé clairement
cette vérité il y a 1400 ans. Il a dit que si un homme exprime
son amour à une femme, celle-ci n'oubliera jamais sa déclaration.
Les hommes qui cherchent toujours à séduire une femme
exploitent pleinement ce sentiment familial. Les mots : «Je t'aime
à mourir» sont le meilleur appât pour séduire
une femme qui n'a pas eu d'expérience avec un homme.
C'est pourquoi il est essentiel qu'une fille sans expérience
sexuelle consulte son père et obtienne son consentement avant de
contracter un mariage. Les pères connaissent mieux la mentalité
des hommes et pensent, sauf dans certains cas exceptionnels, à l'intérêt
de leurs filles. Donc la loi qui exige le consentement du père ici,
ne méprise pas la femme, loin de là, elle cherche seulement
à la protéger. Objecter à la nécessité
d'obtenir le consentement du père lors du mariage de sa fille vierge
et inexpérimentée est plus illogique que s'interroger sur
le fait de savoir pourquoi le consentement du père ou de la mère
n'a pas été rendu nécessaire dans le cas des garçons.
Je m'étonne comment les gens qui entendent chaque jour les conséquences
dramatiques des histoires d'amour libre entre les garçons et les
filles, continuent de conseiller à celles-ci de se révolter
et de ne pas écouter les conseils de leurs parents protecteurs.
A mon avis cette attitude équivaut à une sorte de complicité
entre ceux qui prétendent avoir de la sympathie pour la cause de
la femme et les coureurs de jupons. Les premiers préparent en fait
le terrain aux seconds et leur facilitent le travail.
La fille a une option absolue concernant son mariage. Seulement, cette
option dépend du consentement du père, mais à condition
que celui-ci ne s'abstienne pas de le donner par mauvaise intention ou
parce qu'il n'est pas compétent pour émettre un jugement
adéquat, pour une raison ou une autre. Qu'est-ce qu'il y a de mal
dans une telle règle que l'Islam a instaurée, ou comment
peut-on considérer cette règle comme étant contre
le concept fondamental de la liberté humaine ? Cette règle
est une précaution juste pour sauvegarder l'intérêt
des filles inexpérimentées et une sorte de prévention
contre une tendance naturelle de l'homme à vouloir satisfaire ses
désirs.
A cet égard aucune objection ne se justifie à cette loi
islamique telle que nous venons de la comprendre. Ce à quoi on peut
objecter, ce sont de mauvaises coutumes qui prévalent chez les Musulmans.
En effet, beaucoup de pères continuent de croire, à tort,
qu'ils ont une autorité absolue sur leurs filles, et que si celles-ci
donnent leur avis sur le choix de leurs partenaires (qui sont censés
devenir les pères de leurs futurs enfants), il s'agit d'une sorte
d'insolence et d'incorrection. Ils ne prêtent pas suffisamment attention
à la maturité de la fille, alors que l'opinion de celle-ci
constitue selon la loi islamique une nécessité indiscutable.
Beaucoup de mariages se déroulent avant que la mariée n'atteigne
la maturité, et sont de ce fait légalement invalides et nuls.
Dans la plupart des cas on ne vérifie pas si la fille est déjà
mûre ou non, et on a tendance à croire que la puberté
de la fille suffit pour que son mariage soit valide. Mais nous savons ce
que les grands juristes ont écrit sur la nécessité
et les critères du test de la maturité des filles. Certains
juristes ont posé comme condition de la validité du mariage
de la fille, sa maturité religieuse également. Ils ont soutenu
que seules les filles qui connaissent les principes de la religion et qui
savent faire des raisonnements intellectuels sur les fondements de la religion
sont aptes au mariage. Malheureusement, la plupart des parents (ou tuteurs)
et de ceux qui président aux cérémonies religieuses
du mariage ne respectent pas ces conditions.
Il est à noter que dans la conclusion de tous les anciens contrats
de mariage les mots "adultes et mûrs" figuraient avec les noms des
futurs conjoints.
En tout état de cause, selon la loi chiite, une femme adulte
et mûre et ayant été déjà mariée
une première fois, n'a pas besoin du consentement de son père
pour contracter un nouveau mariage.
L'ISLAM ET LA
VIE MODERNE
.:Retour au sommaire:.
La question de la Religion et de la modernité est l'un de ces sujets
qui ne concernent pas seulement les Musulmans. D'autres religions aussi
ont eu à faire face à cette question, encore plus que nous.
Beaucoup d'intellectuels dans le monde ont renoncé à la religion
parce qu'ils ont cru que la religion est incompatible avec la vie moderne.
Ils pensent que l'inertie, la stagnation et la rigidité sont des
propriétés inhérentes à la religiosité.
En d'autres termes, ils estiment que l'inertie, la monotonie et le statu
quo sont les caractéristiques de la religion.
Le défunt Nehru, l'ex-Premier Ministre indien, avait des idées
laïques et ne croyait à aucune religion. Il ressort de ses
déclarations que ce qui le rendait allergique à la religion,
c'était d'après lui la rigidité et la monotonie de
celle-ci.
Vers la fin de sa vie, il sentait un vide en lui et dans le monde, et
a cru que ce vide ne pourrait être rempli que par une force spirituelle.
Cependant, il gardait encore son aversion pour la religion, car il pensait
toujours qu'un état de rigidité et de monotonie prévaut
dans toutes les religions.
Un journaliste indien, M. Karanjia, avait interviewé Nehru vers
la fin de sa vie ; c'était apparemment la dernière interview
au cours de laquelle le dirigeant indien a exprimé ses points de
vue sur les problèmes généraux du monde. Evoquant
Gandhi, le journaliste lui dit : «Certains esprits libéraux
et progressistes croient que Gandhi a infléchi et modéré,
par ses solutions émotionnelles et ses moyens moraux et spirituels,
votre croyance originelle au socialisme scientifique.» Nehru a répondu
: «C'est bien et même nécessaire de tirer avantage des
moyens moraux et spirituels. J'étais toujours d'accord avec Gandhi
à cet égard. Je crois qu'il est nécessaire de s'armer
de plus en plus de ces moyens, car maintenant plus que jamais nous avons
besoin de réponses spirituelles et morales aux questions que pose
le vide moral créé par la culture moderne qui se répand.»
Puis le journaliste lui posa des questions sur le marxisme. Nehru admit
l'imperfection de cette doctrine, et souligna ses défauts. Il suggéra
encore une solution spirituelle aux problèmes du monde. Là,
le journaliste saisit l'occasion pour lui dire franchement : «M.
Nehru, votre conception actuelle des solutions morales et spirituelles
ne vous rend-elle pas différent du Nehru d'hier ? Ce que vous venez
de dire laisse penser que le Nehru de la fin de sa vie se met à
la recherche de Dieu.»
Nehru répondit : «Oui, j'ai changé. Mon insistance
sur les valeurs morales et spirituelles n'est pas fortuite» ; et
d'ajouter : «Maintenant, la question qui se pose est comment rehausser
la morale et la spiritualité au plus haut niveau. Certes la religion
devrait pouvoir accomplir cette mission, mais malheureusement, elle a pris
la forme d'un ritualisme myope et rigide et s'est réduite à
des formalités rigides. Seules sa forme extérieure et sa
coquille ont survécu, alors que son esprit et sa conception authentiques
ont disparu.»
L'Islam
et les exigences de l'époque moderne.
De toutes les religions, l'Islam est la seule qui s'occupe de tous les
aspects de la vie humaine. Ses enseignements ne se limitent pas aux actes
d'adoration, à la prière et à une série de
conseils moraux. De même qu'il traite des relations de l'homme avec
Allah, de même il trace les grandes lignes des relations de l'homme
avec l'homme. Il traite sous différentes formes des droits et devoirs
individuels aussi. C'est pourquoi la question de savoir si ses enseignements
sont applicables ou non aux changements constants des circonstances et
à l'évolution des époques est pertinente dans le cas
de l'Islam plus que dans celui de n'importe quelle autre religion.
Notons au passage que beaucoup d'intellectuels et d'écrivains
non musulmans ont étudié les lois sociales et civiles de
l'Islam et conclu qu'elles constituent un corps de lois progressistes.
Ils ont rendu un grand hommage à l'Islam en tant que religion vivante
et éternelle, et ont reconnu la validité et l'actualité
de ses lois à toutes les époques et toutes les circonstances.
Le célèbre écrivain libéral anglais Bernard
Shaw a dit : «J'ai toujours tenu en haute estime la religion de Mohammad
à cause de son étonnante vitalité. Elle est la seule
religion qui m'apparaît apte à s'adapter aux changements des
circonstances, à la variété des situations et à
l'évolution des époques. Et je prédis -en m'appuyant
sur les signes de cette prédiction qui se manifestent d'ores et
déjà- que la religion de Mohammad sera acceptable en Europe
demain.»
«Les hommes de clergé du Moyen Age avaient, soit par ignorance
soit par fanatisme, brossé un portrait sombre de la religion de
Mohammad. Ils détestaient en fait et l'homme et sa religion, et
le considéraient à tort comme étant l'ennemi de Jésus
Christ. J'ai étudié profondément cet homme étonnant
et extraordinaire, et à mon avis, loin d'être un anté-Christ,
il mérite l'appellation de Sauveur de l'Humanité. Je crois
que si un homme comme lui dirigeait aujourd'hui le monde moderne, il réussirait
à résoudre ses problèmes de manière à
lui apporter la paix et le bonheur qui lui manquent.»
Le Dr. Chibli Châmel, un Libanais matérialiste arabe, a
traduit pour la première fois "l'Origine des Espèces" de
Darwin en arabe avec un commentaire d'un scientifique allemand, Bouchner,
en lui donnant le titre de "Arme contre les croyances religieuses". Bien
qu'il soit matérialiste, il n'a éprouvé aucune gêne
en affichant son admiration pour l'Islam en tant que religion vivante et
applicable à toutes les époques.
Cet homme a écrit dans le second volume de son livre intitulé
"Philosophie de l'Evolution", et publié en arabe, un article portant
le titre de "Le Coran et la Civilisation" en vue de réfuter les
assertions d'un non-Musulman qui, ayant travaillé dans les pays
musulmans, avait prétendu que l'Islam est responsable du déclin
des Musulmans.
Chibli Châmel a essayé de démontrer qu'en réalité
la cause du déclin des Musulmans est leur déviation des enseignements
sociaux de l'Islam, et que ceux des Européens qui attaquent l'Islam
le font, soit par ignorance, soit dans l'intention de faire douter les
peuples orientaux de leurs lois et de leur système afin de les maintenir
sous la tutelle de l'Occident.
De nos jours la question de savoir si l'Islam est compatible avec l'époque
moderne devient brûlante. Lorsque nous rencontrons des gens de toutes
les catégories sociales, et notamment ceux des classes cultivées,
nous remarquons que cette question est posée plus que n'importe
quelle autre question.
Objections
Parfois, ces gens donnent une tournure philosophique à leur discussion
et disent que puisque tout dans ce monde est sujet à changement
et que rien n'est statique ni stationnaire, y compris la société
humaine, comment peut-on concevoir qu'un corps de lois demeure immuable
à travers les âges ?
Si nous considérons cette question d'un point de vue purement
philosophique, la réponse en est simple. Ce sont les choses matérielles
du monde qui subissent des changements constants, qui se développent
et déclinent, et qui sont sujettes à l'évolution et
à la décadence. Quant aux lois universelles, elles ne changent
pas. Par exemple, les êtres vivants évoluent conformément
à des lois spécifiques, et les scientifiques ont mis en évidence
les lois de cette évolution. Il n'y a donc pas de doute que les
êtres vivants changent constamment, mais les lois de leur évolution
et de leur développement ne sont soumises à aucun changement.
En parlant des lois, il faut noter qu'il n'y a pas de différence
entre les lois naturelles et les lois positives, car il est possible que
celles-ci, qui avaient été conçues et promulguées
par l'homme, aient eu pour source la nature elle-même, et qu'elles
soient conformes au processus d'évolution des individus et de la
société humaine.
En tout cas, les interrogations sur la compatibilité ou l'incompatibilité
de l'Islam avec les exigences de l'époque n'ont pas qu'un aspect
philosophique et général. La question qui se pose le plus
souvent est que, puisque les lois sont promulguées en fonction des
besoins de l'homme, et que les besoins sociaux de l'homme sont évolutifs,
comment les lois sociales pourraient-elles dès lors être immuables
?
Cette question est pertinente, et la réponse en est que l'un
des miracles de l'Islam est justement le fait qu'il a promulgué
des lois immuables pour les besoins immuables de l'homme, et des lois souples
et élastiques pour ses besoins provisoires et changeants. C'est
ce que nous allons expliquer avec plus de détails et dans les limites
où notre exposé nous le permet.
Avec
quoi le Temps est-il lui-même Compatible ?
Avant de répondre à cette question, nous aimerions attirer
l'attention sur deux points :
Le premier point est que la plupart des gens qui parlent de progrès,
de développement et de changement dans une situation supposent que
tout changement social, surtout si sa source se trouve en Occident, est
la conséquence du progrès et du développement. C'est
là l'une des idées les plus erronées que la génération
actuelle ait entretenues.
Ces gens ont l'impression qu'étant donné que les moyens
de la vie changent de jour en jour, et que ceux qui sont imparfaits sont
remplacés par de plus perfectionnés, et puisque la science
et l'industrie progressent constamment, par conséquent tous les
changements dans la vie humaine forment une sorte de progrès et
d'avancée, et sont de ce fait les bienvenus. Bien plus, ils pensent
que de tels changements sont inévitables et doivent intervenir nécessairement
un jour ou l'autre.
En réalité tous les changements ne sont ni le résultat
direct du progrès de la science et de l'industrie, ni inévitables.
Car alors que la science progresse, la nature rebelle de l'homme ne reste
pas inactive. La science et la raison poussent l'homme vers la perfection,
alors que la nature humaine rebelle l'attire vers la perversion et la déviation.
Car les désirs naturels de l'homme s'efforcent de se servir de la
science pour mieux assouvir la volupté humaine. Ainsi, tout en étant
réceptive au progrès et à la perfection, l'époque
est tout aussi réceptive à la perversion et à la déviation.
Nous devons donc progresser avec l'évolution du temps, mais tout
en combattant la corruption. Les réformateurs et les réactionnaires
luttent tous les deux contre le temps, à cette différence
près que les premiers se battent contre la perversion de l'époque,
et que les réactionnaires combattent contre son progrès.
Si nous considérons le temps (l'époque) et ses changements
comme le critère de tout le bien et de tout le mal, quel est alors
le critère de jugement du temps lui-même ? Si tout doit se
conformer au temps, à quoi le temps lui-même doit-il se conformer
? Si l'homme doit suivre les bras croisés le temps et ses changements,
que restera-t-il alors du rôle constructif et créatif de la
volonté humaine ? L'homme est embarqué sur le véhicule
du temps, qui est en mouvement. Il ne doit pas oublier ou négliger
de guider et de contrôler son véhicule. Autrement, il serait
pareil à une personne montée sur un cheval et qui se laisse
guider par la volonté du cheval.
Adaptation ou abrogation ?
Le second point qui mérite d'être noté ici, est
le fait que certains ont résolu le problème de "l'Islam et
les exigences de l'époque" d'une façon simpliste. Ils disent
que l'Islam est une religion éternelle et peut s'adapter à
toute époque. Mais lorsqu'on leur demande comment cette adaptation
se fait et quelle est sa méthode, ils répondent que lorsqu'on
constatera que l'époque aura changé, on abolira sur-le-champ
les anciennes lois pour les remplacer par de nouvelles ! Ils arguent que
les lois temporelles de la religion doivent être flexibles et en
harmonie avec le progrès de la science et de la connaissance, et
l'épanouissement de la culture et de la civilisation. D'après
eux, une telle flexibilité et une telle adaptabilité aux
exigences de l'époque sont conformes à l'esprit de l'Islam
et ne s'opposent nullement à ses enseignements. Ils disent qu'étant
donné que les exigences de l'époque sont toujours changeantes,
chaque époque commande donc une nouvelle série de lois. En
outre, ils affirment que les lois civiles et sociales de l'Islam sont conformes
à la vie simple des Arabes du pré-islam, et fondées
dans la plupart des cas, sur leurs circonstances et usages. Et comme elles
ne sont pas compatibles avec l'époque actuelle, elles devraient
être remplacées par des lois modernes.
On doit demander à ces gens : si adaptation signifie aptitude
à être abrogé, quelle loi donc n'a-t-elle pas ce type
de flexibilité ? Et quelle loi ne s'adapte-t-elle pas à l'esprit
de l'époque, dans ce sens ?
Cette interprétation de la flexibilité et de l'applicabilité
à toutes époques équivaut exactement au raisonnement
de quelqu'un qui dirait que "le livre et la librairie sont le meilleur
moyen de jouir de la vie", et qui, lorsqu'il est sommé de s'expliquer
sur cet énoncé, répond : «Car on peut vendre
les livres à des prix bas, lorsqu'on veut se divertir, et dépenser
l'argent ainsi obtenu dans la satisfaction de ses désirs et passions.»
Un écrivain iranien dit que les enseignements de l'Islam sont
divisés en trois parties : la première partie consiste en
des croyances fondamentales, telles que l'Unité Divine, la Prophétie,
la Résurrection, etc. La seconde partie est relative aux actes d'adoration
tels que la Prière, le Jeûne, l'ablution, le lavage rituel,
le pèlerinage, etc. La troisième partie comprend les lois
relatives à la vie des gens.
Selon lui : «Seules les deux premières parties font partie
intégrante de la religion et sont à préserver pour
toujours. Quant à la troisième partie, elle ne fait pas partie
intégrante de la religion, car celle-ci n'est pas concernée
par le mode de vie quotidienne des gens. Le Prophète lui-même
n'a pas prescrit ces lois comme faisant partie de la religion, car elles
ne font pas partie de sa mission prophétique. C'est à peu
près par hasard, en sa qualité de chef d'Etat, qu'il a été
amené à promulguer certaines lois régissant la vie
des gens. Autrement, la religion n'a rien à voir avec la vie mondaine
des gens.»
Il est difficile d'imaginer qu'une personne vivant dans un pays musulman
puisse être si ignorante des préceptes de l'Islam !
Le Coran n'a-t-il pas décrit les objectifs des Prophètes
? Ne dit-il pas formellement : «Nous avons envoyé nos Messagers
avec une preuve claire, et Nous avons fait descendre avec eux le Livre
et la Balance afin que les gens établissent la justice.» (Sourate
al-Hadîd, 57 : 25) En fait, il décrit la justice sociale comme
étant le principal but de tous les Prophètes.
Nous disons à des gens comme cet écrivain iranien : vous
n'êtes pas obligés de vous conduire conformément aux
enseignements du Coran, mais pourquoi commettez-vous un péché
encore plus grave en calomniant l'Islam et le Coran ? La plupart de nos
malheurs sont dus au fait que nos murs et nos lois ont perdu leur seule
source de force, à savoir la religion.
C'est seulement depuis un demi-siècle que nous entendons crier
que l'Islam, c'est bon à condition qu'il reste confiné à
la pratique de l'adoration et qu'il ne se mêle pas des affaires de
la société. Ce cri est venu de l'extérieur des frontières
de la nation musulmane, et on l'a fait propager dans tous les pays musulmans.
A vrai dire, ce cri est porteur d'un message à déchiffrer
et dont le contenu est le suivant : «L'Islam doit être sauvegardé
dans les limites où il constitue un obstacle devant le communisme,
mais il doit disparaître dès lors qu'il porterait atteinte
aux intérêts de l'Occident.» En d'autres termes, les
enseignements islamiques relatifs au culte doivent survivre -d'après
les Occidentaux- afin de s'en servir, le cas échéant, contre
le communisme en tant que système athée. Quant aux enseignements
islamiques sociaux qui constituent la philosophie de la vie des peuples
musulmans et qui, lorsqu'ils sont suivis, confèrent à ces
peuples une indépendance réelle et une personnalité
distincte par rapport aux Occidentaux, indépendance et personnalité
qui empêchent l'Occident de les assimiler et de les exploiter, ils
doivent être enrayés.
Malheureusement pour les tenants de cette thèse, ils sont tombés
dans un certain nombre d'erreurs :
1 - Tout d'abord, le Coran depuis 1400 ans a éliminé toute
velléité de division des enseignements islamiques et la tendance
à dire : «Nous croyons à certaines choses (certains
des enseignements islamiques) et nous rejetons les autres», et a
proclamé les règles de l'Islam comme étant indivisibles.
2 - Nous croyons ensuite qu'il est temps que les Musulmans ne se laissent
plus duper par de tels slogans trompeurs. Le sens critique des gens s'est
déjà plus ou moins éveillé et ils commencent
peu à peu à distinguer les manifestations du progrès
scientifique et les forces intellectuelles des manifestations de la corruption
et de la perversion, même si elles proviennent de l'Occident.
Les peuples du monde musulman ont à présent plus que jamais
conscience de la valeur des enseignements islamiques et se sont rendus
compte qu'il leur suffit de les suivre et de s'y conformer pour mener une
vie indépendante. Ils semblent s'y attacher tellement qu'ils n'y
renonceront jamais.
Les Musulmans conscients savent que les désinformations dont
font l'objet les lois islamiques ne sont qu'une duperie impérialiste.
3 - Troisièmement, les tenants de cette thèse doivent
savoir que l'Islam est en mesure de faire face à tout système,
athée ou non. Son idéal est de conduire la société
en tant que philosophie de la vie, et ne veut nullement être confiné
à la mosquée et aux autres lieux de culte. L'Islam qu'on
veut cantonner aux mosquées, laisserait le champ libre non seulement
à l'idéologie occidentale, mais également à
des idéologies anti-occidentales. La preuve en est le prix élevé
que paie l'Occident dans certains pays musulmans marxisants, à
cause de son erreur de calcul.
L'ISLAM ET LA VIE MODERNE
II
L'homme n'est pas le seul être vivant qui mène une vie
sociale. Beaucoup d'animaux, notamment les insectes, sont grégaires.
Ils suivent des règles sensibles mais fixes de coopération,
de division du travail, de production et de distribution, et ils donnent
et reçoivent des ordres.
Les abeilles, certaines espèces de fourmis et de termites vivent
selon des systèmes si superbes que l'homme, qui se considère
comme étant le prince de la création, devrait mettre des
années, ou même des siècles pour arriver à leur
niveau.
Leur civilisation, contrairement à la civilisation humaine, n'a
pas passé par des étapes d'évolution tels que l'âge
de forêt, l'âge de pierre et l'âge atomique. Ils ont
eu, dès le début, la même civilisation et le même
système qu'ils ont de nos jours. C'est l'homme seulement qui a commencé
sa vie à partir de zéro (voir Sourate al-Nisâ', 4 :
28 : «L'homme a été créé faible»)
et qui continuera ainsi jusqu'à l'infini.
Pour les animaux, les nécessités de la vie sont toujours
les mêmes. la modernité et les nouvelles modes n'ont pas de
sens pour eux. L'ancien monde et le nouveau monde n'existent pas pour eux.
La science ne fait pas chaque jour une nouvelle découverte les concernant.
Les plus récents produits de la lumière et des industries
lourdes ne sont pas entrés dans leur marché. Pourquoi ? Parce
qu'ils vivent par l'instinct et non par la raison.
Mais la vie sociale de l'homme est toujours sujette à changement.
Chaque siècle le monde change. Et c'est là que réside
le secret du fait que l'homme est considéré comme le prince
de la création. L'homme est le fils mature et digne de la nature.
Il est arrivé à un stade d'évolution où il
n'a pas besoin de la guidance de cette force mystérieuse qu'est
l'instinct.
La nature reconnaît que l'homme est mûr, et c'est pourquoi,
elle le laisse libre. Ce qu'un animal accomplit par instinct et en suivant
les lois inviolables de la nature, l'homme doit l'accomplir par son intellect
et sa connaissance, et en suivant des lois décrétées
et violables.
Etant le maître de son destin, l'homme peut toujours dévier
de la voie du progrès, et c'est là que réside le secret
de ses faux pas, de ses revers et de ses erreurs.
De même que la voie du progrès et de l'avancement lui est
ouverte, de même la voie de la corruption, de la perversité
et de l'échec l'est aussi.
L'homme a atteint un tel stade d'évolution que, selon les termes
du Saint Coran, il peut prendre en charge la lourde responsabilité
que les cieux, la terre et les montagnes n'ont pu porter. En d'autres termes,
il peut mener une vie libre et accepter des responsabilités légales,
professionnelles et autres. C'est la raison pour laquelle il n'est pas
immunisé contre l'erreur, l'égoïsme, l'ignorance et
l'injustice.
Là où le Coran évoque cette formidable capacité
de l'homme, il souligne immédiatement son "injustice" et son "ignorance".
Ces deux capacités de l'homme : sa capacité d'évoluer
et sa capacité de dévier sont inséparables. L'homme
n'est pas pareil à l'animal qui, dans sa vie sociale, ne peut ni
avancer ni reculer, ni tourner à gauche ni à droite. Dans
sa vie, l'homme avance parfois et recule parfois. S'il y a dans la vie
humaine mouvement et accélération, il y a aussi arrêt
et pause. S'il y a progrès et évolution, il y a aussi corruption
et déviation. S'il y a vertu et justice, il y a aussi agression
et injustice. S'il y a manifestations de savoir et de sagesse, il y a également
manifestations d'ignorance et de passion.
Et il est possible que les changements qui interviennent et les phénomènes
qui apparaissent à chaque étape soient de la dernière
catégorie (passion, injustice, déviation, etc.).
Les Esprits rigides
et les Ignorants
L'homme fait parfois trop de choses, et parfois pas assez. S'il veut
adopter une attitude intermédiaire, il doit s'efforcer de distinguer
les changements de la première catégorie et les changements
de la seconde catégorie. Il doit s'efforcer de faire évoluer
l'époque par la force de la science, l'invention, l'effort et le
travail. Il doit s'efforcer de s'adapter aux aspects du développement
et du progrès de son époque. Il doit aussi s'efforcer d'empêcher
l'avènement de déviations liées à l'époque
et d'éviter de s'y engager.
Mais, malheureusement, l'homme n'adopte pas toujours cette attitude.
Il est sujet à tomber dans deux fléaux dangereux : la maladie
de la rigidité et la maladie de l'ignorance. Le premier mal conduit
à la stagnation et au refus du progrès, le second, à
la perversité et à la ruine.
Un esprit rigide a de l'aversion pour tout ce qui est nouveau et ne
peut se réconcilier avec rien qui ne soit ancien. D'un autre côté
un ignorant considère tout ce qui est nouveau comme étant
moderne et progressiste, comme étant une exigence de l'époque.
Pour un esprit rigide, tout nouveau développement signifie corruption
et perversité, alors que pour l'ignorant, tous les nouveaux développements
signifient indistinctement expansion de la culture et de la connaissance.
Les gens rigides ne distinguent pas la coque du grain, la fin et les
moyens. A leur avis le devoir de la religion est de préserver tout
ce qui est désuet et suranné. Ils pensent que le Coran est
descendu pour arrêter la marche de l'histoire et fixer les conditions
du monde au stade où elles se trouvaient.
Dans leur optique, les vieilles coutumes dépassées, telles
que l'habitude de commencer la lecture par la dernière partie du
Coran, d'écrire avec un roseau, d'utiliser un étui à
stylo fait de carton, de se laver dans le bain turc à l'ancienne,
de manger avec les mains, s'éclairer avec une lampe à pétrole,
et de vivre dans l'ignorance et l'analphabétisme, constituent des
rites religieux qu'il faut préserver. A l'opposé, les ignorants
ont les yeux fixés sur le monde occidental afin de pouvoir imiter
toute nouvelle mode et toute nouvelle coutume, et ils appellent cela modernité
et exigence de l'époque.
L'esprit rigide et l'ignorant supposent tous les deux que les anciens
usages et coutumes font partie des rites de la religion, mais à
cette différence près que le premier veut les préserver
alors que le second (l'ignorant) croit que la religion est essentiellement
concomitante du culte de l'ancien et de la tendance à la stagnation
et à l'inertie.
Au cours des quelques derniers siècles, la question de la contradiction
entre la religion et la science a fait l'objet de beaucoup de débats
en Occident. L'idée de la contradiction est née de deux développements
:
1 - Tout d'abord l'Eglise avait adopté quelques notions philosophiques
et scientifiques anciennes, comme étant des croyances religieuses
qu'il fallait accepter, mais ces notions se sont avérées
fausses grâce au progrès de la science.
2 - Ensuite, le fait que la science a changé le visage et les
conditions de la vie.
De la même façon qu'ils ont donné une coloration
religieuse à certaines questions philosophiques, les religieux rigides
ont essayé de faire appartenir à la religion la forme matérielle
extérieure de la vie, ce qui a conduit les ignorants à croire
que les choses sont effectivement ainsi, et que la religion avait adopté
une conception matérielle de la vie pour les gens. Or, étant
donné que la forme matérielle de la vie doit -selon la science-
changer, la science a décrété l'abolition de la religion.
La rigidité des uns et l'ignorance des autres ont engendré
l'idée fictive de la contradiction entre la science et la religion.
Une parabole du Coran
L'Islam est une religion progressiste, et il veut que ses adeptes soient
progressistes eux aussi. Le Noble Coran a recouru à une parabole
pour persuader les Musulmans de continuer de marcher en avant sous la lumière
de l'Islam. Il dit que les adeptes de Mohammad sont comme un grain semé
dans le sol. Il fait d'abord sortir sa pousse, puis il devient robuste,
il grossit, il se dresse sur sa tige. Il grossit si rapidement que les
semeurs sont saisis d'admiration.
C'est là une analogie avec la société que le Coran
vise. Ce que le Coran désire, c'est le développement. Il
veut poser la fondation d'une société qui s'épanouit,
se développe et s'étend continuellement.
Will Durant écrit qu'aucune religion n'a invité ses adeptes
à se renforcer, comme l'a fait l'Islam. L'histoire de la première
période de l'Islam montre combien l'Islam a pu reconstruire une
société et la pousser en avant.
L'Islam est à la fois contre la rigidité et l'ignorance
et les considère toutes deux dangereuses. La stérilité
intellectuelle de l'esprit rigide, et son inclination aux vieilles coutumes
qui n'ont rien à voir avec l'Islam authentique, ont fourni à
l'ignorant un prétexte pour considérer l'Islam comme étant
réellement opposé à la modernité. D'autre part,
le fait que l'ignorant suive et adopte les dernières modes et façons
de l'Occident, et croie que la prospérité des peuples orientaux
dépend de leur occidentalisation complète aussi bien sur
le plan matériel que spirituel, de leur acceptation des habitudes,
des manières et des traditions de l'Occident, et de l'adoption aveugle
de lois civiles et sociales semblables à celles des nations occidentales,
tout ceci a fourni à l'esprit rigide le prétexte de regarder
tout ce qui est nouveau avec suspicion, et à le considérer
comme une menace pour sa religion, son indépendance et la personnalité
sociale de sa communauté.
Entre-temps, c'est l'Islam qui doit payer le prix de l'erreur de ces
deux catégories qui ont une fausse conception de la religion.
La rigidité de l'esprit rigide a laissé le champ libre
à l'ignorant pour tout saccager, et l'ignorance de l'ignorant a
rendu l'esprit rigide plus obstiné dans ses croyances.
Il est surprenant que ceux qui se disent cultivés, mais qui sont
en réalité des ignorants, pensent que le temps est infaillible.
La vérité est que tous les changements sont opérés
par l'homme, et l'homme, lui, n'est pas du tout infaillible. Dès
lors, comment peut-on présumer que les changements de l'époque
doivent être nécessairement à l'abri de l'erreur.
De même que l'homme a des inclinations scientifique, morale, esthétique
et religieuse, et qu'il prend constamment de nouvelles mesures pour le
bénéfice de l'humanité, de même il a aussi certaines
tendances négatives. Il est égoïste, avide de pouvoir
et de plaisirs. Il aime l'argent et l'exploitation. S'il est capable de
faire de nouvelles découvertes et de trouver de meilleurs moyens
pour satisfaire ses besoins, il est susceptible aussi de commettre des
fautes. Mais les gens mal guidés et mal informés ne comprennent
pas cela. Ils récitent toujours la même litanie sur le même
ton, en répétant que le monde moderne est ceci et cela.
Ce qui est encore plus surprenant, c'est qu'ils comparent les principes
de la vie à des objets tels que les souliers, le chapeau et le vêtement.
Comme ces objets sont recherchés lorsqu'ils sont neufs, et jetés
lorsqu'ils sont usés et déchirés, il en va de même,
selon eux, pour les vérités universelles. Pour eux, le bien
et le mal n'ont d'autre sens que le nouveau et l'ancien. Le féodalisme
est mauvais parce qu'il est tout simplement devenu ancien et sorti de la
mode. Autrement, il était tout à fait bien lorsqu'il fut
introduit pour la première fois dans le monde.
D'une façon similaire, l'exploitation de la femme est une mauvaise
chose, seulement parce qu'elle est détestée par le monde
moderne ; autrement, ces mêmes gens qui combattent aujourd'hui cette
exploitation, refusaient jusqu'à une date récente d'accorder
aux femmes leur part dans l'héritage. Ils ne reconnaissaient pas
à la femme le droit à la propriété, ni ne respectaient
sa volonté et ses opinions.
Selon ces gens, notre ère étant l'ère de l'espace,
pendant laquelle il n'est plus possible de monter sur un âne et de
ne pas prendre l'avion, d'utiliser une lampe à pétrole au
détriment de l'électricité, de tisser avec la main
au lieu d'installer de grandes usines textiles, d'écrire à
la main au lieu de faire appel aux formidables appareils d'imprimerie,
de la même façon il n'est pas possible de ne pas participer
aux soirées dansantes, aux réunions de nudisme, aux réceptions
mondaines luxueuses, ni d'éviter le bavardage autour d'un verre
d'alcool, les jeux de hasard, le port de vêtements courts à
la mode, car tout ceci constitue des signes de modernité auxquels
il faut souscrire sous peine de revenir à l'âge de l'âne.
Ils prétendent que telle est l'ère atomique, l'ère
de la science, l'ère du satellite et des missiles balistiques. C'est
très bien ! Nous aussi, nous remercions Allah de nous faire vivre
à cette époque, et nous souhaitons pouvoir jouir au maximum
des avantages de la science et de l'industrie. Mais hormis la source de
la science, toutes les autres sources ont-elles tari vraiment à
notre époque ? Est-ce que tous les phénomènes de notre
siècle sont le produit du progrès scientifique moderne ?
La science prétend-elle contrôler totalement la nature ? Non,
la science n'a pas une telle prétention. Le drame de notre siècle
réside en ceci qu'un groupe de scientifiques essaient, avec une
bonne intention, de faire de nouvelles découvertes intéressantes,
alors qu'un autre groupe de gens égoïstes, avides de pouvoir
et d'argent, opportunistes, font mauvais usage du fruit des efforts des
scientifiques, afin de parvenir à leurs buts douteux. La science
se plaint constamment d'être mal utilisée par l'obstination
de la nature humaine rebelle, et c'est là le malheur de notre époque.
La science fait des progrès dans le domaine de la physique et
de la découverte des lois de la lumière, mais une bande d'opportunistes
exploitent ce progrès scientifique pour faire des films qui ne débouchent
que sur la destruction du tissu familial. Les chimistes font des progrès
et découvrent les propriétés des diverses substances
et leurs combinaisons, mais quelques individus exploitent ces découvertes
pour fabriquer de l'héroïne qui constitue une destruction de
l'homme. La science fraie son chemin vers le cur de l'atome, et découvre
une merveilleuse source d'énergie, mais avant de pouvoir mettre
cette source d'énergie au service de l'humanité, les gens
avides du pouvoir accourent pour transformer ce progrès scientifique
en une bombe atomique qu'ils lancent sur un peuple innocent.
Lorsqu'on organisa une réception en l'honneur d'Einstein, le
plus grand scientifique du 20e siècle, le savant monta sur la tribune
et dit : «Honorez-vous l'homme qui a servi d'instrument pour la fabrication
de la bombe atomique ?»
Einstein n'a pas utilisé lui-même son savoir pour fabriquer
la bombe atomique, ce sont les autres qui se sont servis de ses découvertes
pour mettre au point cet engin de destruction.
L'utilisation de l'héroïne, de la bombe atomique et des
films de violence et de pornographie ne peut pas être justifiée
sous le prétexte qu'ils constituent les phénomènes
du 20e siècle.
Si les derniers types de bombardiers sont utilisés pour lancer
les bombes les plus perfectionnées sur les peuples d'autres nations,
et que les gens les plus instruits sont employés pour accomplir
cette mission destructive, le fait d'avoir recours à ces moyens
modernes enlève-t-il à celle-ci son caractère barbare
? Non, tout ce qui est moderne n'est pas forcément progrès
humain.
L'Islam et la Modernité
(III)
Le principal argument de ceux qui disent qu'en matière des droits
familiaux nous devons suivre le système occidental, est que les
temps ont changé et que les exigences du 20e siècle veulent
que nous soyons ainsi. Là-dessus, nous proposons de clarifier tout
d'abord nos points de vue sur cette question, sans cela la discussion de
tout autre point serait incomplète, bien que le contexte de notre
sujet ne nous permette pas d'aborder la question sous tous ses angles :
philosophique, juridique, social et moral. Pour le moment, il suffit de
mettre au clair deux points :
1 - La nature du changement
:
L'adaptation aux changements de l'époque n'est pas une question
aussi simple que le laissent entendre certains ignorants. Les changements
opérés par le temps sont parfois progressifs et parfois régressifs.
Nous devons donc marcher en avant avec les changements progressifs, et
combattre les tendances rétrogrades. Pour pouvoir distinguer, l'une
de l'autre, ces deux sortes de changement, et déterminer leur nature
respective, nous devons découvrir la source des nouveaux développements
et leur direction. Nous devons voir quelles sont les tendances humaines
qui les ont opérés, et quelle classe sociale se trouve derrière
eux. Nous devons déterminer s'ils sont motivés par une tendance
humaine sublime, ou par de basses propensions bestiales, et savoir s'ils
sont venus à l'existence à la suite de recherches de savants
et d'intellectuels désintéressés, ou comme le résultat
des bas désirs d'éléments corrompus et égoïstes
de la société.
2 -
Le Secret de la flexibilité des lois islamiques :
Le second point qu'il faut éclaircir, est le fait que les penseurs
musulmans croient que l'Islam possède certaines potentialités
qui le rendent applicable à toutes les époques. Selon ces
penseurs, les enseignements islamiques sont en parfaite harmonie avec le
progrès de l'histoire, l'expansion de la culture et les changements
qui en résultent. Voyons maintenant quelle est la nature des potentialités
que possède l'Islam, ou en d'autres termes quels sont les dispositifs
mis dans la structure de cette religion pour la rendre adaptable à
tous les changements de situation, sans avoir besoin d'abandonner aucun
de ses enseignements, et sans qu'il y ait aucun conflit entre ses enseignements
et les situations nouvelles résultant de l'expansion de la connaissance
et du développement de la civilisation.
Bien que cette question comporte un aspect technique qui nécessiterait
certaines mises au point et un long développement, nous essaierons
de l'aborder brièvement afin de dissiper l'incompréhension
de ceux qui doutent que l'Islam possède une telle capacité
d'adaptation (pour avoir plus de détails sur ce sujet, le lecteur
peut se référer à "Tanbîh al-Ummah", de l'Ayatollâh
al-Nâ'inî ou à "Marja'iyyat wa Imamat" d'al-'Allâmah
al-Tabâtabâ'î -en persan).
Il y a de nombreux facteurs qui constituent les motifs de l'adaptabilité
de l'Islam au développement de la connaissance et de la civilisation,
et l'applicabilité de ses lois à la variation des circonstances
de la vie. Nous en mentionnons quelques-uns seulement, ci-après
:
L'Insistance
sur le Fond et l'indifférence à la forme
L'Islam n'a pas traité de la forme extérieure de la vie,
laquelle forme dépend du degré du développement de
la connaissance humaine. Les enseignements islamiques ont trait seulement
à l'esprit et aux buts de la vie, et ils déterminent le meilleur
moyen d'atteindre ces buts. La science n'a ni changé l'esprit et
les buts de la vie, ni suggéré une voie meilleure, plus courte
et plus sûre pour les atteindre. Elle a seulement fourni un meilleur
moyen de traverser la route qui conduit à ces buts.
En s'intéressant seulement aux finalités de la vie, et
en laissant la forme et les moyens aux bons soins de la science et de la
technologie, l'Islam a évité tout heurt avec la culture et
la civilisation. En outre, en encourageant les facteurs qui contribuent
à l'expansion de la civilisation, en l'occurrence la connaissance,
le travail, la piété, la volonté, le courage et la
persévérance, il a joué le rôle du principal
facteur uvrant en vue de l'expansion de la civilisation.
L'Islam a posé des panneaux de signalisation tout au long de
la route du progrès humain. Ces panneaux indiquent d'une part la
route et la destination, et d'autre part mettent en garde contre la présence
de fossés et d'endroits dangereux. Toutes les lois islamiques sont
des panneaux, soit de la première, soit de la seconde catégorie.
Les moyens de la vie dépendent à chaque époque
du degré de la somme totale de la connaissance humaine. Et étant
donné que la connaissance humaine est en expansion, des moyens de
vie plus perfectionnés viennent à l'existence pour prendre
automatiquement la place des moyens moins perfectionnés.
Les formes extérieures et matérielles de ces moyens n'ont
aucun caractère sacré en Islam, et les Musulmans ne sont
pas tenus de les préserver. L'Islam n'a pas dit que la couture,
le tissage, l'agriculture, les transports ou les guerres, etc. doivent
être faits avec tel ou tel autre outil, pour qu'il surgisse un litige
ou un conflit entre la science et la loi islamique, une fois ledit outil
tombé en désuétude à cause du progrès
scientifique. L'Islam n'a pas prescrit des modèles spécifiques
pour les chaussures et les vêtements, ni un mode de construction
spécial, ni des outils particuliers de production et de distribution.
Et c'est là un des facteurs de son applicabilité à
tous les développements de l'époque.
Des
lois fixes pour des besoins immuables, et des lois variables pour des besoins
changeants
Le deuxième facteur qui explique l'adaptabilité des enseignements
islamiques à toutes les époques, et qui a une grande importance,
est le fait que l'Islam a envisagé des lois fixes pour les besoins
humains immuables et des lois modifiables pour les besoins humains changeables,
car une partie des besoins humains, individuels ou collectifs, sont de
nature constante, et ils restent les mêmes à toutes les époques,
et par conséquent le système qui doit régir les instincts
humains et gouverner la société humaine est le même
en tous temps(5). Et une
autre partie des besoins humains sont de nature variable, et exigent par
conséquent des lois variables. L'Islam a prévu de tels besoins
changeants, et les a liés à certains principes fixes qui
permettent d'instituer une disposition de loi particulière à
chaque situation changeante.
Notre exposé ne nous permet pas de nous engager dans de longs
développements pour expliquer avec plus de détails cette
question, et nous nous contenterons ici de citer quelques exemples révélateurs
à cet égard. Ainsi, il y a en Islam un principe social que
traduit le Verset coranique suivant : «Préparez-leur tout
ce que vous pouvez de force...» (Sourate al-Anfâl, 8 : 60).
De même il y a de nombreuses traditions du Prophète qu'on
appelle en jurisprudence "la cavalerie et le tir à l'arc" qui invitent
les Musulmans à s'entraîner en vue de se défendre.
Le Prophète a, en effet, ordonné que les Musulmans apprennent
l'art de la cavalerie et du tir à l'arc et les enseignent à
leurs enfants. Ces arts faisaient partie de la science militaire d'autrefois.
Il est évident que l'ordre essentiel est de "préparer une
force". L'arc et la flèche, l'épée et la lance, le
mulet et le cheval n'ont pas d'importance. Ce qui importe, c'est d'être
militairement fort devant l'ennemi. Acquérir une habileté
en cavalerie et en tir à l'arc n'est qu'une forme de l'acquisition
de force militaire, ou un moyen d'exécution de l'ordre essentiel.
Préparer une force est une loi constante qui découle d'un
besoin fixe et perpétuel, alors que l'apprentissage du tir à
l'arc et de la cavalerie est la manifestation d'un besoin provisoire et
changeant, qui varie d'une époque à l'autre, d'une circonstance
à l'autre. Avec le changement des circonstances, l'apprentissage
du maniement des armes à feu remplace celui de l'art du tir à
l'arc.
Prenons un autre exemple, celui du principe social, mentionné
dans le Coran, et concernant l'échange des richesses. L'Islam a
reconnu le principe de la propriété individuelle. Toutefois,
le droit à la propriété que l'Islam reconnaît
est différent de ce qu'on voit dans le monde capitaliste. Ce qui
caractérise la propriété individuelle, en Islam, c'est
le principe de "l'échange". L'Islam a fixé de nombreuses
règles à l'échange. L'une d'elles est énoncée
dans le Coran en ces termes : «Ne mangez pas vos biens entre vous
inutilement...» (Sourate al-Baqarah, 2 : 188), c'est-à-dire
que dans les transactions et les affaires, l'argent ne doit pas passer
d'une main à l'autre sans qu'il y ait un bénéfice
légal qui a une valeur reconnue, car l'Islam n'admet pas la propriété
comme équivalente à une autorité absolue sur le bien
possédé.
Il est spécifié, dans la loi islamique, que la vente et
l'achat de certaines choses, tels que le sang et l'excrément humains,
sont interdits. La raison en est que de telles choses n'ont pas une valeur
que l'on peut considérer comme faisant partie de la richesse humaine.
Le principe qui se trouve à l'origine de cette interdiction est
l'énoncé coranique qu'on vient de citer. L'invalidité
de la vente et de l'achat du sang et de l'excrément humains n'est
pas spécifiée dans un texte islamique ; elle est seulement
l'une des applications d'un principe islamique qui pose comme condition
de la validité d'un échange, l'utilité pour l'homme
des choses échangées. Même s'il n'y a pas effectivement
un échange, l'argent et le bien appartenant à un individu
ne peuvent être appropriés par un autre sans qu'il y ait une
utilité qui résulte de ce changement de propriétaire.
La loi interdisant l'appropriation de la propriété d'un
autre inutilement est un principe ferme et applicable à toutes les
époques, et découlant d'un besoin social permanent. Mais
la règle selon laquelle le sang et l'excrément ne doivent
pas être considérés comme une richesse et ne sont pas
vendables, est liée à l'époque et au degré
de civilisation. Elle est donc sujette à modification selon le changement
des conditions, les progrès de la science et de l'industrie, et
la possibilité d'une utilisation correcte et utile de ces matières.
Un autre exemple : l'Imam Ali (P) ne teignait jamais ses cheveux, même
lorsqu'ils furent devenus tout blancs vers les dernières années
de sa vie. Un jour, un homme lui dit :
Le Prophète n'a-t-il pas ordonné de teindre les cheveux
blancs ?
L'Imam Ali lui a répondu :
Si.
Pourquoi ne le fais-tu donc pas, l'interrogea l'homme ?
Ali dit :
A l'époque où le Prophète a donné cette
instruction, le nombre des Musulmans était insignifiant, et parmi
eux figuraient beaucoup d'hommes âgés qui participaient aux
batailles. Le Prophète (P) leur a donc ordonné de teindre
leurs cheveux pour cacher leur âge, car si l'ennemi avait pu voir
qu'il avait affaire à une poignée de vieillards, son moral
en aurait été remonté. Mais depuis que l'Islam s'est
répandu dans le monde entier, la situation a changé. C'est
pourquoi, chacun est libre de teindre ou non ses cheveux.
Dans l'optique de l'Imam Ali, l'instruction du Prophète, à
ce sujet, n'était pas une loi fondamentale et permanente, mais seulement
l'une des applications d'une loi qui stipulait que «rien qui puisse
remonter le moral de l'ennemi ne doit être fait».
On peut dire que l'Islam, de même qu'il attache de l'importance
à l'esprit et au fond, attache de l'importance à la forme
et à l'aspect extérieur. Mais s'il attache de l'importance
à l'aspect extérieur des choses, c'est uniquement par souci
de servir le fond.
La Question
du changement de l'alphabet
Une polémique a été engagée récemment
en Iran à propos du changement de l'alphabet. Cette question peut
être regardée sous deux angles du point de vue des principes
de l'Islam. En effet, d'un point de vue islamique, elle peut revêtir
deux formes. La première forme de la question est de savoir si l'Islam
favorise un alphabet particulier et rejette les autres. Considère-t-il
l'alphabet en cours, dit l'alphabet arabe, comme son propre alphabet, et
les autres, tel le latin, comme lui étant étrangers ? L'Islam,
qui est une religion universelle, regarde tous les alphabets du monde d'une
façon égale.
La seconde forme de la question est de savoir dans quelle mesure le
changement de l'alphabet contribuerait à la fusion culturelle de
la nation musulmane dans les autres nations, et quelle serait la conséquence
de cette fusion sur la culture de la nation musulmane ? Après tout,
pendant les 14 siècles écoulés, la littérature
islamique et scientifique produite par l'Iran a été écrite
avec l'alphabet actuel, l'arabe. En changeant d'alphabet, n'allons-nous
pas couper tous liens avec cette littérature ? Une autre question
se pose ici : qui a proposé un plan de changement de l'alphabet,
et qui va l'appliquer ? C'est ce dont nous devons traiter maintenant.
Ce
qui est interdit, ce n'est pas le port d'un chapeau, mais la dépendance
des autres
Des gens comme moi sont souvent confrontés à des questions
qu'on leur pose avec mépris et sarcasme, telles que : «Que
dit la loi islamique à propos du fait de manger debout ?»
«Et que dit-elle à propos du fait de manger avec une cuillère
et une fourchette ?» «Le port du chapeau européen est-il
interdit ?» «Est-il interdit de parler une langue étrangère
?»
Pour répondre à ces interrogations, nous disons : l'Islam
n'a donné aucune instruction particulière à cet égard.
L'Islam n'a pas ordonné à ses adeptes de manger avec la main
ou avec une cuillère. Il leur a ordonné seulement d'être
propres. L'Islam n'a prescrit aucun modèle particulier de chaussure,
de chapeau ou de vêtement. Du point de vue islamique l'anglais, le
japonais et le persan ont tous le même statut.
Toutefois, l'Islam a ordonné autre chose. Il a dit qu'il est
interdit de perdre son identité, de se soumettre aux autres, de
suivre les autres aveuglément, d'être assimilé par
les autres, d'être dépendant des autres, d'être ensorcelé
par les autres, de considérer un âne étranger mort
une mule, d'importer l'immoralité et la perversité des autres
au nom du phénomène du 20e siècle, de croire que les
Musulmans doivent être occidentalisés extérieurement
et intérieurement, physiquement et spirituellement, de prononcer
le "r" se trouvant dans nos propres mots à la façon parisienne
après avoir passé deux ou trois jours en France.
Ce
qui est important et ce qui est plus important
Un autre facteur qui rend l'Islam compatible avec les exigences variables
de l'époque, est la conformité de ses enseignements à
la raison. L'Islam a proclamé que ses lois sont fondées sur
une série d'intérêts supérieurs. En même
temps, il a déterminé le degré d'importance de ces
intérêts, ce qui a facilité la tâche des juristes
dans les domaines où différents intérêts se
trouvent en opposition les uns avec les autres.
Dans un tel cas où les intérêts se trouvent opposés,
l'Islam a autorisé les juristes musulmans à peser l'importance
relative de chaque intérêt par rapport aux autres, en ne perdant
pas de vue les critères que l'Islam lui-même a mis pour permettre
de déterminer les intérêts les plus importants. La
jurisprudence musulmane appelle cette règle la question de "l'important
et le plus important". Il y a beaucoup d'exemples de l'application de cette
règle. Mais les impératifs de notre exposé ne nous
permettent d'en traiter ici.
Les lois qui ont
le droit de veto
Un autre facteur qui fait de l'Islam une religion mobile et applicable
aux diverses circonstances, et par conséquent, vivante et éternelle,
c'est le fait qu'il renferme une série de lois dont l'objectif est
de contrôler et de modifier les autres lois. Ces lois, en langage
juridique "les règles gouvernantes", telles que la règle
de "pas de nuisance"(6),
et celle de "pas d'embarras"(7),
gouvernent toute la jurisprudence. En réalité l'Islam a conféré
à ces règles le droit de veto contre toutes les autres lois
et instructions.
Les Compétences
du Gouvernant
En plus de tout ce qui vient d'être mentionné, l'Islam
possède une série d'autres règles et de critères
qui ont fait de cette religion la religion finale et éternelle.
L'Ayatollâh al-Nâ'inî et al 'Allâmah al-Tabâtabâ'î
ont beaucoup compté, dans ce domaine, sur les nombreux pouvoirs
que l'Islam a délégués à un bon gouvernement
islamique.
Le Principe de l'Ijtihâd
Le philosophe et poète pakistanais, Mohammad Iqbâl dit
que "l'Ijtihâd" (la déduction des lois à partir de
leurs sources originelles) est la force motrice de l'Islam. Et il a parfaitement
raison. Mais ce qui est plus important, c'est que l'Islam a la particularité
et la capacité de contenir l'ijtihâd. Aucune autre religion
n'a cette qualité et cette capacité. La structure de l'Islam
a été bâtie de telle sorte que cette religion puisse,
avec l'aide de l'ijtihâd, s'adapter toujours au progrès continuel
de la civilisation.
Dans son "Chifâ'", Avicenne fonde la nécessité de
l'ijtihâd sur ce même principe du changement constant des besoins.
Il dit : «Etant donné que, d'une part, les conditions de la
vie sont changeantes, et que de nouveaux problèmes surgissent constamment,
et que, d'autre part, les principes généraux de l'Islam sont
fixes, il est nécessaire qu'il y ait, à toutes les époques,
des savants qui ont une parfaite connaissance des lois islamiques et qui
se chargent de prendre en considération les situations nouvelles
qui surviennent, afin de pouvoir satisfaire les besoins des Musulmans.»
La constitution de l'Iran prévoit la présence à
chaque époque d'un organisme composé d'au moins cinq Mujtahid
(des savants éminents en théologie, capables de pratiquer
l'ijtihâd) connaissant parfaitement les exigences de l'époque,
et chargés de superviser les lois. L'idée de la présence
d'un tel organisme, composé de gens qui ne soient ni rigides, ni
opposés aux développements modernes, ni ignorants, ni imitateurs
aveugles d'autrui, a pour motif la surveillance des activités législatives
du pays.
Il est notable que l'ijtihâd, au sens réel du terme, signifie
une spécialisation poussée, et nécessite une aptitude
à la déduction des lois, un esprit de synthèse, une
connaissance profonde et parfaite des fondements de l'Islam et des principes
de la jurisprudence, ce qui n'est pas à la portée de n'importe
quel théologien qui passe quelques années à l'Académie
islamique.
Il ne fait pas de doute que la spécialisation dans le domaine
de l'ijtihâd exige l'effort de toute une vie, et si la vie entière
d'un homme n'est pas trop courte pour permettre d'atteindre le degré
de l'ijtihâd, elle n'est pas trop longue non plus pour une telle
tâche. En outre, à part le temps consacré à
cette spécialisation, il faut compter sur l'Aide divine, une aptitude
particulière, et une disposition spéciale.
A part la spécialisation et l'ijtihâd, certaines personnes
peuvent acquérir une connaissance si large que leurs vues peuvent
être considérées comme faisant autorité, si
elles ont atteint en même temps un haut degré de connaissance
d'Allah et de crainte révérencielle. En effet l'histoire
de l'Islam nous a montré des gens qui, malgré leur vaste
connaissance et leur haute moralité, tremblaient de peur lorsqu'ils
voulaient exprimer leurs opinions sur certains points de la loi islamique.
LA POSITION DE
LA FEMME DANS LE CORAN
.:Retour au sommaire:.
Maintenant nous nous proposons de répondre à la question
de savoir si l'Islam considère que la femme, en tant qu'être
humain, est égale à l'homme, ou inférieure à
lui.
La Philosophie spécifique de l'Islam concernant les droits de
la famille
Concernant les droits de l'homme et de la femme l'Islam a une philosophie
spécifique qui lui est propre, et qui diffère de ce qui s'est
passé il y a 14 siècles et de ce qui se passe maintenant.
Il ne croit pas que dans tous les cas l'homme et la femme ont les mêmes
droits et les mêmes obligations. Dans certains cas, leurs droits
et leurs obligations sont différents, et, par conséquent,
parfois leur position est à cet égard similaire, et parfois
dissemblable. Si l'Islam établit cette différence entre l'homme
et la femme, ce n'est pas parce qu'il considérerait, comme certaines
écoles de pensée, la femme avec mépris, ni parce qu'il
la regarderait comme un être inférieur, mais pour d'autres
raisons valables.
Sans doute avez-vous lu et entendu souvent les propos de certains imitateurs
de l'Occident, alléguant que les lois de l'Islam concernant la dot,
la pension de la femme, le divorce, la polygamie, etc. constituent la meilleure
preuve du mépris de l'Islam pour la femme et de sa position favorisant
l'homme.
Ils disent que durant toute la période historique antérieure
au XXe siècle, tous les règlements et les lois, dans le monde,
étaient fondés sur l'idée que l'homme est plus noble
que la femme, et que celle-ci a été créée pour
la jouissance de l'homme, et que les lois islamiques aussi tournent autour
du pôle d'intérêts de l'homme.
Ils prétendent que l'Islam est la religion du sexe mâle,
qu'il ne reconnaît pas la femme comme étant un être
humain à part entière et que, pour cette raison, il ne lui
accorde pas des droits égaux à ceux de l'homme. Ils disent
que si l'Islam la reconnaissait comme être humain à part entière,
il n'aurait pas autorisé la polygamie, il n'aurait pas donné
à l'homme le droit de divorce, il n'aurait pas considéré
le témoignage de deux femmes comme étant l'équivalent
de celui d'un seul homme, il n'aurait pas fixé la part de la femme
dans l'héritage à deux fois moins que celle de l'homme, il
n'aurait pas donné à la femme un prix sous l'appellation
de dot, il n'aurait pas fait dépendre la femme de l'homme sur le
plan économique au lieu de la rendre indépendante de lui
économiquement et socialement. Toujours selon ces esprits occidentalisés,
les enseignements islamiques montrent par tout ce qui vient d'être
énuméré que l'Islam regarde la femme avec mépris,
et que, malgré sa prétention d'être la religion de
l'égalité, celle-ci n'a pas été observée
par lui, au moins dans le cas des relations familiales. Pour eux, l'Islam
a marqué une nette préférence pour l'homme en matière
de droits, en lui faisant toutes ces concessions. Dans leur optique, logiquement
parlant, si l'Islam avait vraiment considéré la femme comme
étant un être humain à part entière, il lui
aurait accordé des droits similaires à ceux de l'homme ;
mais ne l'ayant pas fait, il ne voit donc pas en elle un être humain
à part entière.
Egalité ou similarité
Le principe sur lequel se sont fondés les détracteurs
de l'Islam est que l'homme et la femme étant l'un et l'autre des
êtres humains, donc égaux et ayant même dignité,
ils doivent jouir par conséquent des mêmes droits. Le point
qui mérite d'être pris en considération à cet
égard est de savoir si sur la base de la dignité humaine
ils doivent tous deux avoir des droits égaux et sans discrimination
de sexe, ou s'ils doivent jouir des mêmes droits indépendamment
de leurs différences dans la vie. Il ne fait pas de doute que la
dignité humaine, ou l'humanité, étant le trait commun
entre eux, ils doivent avoir des droits égaux. Mais est-il nécessaire
qu'ils aient aussi des droits similaires ?
Si, au lieu de suivre aveuglément la pensée occidentale,
nous réfléchissons d'une façon indépendante,
la première question qui se pose à l'esprit est : l'égalité
des droits signifie-t-elle vraiment aussi similarité des droits
? En réalité, il s'agit de deux choses différentes.
L'égalité signifie être égal en degré
et en valeur, alors que la similarité signifie l'uniformité.
Il est possible qu'un père distribue sa fortune entre ses trois
enfants également, mais pas uniformément. Supposons que sa
fortune consiste en divers biens, tels qu'un ma- gasin, une terre agricole
et une propriété en location à bail. Tenant compte
des goûts et aptitudes respectifs de ses enfants, il donne le magasin
à l'un, la terre agricole au second et la propriété
en location à bail au troisième. Il prend soin que ce qu'il
donne à chacun d'eux soit d'une valeur égale, et en même
temps conforme à son goût et à son aptitude. Ainsi,
il distribue sa fortune d'une façon égale, mais pas uniforme.
La quantité n'est pas la qualité, et l'égalité
n'est pas l'uniformité. L'Islam ne croit pas à l'uniformité
de l'homme et de la femme. Mais, en même temps, il ne réserve
aucun traitement préférentiel aux hommes en matière
de droits. Il a observé le principe de l'égalité entre
l'homme et la femme, mais il s'oppose à l'uniformité de leurs
droits.
L'égalité est un mot attirant, parce qu'elle implique
un sens de non-discrimination. Un halo sacré lui est attaché.
Elle évoque le respect, surtout lorsqu'elle est associée
aux droits.
Quelle belle formule que "l'égalité des droits" ! N'importe
quelle personne consciente est susceptible de succomber à son charme.
Je ne comprends pas pourquoi nous sommes tombés si bas, pour
que les autres veuillent nous imposer leurs théories sur la similarité
des droits des hommes et des femmes, à nous qui avons été
les porte-drapeau de la science et de la philosophie ! Ce qu'on veut nous
faire avaler ressemble à la situation d'un marchand qui veut vous
vendre des betteraves pour des poires.
Il ne fait pas de doute que l'Islam n'a accordé en aucun cas
à l'homme et à la femme des droits similaires. Mais il n'a
pas prescrit non plus des devoirs et des punitions similaires aux deux
sexes. En tout cas, la valeur totale des droits accordés à
la femme n'est pas inférieure à celle des droits accordés
à l'homme. Nous nous proposons de démontrer cette affirmation
ci-après.
Là une question se pose : pourquoi l'Islam a-t-il prescrit des
droits dissemblables à l'homme et à la femme dans certains
domaines ? Pourquoi n'a-t-il pas prescrit des droits similaires ? Est-il
préférable que les droits de la femme et de l'homme soient
à la fois égaux et similaires, ou bien égaux et dissemblables
?
Pour donner à ces interrogations une réponse complète,
nous essaierons de diviser ce sujet en trois parties.
1 - La vue islamique de la position de la femme sur le plan de sa nature.
2 - L'effet de la disparité physique entre l'homme et la femme.
Cette disparité physique les rend-elle dissemblables sur le plan
des droits aussi ?
3 - Quelle est la philosophie qui se trouve à l'origine des lois
islamiques qui traitent, dans certains cas, l'homme et la femme comme étant
dissemblables ? Cette philosophie est-elle encore valable ?
La
position de la femme dans la vision islamique
Le Saint Coran n'est pas un simple recueil de lois et des règles
sèches, sans explications de leur raisons d'être et de leurs
buts finaux. Il renferme aussi bien des lois que de l'histoire, des exhortations
religieuses, des explications du sens de la création ainsi que des
milliers d'autres thèmes. Si, par endroits, il s'attache à
prescrire des lois, ailleurs il parle de la nature et de la création.
Ainsi il nous explique comment la terre, le ciel, les plantes, les animaux
et l'homme ont été créés, et il nous dit quels
sont les secrets de la mort et de la vie, de la puissance et de l'humiliation,
de l'évolution et de la décadence, de la richesse et de la
pauvreté.
Le Coran n'est pas un livre de philosophie, mais il ne manque pas, cependant,
de présenter une opinion précise et claire sur l'univers,
l'homme et la société, les trois thèmes qui constituent
l'essentiel de la philosophie.
Le Coran ne se contente pas d'apprendre à ses adeptes une loi,
ni de leur faire de simples prédications. Il forme chez eux -par
l'explication de la sagesse de la création- une vision spéciale
de l'univers et de la vie, et leur enseigne une méthode nouvelle
de pensée. Le fondement des règles islamiques concernant
les questions de la vie sociale, telles que la propriété,
les droits familiaux, le gouvernement, etc. n'est autre chose que sa vision
de la création et des êtres.
L'un des sujets que le Coran a expliqués, est la création
de l'homme et de la femme. Il n'est nullement resté silencieux sur
cette question. Il n'a pas laissé le champ libre aux intrus pour
qu'ils fassent croire que l'attitude de l'Islam vis-à-vis de la
femme est une attitude de mépris. Il a expliqué amplement
ses points de vue sur ce sujet.
Pour connaître les points de vue de l'Islam sur la femme, nous
devons savoir ce que le Coran dit à propos de son caractère
inné. D'autres religions aussi ont évoqué cette question,
mais c'est le Coran seulement qui a dit clairement dans de nombreux versets
que la femme a été créée du genre de l'homme,
et que la femme et l'homme ont tous les deux un même caractère
inné. En effet, parlant d'Adam, le Saint Coran dit : «Allah
vous a créés tous d'un seul être. IL lui en créa
sa propre épouse et IL dissémina à partir d'eux des
hommes en grand nombre et des femmes...» (Sourate al-Nisâ',
4 : 1)
Concernant l'humanité en général, il dit : «IL
a créé de vous vos femmes» (voir : Sourate al-Nisâ',
Sourate Ale 'Imran, et Sourate al-Rûm)
Contrairement à ce qu'affirment d'autres religions à ce
propos, le Coran ne dit pas que la femme a été créée
d'une matière inférieure à celle de l'homme ni qu'elle
a des défauts de création, ni qu'elle a été
créée à partir d'un membre d'Adam. Par conséquent,
on peut constater que l'Islam n'a pas une position de mépris vis-à-vis
de la femme, sur le plan de sa création et de son origine.
Il y a une autre théorie qui méprise la femme. Elle prévalait
dans le passé et elle a laissé des traces désagréables
dans la littérature. Selon cette théorie : "la femme est
la cause de tous les péchés. Son existence même appelle
le mal. La femme est un petit diable. Elle a une main dans chaque méfait
que commet l'homme. Les hommes, eux, sont dépourvus de péché,
c'est la femme qui les y entraîne. Le Diable n'a pas un accès
direct aux hommes, c'est à travers les femmes qu'il trouve un chemin
vers eux. Il souffle à la femme de mauvaises suggestions, et c'est
cette dernière qui, à son tour, les souffle aux hommes. Adam
fut chassé du Paradis à cause d'une femme. Le Diable avait
fait dévier Eve, et c'est celle-ci qui a fait dévier Adam".
Le Coran a raconté le récit du Paradis, mais il ne dit
nulle part que Satan, ou le serpent, a induit Eve en erreur, et que Eve
a induit en erreur Adam. Il ne la blâme, ni ne l'innocente. Le Coran
dit : «Nous avons dit à Adam : Séjourne, toi et ton
épouse au Paradis et mangez-en les fruits.» (Sourate al-Baqarah,
2 : 35) Mais lorsque le Coran parle des mauvais conseils soufflés
par Satan, il met en cause tous les deux : «Satan leur a soufflé
de mauvais conseils» (Sourate al-A'râf, 7 : 20). «Puis
il leur jura : «Je ne fais assurément que vous donner le bon
conseil.» (Sourate al-A'râf, 7 : 21)
Ainsi, le Coran est fermement opposé à la fausse affirmation
que la femme était la porteuse du péché et qu'elle
serait un petit diable, affirmation qui prévalait avant l'époque
de la Révélation, et dont l'écho continue de résonner
dans différentes parties du monde.
Parmi les autres théories qui affichent du mépris pour
la femme, il y a celle qui met en doute ses dispositions spirituelles et
morales. Selon cette théorie la femme n'entre pas au Paradis, et
elle ne peut pas monter haut sur l'échelle des positions spirituelles
et religieuses, ni atteindre au même degré de Proximité
d'Allah auquel un homme peut atteindre. En revanche, beaucoup de versets
coraniques nous informent que la récompense que l'être humain
est en droit d'espérer le Jour du Jugement, et la proximité
d'Allah, ne sont nullement liées à son sexe, et dépendent
uniquement des bonnes actions accomplies indifféremment par l'homme
ou la femme. D'autre part, le Coran, chaque fois qu'il évoque un
grand personnage et un saint, met à côté de lui une
grande dame sainte. Ainsi, il parle avec beaucoup de révérence
des femmes respectives d'Adam et d'Abraham, et des mères respectives
de Jésus et de Moïse. Et lorsqu'il note que la femme de Noé
et celle de Lot n'étaient pas des épouses dignes, il ne manque
pas, ailleurs, de nous apprendre que la femme de Pharaon était une
grande dame victime d'un mari pervers. Ainsi, on dirait que le Coran a
voulu tenir un certain équilibre entre l'homme et la femme dans
les histoires qu'il a mises en scène, et éviter que les héros
de ces histoires soient exclusivement des hommes.
Parlant de la mère de Moïse, le Coran dit : «Nous
avons fait connaître à la mère de Moïse Notre
Volonté en [lui] disant : Mets-le dans un panier, et jette-le dans
la rivière, afin que les flots le déposent sur la berge.»
(Sourate Tâhâ, 20 : 39)
A propos de la mère de Jésus, il dit qu'elle avait atteint
une si haute position spirituelle que les anges venaient lui parler pendant
qu'elle faisait ses actes d'adoration au sanctuaire, et qu'elle recevait
ses provisions de bouche de sources surnaturelles. Sa haute position spirituelle
avait même déconcerté le Prophète de son époque,
Zakariyyâ, lequel resta ébahi en constatant que cette Dame
jouissait d'un degré de proximité d'Allah qui dépassait
le sien.
Il y eut beaucoup de femmes saintes dans l'histoire de l'Islam. Peu
d'hommes ont atteint la sublime position de Khadîjah, et aucun homme,
hormis le Saint Prophète et l'Imam Ali, ne pouvait rivaliser avec
Fâtimah al-Zahrâ', sa haute position. Elle occupa une position
supérieure même à celle de ses fils, qui étaient
pourtant des Imams, et à celle des Prophètes, excepté
le dernier, le Prophète Mohammad. L'Islam ne fait pas de discrimination
entre l'homme et la femme dans leur cheminement vers Allah. La seule différence
que l'Islam a faite entre la femme et l'homme dans leur marche vers la
Vérité est qu'il a choisi l'homme pour porter la Charge de
la Prophétie, du Message et de la guidance des gens vers le Droit
Chemin, car il a considéré que l'homme convient mieux à
cette tâche.
Une autre théorie de mépris pour la femme est celle qui
prône la renonciation et le célibat. En effet, certaines religions
considèrent les relations sexuelles mêmes, comme quelque chose
de répugnant. Selon la croyance des tenants de cette théorie,
seuls ceux qui restent célibataires peuvent atteindre à un
haut degré de spiritualité. Un des dirigeants religieux de
l'époque contemporaine n'a-t-il pas déclaré : «Coupez
l'arbre du mariage avec la hache de la virginité». Les hommes
religieux de cette catégorie tolèrent le mariage seulement
en tant qu'un moindre mal. En d'autres termes, ils soutiennent qu'étant
donné que la plupart des gens sont incapables de mener une vie de
célibat, et que pour éviter qu'ils ne soient entraînés
à avoir des rapports sexuels avec plusieurs femmes, faute de pouvoir
maîtriser leur volupté, il vaut mieux qu'ils se marient avec
une seule. S'ils recommandent la renonciation et le célibat, c'est
parce qu'ils regardent la femme avec suspicion, et considèrent l'amour
qu'on éprouve pour elle est un grand mal moral.
L'Islam s'oppose fermement à cette vision absurde, et considère
le mariage comme étant sacré et le célibat comme une
attitude blâmable. L'amour des femmes a été considéré
comme l'un des caractères des Prophètes. Par ailleurs, le
Saint Prophète a dit : «J'aime dans la vie d'ici-bas trois
choses : le parfum, les femmes, et la Prière, qui est la prunelle
de mon il.»
Bertrand Russell dit : «Toutes les religions, l'Islam mis à
part, regardent les relations sexuelles avec suspicion. En revanche, l'Islam,
soucieux de l'intérêt social, les a régularisées
et restreintes, sans toutefois les considérer comme un acte bas.»
Une théorie qui avait existé et qui avait une vision dégradante
de la femme, était celle qui affirmait que la femme avait été
créée au service de l'homme. L'Islam est loin de partager
les idées professées par cette théorie, car il dit
en toutes lettres que le ciel, la terre, l'air, les nuages, les plantes
et les animaux ont été créés tous au service
de l'humanité. Il ne dit pas que la femme a été créée
pour l'intérêt de l'homme. Pour lui, l'homme et la femme ont
été créés pour servir l'un l'autre. En effet
le Coran dit : «Les femmes sont un habillement pour vous [les
hommes] et vous êtes un habillement pour elles.»
(Sourate al-Baqarah, 2 : 187)
Si le Coran avait affirmé que la femme n'était qu'une
simple dépendance de l'homme, et qu'elle n'avait été
créée que pour le service de l'homme, cette vue aurait certainement
été reflétée dans les lois islamiques. Mais
il n'y a rien de tel dans le Coran, lequel n'a nullement expliqué
la création de cette manière, ni n'a dit, nulle part, que
la femme est un simple accessoire de l'homme. C'est pourquoi une telle
absurdité n'a pas trouvé place dans la loi islamique.
Selon une autre théorie qui avait cours dans le passé,
la femme serait un mal indispensable pour l'homme. Anciennement, beaucoup
de gens éprouvaient un immense mépris à son égard
et la considéraient comme étant une source de malheur et
de tous les ennuis. En revanche, le Coran a souligné que la femme
est une bénédiction pour l'homme, et la source de son confort
et de sa tranquillité de l'esprit. En effet le Coran dit : «Parmi
les Signes d'Allah : IL a créé pour vous [...] des épouses,
afin que vous reposiez auprès d'elles, et IL a établi l'amour
et la bonté entre vous.» (Sourate al-Rûm, 30 : 21)
Selon une autre théorie rabaissant la position de la femme et
ignorant le rôle de la femme et son importance dans l'opération
de la procréation et l'engendrement des enfants, la femme ne serait
qu'un simple récipient destiné à recevoir et faire
grandir le sperme de l'homme. C'était la croyance des Arabes de
l'époque pré-islamique et d'autres nations. Mais lorsqu'on
se réfère au Coran, on constate qu'il nous présente
une opinion tout à fait différente à cet égard
: «O gens ! Nous vous avons créés d'un mâle et
d'une femelle [...] Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah,
est le plus pieux d'entre vous...» (Sourate al-Hujurât, 49
: 13). Il établit ainsi l'égalité entre l'homme te
la femme quant à leur position. Il l'a fait dans les différentes
déclarations adressées aux hommes et aux femmes, et en différents
endroits, ce qui a fini par l'éradication du préjugé
mentionné ci-dessus et qui prévalait chez les peuples qui
ont épousé l'Islam.
Ce qui précède montre clairement que l'Islam ne comporte,
sur le plan philosophique et des motifs de la création, aucune vue
méprisante pour la femme, et que, bien au contraire, il s'est appliqué
à réfuter les théories qui considéraient la
femme avec mépris.
Maintenant, il s'agit de voir quelle est la sagesse qui se trouve à
l'origine de la non-ressemblance entre les droits de la femme et les droits
de l'homme en Islam.
Ressemblance, Non
; Egalité, Oui
Nous avons déjà dit que, concernant les relations familiales
et les droits de l'homme et de la femme, l'Islam a une philosophie spécifique
qui lui est propre, et qui est tout à fait différente, aussi
bien de ce qui se pratiquait il y a 14 siècles que ce qui se pratique
de nos jours.
Nous avons déjà dit, aussi, que l'égalité
de l'homme et de la femme, dans leur humanité, est indiscutable
en Islam, de même que l'égalité de leurs droits familiaux
et humains.
Le point qui mérite d'être discuté ici, et que l'Islam
propose, est que, étant donné que la femme, en tant que femme,
diffère de l'homme, en tant qu'homme, sur beaucoup de points, puisque
le monde de la femme est différent du monde de l'homme, la structure
et la nature de la femme sont différentes de celles de l'homme,
il s'ensuit naturellement que beaucoup de droits, de devoirs et de sanctions
qui sont attachés à l'un et à l'autre diffèrent.
Dans le monde occidental contemporain, des efforts soutenus sont déployés
en vue d'établir une égalité entre l'homme et la femme
dans les lois, les règlements, les droits et les devoirs les concernant,
en ignorant les différences instinctives et naturelles qui les distinguent
l'un de l'autre.
Et c'est précisément sur ce point que la vue de l'Islam
diverge avec celle des systèmes occidentaux. Par conséquent,
le point de divergence entre les partisans des droits islamiques et les
partisans des systèmes occidentaux dans nos pays musulmans est la
question de la similarité des droits de l'homme et de la femme,
et non pas la question de l'égalité de leurs droits. En fait,
le mot "égalité" n'est qu'un slogan démagogique lancé
par les imitateurs de l'Occident et une étiquette commerciale qu'ils
collent sur cette marchandise occidentale.
Aussi, avons-nous toujours évité d'utiliser cette fausse
marque dans nos écrits, conférences et discours, et avons-nous
toujours dit que ce mot n'est qu'un appel à la similarité
et à la ressemblance entre les droits de l'homme et de la femme,
lancé au nom de l'égalité.
Nous ne prétendons pas que tous les appels à l'égalité
des droits entre la femme et l'homme, lancés dans les différents
coins du monde, n'ont pas de sens, ni que toutes les lois promulguées
dans le passé lointain et à notre époque sont fondées
sur le droit à l'égalité.
Non, nous n'avons pas une telle prétention, car nous savons pertinemment
que, dans l'Europe d'avant le 20e siècle, la femme était
privée des droits humains, de jure et de facto. Elle n'avait pas
de droits égaux ou similaires à ceux de l'homme. C'est seulement
pendant le mouvement rapide qui intervint dernièrement, et en moins
d'un siècle, au nom de la femme et en sa faveur, que celle-ci obtint
des droits plus ou moins similaires à ceux de l'homme. Mais elle
n'a pas obtenu pour autant des droits égaux à ceux de l'homme,
si l'on tient compte de sa structure physique et physiologique. Car la
seule façon qui permette à la femme d'obtenir des droits
et un bonheur égaux à ceux de l'homme, est qu'elle renonce
à la similarité des droits et qu'elle demande à ce
que l'homme ait des droits qui lui conviennent et à ce qu'elle ait
des droits qui lui conviennent. Tel est le moyen idéal d'atteindre
l'égalité réelle des droits entre l'homme et la femme,
et tel est le seul moyen par lequel la femme peut éprouver un bonheur
égal sinon supérieur à celui de l'homme, et qui conduit
les hommes à souhaiter sincèrement et sans hypocrisie que
la femme obtienne des droits égaux sinon supérieurs aux leurs.
D'une façon similaire, nous ne prétendons pas que, dans
la société musulmane, la femme jouit effectivement de droits
égaux à ceux de l'homme. Nous avons souvent dit qu'il est
essentiel que la position de la femme, telle qu'elle prévaut dans
nos société, soit revue, et que les innombrables droits que
l'Islam lui a garantis, mais qui ont été bafoués à
travers l'histoire, soient restaurés. En tout cas, nous ne devons
pas imiter aveuglément le mode de vie occidental qui a eu des conséquences
catastrophiques en Occident même. Ce que nous affirmons, c'est que
la non-similarité des droits entre l'homme et la femme, dans les
limites qu'exige la disparité de leurs natures respectives, est
plus conforme à la justice. Elle répond mieux aux besoins
des droits naturels, assure mieux le bonheur familial, et pousse mieux
la société sur le chemin du progrès.
Il est à rappeler que nous disons que c'est la justice naturelle
qui veut que, dans certains cas, il y ait dissemblance entre les droits
de l'homme et ceux de la femme. Ayant trait à la philosophie des
droits, cette question a un aspect philosophique à cent pour cent.
Elle est également attachée au principe de la justice et
de l'équité, un principe cardinal de la loi et de scholastique
musulmanes. C'est le principe de l'équité qui a donné
existence à la doctrine de la conformité entre la raison
et la Loi Divine. Selon la jurisprudence musulmane, ou du moins chiite,
s'il est établi que la justice ou l'équité exige que,
dans certains cas, la loi doive avoir une forme donnée plutôt
qu'une autre forme, sinon elle serait injustice et iniquité, on
doit approuver cette forme donnée (exigée là par la
justice) et non l'autre forme, sinon la loi en question équivaudrait
à une injustice et à une iniquité. C'est pourquoi
la Chari'ah, conformément au principe qu'elle a posé elle-même,
ne sortira jamais de l'axe de la justice et des droits naturels et innés.
Ce sont les uléma musulmans qui, armés du principe de
la justice, avaient posé la fondation de la philosophie des droits,
mais malheureusement, à cause de certains obstacles qui se sont
dressés devant eux à travers l'histoire, ils n'ont pas pu
garantir toujours l'application de ce principe dans la réalité
sociale. De même, ce sont les Musulmans qui avaient été
les premiers à prendre l'initiative de s'intéresser aux droits
humains et au principe de la justice en tant que principes originaux et
auto-existants qui sortent du cadre des lois positives. Ce sont eux aussi
qui avaient posé la fondation des droits naturels et rationnels
; mais, ayant été empêchés de poursuivre ce
qu'ils avaient entamé dans ce domaine, d'autres, des savants et
penseurs européens, les ont imités environ huit siècles
plus tard et se sont attribué leur science, et ont pu ainsi présenter
à leur société des philosophies sociales, politiques
et économiques d'une part, et faire prendre conscience à
leurs concitoyens de la valeur de la vie et des droits de l'homme, ce qui
a conduit finalement leur société à se remuer et à
susciter des mouvements et des révolutions qui ont transformé
l'aspect du monde.
A notre avis, il y a, à part les facteurs historiques, un facteur
psychologique et local aussi qui a conduit l'Orient musulman à se
désintéresser de la question des droits rationnels dont il
avait posé lui-même la première fondation. En effet,
il y a une différence psychologique et morale entre l'homme oriental
et l'homme occidental. L'homme oriental a un penchant pour la morale, alors
que l'Occidental penche vers les droits. L'Orient affectionne la morale
et l'Occident adore les droits. L'Oriental, par la force de sa nature orientale,
conçoit son humanité à travers l'affection, le pardon,
l'amour de son prochain, sa philanthropie et son esprit chevaleresque,
alors que l'Occidental la conçoit dans la reconnaissance de ses
droits, dans la défense de ceux-ci et dans sa tendance à
empêcher quiconque de les lui ôter. Mais l'humanité
a besoin de la morale tout comme elle a besoin des droits, car elle est
liée autant à la morale qu'aux droits, et ni ceux-ci ni celle-là
ne peuvent constituer le seul critère de l'humanité.
Or la religion musulmane possédait, et possède toujours,
cette qualité qui consiste à s'intéresser à
la fois aux droits et à la morale. De même que la fidélité,
le pardon et la philanthropie sont considérés comme des valeurs
morales sacrées en Islam, de même la connaissance des droits,
et la défense de ces droits, sont considérées comme
des questions humaines sacrées dans notre religion.
Il faut dire que l'esprit oriental a fini par être dominant chez
les Musulmans, et, par conséquent, bien qu'au début ils se
soient intéressés à la fois à la morale et
aux droits, à la longue le domaine de leur activité s'est
réduit à la morale seulement.
En tout cas, à présent, la question qui nous intéresse
est une question philosophique et rationnelle, une question de raisonnement
et d'argumentation, question liée à la vérité
de la justice et à la nature des droits. Or la justice et les droits
existaient avant la promulgation de toute loi dans le monde, et on ne saurait
changer la substance de la justice et du droit par la promulgation d'une
loi positive [promulguée par l'homme].
Montesquieu a écrit : «Avant que l'homme ne promulguât
des lois, il était possible que des relations humaines justes se
fondent sur les lois qui gouvernent les relations entre les êtres.
C'est l'existence de ces relations qui a conduit à la promulgation
des lois. Dire qu'avant la promulgation des lois par l'homme il n'y avait
pas un ordre juste ou injuste pour réguler les relations humaines,
équivaudrait à affirmer que les diamètres de cercles
qu'on n'a pas encore dessinés ne sont pas égaux.»
Herbert Spencer a écrit : «La justice est entremêlée
avec quelque chose d'autre que les sentiments, à savoir, les droits
naturels des individus. Et pour que la justice ait une existence extérieure,
nous devons respecter les droits naturels.»
La plupart des intellectuels européens sont d'avis que la déclaration
des droits de l'homme a dérivé des droits naturels. En d'autres
termes, d'après eux, la théorie des droits naturels n'a été
autre que la déclaration des droits de l'homme.
De même que nous avons vu des intellectuels et penseurs européens
comme Montesquieu et Spencer ont exprimé des vues sur la justice
conformes à la doctrine des théologiens musulmans relative
au beau et au laid rationnels et au principe de la justice, de même,
il y a, parmi les savants musulmans, quelques-uns qui ont renié
l'existence des droits innés et ont affirmé que la justice
est une question contractuelle (positive). Similairement, une telle croyance
est partagée par certains penseurs européens aussi, tels
que le philosophe anglais Thomas Hobbes, qui a nié l'existence de
la justice en tant qu'une réalité.
La
Déclaration des Droits de l'Homme est une Philosophie et non une
loi
Il est ridicule de dire qu'étant donné que la Déclaration
universelle des droits de l'homme, qui garantit l'égalité
des droits entre l'homme et la femme, a été ratifiée
officiellement par le parlement d'un pays donné, les hommes et les
femmes de ce pays sont censés avoir des droits égaux.
Après tout, la Déclaration universelle des droits de l'homme
ne fait pas partie de la compétence du Parlement pour que celui-ci
puisse les ratifier ou les rejeter. En effet, les contenus de cette charte
ne sont pas des contrats et accords pour que les pouvoirs législatifs
d'un pays puissent les ratifier ou non.
La Déclaration universelle des droits de l'homme traite des droits
innés, inaliénables et indéfectibles des êtres
humains, comme le clame la Déclaration elle-même. Elle a proposé
comme loi des droits humains qui sont, selon ses propres termes, la condition
de l'humanité de l'homme, et qui ont été conférés
à ce dernier par la main du destin. En d'autres termes, la Charte
des droits de l'homme a suggéré à l'homme des droits
qui lui ont été accordés, comme elle l'affirme elle-même,
par la puissance créatrice qui l'a doté d'une raison, d'une
volonté et de l'honneur humain. Et puisque les gens n'ont pas le
droit de s'accorder ce que la Charte leur a accordé, ni de s'en
défaire, que signifie dès lors la ratification de la Déclaration
par le pouvoir législatif ?
En fait, la Déclaration des Droits de l'homme est une philosophie,
et non pas une loi. De là, elle devrait être ratifiée
par les philosophes et non par les législateurs. Aucun parlement
ne peut déposer une philosophie à travers un débat
et un vote. Car, autrement, on devrait proposer au parlement la ratification
de la théorie de la relativité d'Einstein ou la théorie
de l'existence de la vie sur d'autres planètes. La loi naturelle
ne saurait être ratifiée ou rejetée de la même
façon qu'on ratifie ou rejette une loi positive [promulguée
par l'homme], de la même manière qu'il est absurde de dire
que si le parlement ratifiait que si un poirier était greffé
sur un pommier le produit serait bon mais s'il était greffé
sur un mûrier, le produit serait mauvais.
Une telle charte, si elle était établie par un groupe
de penseurs et de philosophes, chaque nation devrait la soumettre à
ses philosophes et juristes. Si ceux-ci l'approuvaient, en ce moment-là
seulement tous les citoyens de cette nation devraient la considérer
comme une vérité qui se situerait au-dessus de la loi, et
le pouvoir législatif aurait l'obligation de ne ratifier aucune
loi qui s'opposerait à elle.
Mais les autres nations ne sont pas tenues de s'y conformer tant qu'il
ne sera pas établi pour elles que les lois contenues dans cette
charte existent dans la nature effectivement. En outre, cette question
n'est pas un problème expérimental qui nécessite un
laboratoire, des expérimentations, et des appareils de contrôle
et de vérification pour que seule l'Europe, qui possède de
tels équipements et techniques, puisse s'en occuper. Il ne s'agit
pas ici d'une explosion nucléaire dont la charge est limitée
à un nombre restreint d'individus. La question est une question
de philosophie et de logique, dont les outils sont l'esprit et la faculté
de raisonnement.
Même si certaines nations sont contraintes de suivre d'autres
nations en matière de logique et de philosophie, nous, Musulmans,
ne devons pas les imiter. Nous avons montré dans le passé
que nous sommes hautement qualifiés pour traiter des questions logiques
et philosophiques. Pourquoi devrions-nous donc suivre les autres aujourd'hui.
Chose étonnante, nous sommes réduits de nos jours à
penser que le principe des droits innés des êtres humains
nécessite la ratification du parlement pour que nous l'acceptions,
alors que les uléma musulmans, lorsqu'on leur présentait
le principe de la justice et des droits humains innés, l'acceptaient
sans hésitation, ni pourquoi ni comment, parce qu'ils le considéraient
comme étant une loi religieuse et que, pour eux, la religion est
conforme à la raison, c'est-à-dire parce que la justice et
les droits innés de l'homme ne nécessitent pas l'approbation
explicite de la loi religieuse.
La
Philosophie ne peut pas être prouvée par des sondages
Il est encore plus ridicule d'essayer de traiter la question des droits
de l'homme en organisant un sondage d'opinion chez les jeunes filles et
les jeunes gens, en leur distribuant un questionnaire qu'ils devraient
remplir et nous retourner afin que nous puissions étudier leurs
réponses et connaître ainsi les droits de l'homme, et décider
si ces droits sont d'une sorte ou de deux sortes.
En tout cas, nous voulons étudier la question des droits de la
femme d'une façon méthodique et philosophique et à
la lumière des droits humains innés. Nous aimerions voir
ainsi si les principes qui ont voulu que le Créateur dote l'Homme
en général des droits naturels, exigent que la femme et l'homme
soient dans un état unique et identique devant ces droits. Nous
prions les intellectuels, les penseurs et les juristes de notre pays, qui
constituent la seule autorité compétente, d'exprimer leur
opinion sur ces questions et d'examiner nos arguments avec un esprit critique.
Nous leur serons reconnaissants s'ils approuvent ou rejettent ces arguments,
à l'appui de leurs propres arguments.
Mais pour traiter de ce sujet, nous devons étudier tout d'abord
les fondements des droits de l'homme en général, et ensuite
les droits de l'homme et de la femme en particulier. Mais avant d'aborder
le vif du sujet, il convient de passer rapidement en revue les mouvements
de libération de la femme qui ont vu le jour au cours des derniers
siècles, et qui ont débouché sur la théorie
de l'égalité des droits pour l'homme et la femme.
Un
coup d'oeil sur l'Historique des droits de la femme en Europe
Depuis le XVIIe siècle, on a commencé à entendre
des murmures à propos des droits de l'homme en Europe. Puis, des
écrivains et des penseurs -aux XVIIe et XVIIIe siècles- ont
essayé de diffuser d'une manière soutenue et étonnante
leurs idées sur les droits humains naturels, innés et inaliénables.
Parmi eux figuraient Jean-Jacques Rousseau, Voltaire et Montesquieu. Le
premier résultat tangible de leur action s'est traduit par une polémique
qui s'est engagée entre le gouvernement et le peuple en Angleterre.
Et, dès 1688, le peuple anglais a obtenu certains droits sociaux
et politiques figurant dans une charte appelée : «The Bill
of Rights».
L'autre résultat notable de la diffusion des idées de
ces écrivains et penseurs, fut la Guerre d'Indépendance américaine
contre l'Angleterre. Une conférence eut lieu à Philadelphie,
dans laquelle la Déclaration d'Indépendance fut préparée
et approuvée. Dans l'introduction de cette déclaration, il
était dit : «Nous tenons comme vérités évidentes
le fait que : "tous les hommes ont été créés
égaux, qu'ils ont été dotés, par le Créateur,
de certains droits inaliénables, tels que le droit à la vie,
le droit à la liberté et au bonheur" ; le but de la formation
de tout gouvernement est de faire respecter ces droits ; le pouvoir de
tout gouvernement dérive du consentement du peuple ; chaque fois
qu'un gouvernement porte atteinte à ces droits, le peuple a le droit
de le changer et d'abolir sa légitimité pour le remplacer
par un nouveau gouvernement fondé sur des principes et un pouvoir
susceptibles de mieux garantir la sécurité et le bonheur
du peuple.»
En ce qui concerne la charte connue sous l'appellation de "La Déclaration
des Droits de l'Homme", elle fut élaborée après la
Révolution Française. Il s'agit d'une série de principes
universels, qui sont considérés comme faisant partie intégrante
de la Constitution Française. La Déclaration consiste en
17 Articles. Le Premier Article dit que tous les hommes sont nés
libres et le demeurent leur vie durant, et qu'ils sont égaux en
droits.
Au XIXe siècle, de nouveaux développements eurent lieu,
et de nouvelles idées émergèrent en matière
de droits de l'homme, dans les domaines économique, social et politique,
ce qui conduisit à l'apparition du socialisme, à la participation
des travailleurs aux bénéfices de l'entreprise, et le transfert
du gouvernement des mains des capitalistes à la classe laborieuse.
Jusqu'au début du XXe siècle, toutes les discussions sur
les droits de l'homme furent concentrées sur les droits du peuple
par rapport au gouvernement, ou les droits des classes laborieuses par
rapport au patronat.
Au XXe siècle est apparue, pour la première fois, la question
des droits de la femme par rapport aux droits de l'homme, et c'est seulement
au cours de ce siècle que l'Angleterre a reconnu l'égalité
des droits entre l'homme et la femme, bien que ce pays soit considéré
comme le plus ancien Etat démocratique. Quant aux Etats-Unis, qui
ont reconnu les droits de l'homme lors de la proclamation de leur Indépendance
au XVIIIe siècle, ils ont ratifié la loi établissant
l'égalité de l'homme et de la femme en matière des
droits politiques, en 1920. Et c'est au cours de ce siècle que la
France a fait de même.
En tout état de cause, c'est au XXe siècle que beaucoup
de groupes se formèrent un peu partout dans le monde, appelant à
opérer une profonde transformation dans les rapports homme/femme
concernant les droits et les devoirs. Les tenants de la nécessité
de cette transformation soutenaient que tous les changements intervenus
jusqu'alors dans les rapports peuples/gouvernements et travailleurs/patronat,
ne sauraient assurer la justice sociale tant qu'ils ne tiendront pas compte
des rapports de droits entre l'homme et la femme.
C'est pourquoi on a écrit, dans le préambule de la Déclaration
des Droits de l'Homme, élaborée par les Nations Unies en
1948 : «Vu que les peuples des Nations Unies ont reconnu les droits
de l'homme, la dignité de l'être humain, et l'égalité
des droits entre l'homme et la femme...»
La crise provoquée par le développement des machines aux
XIXe et XXe siècles, et ses conséquences pénibles
sur la condition pitoyable des travailleurs, et en particulier des travailleuses,
ont focalisé l'attention sur l'état de la femme, et c'est
pour cette raison qu'on a pensé à la question de ses droits.
Selon un historien : «Tant que les gouvernements ne prêtaient
pas attention à la condition des travailleurs et à l'attitude
des employeurs, les capitalistes faisaient ce qui leur plaisait, n'hésitant
pas à employer des femmes et des enfants mineurs avec des salaires
dérisoires. Et étant donné qu'ils travaillaient trop
d'heures, beaucoup d'entre eux tombaient malades et mouraient jeunes.»
C'était là un bref historique du mouvement des droits
de l'homme en Europe. Et, comme nous le savons, toutes les clauses de la
Déclaration des Droits de l'Homme, que les Européens n'ont
découvertes que dernièrement, avaient été élaborées
par l'Islam il y a quatorze siècles, et certains intellectuels arabes
et iraniens ont fait des études comparées entre les enseignements
islamiques et les Articles de ladite Déclaration. Certes il y a
encore quelque différence entre certaines parties de cette Déclaration
et ce que l'Islam enseigne à ce propos. Mais c'est justement cette
différence qui devrait susciter l'intérêt de ceux qui
se penchent sur ce sujet. L'Islam, par exemple, accepte l'égalité
entre les droits de l'homme et de la femme, mais il n'accepte pas l'uniformité
et la similarité de leurs droits.
La Dignité
de l'homme et les Droits de l'Homme
«Vu que la reconnaissance de la dignité innée et
de l'égalité et de l'inaliénabilité des droits
de tous les êtres humains est le fondement de la liberté,
de la justice et de la paix dans le monde»
«Vu que la non-reconnaissance et le mépris des droits de
l'homme conduisent à des actes sauvages consécutifs à
la pression psychologique des individus, l'émergence d'un monde
où tous les individus jouissent de la liberté d'afficher
leurs croyances et où les gens sont libérés de la
peur et de la pauvreté, constitue l'idéal suprême de
l'humanité»
«Vu que la protection des droits de l'homme doit être assurée
par la loi, afin que les gens ne soient acculés à la révolte
comme dernier recours contre l'injustice et la tyrannie»
«Vu qu'il est fondamental de promouvoir le développement
de relations amicales entre les nations»
«Vu que les peuples des Nations Unies ont réaffirmé,
dans la Charte, leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans
la dignité et la valeur de la personne humaine, et dans l'égalité
des droits de l'homme et de la femme, et qu'ils se sont montrés
déterminés à promouvoir le progrès social et
un meilleur niveau de vie dans un climat plus libre»
«Pour tout ce qui précède... l'Assemblée
générale proclame cette Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme comme la devise commune de tous les peuples et nations,
afin que tous les membres et organes de la société, en ayant
constamment présente à l'esprit, cette Déclaration,
s'efforcent, par l'éducation et l'enseignement, de promouvoir le
respect le développement de ces droits et libertés, et prennent
des mesures progressives, nationales et internationales, en vue d'assurer
leur reconnaissance et leur observance universelle et effective, aussi
bien par les peuples des Etats membres eux-mêmes que par les peuples
des territoires vivant sous leur juridiction...»
Ces formules dorées et mielleuses constituent donc le Préambule
de la Charte Universelle des Droits de l'Homme, préambule présenté
comme étant "la plus grande réalisation à laquelle
soit parvenue l'humanité jusqu'à présent, sur la voie
du soutien aux droits de l'Homme".
Chaque mot et chaque phrase ont été soigneusement pesés,
dans cette Déclaration qui est comme nous l'avons dit, le fruit
des idées des philosophes de la liberté et des juristes de
plusieurs siècles.
Remarques
importantes sur le Préambule de la Déclaration des Droits
de l'Homme
La Déclaration consiste en 30 Articles, dont certains paraissent
superflus, et il y a certains points qui reviennent dans plusieurs articles.
Mais il y a surtout certaines remarques importantes concernant le préambule
de la Déclaration, qui méritent d'être faites ci-après.
En effet, il est dit dans ce préambule :
1 - Tous les individus jouissent d'un même niveau de dignité,
de respect et de droits innés inaliénables.
2 - La dignité, le respect et les droits innés de l'homme
sont communs à tous les individus du genre humain, sans distinction
de race, de couleur et de sexe. Tous les êtres humains sont membres
d'une famille, et par conséquent personne n'est supérieur
à un autre.
3 - Le fondement de la liberté, de la paix et de la justice est
que tous les individus croient dans leur for intérieur, à
la dignité humaine et au respect de tout le monde.
Le contenu de cette Déclaration laisse entendre que la source
de tous les problèmes, les guerres, les actes d'injustice et de
barbarie qui prévalent dans la société, est la non-reconnaissance
de la dignité et des droits humains. Cette non-reconnaissance conduit
certains individus à se révolter contre certains autres,
ce qui met en danger la paix et la sécurité.
4 - La plus sublime aspiration, pour la matérialisation de laquelle
tout le monde doit lutter, est l'émergence d'un monde dans lequel
la liberté de croyance, la sécurité et le bien-être
matériel doivent être assurés, et où disparaîtraient
la peur, la pauvreté et la terreur. Les 30 articles de la Déclaration
ont été élaborés en vue de réaliser
cet idéal suprême.
5 - La croyance à la dignité humaine et au respect des
droits inaliénables de l'homme doit être inculquée
graduellement dans tous les esprits, par l'enseignement et l'éducation.
La position et
le respect de l'homme
Etant donné que la Déclaration des Droits de l'Homme a
été élaborée sur la base du respect de l'humanité,
de la liberté et de l'égalité, et en vue de faire
revivre les Droits de l'Homme, elle commande le respect de toute personne
consciente. Nous, les peuples orientaux, croyons à la dignité
humaine et au respect de l'humanité depuis longtemps. En effet,
l'Islam attache une grande importance à la dignité humaine,
au respect des droits humains de liberté et d'égalité.
Ceux qui ont élaboré cette Déclaration, et les philosophes
qui l'avaient réellement inspirée, méritent notre
haute estime. Toutefois, il s'agit pour nous d'un texte philo- sophique
écrit par des mains humaines et non par des anges. Par conséquent,
tout philosophe a le droit d'ana- lyser cette Déclaration et de
souligner ses points faibles. Cependant nous ne voulons pas maintenant
mettre en évidence ces points faibles, mais plutôt ses points
forts.
La Déclaration, s'appuyant sur la position naturelle de l'homme,
son honneur et sa dignité, estime que celui-ci possède une
série de droits et de libertés dérivant de sa possession
d'une sorte de dignité et d'honneur qui manquent chez les autres
êtres, lesquels manquent par là même desdits droits
et libertés. Tel est donc le principal point fort de la Déclaration.
La philosophie
occidentale dévalorise l'homme
Là encore nous sommes devant une vieille question philosophique
: Quelle est la nature de la dignité humaine qui distingue l'homme
d'un cheval, d'une vache et d'un pigeon ?
C'est là que la contradiction entre la base de la Déclaration
des Droits de l'Homme et l'appréciation occidentale de l'homme devient
évidente.
En effet, la philosophie occidentale a depuis longtemps dévalorisé
l'homme. Ce qu'on disait jadis dans les pays orientaux à propos
de la position distinguée de l'homme, fait l'objet de raillerie
et de mépris dans la plupart des philosophies occidentales.
L'homme est rabaissé, dans l'optique occidentale, au niveau de
la machine, son âme et son originalité reniées, la
croyance selon laquelle la nature a une finalité est considérée
comme une idée réactionnaire.
Maintenant, personne en Occident ne peut dire que l'homme est le centre
de l'univers, car selon une théorie européenne courante,
croire à cette idée et à celle qui affirme que les
autres êtres sont des instruments au service de l'homme, c'est croire
à l'ancienne doctrine désuette de l'astronomie ptolémaïque
selon laquelle la terre serait le centre de l'univers et les autres planètes
tourneraient autour d'elle. Et étant donné que cette doctrine
est tombée dans les oubliettes de l'histoire, l'idée qui
fait selon laquelle l'homme serait le plus noble des êtres est tombée
par conséquent en désuétude elle aussi. Selon l'Occident
: «Cette idée n'était que le résultat de l'admiration
de l'homme du passé pour lui-même, et l'homme contemporain
ne se considère pas comme étant supérieur aux autres
êtres vivants. Sa vie est uniquement physique, et après sa
mort se décompose, et c'est la fin de tout pour lui.»
Les Occidentaux ne croient pas que l'âme a une existence indépendante,
et ne se considèrent pas comme étant différents d'aucune
manière, d'une plante ou d'un animal. Selon eux, il n'y a pas de
différence essentielle entre la nature des facultés intellectuelles
et spirituelles de l'homme, et la nature de la chaleur émanant du
charbon. Pour eux : «Tout ceci n'est que des manifestations diverses
de l'énergie et de la matière. La vie pour tous les êtres,
y compris l'homme, est champ de lutte constant pour la survie.» Tel
est, pour eux, le principe fondamental de la vie. L'homme s'est efforcé
toujours de sortir victorieux de ce combat pour la survie, et pour sauvegarder
sa position, il a inventé des règles morales telles que la
justice, la vertu, la coopération, la sincérité.
Du point de vue de certaines puissantes écoles de pensée
européennes, «l'homme n'est qu'une machine qui fonctionne
uniquement par les motivations de gains économiques. La religion,
la morale, la philosophie, la science, la littérature et les arts
sont des superstructures dont l'infrastructure est le mode de production
et de distribution de la richesse, qui détermine tous les aspects
de la vie humaine.»
Bien plus, certains penseurs occidentaux sont d'avis que les facteurs
sexuels sont la vraie force motrice de toutes les activités humaines.
La moralité, la philosophie, la science, la religion et les arts
ne seraient que des aspects agréables du facteur sexuel.
Comment pourrions-nous parler de la dignité humaine et des droits
inaliénables, et les considérer comme la base de nos actions,
si nous niions que la nature a un but final, si nous pensions que la lutte
pour la survie du plus fort est la seule loi qui régisse la vie,
si nous croyions que l'homme est une simple machine, identique à
un appareil fabriqué par des mains humaines, si nous soutenions
que l'âme n'a pas d'existence, si nous estimions que la force motrice
de toutes les activités humaines consiste soit en des facteurs sexuels,
soit des facteurs économiques, si nous arguions que le bien et le
mal ne sont que des conceptions relatives, si nous étions d'avis
que les inspirations naturelles et intuitives seraient des absurdités,
et enfin si nous disions que l'homme serait l'esclave de ses désirs
et passions et qu'il ne se soumettrait qu'à la force, etc.
La vision occidentale de l'homme est en contradiction avec la dignité
humaine sur tous les plans -sur le plan des causes qui l'ont amené
à l'existence, sur le plan du but pour lequel il a été
créé, sur le plan de sa structure, sur le plan de ses motivations
et sur le plan de sa conscience.
Mais, malgré tout cela, les pays européens ont proclamé
une très sérieuse Déclaration sur la position et la
dignité humaines et sur les droits sacrés et inaliénables
de l'homme, et ont invité l'humanité à l'appliquer
! Mais avant d'élaborer cette sérieuse Déclaration
sur les droits naturels et sacrés de l'homme, l'Occident ne devrait-il
pas revoir son interprétation de l'homme ?
Nous admettons que tous les philosophes occidentaux n'expriment pas
les mêmes vues. Beaucoup d'entre eux pensent comme nous en Orient,
sur ce sujet. Et nous croyons que le courant de pensée qui prévalait
dans la plupart des milieux occidentaux a influencé le reste du
monde.
La Déclaration des Droits de l'Homme aurait dû être
élaborée par ceux qui considèrent l'être humain
comme étant plus élevé qu'un robot, qui pensent que
ses motivations ne se limitent pas à ses instincts personnels et
animaux, et qui ont foi dans la conscience humaine. La Déclaration
des Droits de l'Homme aurait dû être élaborée
par les peuples orientaux qui croient que l'homme est le lieutenant d'Allah
sur terre. Le Saint Coran dit : «Je vais établir un lieutenant
sur la terre.» (Sourate al-Baqarah, 2 : 30). Seuls ceux qui croient
que l'homme a un but et une destination peuvent parler des droits de l'homme.
Le Coran dit encore : «O les Hommes ! Vous marchez vers Allah,
et vous êtes donc appelés certainement à Le rencontrer.»
(Sourate al-Inchiqâq, 84 : 6)
La Déclaration des Droits de l'Homme sied aux systèmes
qui croient que l'homme a une inclination naturelle pour la vertu :
«Par l'âme et Celui Qui l'a perfectionnée et lui
a inspiré la connaissance du mal et du bien.» (Sourate al-Chams,
91 : 7-8)
La Déclaration des Droits de l'Homme aurait dû être
élaborée par ceux qui sont optimistes pour la nature humaine
:
«Nous avons créé l'homme selon les proportions
les plus parfaites.» (Sourate al-Tîn, 95 : 4)
La Déclaration des Droits de l'Homme ne sied pas au mode de pensée
occidental dominant. Ce qui sied vraiment à ce mode de pensée,
c'est ce que l'Occident fait effectivement lorsqu'il assassine les sentiments
humains, se moque des privilèges des êtres humains, préfère
le capital à l'homme, fait passer l'argent avant l'homme, adore
l'outil, divinise la richesse, exploite l'homme, laisse au capitalisme
un pouvoir illimité, au point que lorsqu'un millionnaire lègue
dans son testament sa fortune à son chien bien-aimé, celui-ci
devient l'objet d'un respect qui dépasse celui auquel l'homme a
droit, et les gens rivalisent pour travailler au service de ce chien, comme
esclave, secrétaire ou directeur de bureau, et s'agenouillent devant
lui en signe de respect et de révérence !
Selon les termes du Coran, la question sociale la plus importante de
nos jours est que l'homme s'est oublié lui-même. Il ne s'est
pas seulement oublié lui-même, mais il a oublié également
son Dieu. Il a focalisé son attention sur le monde matériel,
et a totalement oublié l'introspection. Il pense qu'il a perdu son
âme. Cette façon de penser est la plus désastreuse
pour l'homme et pourrait ruiner complètement l'humanité.
La civilisation moderne peut produire n'importe quoi de premier degré,
mais elle ne peut produire un vrai homme.
Ghandi a dit : «L'Européen mérite d'être appelé
le seigneur de la terre, car il possède toutes les ressources terrestres
et peut faire des choses qui, selon la croyance d'autres nations, ne peuvent
être faites que par Dieu. Mais il y a une seule chose que l'Européen
ne sait pas faire, c'est l'introspection. Et ceci est suffisant pour établir
la futilité de l'éclat brillant de la civilisation moderne.
La civilisation occidentale incite les Occidentaux à l'alcool et
au sexe afin qu'ils s'oublient au lieu de se rechercher. Les capacités
scientifiques de l'homme occidental, dans le domaine de la découverte
et de l'invention des armes et des équipements militaires, ne sont
qu'une manifestation de la fuite de soi, et non point une manifestation
de la recherche de soi. La peur de la solitude, et la recherche de l'argent,
ont rendu l'Occidental incapable d'écouter la voix de sa conscience.
C'est son incapacité à se contrôler qui l'a poussé
à contrôler le monde, à propager la perversion et les
troubles dans les quatre coins du monde. Mais à quoi sert de conquérir
le monde et de se perdre soi-même. Les Evangiles ont ordonné
à leurs adeptes d'être des missionnaires ayant pour charge
de propager la vérité, l'amour et la paix à travers
le monde, mais les Occidentaux se sont répandus partout en vue de
chercher l'or, les esclaves et les intérêts personnels. Au
lieu de chercher le pardon et la justice dans le Royaume d'Allah, comme
les y invitent les Evangiles, ils ont utilisé leur religion seulement
pour se racheter de leurs péchés, et au lieu de diffuser
la Parole de Dieu, ils se sont ingéniés à lancer leurs
bombes sur les têtes des peuples.»
C'est pourquoi nous pensons que le premier à avoir violé
la Déclaration des Droits de l'Homme, c'est l'Occident lui-même.
La philosophie qu'adopte l'Occident dans sa vie pratique ne peut que conduire
à la violation de la Charte des Droits de l'Homme.
LES FONDEMENTS
NATURELS DES DROITS FAMILIAUX
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Nous avons dit que l'homme jouit d'une sorte de dignité innée.
La nature même de sa création lui a conféré
un nombre de droits inaliénables et intransférables. Tel
est l'esprit et la base de la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme.
L'Islam et les philosophies orientales adhèrent à cet
esprit. Ce qui est inconsistant dans le fondement de la Déclaration,
c'est la façon dont les divers systèmes philosophiques occidentaux
interprètent l'origine et la nature de l'homme.
Il est évident que la seule source autorisée pour faire
connaître les droits de l'homme est le grand et précieux livre
de la nature elle-même. C'est seulement en se référant
aux pages de ce grand livre que l'on peut découvrir les droits qui
sont réellement communs à toute l'humanité, et constater
quels sont les droits comparés réciproques de l'homme et
de la femme.
Il est étonnant que certains esprits légers et simples,
refusent obstinément de reconnaître cette grande source. Pour
eux, la seule source habilitée pour traiter de ce sujet est ce petit
groupe de gens qui ont eu leur mot à dire dans l'élaboration
de la Déclaration des Droits de l'Homme, et qui gouvernent aujourd'hui
le monde entier. Bien qu'ils ne respectent pas, sur le plan pratique, les
clauses de cette Déclaration, ils ne permettent à personne
d'y objecter. Mais nous, au nom de ces mêmes droits humains, croyons
que nous avons le droit à l'objection, et affirmons que la seule
source compétente dans ce domaine est la nature elle-même,
qu'on peut considérer comme un livre divin.
Nous nous excusons auprès des lecteurs pour avoir soulevé
des questions un peu philosophiques et apparemment sèches, et susceptibles
même d'ennuyer certains d'entre eux. Nous avons essayé d'éviter
autant que faire se peut de tels points, mais le sujet des droits de la
femme leur est si étroitement lié qu'il n'est pas possible
de ne pas les aborder.
Les
Relations entre les droits naturels et les buts de la nature
Dans notre optique, les droits naturels et innés émanent
des prédispositions que la Force créatrice a injectées
dans les êtres et qu'Elle utilise pour diriger ces êtres vers
la perfection qu'Elle veut qu'ils atteignent.
Chaque prédisposition ou, capacité naturelle, est la base
d'un droit naturel, et en même temps une autorité naturelle
pour l'application de ce droit. Par exemple, chaque enfant humain a le
droit d'apprendre et d'aller à l'école, alors qu'un agneau
n'a pas de tels droits. Pourquoi ?
Parce qu'un enfant a la capacité d'apprendre et de développer
son esprit, alors que l'agneau en est privé. La Force créatrice
a déposé une autorité naturelle ou un mandat naturel
pour ce droit dans la structure de l'homme, et non pas dans celle du mouton.
Il en va de même pour le cas du droit de penser, de voter et d'avoir
une libre volonté.
D'aucuns pensent que la théorie des droits naturels, et l'idée
selon laquelle la nature a accordé à l'être humain
des droits spéciaux, sont des paroles creuses et insensées
qu'il faut chasser de l'esprit, et qu'il n'y a en fait aucune différence
de droits entre les êtres humains et non-humains.
Evidemment, cette vue ne correspond pas à la réalité,
car les capacités naturelles chez les humains et les non-humains
sont différents, et la Force créatrice a mis chaque espèce
d'êtres dans une orbite qui lui est particulière, et a limité
le bonheur de toute cette espèce à son mouvement à
l'intérieur de son orbite naturelle. En agissant ainsi, la Force
créatrice a agi selon un but précis et Elle n'a pas confié
ces mandats aux êtres fortuitement et absurdement.
Le fondement et la racine des droits familiaux -comme des autres droits
naturels- que nous abordons maintenant doivent être soumis à
vérification. C'est à partir des prédispositions,
ou des capacités, que la Force créatrice a déposées
dans la structure de l'homme et celle de la femme, que nous pouvons comprendre
si l'homme et la femme possèdent des droits et des devoirs similaires.
Il est à rappeler ici, que le sujet de notre exposé maintenant
est la "similarité des droits" de la femme et de l'homme dans la
famille, et non pas "l'égalité de leurs droits".
Les Droits sociaux
La position des êtres humains, en ce qui concerne leurs droits
sociaux autres que les droits familiaux, n'est pas toujours la même.
Dans certains cas, ils jouissent de droits similaires, dans d'autres, dissemblables
mais égaux. Dans la société élémentaire,
les droits sont communs à tout le monde. Chaque homme ou chaque
femme a le droit, par exemple, d'utiliser ses talents, de travailler, de
participer à la compétition de la vie, d'être candidat
à un poste social et de l'obtenir par des moyens légaux,
et de montrer ses mérites pratiques et intellectuels.
Mais cette même égalité pour tous en matière
de droits élémentaires, les met dans une position inégale
concernant les droits acquis. Certes, chacun a le droit de travailler et
de participer à la compétition de la vie, mais lorsqu'il
s'agit d'accomplir effectivement le travail, tout le monde n'obtient pas
le même résultat ni ne réalise la même performance.
Les uns montrent plus de capacités, d'autres moins. De même,
les uns s'avèrent plus efficaces, les autres moins. C'est dire que
certains font preuve de plus de connaissances, sont plus compétents,
plus efficaces et plus aptes que d'autres. Naturellement, leurs droits
acquis ne peuvent pas être similaires. Donc, essayer de faire en
sorte que leurs droits acquis soient semblables à leurs droits élémentaires,
serait une injustice criarde.
Voyons maintenant pourquoi tous les individus jouissent de droits naturels
élémentaires égaux et similaires ?
L'étude des états des êtres humains montre que personne
n'a été créé, à l'origine, administrateur
ou administré. Personne n'a été créé
pour être ouvrier, artisan, professeur, instituteur, officier, soldat
ou ministre. Ces qualifications ne sont que des particularités qui
font partie des droits acquis, c'est-à-dire que les individus les
acquièrent dans la société grâce à leurs
aptitudes, leurs dispositions, leurs activités et leurs efforts,
et la société accorde ces fonctions selon une loi contractuelle.
La vie sociale de l'homme ne diffère de la vie sociale des animaux
sociaux, tels que les abeilles et les fourmis, que dans cet aspect. En
effet, les divisions du travail chez ces animaux sont à cent pour
cent naturelles. C'est la nature qui a divisé le travail entre eux,
et fixé le rang de chacun d'eux, sans que ceux-ci y jouent aucun
rôle. Le chef, dans une société d'abeilles, est chef
naturellement, et les administrés sont des administrés naturellement,
l'ouvrier, l'ingénieur et le contrôleur sont créés
tous en tant que tels. En revanche, dans la vie sociale de l'homme, il
n'en va pas de même. C'est pourquoi certains savants ont nié
catégoriquement l'ancienne théorie philosophique qui disait
que "l'homme est naturellement social", et ont émis l'hypothèse
que la société humaine est contractuelle à cent pour
cent.
Les Droits familiaux
Nous venons d'aborder jusque là la question des droits des individus
dans la société non familiale. Quelle est donc la position
de l'individu dans la société familiale ? Est-ce que les
membres d'une même famille sont, eux aussi, semblables dans les droits
naturels, et dissemblables dans les droits acquis ? Ou bien la société
familiale, c'est-à-dire une société composée
du mari, de la femme, du père et de la mère, des frères
et des surs, diffère-t-elle de la société non familiale
dans les droits naturels, et y a-t-il une loi naturelle concernant les
droits familiaux ?
Il y a deux hypothèses à ce sujet :
1 - Ou bien les relations entre les deux conjoints, le père et
le fils, la mère et la fille, sont identiques aux autres relations
sociales qui gouvernent les établissements nationaux et gouvernementaux,
où de telles relations ne donnent pas à tel ou tel autre
droit à une position particulière innée, car seules
les particularités acquises y déterminent qui est le gouvernant
et qui est le gouverné, qui doit commander et qui doit obéir,
qui doit toucher le salaire le plus élevé et qui doit toucher
le salaire le moins élevé, et par conséquent la femme,
en tant que telle, le mari, en tant que tel, le père, en tant que
tel, la mère, en tant que telle, le fils, en tant que tel, n'ont
pas de privilèges propres à leurs positions naturelles respectives,
mais ce sont les qualités acquises qui déterminent la position
de chacun d'entre eux.
La théorie de la similarité des droits familiaux entre
l'homme et la femme (improprement appelée égalité
des droits) est fondée sur cette hypothèse. Ainsi, selon
ladite hypothèse, le mari et la femme, jouissant de capacités
et de besoins similaires, ainsi que d'un statut juridique similaire, que
la nature leur a accordés, leurs droits familiaux doivent par conséquent
être organisés sur la base de la similarité et de l'identité.
2 - Selon l'autre hypothèse, même leurs droits élémentaires
naturels varient. Un mari, en tant que tel, a certains droits et obligations,
et une femme, en tant que telle, a certains autres droits et obligations.
Il en va de même dans le cas d'un père, d'une mère
et d'un enfant. En tout cas, la société domestique est tout
à fait différente de n'importe quelle autre organisation
sociale. C'est cette hypothèse -sur laquelle est fondée la
théorie de la similarité des droits familiaux entre l'homme
et la femme- que l'Islam a adoptée.
A présent, voyons laquelle des deux hypothèses ci-dessus
est correcte, et comment nous pourrions établir sa justesse.
Les
Fondements naturels des droits familiaux II
Pour parvenir à l'hypothèse la plus correcte entre les
deux, les lecteurs peuvent garder présents à l'esprit les
points suivants, que nous avons abordés dans le chapitre précédent.
1 - Les droits naturels ont émergé du fait que la nature
a un but précis et que, en gardant ce but bien en vue, elle a investi
tous les êtres vivants de certaines aptitudes et leur a accordé
certains droits.
2 - L'Homme, en tant que tel, jouit de certains droits, appelés
"droits de l'homme", dont sont privés les animaux.
3 - Pour connaître les droits naturels et leurs caractéristiques,
il faut se référer à la nature elle-même. Chaque
aptitude est une autorité pour un droit naturel.
4 - Tous les êtres humains, en tant que membres d'une société
civile, ont des droits naturels égaux et similaires, mais ils diffèrent
quant à leurs droits acquis, lesquels dépendent de leur travail,
de leurs réalisations et de leur participation à la compétition
de la vie.
5 - La raison pour laquelle tous les êtres humains, dans une société
civile, ont des droits naturels égaux et similaires, réside
en ceci qu'une étude de la nature a montré clairement qu'aucun
d'entre eux n'est né maître ou subalterne, employeur ou employé,
gouvernant ou sujet, commandant ou un simple soldat. Le cas de l'homme
est différent de celui des animaux grégaires tels que les
abeilles. Les formations de vie chez l'homme ne sont pas naturelles, c'est-à-dire
que les différentes sortes de travail, les postes, les fonctions
et les devoirs ne sont pas distribués par la nature.
6 - La théorie de la similarité des droits familiaux de
l'homme et de la femme est fondée sur l'hypothèse que la
société domestique est identique à toute société
civile. Tous les membres d'une famille vivent avec des aptitudes et des
besoins similaires. La loi de la création n'a fixé pour eux
aucune formation particulière, ni ne leur a alloué des fonctions
et des rôles prédéterminés.
Concernant la théorie de non-similarité des droits familiaux,
elle est fondée sur l'hypothèse selon laquelle le cas de
la société domestique est différent de celui de la
société civile. L'homme et la femme n'ont pas des aptitudes
similaires et des besoins similaires. La loi de la création les
a placés dans des positions dissemblables, et a prévu des
rôles différents pour chacun d'eux.
Maintenant, voyons laquelle des deux théories est correcte, et
pourquoi ?
La réponse peut être déduite facilement, si nous
recourons aux critères déjà mentionnés et prenons
en considération les aptitudes et les besoins des deux sexes, lesquels
constituent l'autorité naturelle pour la revendication de droits
naturels.
La vie familiale
est-elle naturelle ou contractuelle ?
Nous avons déjà dit qu'il y a deux vues sur la vie sociale
de l'homme. Certains croient que l'homme est social par nature, alors que
d'autres pensent que la vie sociale est quelque chose de contractuel, et
que cette vie a été choisie par l'homme, avec son propre
accord, sous l'influence de facteurs contraignants, lesquels sont externes
et non pas internes à lui.
En tout cas, concernant la vie domestique des êtres humains, il
n'existe qu'une seule vue. Tout le monde s'accorde que la vie domestique
est purement naturelle, que l'homme est né naturellement domestique
(familial), et personne ne conteste cette vérité.
Même certains animaux, tels les pigeons et quelques insectes qui
vivent en couples, ont une sorte de vie conjugale, même s'ils ne
mènent nullement une vie sociale.
De là, le cas de la vie domestique est différent de la
vie sociale. La nature a pris des mesures pour que l'homme et certains
animaux tendent à mener instinctivement une vie domestique (familiale),
à former une famille et à avoir des enfants.
La vie de l'homme ancien, qu'elle ait eu une forme patriarcale ou matriarcale,
fut toujours domestique.
La théorie des
quatre étapes
Cette vérité est admise par tout le monde lorsqu'il s'agit
de la possession d'une propriété. En effet, au début,
toute la propriété était dévolue à la
communauté, et la possession individuelle ne s'est développée
qu'ultérieurement. Mais il n'en a jamais été de même
dans le cas du sexe. La raison pour laquelle la possession avait un aspect
socialiste est que la vie était jadis tribale, et toute la tribu
formait une seule famille. Les membres de la tribu qui vivaient ensemble
avaient des relations, des sentiments et des intérêts communs.
C'est pourquoi la propriété était dévolue à
toute la tribu. Dans la société primitive des époques
reculées, il n'y avait ni loi ni coutume qui puissent déterminer
la responsabilité de l'homme et de la femme l'un envers l'autre.
C'était seulement la nature et les sentiments naturels qui les faisaient
adhérer à certains devoirs et respecter certains droits.
Même dans ces circonstances, ils ne s'adonnaient pas à une
vie sexuelle sans restriction aucune. Même les animaux vivant en
couple, bien qu'ils n'aient aucune loi sociale ou contractuelle, observent
la loi naturelle des droits et des obligations, et leur vie sexuelle n'est
pas par conséquent sans restriction.
Dans la préface de son livre intitulé "Critique des lois
fondamentales et civiles de l'Iran", Madame Manouchehriyan écrit
:
«Du point de vue sociologique, la vie de l'homme et de la femme
passe à travers les quatre étapes suivantes, dans les différents
coins du monde :
1 - L'étape naturelle
2 - L'étape de la domination de l'homme
3 - L'étape de la protestation de la femme
4 - L'étape de l'égalité des droits entre l'homme
et la femme
Dans la première étape, la femme et l'homme menaient une
vie sexuelle mixte, sans restriction.»
Or cette affirmation est contestée par la sociologie, laquelle
admet seulement que chez certaines tribus sauvages il arrivait parfois
qu'un certain nombre de frères épousent un nombre de surs,
et que tous ces frères cohabitent avec toutes lesdites surs. Les
enfants qui naissaient ainsi appartenaient à l'ensemble de cette
communauté de frères et de surs vivant en cohabitation. Ou
bien, selon une autre coutume, les garçons et les filles n'avaient
pas de restrictions avant le mariage, mais seulement après. S'il
arrivait parfois que, chez certaines tribus sauvages, une situation sexuelle
plus anarchique -c'est-à-dire une situation de femmes communes-
prévalait, c'était là un cas exceptionnel ou une déviation
de l'état naturel général.
Dans son livre "Histoire de la Civilisation", vol. I, Will Durant écrit
: «Le mariage est une invention de nos ancêtres animaux. Parmi
certaines espèces d'oiseaux, chaque mâle se contente d'une
conjointe. Chez les gorilles et les orangs-outans, le contact entre un
mâle et une femelle continue jusqu'à la fin de l'étape
de la croissance de leur nouveau-né. Et cette relation ressemble
sur beaucoup de points à celle entre l'homme et la femme, et chaque
fois que la femelle tente de s'approcher d'un autre mâle, son premier
mâle la gronde sévèrement. Les orangs-outans de Borneo
vivent en familles consistant en un mâle, une femelle et leur progéniture.
L'habitude, chez les gorilles, est que le père et la mère
s'assoient sous les arbres et mangent le fruit, alors que leurs petits
grimpent sur les arbres autour d'eux. Cela montre que le sentiment familial
chez l'homme est naturel et instinctif, et non pas le résultat de
la civilisation. Beaucoup d'animaux possèdent naturellement et instinctivement
des sentiments familiaux.»
Ce que nous voulons souligner à travers ce qui précède,
c'est que les sentiments familiaux sont naturels et instinctifs chez les
êtres humains, et ne sont pas le produit de la civilisation et de
l'habitude. Beaucoup d'animaux aussi possèdent instinctivement de
tels sentiments.
C'est pourquoi, à aucune époque de l'histoire les hommes
et les femmes n'ont vécu ensemble sans aucune restriction ni contrainte.
Même ceux qui affirment l'existence du communisme financier, ne réclament
pas l'existence du communisme sexuel.
La théorie des quatre étapes des relations entre l'homme
et la femme est une imitation pure et simple de la théorie des quatre
étapes de la propriété à laquelle croient les
socialistes, qui disent que, concernant la propriété, l'homme
a passé par quatre étapes : l'étape du socialisme
primitif, l'étape du féodalisme, l'étape du capitalisme
et celle du socialisme scientifique, lequel est retour au socialisme primitif
dans son plus haut niveau.
Il est amusant de constater que Mme Manoucheriyân appelle la quatrième
étape des relations entre l'homme et la femme, l'étape de
l'égalité des droits, et non pas l'étape du retour
au socialisme primitif. Ici, elle n'a pas suivi l'exemple des socialistes,
bien qu'elle maintienne qu'il y ait beaucoup de points communs entre la
quatrième et la première étapes. Elle dit que la quatrième
étape ressemble dans une grande mesure à la première
étape, car, dans les deux étapes, l'homme et la femme vivent
ensemble sans que l'un d'entre eux n'exerce une autorité ni ne manifeste
un sentiment de supériorité sur l'autre.
Toujours est-il que nous ne comprenons pas ce qu'elle veut dire exactement
par "ressembler dans une grande mesure". Si elle veut dire par là
que pendant la quatrième étape toutes les restrictions vont
disparaître graduellement, et que la vie familiale va être
abrogée, ce qu'elle entend alors par "l'égalité des
droits" dont elle est un fervent partisan, est tout à fait différent
de ce que les autres partisans de "l'égalité des droits"
demandent.
Maintenant, bornons notre attention sur la nature des droits familiaux
de l'homme et de la femme. Nous devons à cet égard garder
présent à notre esprit deux points. Le premier est de savoir
si la nature de la femme est différente ou non de celle de l'homme,
ou, en d'autres termes, si la différence entre l'homme et la femme
est confinée à leur système de reproduction ou bien
si elle va plus loin ?
Le second point est que, au cas où il y a d'autres différences
aussi, ces différences sont-elles telles qu'elles doivent affecter
leurs droits et obligations, ou bien sont-elles du genre de la différence
de race, de couleur etc., qui n'ont aucun rapport avec la nature des droits
de l'homme.
La Femme dans sa nature
Concernant le premier point, nous ne pensons pas qu'il puisse y avoir
un désaccord entre deux personnes là-dessus. Toute personne
ayant un peu étudié cette question sait que la différence
entre l'homme et la femme ne se limite pas à leurs systèmes
de reproduction. La seule question qui se pose est de savoir si ces différences
affectent ou non la détermination de leurs droits et obligations
?
Les scientifiques et chercheurs européens ont jeté une
ample lumière sur le premier point, et leurs recherches biologiques,
psychologiques et sociologiques profondes n'ont laissé le moindre
doute sur le sujet. Mais ce qui n'a pas attiré suffisamment l'attention
de ces savants est le fait que la différence entre l'homme et la
femme affecte leurs droits et obligations familiaux et les place dans des
positions dissemblables l'un vis-à-vis de l'autre.
Le célèbre physiologiste, biologiste et chirurgien français,
Alexis Carrel admet, dans son excellent livre "L'Homme, cet inconnu", que
selon la loi de la création, l'homme et la femme ont été
créés différemment, et que leurs différences
rendent leurs droits et obligations différents.
Dans le chapitre intitulé "Les Fonctions et les Génétiques
sexuelles" de son livre, il écrit : «Les testicules et les
ovaires ont de vastes fonctions. Non seulement ils produisent les cellules
mâles et femelles dont l'union donne existence à un nouvel
être humain, mais ils sécrètent également dans
le sang les fluides qui déterminent les caractéristiques
mâles et femelles à nos sentiments, à nos tissus et
nos organes. C'est la sécrétion des testicules qui engendre
la hardiesse, le zèle et l'insouciance, caractéristiques
qui font la différence entre le taureau de corrida et le buf de
labourage. L'ovaire aussi affecte l'être de la femme de la même
manière.
«La différence qui existe entre l'homme et la femme ne
concerne pas seulement la forme de leurs organes génitaux ou le
fait que la femme a un utérus qui donne naissance aux enfants, alors
que l'homme a un membre viril, ni la méthode d'éducation
de chacun, mais elle résulte d'une cause plus profonde, en l'occurrence
l'effet des matières chimiques que les glandes génitales
sécrètent dans le sang.
«C'est à cause de la négligence de ce point important
que les partisans du mouvement de libération de la femme pensent
que les deux sexes peuvent recevoir la même sorte d'éducation
et d'entraînement, et qu'ils peuvent exercer les mêmes professions
et responsabilités. En fait, la femme diffère de l'homme
dans plusieurs aspects. Chaque cellule du corps humain, et tous les systèmes
organiques, notamment le système musculaire, sont frappés
de la marque du sexe. Les lois physiologiques aussi, telles que les lois
astronomiques, sont stables et inchangeables. Les tendances humaines n'ont
aucune influence sur elles. Nous devons les accepter telles qu'elles sont.
Les femmes doivent essayer de développer leurs propres talents et
avancer dans la direction dessinée par leur caractère inné,
sans chercher à imiter aveuglément les hommes. Il est de
leur devoir de contribuer plus que l'homme au développement de l'humanité.
Elles ne doivent pas prendre leurs devoirs à la légère.»
Après avoir expliqué le développement du spermatozoïde
et de l'ovule, et le mécanisme de leur union, Carrel indique que
l'existence de la femelle est nécessaire pour la procréation,
mais pas l'existence du mâle. Il ajoute que la grossesse complète
le corps et l'âme d'une femme. A la fin du chapitre, il conclut :
«Nous ne devons pas éduquer les jeunes filles avec le même
mode de pensée et de vie, ni avec le même but et le même
idéal, dans lesquels nous éduquons les jeunes gens. Les spécialistes
de l'éducation et de l'enseignement doivent garder en vue les différences
organiques et psychologiques, et les fonctions naturelles de l'homme et
de la femme. Faire attention à ce point fondamental est de la plus
grande importance pour l'avenir de notre civilisation.»
Comme vous pouvez le remarquer, ce grand scientifique met l'accent sur
de nombreuses différences entre l'homme et la femme, et croit que
ces différences les placent dans des positions dissemblables.
Dans les chapitres suivants aussi nous allons citer les opinions des
scientifiques sur ce point, avant de conclure à quels égards
l'homme et la femme ont des aptitudes et besoins similaires, et, par conséquent,
doivent avoir des droits et des obligations similaires, et à quels
égards ils ont des positions dissemblables et, par conséquent,
doivent avoir des obligations et des droits dissemblables.
Cette partie du livre sera plus importante pour l'étude et la
détermination des droits et des obligations familiaux de l'homme
et de la femme.
LES DIFFERENCES ENTRE
L'HOMME ET LA FEMME
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«Différences entre homme et femme ! Nous sommes dans la deuxième
moitié du XXe siècle et vous croyez encore à des notions
balayées qui portent la marque du Moyen Age ! Vous vous imaginez
que la femme serait différente de l'homme ! Sans doute vous voulez
en déduire que la femme est un sexe inférieur, une transition
entre l'animal et l'homme, qu'elle ne mérite pas de mener une vie
indépendante et libre, et qu'elle doit vivre sous la tutelle et
le contrôle de l'homme ! Ce sont là des idées désuètes
et surannées ! Notre époque a montré qu'elles sont
une duperie que l'homme a inventée pendant la période de
la domination de l'homme sur la femme. Aujourd'hui c'est le contraire qui
a été établi. La femme est le sexe supérieur,
et l'homme, le sexe inférieur...»
Tels sont, schématiquement, les propos que tiendraient les gens
occidentalisés à l'adresse de quiconque ose parler de la
différence entre l'homme et la femme. Cependant le formidable progrès
scientifique du XXe siècle a permis de montrer clairement l'existence
de disparités entre l'homme et la femme. Leur existence n'est pas
un leurre, mais une vérité scientifique fondée sur
l'observation et l'expérience. En tout cas, ces différences
n'ont rien à voir avec la supériorité ou l'infériorité
de leur sexe. La loi de la création a voulu qu'elles servent à
rendre les relations conjugales entre l'homme et la femme plus solides
et à renforcer la base de l'union de ceux-ci. Elle a donné
existence à ces différences en vue d'une meilleure distribution
des responsabilités de l'homme et de la femme, et en vue de la détermination
des droits et des obligations familiaux de chacun des deux. Le but
pour lequel la loi de la création a créé ces différences
est pareil au but pour lequel elle a créé des différences
entre les membres d'un seul corps. Lorsqu'elle a fixé un emplacement
pour l'il, un autre pour l'oreille, un autre pour la main, un autre pour
la colonne vertébrale, etc., elle n'avait aucune préférence
pour l'un ou l'autre de ces membres, ni aucune discrimination entre eux.
S'agit-il
de rapport de complémentarité ou de perfection et d'imperfection
?
Il est étonnant de voir certains insister sur le fait que la
disparité entre les aptitudes physiques et psychologiques de l'homme
et de la femme serait due à l'imperfection de la femme et à
la perfection de l'homme, et affirmer que la femme aurait été
créée imparfaite intentionnellement.
La notion de l'imperfection de la femme a eu plus cours en Occident
qu'en Orient. Les Occidentaux on réservé à la femme
un bien mauvais traitement. Parfois, s'appuyant sur des propos attribués
à l'Eglise, ils disaient que la femme devrait avoir honte d'elle-même,
et parfois, sarcastiques, ils disaient : «La femme est cet être
qui a de longs cheveux et un petit cerveau», «La femme est
la dernière bête sauvage que l'homme ait apprivoisée»,
«La femme est une transition entre l'animal et l'homme», etc...
Mais ce qui est encore plus étonnant, c'est de voir certains
Occidentaux faire un virage à 180 degrés pour essayer de
trouver, bien tardivement, mille et mille arguments afin de prouver que,
de par sa création, l'homme est un être inférieur et
imparfait alors que la femme est l'être supérieur et parfait
!
Si vous avez lu le livre d'Ashley Montague intitulé "La Femme,
l'Etre Supérieur", vous devriez savoir comment son auteur a essayé,
par une présentation fallacieuse des faits, et en invoquant des
arguments incongrus, de prouver que la femme est plus parfaite que l'homme.
Ce livre est certes très valable lorsqu'il s'agit des études
médicales et psychologiques, et les statistiques sociales qu'il
présente, mais c'est lorsque l'auteur s'efforce de tirer des conclusions
personnelles pour démontrer ses affirmations subjectives, que tout
tourne totalement à l'absurde. Pourquoi les Occidentaux méprisent-ils
tellement un jour la femme, puis, pour réparer leur tort du passé,
se sentent obligés de la purifier de tous les défauts qu'ils
lui avaient attribués et de recoller ces défauts à
l'homme ? Pourquoi faut-il regarder les différences entre l'homme
et la femme comme étant le résultat de la perfection d'un
sexe et de l'imperfection de l'autre, pour que, par la suite, nous nous
sentions obligés de prendre parti tantôt pour l'homme tantôt
pour la femme ?
L'auteur dudit livre insiste que la femme est supérieure à
l'homme et considère les privilèges de l'homme comme étant
le produit de facteurs historiques et sociaux, et le résultat de
causes naturelles.
En fait, les différences entre la femme et l'homme sont une question
de rapport de complémentarité et non de perfection et d'imperfection.
La loi de la création a voulu trouver, à travers ces différences,
un meilleur rapport de complémentarité entre l'homme et la
femme, qui ont été créés certainement pour
mener une vie conjointe. Ce point sera plus développé ultérieurement.
La Théorie de Platon
La question de la dissemblance entre l'homme et la femme n'est pas quelque
chose de nouveau, ni un événement de notre siècle.
Elle est vieille de deux mille quatre cents ans. Elle fut débattue,
sous sa forme actuelle, par Platon, dans son livre, "La République".
Il y disait que les hommes et les femmes avaient les mêmes aptitudes,
et que les femmes peuvent faire les mêmes travaux que les hommes,
et jouir des mêmes droits qu'eux.
Les germes de toutes les idées sur la femme qui ont émergé
au XXe siècle, et même les idées qui paraissent extrémistes
et inacceptables aux gens du XXe siècle, sont fondées sur
les opinions de Platon. C'est pour cette raison que les gens l'admirent
tant et l'appellent "le Père de la Philosophie". Platon traita,
dans la 5e partie de son livre "La République", des questions telles
que le socialisme des femmes et des enfants, l'amélioration de la
race et de la descendance, la privation de certains hommes et femmes de
l'engendrement et la limitation de celui-ci à des hommes et des
femmes qui jouissent de bonnes qualités, l'éducation des
enfants en dehors du milieu familial, la limitation de la reproduction
à un certain âge de l'homme et de la femme, ou pendant les
années de leurs pleines force et vitalité. Platon croyait
que, de même que l'on entraîne les hommes aux arts martiaux,
de même on doit le faire pour les femmes, et que, de même que
les hommes participent aux compétitions sportives, de même
les femmes doivent y participer, etc.
Mais il y a deux remarques à propos de ce que dit Platon à
ce sujet. La première est qu'il admet que les femmes sont physiquement
et mentalement plus faibles que les hommes, ou en d'autres termes, il considère
la disparité entre l'homme et la femme comme étant quantitative,
et refuse de croire qu'ils sont qualitativement différents sur le
plan des aptitudes. Il pense que l'homme et la femme ont des talents similaires,
et que la seule chose qui les différencie réside en ceci
que, à certains égards, la femme est plus faible que l'homme,
mais que cela ne justifierait pas qu'elle doive occuper une autre sphère
d'activité séparée.
Et comme Platon considère la femme comme étant plus faible
que l'homme, il remercie Dieu de l'avoir fait naître homme. Il dit
: «Je remercie Dieu de m'avoir fait naître grec et non pas
non-grec, homme libre, et non pas esclave, homme et non pas femme.»
La seconde remarque est que tout ce que Platon a dit à propos
de l'amélioration de la lignée, de l'égalité
du développement des aptitudes de l'homme et de la femme, du socialisme
de la femme et de l'enfant, il en a confié la tâche aux "Philosophes-gouvernants",
car, selon lui, seule cette catégorie d'hommes mérite d'assumer
le pouvoir. Et, comme on le sait, Platon était un opposant à
la démocratie et un partisan de l'aristocratie. Donc les différentes
vues qu'il a exposées ci-dessus concernent la classe aristocratique,
mais sur les autres classes il exprime des opinions différentes.
Aristote et Platon
Le disciple de Platon, Aristote, a succédé à son
maître et a exposé ses vues sur les différences entre
l'homme et la femme dans son livre "La Politique". Mais ses idées
sur ce sujet sont très opposées à celles de son illustre
prédécesseur. Il croit, lui, que l'homme et la femme sont
différents, non seulement quantitativement, mais également
qualitativement. Il dit que les deux sexes ont des talents différents,
et que les fonctions qui leur ont été confiées et
les droits qui leur ont été accordés par la loi de
la création sont largement différents. Selon Aristote, les
vertus morales de l'un et de l'autre aussi sont différentes à
bien des égards. Ainsi, il est possible que quelque chose soit considéré
comme une vertu pour un homme et le contraire pour la femme, et vice versa.
Dans le monde antique, les vues de Platon furent remplacées par
celles d'Aristote. Les penseurs qui leur ont succédé, ont
préféré les théories d'Aristote à celle
de Platon.
L'Opinion du monde moderne
C'était là l'opinion du monde antique sur ce sujet. Voyons
maintenant ce que le monde moderne en dit. Le monde moderne ne se contente
plus de l'intuition et de l'approximation. Il procède par observation,
expérimentation, statistiques, chiffres et la constatation de l'il.
Dans le monde moderne, et à la lumière des études
approfondies dans les domaines médical, psychologique et sociologique,
on a découvert des différences plus nombreuses et plus profondes
entre l'homme et la femme, que celles que connaissait le monde ancien.
Les gens de l'antiquité évaluaient l'homme et la femme
seulement sur la base de la grande taille de l'un et de la petite taille
de l'autre, la rudesse de l'un, la douceur de l'autre, la voix forte de
l'un, faible de l'autre, les cheveux denses de l'un, clairsemés
de l'autre, etc. En tout cas, dans leur comparaison entre l'homme et la
femme, ils ne dépassaient pas le cadre de la différence dans
l'âge de la puberté de l'un et de l'autre, et des différences
de l'esprit et des sentiments de chacun de deux, voyant que l'homme représente
l'aspect de la sagesse et de la retenue, et la femme, l'aspect de la passion
et de l'amour.
Mais de nos jours d'autres disparités sont mises en lumière.
On sait aujourd'hui que le monde de la femme est différent de celui
de l'homme à de nombreux égards. Nous allons tout d'abord
exposer les différences que nous avons extraites des écrits
des experts dans ce domaine. Puis, nous essaierons d'expliquer le pourquoi
de ces différences, et de les classer selon qu'elles sont naturelles
ou qu'elles résultent de facteurs historiques, culturels et sociaux.
En fait, une partie de ces différences peut être perçue
si on a un peu d'expérience et de connaissance, et l'autre partie
semble évidente et n'être en aucun cas contestée.
Deux sortes physiques
différentes
Sur le plan physique, en général l'homme a des membres
plus larges que ceux de la femme, et il est plus grand qu'elle. L'homme
est plus rude, la femme plus fine. La voix de l'homme est relativement
rauque et lourde, et celle de la femme, douce et légère.
Le développement du corps de la femme est plus rapide, et celui
de l'homme plus lent. On sait que même le développement du
ftus femelle est plus rapide que celui du ftus mâle. L'homme est
physiquement plus fort que la femme, et ses muscles sont plus développés,
alors que la femme a une plus grande résistance que l'homme. La
femme atteint l'âge de la puberté plus tôt, et perd
la possibilité de la reproduction plus tôt que l'homme. Une
fille commence à parler plus tôt qu'un garçon. Le cerveau
moyen de l'homme est plus grand que le cerveau moyen de la femme, mais
proportionnellement à l'ensemble du corps, le cerveau moyen de la
femme est plus grand. Les poumons de l'homme peuvent respirer plus d'air
que ceux de la femme. Le cur de la femme bat plus rapidement que celui
de l'homme.
Deux psychologies différentes
Sur le plan psychologique, on estime que l'homme est plus enclin au
sport, à la chasse et aux travaux physiques que la femme. Les sentiments
de l'homme tendent vers le défi et le combat, alors que ceux de
la femme tendent à la paix. L'homme est agressif, alors que la femme
est relativement calme et tranquille. La femme a tendance à éviter
la violence. C'est pourquoi les cas de suicide chez les femmes sont moins
nombreux que chez les hommes. Même lorsqu'ils se suicident, les hommes
le font d'une manière plus violente : ils se tirent une balle dans
la tête, se pendent, ou se jettent du haut d'un bâtiment ;
alors que les femmes recourent plutôt aux calmants, à l'opium,
etc.
Les sentiments de la femme sont plus prompts à l'excitation que
ceux de l'homme, c'est-à-dire que dans le domaine de l'amour, la
femme est rapidement sujette à l'émotion et à l'affectation,
alors que l'homme l'est moins. La femme est soucieuse naturellement de
ses ornements, de sa beauté, des modes, alors que l'homme ne l'est
pas, ou moins. Les sentiments de la femme sont moins stables que ceux de
l'homme. La femme est plus précautionneuse, plus religieuse, plus
peureuse et plus cérémonieuse que l'homme. La femme a des
sentiments maternels depuis l'enfance. Elle ne peut rivaliser avec l'homme
dans les sciences déductives et sujets intellectuels secs, mais
en littérature et en arts elle est loin d'être distancée
par l'homme. L'homme a plus de capacité à garder ses secrets.
Il peut garder pour lui-même des événements malheureux,
et c'est pourquoi il est plus souvent atteint de maladies dues à
l'introversion. La femme a un cur plus tendre que celui de l'homme, elle
pleure plus facilement, et parfois recours au mensonge plus rapidement
que l'homme.
Les
sentiments réciproques de l'homme et de la femme
L'homme est l'esclave de son désir de la femme, et celle-ci est
l'otage de son amour pour l'homme. L'homme aime la femme qui lui plaît,
et la femme aime l'homme qui s'intéresse à elle préalablement
et qui s'occupe d'elle. L'homme veut posséder la femme, et la femme
veut dominer le cur de l'homme. L'homme veut vaincre la résistance
de la femme, et la femme veut le dominer en captivant son cur. L'homme
veut s'emparer de la femme et elle veut l'attirer. Ce qui plaît à
l'homme chez la femme, c'est la beauté et la coquetterie, et ce
qui plaît à la femme chez l'homme, c'est le courage et la
bravoure. La femme considère la protection de l'homme comme la chose
la plus chère pour elle. Elle peut contrôler ses désirs.
Le besoins sexuel de l'homme est actif et agressif, alors que celui de
la femme est passif et s'active par l'excitation.
Les différences
entre l'homme et la femme II
Un psychologue américain, le Professeur Reek a publié
dans un ouvrage volumineux, le résultat de ses recherches sur la
question de l'homme et de la femme. Il y écrit notamment : «Le
monde de l'homme est totalement différent de celui de la femme.
Si la femme ne peut pas agir ou penser comme l'homme, c'est parce que l'un
et l'autre appartiennent à deux mondes différents.»
Et d'ajouter : «Selon l'Ancien Testament, l'homme et la femme
ont été créés à partir d'une même
chair. C'est vrai, mais bien qu'ils émanent d'une même chair,
ils ont deux corps différents, qui sont totalement dissemblables
dans leur composition. Ils n'ont jamais les mêmes sentiments et ne
réagissent jamais de la même façon aux divers incidents
et accidents. Ils sont comme deux planètes tournant sur deux orbites
différentes. Ils peuvent se comprendre l'un l'autre, et être
complémentaires l'un de l'autre, mais ils ne sont jamais unifiés.
Voilà pourquoi ils peuvent vivre l'un avec l'autre, s'aimer l'un
l'autre, convenir l'un au tempérament de l'autre.»
Le Professeur Reek compare l'esprit de l'homme avec celui de la femme,
et il découvre beaucoup de leurs dissemblances. Il dit à
ce propos : «C'est ennuyeux pour l'homme de se sentir obligé
de vivre toujours avec la femme qu'il aime. Mais rien n'est plus plaisant
pour la femme que d'être près de l'homme qu'elle aime. L'homme
veut rester toujours le même, mais la femme voudrait se réveiller
chaque matin avec un nouveau visage.
«La meilleure parole que l'homme puisse adresser à son
épouse est : «Je t'aime, ma chérie», et la plus
belle formule qu'une femme dise à celui qu'elle aime est : «Je
suis fière de toi».
«L'homme qui a eu plusieurs maîtresses dans sa vie devient
l'objet d'attirance pour les autres femmes, mais les hommes n'aiment pas
une femme qui a eu dans sa vie plus d'un homme. Lorsque les hommes deviennent
vieux, ils éprouvent une détresse, parce qu'ils auront perdu
le travail dont ils dépendaient, alors que les vieilles femmes deviennent
heureuses, car dans leur optique, elles possèdent la meilleure chose
qu'on puisse désirer : une maison et quelques petits-enfants.
«Avoir une bonne chance pour les hommes, c'est occuper une position
sociale respectable, mais pour la femme, la bonne chance, c'est pouvoir
captiver le cur d'un homme, et le garder toute la vie.
«Un homme voudrait toujours convertir la femme qu'il choisit,
à sa religion, et, pour une femme il est facile de changer de religion
pour satisfaire l'homme qu'elle aime, tout comme il est facile pour elle
de changer son nom et de le remplacer par celui de son mari après
le mariage.»
La pièce maîtresse
de la création
Abstraction faite de la question de savoir si la dissemblance entre
l'homme et la femme conduit ou non à la dissemblance de leurs droits
et responsabilités respectifs, la dissemblance est en soi l'une
des pièces maîtresses de la création. C'est une question
qui conduit à la reconnaissance d'Allah et de Son Unicité.
Elle démontre que le système de ce monde a été
planifié avec sagesse et précision. Elle montre que la création
n'est pas le fruit d'un hasard, et que la nature n'est pas une force aveugle.
Il n'est pas possible d'expliquer le monde des phénomènes
sans reconnaître "la Cause ultime". C'est pour préserver les
espèces que le formidable mécanisme créatif a introduit
le système de la reproduction. Les mâles et les femelles sont
produits continuellement. Et étant donné que la continuité
des espèces dépend de leur coopération mutuelle, la
nature a trouvé l'idée de leur cohabitation. Dans le même
but, l'intérêt personnel, ou l'amour de soi, qui est essentiel
à tout être humain, a été converti en sentiments
de service, de coopération et la tolérance. Et, pour que
ce plan se traduise complètement dans la réalité,
et que le lien entre les deux sexes se renforce physiquement et spirituellement,
la nature a rendu dissemblables et complémentaires leurs corps et
leurs âmes respectifs. Et c'est cette dissemblance qui les attire
l'un vers l'autre et les rend amoureux l'un de l'autre. Si la femme avait
les mêmes traits physiques, le même tempérament
et les mêmes habitudes que l'homme, il lui serait impossible d'attirer
l'homme vers elle, comme elle le fait maintenant. Si l'homme avait eu les
mêmes traits physiques que la femme, celle-ci ne le regarderait pas
comme son idéal et ne ferait rien pour gagner son cur. L'homme a
été créé pour dominer le monde, et la femme
a été créée pour dominer l'homme.
La loi de la création a été ordonnée de
manière que l'homme et la femme se cherchent l'un l'autre et qu'ils
s'intéressent l'un à l'autre. Mais leurs relations ne sont
pas de nature possessive, laquelle résulte de l'égoïsme,
puisqu'en général l'être humain voudrait posséder
les objets pour son usage personnel et les considère comme les moyens
de son confort. Les relations entre l'homme et la femme ont été
créées de telle sorte que chacun des deux conjoints uvre
en vue d'assurer le bonheur et le bien-être de l'autre, et affectionne
le sacrifice pour l'autre, et préfère l'autre à soi-même.
Une relation
plus sublime que le désir
Il est étonnant de voir que d'aucuns ne peuvent pas différencier
entre la passion et l'affection. Ils pensent que la relation entre le mari
et l'épouse est fondée uniquement sur la convoitise de volupté,
et le désir d'exploiter. Ils croient que cette relation est pareille
à celle que l'être humain entretient avec les choses qu'il
mange, boit, porte... Ils ignorent qu'il existe aussi dans la nature des
relations autres que celles fondées sur l'égoïsme. Il
y a des relations dont résultent le sacrifice, la tolérance
et l'altruisme. Ce sont des relations qui montrent l'humanité de
l'être humain. De telles relations existent dans une certaine mesure
même parmi les animaux de bas âge.
Ces gens croient que l'homme regarde toujours la femme comme un célibataire
regarde une femme dissolue. Ils estiment que seule la passion peut unir
l'homme et la femme. Mais, en réalité, l'union matrimoniale
est quelque chose de plus sublime que la passion, et son fondement est
ce que le Coran décrit comme "affection et compassion" : «Parmi
les Signes d'Allah : IL a créé pour vous, tirées de
vous, des épouses afin que vous reposiez auprès d'elles,
et IL a établi l'affection et la compassion entre vous.» (Sourate
al-Rûm, 30 : 21)
Quelle grave erreur que d'expliquer l'histoire de la relation homme/femme
comme une question d'exploitation ou de lutte pour la survie ! Cependant,
il y a encore des gens qui maintiennent une telle affirmation en invoquant
des arguments infondés à l'appui de leur ligne de pensée.
Nous sommes vraiment étonné que l'on explique l'histoire
de la relation homme/femme sur la base du principe de la contradiction,
comme si l'homme et la femme constituaient deux classes divergentes qui
sont toujours en conflit l'une avec l'autre. S'il était possible
d'expliquer la relation entre les pères et les enfants par un rapport
d'exploitation et d'intérêts personnels divergents, là,
il serait seulement possible que la relation entre le mari et la femme
soit expliquée elle aussi par un tel rapport. Il est vrai que l'homme
a toujours été plus fort que la femme, mais la loi de la
création a été faite de telle sorte que l'homme ne
saurait réserver à la femme la même injustice qu'il
réserve à ses esclaves, à ses serviteurs, et
même à ses voisins.
Nous ne nions pas que les hommes aient été souvent cruels
avec les femmes. Mais nous contestons seulement la façon d'expliquer
cette cruauté. Tout au long de l'histoire, les hommes ont maltraité
les femmes, mais ils ont maltraité leurs enfants aussi, malgré
tout l'amour qu'ils éprouvent pour eux. Ce qui explique ce mauvais
traitement, ce n'est pas l'intérêt personnel et la tendance
à l'exploitation, mais l'ignorance, la coutume et l'inconscience.
La
différence dans les sentiments réciproques de l'homme et
de la femme
Non seulement les relations familiales entre l'homme et la femme diffèrent
de leur relation avec les choses qu'ils aiment posséder ou qu'ils
possèdent, mais leur attitude réciproque n'est pas similaire.
En d'autres termes, la nature de la relation de l'homme avec la femme est
différente de la relation de la femme avec l'homme. Même s'ils
sont attirés l'un par l'autre, comme les corps inanimés,
ils diffèrent de ces objets en ceci que chez ces derniers c'est
le petit corps qui attire vers lui le grand corps, alors que chez les êtres
humains le Créateur a fait en sorte que c'est l'homme qui incarne
la partie demandeuse, amoureuse, désireuse, et la femme la partie
aimée, désirée et demandée. Les sentiments
de l'homme représentent le besoin, et ceux de la femme la coquetterie
; les sentiments de l'homme sont demandeurs et ceux de la femme demandés.
L'un cherche, l'autre désire être recherchée.
Il y a quelque temps, un journal a publié la photo d'une jeune
russe qui s'était suicidée. Elle avait laissé une
lettre dans laquelle elle disait : «Aucun homme ne m'a jamais embrassée,
la vie devient dès lors insupportable pour moi».
Pour une fille, c'est une grande déception que de n'être
embrassée ni aimée par aucun homme. Mais un jeune garçon
ne serait pas très frustré si aucune fille ne l'embrassait,
il serait frustré seulement lorsqu'il n'arriverait pas à
embrasser une fille.
Will Durant écrit dans l'une de ses recherches détaillées,
qu'une fille dont le seul mérite est le savoir et une pensée
profonde, mais qui manque de charme naturel et de coquetterie, n'a pas
beaucoup de chance de trouver un mari.
Il écrit encore : «Une femme savante se plaignait de n'avoir
jamais été demandée en mariage et elle disait : "Pourquoi
personne ne m'aime ? Je pourrais être mieux que la plupart des femmes.
Pourtant beaucoup de femmes insignifiantes sont demandées, pas
moi"».
On peut faire remarquer que la frustration de cette femme est différente
de celle qu'un homme pourrait avoir. Elle, elle se plaint : «Pourquoi
personne ne m'aime ?», alors qu'un homme ne se sentirait frustré
que lorsqu'il ne trouverait pas la femme qui le satisfait, ou lorsque,
l'ayant trouvée, il ne pourrait la soumettre à sa domination.
Les tempéraments de l'homme et de la femme ont été
dessinés intentionnellement de manière à affermir
et à approfondir l'union entre le mari et la femme, et à
rendre les deux à même de jouir d'une vie meilleure. En fait,
la fondation de la société humaine et la superstructure des
futures générations ont été posées sur
cette même union.
Une femme psychologue écrit : «En tant que psychologue,
mon plus grand intérêt était d'étudier la psychologie
de l'homme. Il y a quelque temps on m'a chargée de faire une investigation
sur les facteurs psychologiques chez l'homme et la femme. J'ai pu tirer
les conclusions suivantes de mon investigation :
1 - Les femmes désirent travailler sous le contrôle de
quelqu'un. Elles préfèrent travailler comme employées
plutôt que comme patron.
2 - Les femmes aiment sentir que leur existence est utile et recherchée.»
Cette femme psychologue exprime son opinion ainsi : «Je crois
que deux besoins moraux des femmes émanent du fait que celles-ci
sont mues par les émotions et les hommes par la raison. On remarque
souvent que les femmes ne sont pas seulement égales aux hommes en
intelligence, mais parfois supérieures. Leur seul point faible est
qu'elles sont très émotives. La pensée de l'homme
est toujours plus pratique. Ils ont un meilleur sens du jugement, ils sont
meilleurs organisateurs et meilleurs directeurs. La supériorité
de l'esprit de l'homme sur celui de la femme est quelque chose qui a été
voulu par la nature elle-même. Quoi que les femmes fassent pour contrecarrer
cette volonté de la nature, leurs efforts seront vains. Et étant
donné qu'elles sont plus sensibles que les hommes, elles doivent
accepter le fait de leur besoin du contrôle de l'homme sur leur vie.
Le but le plus important de la vie d'une femme est "d'assurer son avenir".
Une fois qu'elle le réalise, elle dit adieu à beaucoup de
ses activités. Elle répugne à prendre des risques.
Pour vaincre le sentiment de peur, la femme a besoin de l'aide de l'homme.
Tout travail qui exige une pensée constante, est ennuyeux pour la
femme.»
Un mouvement hâtif
Etant venues tardivement, les réformes européennes concernant
les droits spoliés de la femme furent faites à la hâte
et sans laisser à la science le temps de dire son mot. Il s'en est
suivi qu'elles ont comporté des points positifs et des points négatifs.
Il ne fait pas de doute que la réforme a enlevé beaucoup
de malheurs de la femme, lui a fait obtenir un bon nombre de droits, et
lui a ouvert beaucoup de portes jusqu'alors fermées, mais, d'un
autre côté, elle a créé beaucoup d'autres malheurs
et de nouveaux problèmes à la femme et à la société
humaine dans son ensemble. S'il n'y avait pas eu tant de hâte, les
droits de la femme auraient été restaurés d'une façon
meilleure, et il n'y aurait pas tous ces cris des intellectuels contre
ses mauvais effets. En tout cas, il est à espérer que de
meilleures concertations auront lieu lors des futures réformes,
et qu'on fera appel au savoir au lieu d'agir par émotion. Les commentaires
des intellectuels à cet égard augurent bien de l'avenir.
Il apparaît que les Occidentaux souffrent aujourd'hui des mauvais
effets de ces mêmes réformes qui continuent à émerveiller
les imitateurs orientaux de l'Occident.
La théorie de Will
Durant
Dans son livre "Les Plaisirs de la Philosophie", Will Durant a discuté
en détail de la question de la famille et du sexe. Nous présentons
ci-après brièvement certaines de ses idées aux lecteurs
afin qu'ils se familiarisent avec les courants de pensée qui prévalent
chez les intellectuels occidentaux, et afin qu'ils ne tirent pas de jugements
hâtifs.
Dans le chapitre de "L'Amour", il écrit : «Les premiers
chants de l'amour viennent avec la puberté. La puberté est
un mot latin qui signifie "l'âge des poils", c'est-à-dire
l'âge de l'apparition des poils sur le corps des garçons,
spécialement sur leur poitrine -ce qui est un motif de fierté
pour eux- et sur le visage, ce qui les oblige à se raser.
La qualité et la quantité de poils, ont un rapport paraît-il
avec la capacité à la procréation et la fécondité,
lorsque les autres facteurs ne sont pas en cause. Les poils se trouvent
dans leur meilleure condition au sommet de la virilité. La pousse
de poils et la rudesse de la voix, qui font partie des caractéristiques
secondaires du sexe, surviennent chez le garçon lors de la puberté.
Concernant les filles, au moment de la puberté la nature rend leurs
formes et leurs mouvements gracieux et attirants. Leurs fesses commencent
à s'élargir pour faciliter la maternité. Leurs poitrines
se développent et se mettent en évidence pour l'allaitement
de l'enfant. Personne ne sait quelle est la cause exacte de l'apparition
de ces caractéristiques sexuelles secondaires. Toutefois, la théorie
du Professeur Starling là-dessus a attiré dernièrement
beaucoup de partisans. Selon cette théorie, les cellules génitales,
ne produisent pas seulement les spermatozoïdes et les ovules lors
de la puberté, mais elles sécrètent aussi une hormone
dans le sang, ce qui produit des changements physiques et autres. A cet
âge, non seulement le corps atteint une nouvelle vigueur, mais l'esprit
et la nature sont affectés d'innombrables manières. Romain
Rolland dit que durant la vie de l'être humain il arrive un temps
où des changements physiques se produisent, débouchant sur
le plein développement du mâle ou de la femelle. Le plus important
de ces changements est l'apparition de la force et du courage chez le mâle,
de la grâce fascinante et de la délicatesse chez la femelle.
Damoseh dit que «Tous les hommes sont des menteurs, rusés,
vantards, hypocrites, querelleurs, alors que toutes les femmes sont égoïstes,
ostentatoires, et infidèles. Mais il y a une chose dans le monde
qui est noble et sacrée, et c'est l'union de ces deux êtres
imparfaits...»
«L'étiquette du mariage chez les adultes consiste en une
attaque de la part de l'homme et un recul de la part de la femme -il y
a évidemment parfois des exceptions. Parce que l'homme est un combattant
et un chasseur par nature, son action est positive et offensive. La femme
représente pour lui un corps dont il doit s'emparer et qu'il lui
faut posséder. Ainsi la recherche d'un conjoint est une guerre et
une lutte, et le mariage est possession et domination. La chasteté
chez la femme sert l'intérêt de la procréation, car
son abstention d'attaquer les hommes -par pudeur- en vue d'avoir un conjoint
l'aidera à choisir le mari convenable. La chasteté rehausse
et consolide la position de la femme. L'homme la choisit pour être
la mère de ses enfants, après une longue recherche. La femme
parle pour l'intérêt collectif, et l'homme pour l'intérêt
individuel... La femme est plus habile pour faire la cour, car son désir
n'est pas si vif qu'il voile sa raison.»
Darwin a remarqué que, chez la plupart des espèces, la
femelle est indifférente à l'acte sexuel. D'autres naturalistes
aussi sont d'avis que les femmes sont plus soucieuses de paraître
attirantes et de recevoir les compliments des hommes que d'avoir un plaisir
sexuel. Lemberzo et d'autres disent que «la base naturelle de l'amour
de la femme est une caractéristique secondaire dérivée
de sa maternité. Tous les sentiments et sensations qui unissent
la femme à l'homme ne procèdent pas de ses besoins physiques,
mais dérivent de son instinct de soumission (en se plaçant
sous la protection de l'homme). Cet instinct a pour raison d'être
l'adaptation de sa nature à celle de l'homme».
Dans le chapitre intitulé "Les Hommes et les Femmes", Will Durant
écrit : «La principale fonction de la femme est de servir
la cause de la survie des espèces, et celle de l'homme est de servir
les intérêts de sa femme et de ses enfants. Ils peuvent avoir
d'autres fonctions aussi, mais celles-ci sont subordonnées aux deux
fonctions principales. Ce sont les deux objectifs humains fondamentaux,
mais semi-inconscients, de la réalisation desquels dépend
le bonheur de l'humanité. La femme, de par sa nature, cherche le
plus souvent à être protégée et évite
la confrontation. Il apparaît que dans beaucoup d'espèces
elle n'a pas du tout d'instinct belliqueux, et si elle est acculée
au combat, c'est pour défendre sa progéniture.
«La femme est plus patiente que l'homme, mais l'homme est plus
confiant face aux situations dangereuses et risquées de la vie.
La femme a plus d'endurance et peut mieux faire face aux ennuis quotidiens
mineurs. Son esprit martial se limite à son appréciation
de cet esprit chez les autres. Elle aime les soldats et admire les hommes
forts et robustes.
«Sa tendance à apprécier la force et la virilité
chez les autres éclipse parfois son sens de l'économie, et
parfois elle préfère se marier avec un homme fou mais courageux.
Elle se soumet avec bonheur au commandant de la cité. Si les femmes
de nos jours ne sont pas aussi obéissantes qu'elles l'étaient
jadis, c'est parce que les hommes sont maintenant physiquement et moralement
plus faibles. Son attention se concentre essentiellement sur les affaires
domestiques, et son milieu est habituellement sa maison. Elle est aussi
profonde que la nature, mais aussi limitée que sa maison. Son instinct
la rend attachée aux vieilles traditions. Elle n'est préparée,
ni mentalement, ni habituellement, à l'épreuve (sauf les
femmes vivant dans les grandes villes). Si elle souscrit à la libération
sexuelle, ce ne serait pas parce qu'elle chercherait la liberté,
mais c'est parce qu'elle n'a pas réussi à trouver l'homme
convenable qui accepterait de se marier avec elle. Si, dans sa jeunesse,
elle s'intéressait parfois à la politique et étendait
son intérêt aux multiples aspects humains, elle y renonce
normalement une fois qu'elle trouve un mari, et elle se retire aussitôt
avec son mari des affaires publiques. Elle rappelle à son mari que
son sens de la loyauté doit se limiter à sa maison. La femme
n'a pas besoin de réfléchir beaucoup pour savoir que toute
réforme commence à la maison. Ayant la capacité de
transformer un homme distrait et déconcerté en un homme disposé
à faire des sacrifices et attaché à sa maison et à
ses enfants, elle constitue ainsi un facteur de préservation de
l'espèce, car, de par sa nature, elle ne s'intéresse pas
aux lois et aux gouvernements, mais adore son foyer et ses enfants. Si
elle réussit à les avoir et à les préserver,
elle se moque de savoir quel gouvernement accède au pouvoir et quel
gouvernement le quitte. La nature ne se soucie pas des lois des gouvernements.
Elle tient beaucoup au foyer et aux enfants. Si elle réussit à
les préserver, elle se fiche des gouvernements et se moque de ceux
qui essaient de changer les lois fondamentales. Si aujourd'hui la nature
semble incapable de protéger le foyer et les enfants, c'est parce
que la femme a depuis longtemps oublié la nature. Mais l'échec
de la nature n'est pas éternel. Elle peut, quand elle le veut, assurer
ses intérêts en puisant dans ses réserves. Il y a des
nations et des races plus nombreuses que nous, et la nature peut assurer
à travers elles sa continuité absolue et infinie.»
Notes
1. Le Dr Ali Châyeghân,
expliquant le Code civil iranien (p. 366), écrit à ce propos
: «L'indépendance dont jouit la femme concernant son propre
argent, l'indépendance instituée par la jurisprudence chiite
dès le départ, n'existait ni en Grèce, ni à
Rome, ni en Allemagne, ni même dans la plupart des pays du monde
jusqu'à une date récente. La femme, dans ces nations, était
considérée sur ce plan comme un mineur ou un fou, qui n'a
pas le droit de disposer de ses biens. En Grande Bretagne, où la
personnalité de la femme était complètement éclipsée
par celle de son mari, elle n'a été émancipée
que par les lois de 1870 et 1882, dans le cadre du Code de la propriété.»
2. "Les Plaisirs de la Philosophie",
pp. 155-159.
3. "History of Philosophy"
4. Zayn al-Dîn ibn 'Alî
al-'Âmilî al-Jaba î
5. Certes il y a la question de
la relativité de la morale et de la relativité de la justice
qui a ses partisans, et dont nous sommes conscient. Mais nous expliquerons
notre point de vue sur cette question plus loin, en prenant en considération
les vues de ses partisans.
6. Lâ dharara wa lâ
dhirâr
7. Lâ haraj
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